jeudi 31 décembre 2009

un avenir radié

Un avenir radié.


J'ai envoyé mon dossier le 30 novembre 2009. J'ai demandé des nouvelles par courriel. Le directeur du greffe de Pôle de la nationalité française m'a répondu.

Monsieur,
La délivrance d'un certificat de nationalité française nécessite dans tous les cas une instruction du dossier. Si des pièces complémentaires sont nécessaires, elles seront réclamées à la personne concernée, par courrier ou courriel. Si des vérifications auprès d'autres administrations (ministère de l'immigration, préfecture de police, service central de l'état civil, etc..) sont indispensables, le greffier chargé du traitement du dossier les sollicitera lui-même.
Dès que le certificat de nationalité française sera établi, la personne concernée sera convoquée pour venir le retirer. Elle devra se munir de la convocation et d'une pièce d'identité.
Ce certificat ne sera remis qu'à la personne concernée qui devra le conserver précieusement pour justifier aujourd'hui et ultérieurement de sa nationalité française.
Je peux vous assurer que l'équipe du Pôle s'emploie à vous donner satisfaction dans le meilleur délai.

Cordialement.

Le directeur de greffe du Pôle de la nationalité française de Paris

Dès que j'aurai une convocation, je pourrai retirer mon certificat en présentant une pièce d'identité. Que je n'ai pas puisque ma carte d'identité n'a pas été renouvelée à cause que je suis pas français, ou plus français.

J'ai apprécié le "cordialement". Ils ne sont pas méchants, ils sont cordiaux.

Je n'ai plus de CI depuis juin 2009. Je décide d'agir. Je propose que tous ceux qui sont dans la même situation de retrouvent au Pole de la nationalité française, rue du Château des rentiers, Paris 13ème par exemple le jeudi à dix-heures, pour faire connaissance, échanger des informations, boire un verre. Nous créerons une association: l'association des Français radiés.
Ceux qui sont intéressés peuvent m'envoyer leur accord à mon adresse courriel maurice.goldring@wanadoo.fr

vendredi 25 décembre 2009

même pas peur

Cher Stéphane, j'espère que nous nous verrons bientôt. En attendant, comme la discussion qui a commencé sur un ton de dérision devient plus sérieuse, je veux te donner mon sentiment sur la question de l'Islam en France.

Dans les pays que je connais, les démocraties occidentales se créent avec une grande régularité de grandes peurs à l'égard d'une partie de la population. Dans l'Angleterre du 19ème siècle, ce fut la peur des catholiques irlandais. Leur religion, leurs mœurs, leur refus de la laïcité et du système démocratique les rendaient inassimilables. Dans la France du début vingtième, la grande peur se porta sur les Juifs. Leur religion, leurs mœurs, leur refus du modernisme, les rendaient inassimilables. Dans la France du XXIème siècle, la grande peur se porte sur les musulmans. Leur religion, leurs mœurs, leur refus de la laïcité et du système démocratiques les rendent inassimilables. Cette grande peur a des effets, dans le domaine de l'emploi, de l'habitat, des contrôles dans les lieux publics, des remarques, des regards. Cette grande peur doit être combattue car elle est porteuse de guerre civile et de clivages. Qui ne voit chaque jour des stigmatisations insupportables pour les intéressés, le voile, la burqua, les minarets sont autant d'occasions non pas de trouver des solutions à des difficultés réelles, mais à porter un jugement d'ensemble sur les Arabes et la religion que pratiquent assidûment une minorité d'entre eux?
Quand j'énonce des principes généraux, on me dit, c'est bien beau, mais tu n'as pas à affronter toutes les agressions contre la république et la laïcité. Le hasard m'a fait habiter rue Polonceau, où tous les vendredi la rue est occupée par des musulmans qui prient sur des tapis. L'espace ainsi pris par les fidèles va jusqu'au sommet de la rue, et parfois dépasse le 38 où j'habite. Généralement, les responsables de la mosquée préservent un passage pour les habitants. Il est arrivé (une fois) que ce passage n'ait pas été aménagé. Je me suis avancé en disant que j'habitais plus haut, et qu'il fallait me laisser passer. On m'a dit que je pouvais passer à condition d'enlever mes chaussures. Que je ne pouvais pas marcher sur les tapis. J'ai dit une première fois doucement que la rue était un espace public et que j'avais le droit de passage, et que s'il vous plaît, laissez-moi passer, et qu'il n'était question une seule seconde que j'enlève mes chaussures. On m'a dit de me taire. J'ai dit plus fort que j'avais le droit de parler dans un espace public et que la République leur donnait le droit de prier et à moi le droit de passer sans me déchausser et de parler dans la rue. J'ai ainsi fait un cours sur la laïcité, de plus en plus fort, jusqu'à ce que des membres de la sécurité arrivent et demandent aux fidèles de se pousser pour qu'ils puissent replier les tapis et ainsi me laisser passer. Je connais beaucoup de gens à qui il est arrivé la même histoire et qui n'ont pas osé demander le droit de passage. Mais ils ont ensuite raconté l'anecdote pour prouver que les musulmans ne pouvaient pas être intégrés dans la république. Quelle est la différence entre eux et moi? C'est qu'ils avaient peur et que moi je n'avais pas peur. Ces gens ne me faisaient pas peur. Je me suis adressé à eux comme à des citoyens et en tant que citoyen, et ils ont fini par comprendre, par relever le tapis et me laisser passer.
Ce qui fait le fond de commerce du front national, d'une droite agressive et raciste, ce n'est pas le racisme, c'est la peur. De ce point de vue, l'anecdote que tu racontes, d'un cinéaste qui voulait filmer les gens en prière et s'est fait insulter et menacer, cette anecdote me semble tout à fait extraordinaire. Tu as le vendredi des fidèles dont la mosquée est trop petite pour les contenir tous, qui doivent prier dans la rue ( tu penses vraiment que c'est pour attaquer la république qu'ils prient dans le froid et sous la pluie?) et quelqu'un passe et veut les filmer. Mais si tu veux, tu me présentes ton cinéaste et je lui explique que pour filmer les gens, souvent ça aide de leur demander s'ils ont d'accord. Je connais des cinéastes et des photographes qui sont allés voir les responsables de la mosquée pour leur demander de pouvoir filmer et photographier les prières dans la rue. N'importe quel étudiant de premières année en anthropologie est au courant. Mais ton cinéaste, que voulait-il, faire un film ou prouver qu'on a raison d'avoir peur des Arabes?

lundi 14 décembre 2009

un enfant

Lundi 14 décembre 2009. Un enfant de douze ans est mort criblé de balles à Lyon. Des jeunes lourdement armés sont passés en voiture et ont tiré sur un groupe d’autres jeunes pour se venger d’un regard ou d’une insulte. L’enfant de douze ans n’est pas mort sur une barricade. Il n’a pas été tué par la voiture d’une patrouille de police. Il n’a regardé ni insulté personne. Il était complètement innocent. Il sortait ou entrait dans une boulangerie. On lui avait peut-être promis du pain et des roses. Il a eu du pain et du sang.

Comme l’enfant n’a pas été tué par la police ou par un commerçant, les voitures n’ont pas brûlé. Les voitures brûlent quand une équipe de foot a été battue, ou a gagné, ou quand un motocycliste est heurté par une voiture de police. Quand un enfant est tué par d’autres enfants lourdement armés, les voitures ne brûlent pas.

Quand un enfant de douze ans est tué par balles par les jeunes de son quartier, la manifestation du quartier est silencieuse. Les gens défilent, tous, les parents, les commerçants, les éducateurs, les jeunes et les moins jeunes, les femmes et les hommes. Ils manifestent silencieusement et resteront silencieux. Quand un jeune est tué par la police, la manifestation n’est pas silencieuse. Les gens crient que la police est criminelle. Ils dénoncent les forces de l’ordre. Ils pointent du doigt les coupables. Ils désignent les assassins. Quand un jeune de douze ans est tué par des jeunes de son quartier ou du quartier voisin, la manifestation reste silencieuse. Personne ne désigne les assassins. La manifestation est silencieuse et restera silencieuse.

Une société en paix est une société où quand un policier tue un jeune, on téléphone à la police pour désigner l’auteur du crime ou aider à son inculpation. Une société en paix est une société où quand des jeunes en bandes armés tuent un enfant de douze ans, ceux qui connaissent les assassins ne restent pas silencieux, mais téléphonent à la police pour désigner l’auteur du crime ou aider à son inculpation.

Dans les sociétés en guerre, il y a des crimes, des attentats et des manifestations silencieuses.

Maurice Goldring

lundi 7 décembre 2009

élections

CAR (du communisme au réformisme)
Nous nous sommes réunis lundi 7 décembre 2009. Nous avons dîné et discuté politique. Comme d'habitude, nous sommes guidés par une vision stratégique et nous n'avons pas passé des heures à décortiquer la visite de Ségolène Royal à Dijon, le soutien de Vincent Peillon à Georges Frèche ou l'avenir de DSK. Non. Nous résistons. Nous n'en avons pas parlé. Il y avait plus important et plus urgent.
Nous, membres du CAR, pensons que l'avenir de la gauche passe par le PS. C'est autour du PS que peut se constituer un rassemblement permettant l'alternance. Ce n'est le cas ni du MODEM, ni des Verts, ni des néo-communistes. Cette situation déplaît, on fait encore le coup du vote utile. C'est exact. On fait encore le coup du vote utile.
Si l'avenir de la gauche en tant qu'alternance en 2012 passe par le rôle stratégique du PS, il ne faut rien faire qui puisse nuire ou affaiblir ce parti. Il faut que les prochaines élections régionales garantissent la possibilité d'une alternance aux élections générales de 2012 donc, que le PS conserve sa place hégémonique au sein de la gauche.
A qui nous adressons-nous? A l'électorat de gauche. Aux responsables du PS qui n'ont peut-être pas tous conscience du rôle historique de la machine qu'ils sont en train d'abîmer.

jeudi 3 décembre 2009

enfants de la goutte d'or

Chronique d'un habitant

Gentils enfants de la Goutte d'Or

Gentils enfants d'Aubervilliers, gentils enfants de la misère. Ce fut une chanson de Jacques Prévert pour le documentaire d'Elie Lotar de 1946 et il fallut plus d'une génération pour que les élus, les associations, les artistes, les commerçants, les syndicats de cette ville, se débarrassent de cette image geignarde et compatissante qui leur colla si longtemps à la peau. Aujourd'hui, on nous refait le coup des "petits enfants" , mais cette fois-ci de la Goutte d'Or. Une affichette a orné les vitrines dans notre quartier pendant le mois de décembre: offrez vos anciens joujoux aux enfants de la Goutte d'Or. Vos anciens joujoux. Pas des neufs, ce serait trop beau pour eux. Les joujoux que vous jetez à la poubelle quand Noël est passé, gardez les pour les enfants de la Goutte d'Or. Ainsi risquent de se trouver anéantis les années d'effort des politiques, des associations et des habitants pour que la Goutte d'Or ne soit pas un ghetto de misère, mais un quartier dont la diversité est une richesse, la mixité sociale une chance, le refus de la compassion une fierté.
Les enfants de la Goutte d'Or ont besoin de belles écoles avec des maîtres qualifiés, de parents qui travaillent, de formations qui leur permettent d'accéder à des métiers intéressants. Ils aiment aussi les jouets neufs.

Maurice Goldring

mercredi 2 décembre 2009

minaret

Nous, soussignés, habitants de la rue Polonceau, quartier de la Goutte d'Or dans Paris 18ème, n'avons aucune objection à la construction d'un minaret dans le projet architectural de la prochaine mosquée de la rue.
Premiers signataires:
Séverine Bourguignon
Maurice Goldring
Philippe Silvestre
Brigitte Pradier
Claude Moynot
Thomas Sylvand
Jessica Barre

Réponse à l'adresse électronique maurice.goldring@wanadoo.fr