mardi 28 juin 2011

du communisme au réformisme (CAR)

CAR (du communisme au réformisme) Compte-rendu de la réunion du mardi 28 juin 2011

            Notre ambition première: que le PS principal parti d'opposition à une droite saisie par les vieux démons ne replonge pas dans la phrase et les postures révolutionnaires. Cet engagement nous avait conduit à soutenir Dominique Strauss-Kahn parmi les candidats à la candidature. Les Dieux en ont décidé autrement. Aujourd'hui, nous sommes partagés entre les deux candidats qui à nos yeux sont les gardiens assumés de cette orientation: François Hollande et Martine Aubry. Certains ont déjà choisi, d'autres hésitent encore.

            Ce qui ressort de notre échange de vue. 1. De ces deux candidats, nous sommes assurés qu'il ou elle défendra une orientation réformiste de gauche. De ces deux candidats, nous sommes assurés qu'il ou elle défendra des réformes justes dans une économie de marché, qu'il ou elle agira pour une meilleure règlementation des échanges mondiaux, et pour une plus forte organisation de l'Europe. De ces deux candidats, nous sommes assurés qu'il ou elle ne mettra en route ces réformes que si elles sont financées.  De ces deux candidats, nous sommes assurés qu'il ou elle, en cas de victoire, redonnera de l'espoir et du souffle à une société fatiguée et déçue. Nous souhaitons que ce tronc commun sorte renforcé par la campagne des primaires, et non pas affaibli par des querelles subalternes.

            2. Il faut valoriser les primaires comme mode de choix du futur candidat socialiste. A l'extrême-gauche, les candidats sont ou seront choisis par une poignée de militants avertis. A droite, on imagine des primaires mettant aux prises Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin, Jean-Louis Borloo, Christine Boutin, ça aurait eu de la gueule. Au lieu de quoi, les dirigeants tentent de masquer leurs querelles rabougries en cognant contre les primaires socialistes. Ils ont raison de cogner. En France, les primaires ouvertes sont une menace pour ceux qui ne se sont pas encore bien remis de l'abandon du suffrage censitaire. Ne nous nous voilons pas la face. Le choix des candidats à l'intérieur du parti socialiste est aussi affaire de carrières, de places, de négociations obscures. Avec ces primaires ouvertes, le parti socialiste choisit le risque de faire voler en éclat de petits intérêts. En ouvrant ainsi les fenêtres, il donne la meilleure assurance de respecter les contrats offerts à la société dans son ensemble.

aurore martin

            Aurore Martin, entre en clandestinité le 21 décembre 2010 parce que selon elle le lot du Pays basque c’est, je cite « les extraditions de dizaines de militants politiques, les tribunaux d’exception, la torture dans les commissariats et casernes, les partis politiques interdits, des quotidiens fermés et des journalistes torturés et incarcérés, des arrestations massives ». Vous avez bien lu, Aurore Martin ne parle pas de la Chine, de la Biélorussie, de l’Iran, de Cuba ou de la Corée du Nord. Elle parle du Pays basque.

            En trente ans d’activité, L’ETA a tué 850 personnes, des conseillers municipaux, des policiers, des journalistes, des universitaires et des patriotes basques qui n’étaient plus d’accord. Elle a perdu 250 membres, des etarras qui se sont fait tuer parce qu’ils refusaient les solutions négociées et démocratiques que Batasuna souhaite mettre en place aujourd’hui. Si je compte bien, le total est de 1100 personnes mortes pour rien.

            Aurore Martin, qui a longtemps soutenu cette orientation, ces refus, ces folies, a une pensée émue pour tous ceux qui comme elle, vont passer les fêtes de fin de fin d’année loin de leurs proches. Elle ne semble pas adresser ce message aux proches des victimes de l’ETA.
            Le 18 juin Aurore Martin sort de la clandestinité. Les juridictions espagnoles demandent son extradition alors que des militants en France demandent qu’elle ne soit pas extradée pour délit d’opinion. Dans la Halle d'Iraty toute neuve, autour d’Aurore Martin, les responsables de Batasuna, du NPA, la ligue des droits de l’homme…Plus le maire de Biarritz, Didier Borotra et son adjoint, Michel Veunac. Plus le président socialiste du conseil régional. Aurore Martin déclare devant ces élus qu'elle se prépare à partager le sort des sept cent abertzale emprisonnés. Pas un mot pour les victimes de l'ETA. Les élus ne prennent pas la parole. Ils sont juste là. Ils sont contre l'extradition pour délit d'opinion, noble cause.
            Pendant une trentaine d'années, des conseilleurs municipaux, des universitaires, des journalistes, ont été menacés, insultés, tués. Pendant trente ans, ils étaient accompagnés de gardes du corps. A vingt kilomètres de Biarritz. Pas loin. Uniquement pour leurs opinions, pour leurs idées. Jamais aucun d'entre eux n'a été invité par les élus qui entouraient Aurore Martin ce 18 juin 2011 à une grande réunion publique d'amitié et de solidarité. La raison en est toute simple: c'est que la Halle d'Iraty n'existait pas encore.
Maurice Goldring 

fraudes

La fraude au bac prend l'allure d'une affaire d'état. Le ministre intervient, la police recherche, les médias gravent, impriment, tournent. Bien. La majorité des reçus aux grandes écoles viennent de quelques rares établissements publics ou privés. Comment possèdent-ils les sujets de concours? n'y a-t-il pas là une fraude sociale?

vendredi 24 juin 2011

stop aux agressions

Stop aux agressions
            Une pétition circule actuellement dans le quartier sous le titre "stop aux agressions". Selon la pétition, la population subit des actes violents et répétés qui sont le fait de bandes qui vivent de trafics. Les pouvoirs publics n'agissent pas et laissent les habitants dans un face à face dangereux avec une délinquance grandissante.

            J'ai du mal avec ce texte et avec une pétition que je ne signerai pas. On me dit: c'est parce que vous n'avez jamais été agressé. Certes. J'espère que je ne la signerai pas plus après une agression. J'espère, sans en être sûr.

            S'il y a un sujet compliqué et sensible, c'est celui de la sécurité des biens et des personnes. Précisons tout de suite qu'il n'y a aucun mépris ou condescendance à l'égard de ceux qui ressentent de la peur. Il faut la prendre au sérieux et les agressions doivent être punies par la loi.  Mais rien n'est pire qu'une peur qui empêche la réflexion. La majorité des agressions contre les personnes se produisent à l'intérieur des lieux d'habitation et s'il y a un endroit où il faut statistiquement avoir peur, c'est chez soi. Personne ne fait signer de pétition pour que les pouvoirs publics assurent la paix et la tranquillité à l'intérieur des foyers. La grande majorité des atteintes graves aux personnes sont dues à la circulation, à la vitesse excessive des voitures et des deux roues, et pourtant aucune pétition ne vise la délinquance routière. La pétition ne traite qu'un seul type d'agression aux biens et aux personnes. Y a-t-il une "délinquance grandissante"? Rien ne le dit. Le quartier est-il devenu plus dangereux? Rien ne le prouve. Une agression est une agression, toujours insupportable. Mais dire que nous vivons dans un quartier où la population se tait par crainte des représailles me semble excessif. J'ai traversé cent fois le square Léon sans me faire agresser, sans être témoin d'une agression. Il m'est arrivé de téléphoner à la police sans crainte de représailles. Parle-t-on du même quartier?
         
   Il ya des lieux à pétition. Le métro Château Rouge où l'accès et la sortie sont devenues difficiles et potentiellement dangereuses. Une pétition circule à ce sujet et elle est bienvenue. Le métro Barbès où l'entrée Ouest est souvent bloquée par des vendeurs de cigarettes tandis que l'entrée Est est quasiment interdite aux aspirants voyageurs les jours de marché. En circulant dans ces lieux, j'ai envie de signer plein de pétitions.

            Mais pour le reste? Nous ne sommes pas une favella brésilienne. Là-bas, la la reconquête de certains quartiers s'est faite avec l'aide des habitants, de la la police, des services sociaux, les écoles, les bibliothèques ouvertes vingt-quatre heures sur vingt-quatre, des activités culturelles. Pour une part, tous ces activités sont présentes et interdisent à la Goutte d'Or de devenir une zone de non droit.
         
   Agissons et gardons raison. Si le quartier était tel que le dit la pétition, les loyers baisseraient. Ils continuent d'augmenter.

Maurice Goldring




jeudi 23 juin 2011

salamanque

     Le collège Delibes assure que les étudiants David Longuenesse et Hélène Dupardieux ont assisté à un cours de langue espagnole au niveau B1.2 et B.2.2 à compter de vingt heures par semaine, depuis le 6 juin 2011 jusqu’au 17 juin 2011. y para que asi conste a todos los efectos, firmo el presente documento en Salamanca a Junio de 2011. Le sceau du collège, la signature du directeur. Ceci est la fin de l’histoire, un document remis au cours d’une cérémonie solennelle, par le directeur lui-même, dans la salle de conférences, il fallait monter l’estrade et David Longuenesse demanda de l’aide pour grimper les marches hautes menant vers la consécration et tous les étudiants applaudissaient autant l'effort physique que le diplôme.  David prit la parole pour remercier ses maîtres et s’adressant à ses camarades étudiants leur dit : Nunca es demasiado tarde para empezar a aprender un idioma. Sigue los ejemplos de nuestros jubilados quien suenan de hablar el castillan cuando eran assistantes en una empresa, o limpiadores de un hospital, y ahora, gracias al collegio Delibes, pueden decir que rien, que agradecen, que gozan que mueren et que viven, que amen y odian, en el idioma de Cervantes. (applaudissements, les gens se lèvent et crient bravo!). David descend de l’estrade et demande de l’aide à Hélène pour la dernière marche qui est la plus haute et combien de retraités aux cheveux blancs ont trébuché ainsi, transformant leurs remerciements en dernier discours. Grâce à Hélène, il descend la marche sans trébucher et va s’assoir parmi ses condisciples. Il est remplacé par un élève de première année, qui vient d’un collège de Séoul, et qui commence ses remerciements ainsi : Nunca estamos demasiado joven para empezar a apprender un idoma. Sigue los ejemplos de nuestros ninos quien aprenden el castillan en su cuna. La marche est trop haute pour lui et il saute avec son diplôme dans les mains. Ceci est la fin de l’histoire et il faut commencer par le début pour ne pas introduire plus de confusion dans un monde qui n’en manque pas.

    Ils partirent d’Irun en train et traversèrent Valladolid, Torquemada, le célèbre évêque inquisiteur sous le règne d’Isabelle la Catholique, mais cette manière d’introduire subrepticement une allusion à une page noire de l’église romaine manque d’élégance. Car ils traversèrent d’autres villes et pourquoi choisir Torquemada ? Le portable n’est pas interdit dans les wagons espagnols. Il n’y a pas au dessus de la porte du wagon un mobile barré d’une croix d’où sortent les lettres d’un ronflement phonétique. Les voyageurs ont le droit de téléphoner et ils ne s’en privent pas. Ils viennent d’un train français où le téléphone était interdit, où il fallait se déplacer dans le sas ou le wagon restaurant pour pouvoir expliquer au fils aîné que les sachets de tisane se trouvaient dans le placard au dessus de l’évier, ou au mari que quand même, tu exagères, toi tu es toujours parti et quand je prends quelques jours pour un séminaire, tu as l’air perdu, tu te débrouilles, moi je me débrouille bien avec les deux  mômes, alors s’il te plaît ou à la maman très âgée que s’il te plaît, évite de te plaindre à Andrès il me rapporte tout ce que tu dis et ça n’en finit pas. David et Hélène étaient partis ensemble, assis l’un à côté de l’autre, ils s’étaient inscrits ensemble, l’un à côté de l’autre. Oui, ils ont le droit de téléphoner comme ils veulent, et alors ? David est entouré par une personne devant qui téléphone, une personne à côté qui téléphone, et une personne derrière qui téléphone. Trois téléphoneurs en même temps. Trois. Parlant tout haut, pas trop fort, mais tout haut. David essaie de lire un livre de Carlos Fuentes, Instinto de Ines, en espagnol dans le texte s’il vous plaît. Le héros du livre de Fuentes est un chef d’orchestre qui a 92 ans aujourd’hui (pas aujourd’hui dans le train, mais aujourd’hui dans l’histoire que raconte Fuentes, parce qu’aujourd’hui ans le train David a 78 ans et que pour l’éternité dans cette histoire il aura 78 ans comme le chef d’orchestre de Fuentés reste figé à 92 ans dans son histoire. Il doit participer (le chef d’orchestre) à une cérémonie en son honneur et contre l’avis de sa gouvernante, part à pied à la cérémonie. David essaie de lire la suite, mais son texte est submergé par les trois conversations autour de lui. Il décide alors d’agir. Il relève sa visière, se lève, s’approche de la parlante du nord et lui demande dans un espagnol encore hésitant, puisqu’il n’a pas encore suivi les cours intensifs : il explique qu’il est malcomprenant en espagnol et que ce handicap doit être pris en compte pour que la société s’organise dans le wagon. « por favor, puede usted hablar mas despacio, soy un estudiante de primer ano en espanol et hay cosas que no entiendo ». Autour d’elle, les voyageurs apprécient et la voix se blanchit. Puis David s’approche du parleur du sud, la lance dans la main droite et lui demande : « pro favor, digame, no estoy leyendo demasiado fuerte? Porque no quiero molestarte? ». Autour de lui, les voyageurs sourient doucement et la voix faiblit. Pour le communiquant de l’ouest, David s’approche, avec son Instincto de Ines de Carlo Fuentes et commence à le lire à voix haute. L’autre comprend vite et se déplace pour poursuivre la conversation.
    
     Isabelle Fernandez est une dame qui se vieillit par les vêtements qu’elle porte, une robe tombante, des chaussons, un maillot de corps blanc grisâtre, des cheveux jamais peignés, marron de la couleur marron que produit des colorants bon marché. Elle les accueille en leur montrant les chambres, la salle de bains, la salle à manger, elle commence à parler et ne s’arrêtera plus jusqu’au bout du voyage. Son mari porte un short trop petit et un teeshirt trop grand, il a les bras tatoués, il ne parle pas et ne dira pas un mot jusqu’à la fin du voyage. Ils le reverront plusieurs fois dans la salle à manger et ils entendront buenos dias. David demande où est leur chambre « nuestro cuarto ». Isabelle leur montre deux chambres, l’une pour Hélène l’autre pour David. Nous avions demandé une chambre avec un lit matrimonial. Isabelle hausse les épaules. Les lits matrimoniaux sont pour les couples mariés. Vous vous êtes inscrits sous deux noms différents, vous n’avez droit ni à une chambre commune, ni à un lit matrimonial. Estimez-vous heureux, étant donné vos âges, vous avez droit à une chambre individuelle. Mais sans salle de bains ? La salle de bains est dans le couloir. Ce n’est pas moi, dit Isabelle, qui fait le règlement. Le shampoing a coulé dans la trousse de toilettes et l'a transformé en patinoire. Le rasoir et la brosse à dents glissent sur le plastique savonné. Dans la salle à manger trois étudiants américains, des ados de quinze, seize ans est-ce bien la peine de continuer. Ils n’ont pas appris à dire merci s'il vous plaît ni en anglais, ni en espagnol, ni en rien, ils ne laissent pas la porte ouverte pour le suivant, ni celle de l’ascenseur, ni celle de la sortie. Ils ne mangent que des pâtes et des frites. Deux étudiantes américains, de Californie, d’un collège privée, de parents qui vont les emmener en croisière après leurs studieuses études au collège Delibès, faut-il poursuivre ? Elles sont en short, bronzées, blondes, elles ne voient personne du pays, parlent entre elles dans de longues conversations entrecoupées de rires compulsifs, disent bonjour quand on leur tord le bras. Une Anglaise un peu plus âgée, en jupe de jean courte, elle a un joli sourire, une poitrine wonderbra et parle avec un autre Anglais très noir, de 47 ans et un enfant de douze ans, divorcé, et plus si affinité. Ils rencontreront d’autres élèves au collège, ils doivent s’installer dans leur chambre. Isabelle nous montre les clés et aussi ses seins, sans soutien-gorge, qui donne au teeshirt délavé une allure de guimauve en fin de course que le pâtissier de foire doit vite soulever pour un autre tour de manège. Le soir tapas au café Cervantès, vue sur la Plaza Mayor, ils sont à la fenêtre, béatitude exotique. Hélène et David passent une nuit sans chaleur. David se réveille vers trois heures du matin et ouvre la porte, mais Isabelle veille dans le couloir et lui fait non d'un doigt fatigué. Sa mère est morte quand elle avait trois ans et elle est restée dans un orphelinat jusqu'à l'âge de quinze ans. Elle a travaillé ensuite dans les cuisines de restaurants ou de cantine, elle a eu deux filles avec un mari chauffeur poids lourd et gagne sa vie aujourd'hui avec des étudiants du monde. Rude travail. Préparer le petit déjeuner, puis le déjeuner et le dîner, faire les chambres, attendre les retours de boîte jusque quatre ou cinq heures du matin. Le chauffeur dort dans la chambre à coucher, elle dort sur le canapé, ils ne se parlent jamais. Elle a une fille qui a une bonne situation, une autre qui ne travaille pas, dont le mari est chômeur depuis trois ans. Isabelle entretient ces derniers, ainsi que leur petit-fils. Tout l'argent y passe. La fille qui gagne bien sa vie paie une semaine de vacances à toute la famille, aux Canaries.
     
     Le collège se trouve en bas de l'avenue d'Italie et les nouveaux étudiants doivent se présenter à huit heures pour un test qui fixera leur niveau. A huit heures, David et Hélène se présentent au test, ils ne copient, ils sont comme ça, on ne les refera pas, ils ne sont pas le genre copieurs, ils auraient pu copier, pour être dans la même classe, mais c'est plus fort qu'eux, ils ne copient pas, font le test et on leur dit de revenir à dix heures, leur assignation sera affichée. David lit plus souvent des romans espagnols qu'Hélène, mais Hélène a passé une année entière à LLanco, dans un collège espagnol alors vous pensez. Pendant que les deux prennent un café et lisent El Païs, un euro vingt pour quatre fois plus de lecture que Libé et le Monde réunis, les professeurs corrigent et à dix heures quand ils reviennent, la foule des étudiants se presse devant les panneaux comme pour des résultats d'examen et évidemment. Une année dans un pays c'est toujours plus fort que de lire les œuvres complètes de Lope de Vega et de Garcia Marquez. David se retrouve en B1-1 et Hélène en B2-2, deux classes au dessus de lui s'il vous plaît alors qu'il lit Cervantès dans le texte espagnol à peine modernisé. Un peu quand même, sinon, c'est pour lui illisible. David a un fort sentiment d'identification avec don Quichotte de la Manche, cette manière de voir partout des moulins à vent et de se tromper de saison. Hélène est sa Dulcinée et il n'a pas de Sancho Panza, où il est lui-même Sancho et Don Quichotte. C'est souvent le cas. Même dans les partis politiques surtout de gauche, il y a plein de don Quichotte et plein de Sancho Panza. Tu vois bien que ce sont des moulins, pas des géants. Sancho n'a qu'à se taire, c'est au chevalier de décider, pas à son serviteur qui lui aimerait mieux être un peu mieux payé et avoir une retraite paisible. Résultat du test, B1-1. Hélène est dans la classe supérieure et David en ressent un trouble plaisir. Pourtant, ils avaient prévu de régresser ensemble au stade collégial, bavarder pendant les cours, poser des questions impossibles, demander ensemble à aller aux toilettes, chahuter et bien ils doivent faire tout ça séparément. Hélène en est au subjonctif (ojala que llueve cafe, encore eût-il fallu que vous pâtissiez), et David étudie le passé. Je dormais tranquillement (dormaba) quand elle est entrée (entro). C'est ainsi qu'entre les deux se construit un abîme culturel.

     Les journées se passent ainsi. Quatre heures de cours de dix heures à quatorze heures. Premier cours: grammaire. Deuxième cours: communication. On discute de ce qui a changé. Le statut des femmes et le statut des personnes âgées. Les deux mêlées. Avant une femme était vieille à trente ans. Aujourd'hui, seule la mort interrompt les histoires d'amour. Puis on parle cuisine. Se cocina. David relève sa visière et dit: quand on parle peinture, on nomme les peintres, quand on parle littérature, on nomme les auteurs, et quand on parle cuisine, se cocina comme s'il n'y avait personne derrière les fourneaux. Quand les hommes se mettent à cuisiner, d'un seul coup, la cuisine a des auteurs. Dit-il. La professeur se fâche. Ici, c'est un cours de langue, ce n'est pas un cours de révolution./ C'est la révolution, dit David, en hurlant dans son heaume, de dire que beaucoup de plats très compliqués avaient pour objectif principal (reto) de retenir les femmes à la maison et que ces plats ont disparu quand les femmes se sont mises à travailler au dehors. Ces plats, compliqués, cuisinés gratuitement pendant des siècles, réapparaissent dans les cuisines des grands restaurants où des hommes sont payés très cher pour les préparer. La professeur dit c'est un cours de langue, pas un cours de sociologie. Qu'est-ce qu'une langue sinon du condensé de société, d'histoire, de conflits, de cultures, dit David dans son heaume. La professeure s'appelle Isabelle, comme Isabelle.

     Ils remontent ensemble l'avenue d'Italie jusqu'à l'avenue Portugal, montent au quatrième étage dans un ascenseur qui a été moderne, vont poser leur cartable dans leur chambre respective, reviennent dans la salle à manger où le repas est toujours prêt et Isabelle est en train de parler et elle continue de parler. Elle règle tout: les menus, les passages à la salle de bains. Ils sont plus âgés et ont donc la priorité pour se soulager et pour prendre une douche. Jamais ensemble bien sûr. Isabelle vient de San Sebastian qu'elle a quitté parce qu'elle avait des attentats, elle a quitté un climat de violence où elle avait tout le temps peur. Son mari était camionneur et maintenant retraité, une retraite de quatre cents euros, que voulez-vous faire avec ça. Ils ont donc acheté deux appartements et Isabelle reçoit des étudiants, trois ou quatre par chambre, sauf David et Hélène. Bien entendu, ils n'auraient jamais accepté de dormir avec d'autres étudiants et étudiantes qui rentraient à quatre heures du matin, ne se levaient pas pour le petit déjeuner, manquaient les cours et se saoulaient dans les discothèques.
     
     Francine est une étudiante allemande qui se plaint de son hôtesse, le prof lui dit qu'elle peut changer, je lui dis qu'elle peut changer, mais non, surtout, qu'on n'en parle pas, elle est toute rouge et au bord des larmes. Tout en espagnol, bien entendu, hasta las lagrimas. Non, non, ne vous occupez pas de moi. Les larmes sont là, brillantes, perlées, prêtes à tomber. Le prof de grammaire lit les titres des chapitres de grammaire de ser et estar, par exemple, puis les explique théoriquement, et donne ensuite un paquet d'exemples, des exercices et ne cherche pas trop à comprendre ce que les élèves comprennent. L'étudiante allemande, qui s'appelle en fait Ingrid, arrive avec une demi-heure de retard, ce n'est pas rien, elle s'installe sans s'excuser, cache son visage derrière son coude, dit qu'elle ne comprend rien et se met à pleurer en disant que David parle tout le temps et que ça l'empêche de comprendre. David lui dit que si lui parle tout le temps, elle devrait venir écouter Isabelle pendant une matinée. Ingrid dit qu'elle va porter plainte pour harcèlement si David continue à l'inviter chez lui. Le professeur continue à lire les phrase avec ster et estar. C'est dommage de gâcher ainsi ce qui est un joyau de la langue espagnole, ser et estar. Ser, c'est le verbe être pour ce qui essentiel dans la vie, par exemple "soy enamorado", ou "soy un professor". Estar est pour ce qui est fugitif, comme estoy leyendo. On passe à côté et Ingrid pleure. David pense qu'il va changer de classe. A l'interclasse, il va voir une directrice qui lui dit ce n'est pas possible, David lève la visière de son armure et dit que si on ne le change pas de classe, il va faire grève du cours, qu'il ne viendra pas, qu'il lira El Pais à la place, devant une tasse de café à la terrasse de la Plaza Mayor. Le tout en espagnol. Terraza. Ingrid pleure à l'interclasse. Dans la nouvelle classe, car la menace de grève a porté, une étudiante française qui vit au Bengladesh,  Aziz qui vient de Mauritanie et assiste à un ou deux ocurs, deux étudiants chinois qui apprennent l'espagnol pour préparer un examen à l'université de Salamanque, faire des études, de droit de médecine et ensuite retourner au pays avec le diplôme pour exercer un métier qu'ils espèrent lucratif car l'investissement est lourd. Ils font tous les exercices avec énormément de conscience, répondent aux questions du nouveau professeur de grammaire, nouveau pour David, mais pas pour eux, dit Pedro, un étudiant chinois a ainsi été nommé par le nouveau professeur de grammaire et l'étudiante chinoise s'appelle Dini. Ou ainsi a-t-elle été baptisé par celui qui pour elle n'est pas nouveau. David leur montre une page d'El Pais avec une grande photo d'une manifestation en Chine, Pedro et Dini regardent la photo, approchent la page, lisent le nom de la province et de la ville où a lieu la manifestation et disent qu'ils ne connaissent pas, que la Chine est un grand pays et que la province où a lieu la manifestation est très loin de chez eux. Le tout en espagnol, car David ne parle pas chinois et ils ne parlent pas un mot de français et si c'est pour parler de manifestations, ils ne sont pas prêts de l'apprendre. Mikael veut devenir ophtalmologiste, il paraît que ça paye en Chine. Quatre étudiants d'Arabie saoudite qui préparent l'examen d'entrée à l'université avec une assiduité relative, ils sont boursiers et disent que les femmes ont tous les droits en Arabie saoudite et David leur montre une page d'El Païs où des femmes préparent une manifestation contre l'interdiction qui leur est faite de conduire. Le tout en espagnol, bien entendu, car David ne parle pas un mot d'arabe et eux ne sont pas prêts à étudier le français si c'est pour parler du droit des femmes. Raya, qui est assise à côté de David, lit la page du journal avec un grand sourire, sans rien dire. Elle sourit juste. Elle porte un voile. Elle est veuve, trois enfants, et avec l'aide financière de l'Etat saoudien et de sa famille qui lui garde les enfants, elle entreprend des études à Salamanque. Ça doit être dur de commencer des études avec trois enfants; elle a les larmes aux yeux et ne répond pas. Les couloirs sont joyeux mais les yeux pleurent beaucoup au collège Delibès.

     A propos du voile, justement. Parmi les étudiants, une femme qui porte le voile intégral sauf les yeux. Elle glisse silencieusement parmi toutes les élèves en short raduc, en décolleté de première année de collège, silhouette noire. David reçoit un choc chaque fois qu'il la croise. Montrer son visage est un signe de confiance. On cache son visage quand on veut agresser, qu'on veut braquer une banque, qu'il y a la guerre, les policiers qui arrêtent les mafieux et les terroristes se cachent le visage, les terroristes qui font des conférences de presse se mettent une burka, mais en temps de paix, dans une école? Il décide, David que si cette femme se trouve dans un cours commun, il partira en disant tout ça, en espagnol. Il n'en aura pas l'occasion. La seule fois où il sortira sa lance de justicier sera dans une auberge près de Salamanque. En mangeant la paella, dans la salle à manger de l'auberge, plus loin, autour d'une longue table, un groupe de jeunes gens fêtaient l'enterrement de la vie de garçon de l'un des leurs, qui étaient déguisée en andalouse, longue robe dont les dentelles traînaient par terre. Ils buvaient abondamment et chantaient une chanson d'où il ressortait, car David et Hélène comprenaient tout beaucoup mieux qu'avant, surtout David, car Hélène avait passé une année dans le pays et elle comprenait tout, et en plus elle était dans la classe supérieure, et tous les deux comprenaient le mot "maricon" qu'ils connaissaient de toute manière avant de venir à Salamanque, qui ne connaît pas le mot maricon?  La chanson disait que maricon serait celui qui ne terminerait pas son verre. Et ça tournait autour de la table. Eres maricon, no eres maricon. David se leva, prit sa lance et son bouclier, descendit de sa Rossinante et s'approcha ainsi équipé de la table des chanteurs, en relevant la visière de son heaume pour que les chanteurs puissent voir son visage, son armure n'était pas une burka. Je dois vous parler, dit-il en espagnol. Les chanteurs s'arrêtèrent, le silence se fit autour de la table. "Soy un maricon". Soy, parce que le verbe ser exprime une  essence, un état permanent, une identité profonde et qu'il doit donc être placé devant maricon. Estoy maricon n'a aucun sens, on n'est pas maricon de temps en temps, en passant, comme un transsexuel qui se passe une robe et se maquille pour une soirée. Donc, ici, Soy maricon et ça me gêne beaucoup, cette chanson. C'est une plaisanterie, juste une chanson. Mais ça me gêne beaucoup. Je vous demande d'arrêter. Ils se sont arrêtés, ont chanté d'autres chansons, tant que David était là. David rajusta sa visière et retourna terminer sa paella. Dulcinée le félicita de son courage et lui épongea le front avec une éponge en paille de fer.
     
     Dans la nouvelle classe, Marina était française de Belgique, elle s'énervait quand on l'interrogeait sur la guerre entre Français et Flamands, elle vivait dans un pays en paix et les journalistes en avaient fait un pays en guerre, tout le monde vit paisiblement avec tout le monde et il n'y avait aucun problème. La Japonaise Tania souriait tout le temps, mais ne répondait pas aux avance d'Oshn, un New-Yorkais qui apprenait l'espagnol pour enseigner les mathématiques car à New York, il y avait de plus en plus d'hispanophones et ça lui serait bien utile de parler espagnol pour trouver un poste de prof de maths. Raiz quadrada de un nombre. Il jouait aussi au yoyo, au foot et avait inventé un jeu de famille fondé sur les couleurs et les formes, et David, qui était daltonien, s'était mis en équipe avec la nouvelle prof d'espagnol plus sympathique que le précédant, et s'était mise à jouer au jeu des familles avec tous les présents, ils étaient six en tout, et David faisait partie d'une équipe, mais comme il était daltonien, il ne pouvait pas vraiment jouer. Ça lui rappelait sa jeunesse, quand on formait les équipes de foot, avec son pied bot, il était toujours recruté en dernier, et on lui confiait les buts à garder. Il se rattrape aujourd'hui avec les moulins à vent.
     
     En communication, on peut parler de tout à condition de ne jamais manquer de respect. La population est diverse et il ne faut pas choquer. La professeur de communication insiste beaucoup, ça fait partie de la charte du collège: no faltes de respecto. David releva la visière de son heaume. Mais on ne peut respecter ce qui manque de respect, dit-il. Par exemple, est-ce qu'on peut dire qu'il y a des prisonniers d'opinion en Chine? Ou que le voile intégral ? Marina explose: oui, mais alors il faut parler des lois contre les immigrés en France et toute l'histoire de la colonisation. "Je ne parle pas de ça", dit David, en secouant sa lance, je dit simplement que l'expression: "no faltes de respecto", sous des dehors conviviaux, nous empêche précisément de parler de sujets controversés. Les deux Chinois, les trois saoudiens, ne participèrent pas à la passe d'armes. Raya souriait.

     Les cours avaient lieu cinq jours par semaine, de dix heures à quatorze heures, puis on passait un film espagnol en version originale sous-titrée ou non, puis une conférence sur Salamanque, sur Goya, sur Cervantes, puis le soir un groupe allait manger des tapas, le jeudi, ils se donnaient rendez-vous dans une boîte de nuit, mais il n'y avait personne, ils arrivaient à pas d'heure. Les excursions s'annulaient faute d'inscriptions et avaient lieu individuellement en autobus qui les menait à Valladolid ou à Avila et ses ramparts. A Valladolid, ils virent des tentes des "indignés" espagnols et prirent des photos. C'était la fin, il ne restait plus que quelques tentes, une banderole qui dénonçaient les banques et une table où cinq personnes prenaient le thé. Ils visitèrent sur une bétaillère, serrés comme des sardines, une finca où s'élevaient des toros et Isabelle parlait toujours sans respirer.

     Au début, les élèves sont perdus, ils cherchent leur classe, ils ont le trac, ils font connaissance, puis le temps passe vite et les paroles circulent. Elles circulèrent d'abord sur le fait que les garçons n'avaient pas le droit d'aller dans la chambre des filles et réciproquement, forcément, car l'interdiction d'une moitié des passages interdits n'aurait eu aucun sens. David et Hélène se joignirent au chœur: vous vous rendez compte, nous vivons ensemble depuis des années (David lui avait fait promettre de ne pas donner le chiffre exact de leur vie commune qui de toute manière, n'était pas tout le temps commune, il y avait des plages, il fallait les enlever du chiffre qu'ils utilisaient entre eux, mais ça ne regardait personne, et Hélène disait "depuis des années" depuis des années) Vous vous rendez compte qu'on nous a imposés des chambres séparées. Ma chambre est à côté de la chambre des étudiantes américaines, dit Aziz, et j'aimerais bien aller discuter avec elles dans leur chambre, ou bien qu'elles viennent discuter avec moi dans ma chambre, ce serait sympa aussi. La discussion avait lieu près de la machine à café et ceux des élèves qui entendaient s'approchaient, participaient, étaient d'accord, d'autres non, ils étaient là pour préparer un examen difficile et la mixité à l'école pesait assez lourd pour ne pas se poursuivre dans les chambres. Hou! Hou! Répondirent les autres et au bout d'une heure de discussion, une délégation d'étudiants demanda à parler au directeur. Nous demandons la levée de l'interdiction d'aller dans les chambres des filles En priorité, pour David et Hélène qui sont concubins depuis des années et qui doivent faire chambre à part, comme si faire chambre à part facilitait la compréhension du subjonctif. C'est plutôt le contraire: adios le pido que si me muere que sea de amor chanta Tania, une membre de la délégation. Le ton monta, le directeur fut maladroit dans sa réponse, au lieu de proposer une commission de réflexion associant le personnel et des étudiants, il dit c'est moi qui décide et je ne toucherai pas au règlement.

     Quand la délégation revint du bureau du directeur, en haut des escaliers, ils s'arrêtèrent à mi-pente, la foule des étudiants se pressaient en bas des escaliers, il n'y avait personne devant les ordinateurs ce qui indique le degré d'engagement. Ils dirent ce qu'ils avaient entendu et les étudiants décidèrent de squatter l'immeuble du collège tant qu'ils n'obtiendraient pas ce droit élémentaire. Ils se dispersèrent dans les classes et discutèrent. Ils discutaient des cours, ne serait-il pas possible de demander une pédagogie participative, une plus grande participation des étudiants. Justement, leva la main un étudiant, moi je suis bi, et je suis très mal à l'aise quand on m'explique que soy est une essence, un était permanent, une identité intouchable, comme soy portugues. Yo no soy un maricon. Je suis homo une partie du temps, une autre partie je suis hétéro. Donc dans mon cas, il faudrait dire "estoy un maricon" ou "estoy un hetero". Je suis homme et femme selon les cas. Un prof qui avait décidé de soutenir le mouvement demanda la parole: excusez-moi, mais dans chaque cas, vous l'êtes profondément, essentiellement, vous adoptez une identité profonde même si elle ne dure pas, au moment où vous êtes ce que vous êtes, vous l'êtes vraiment. Il fut chaleureusement applaudi. David serra la main d'Hélène. "estoy ou soy enamorado de ti?

     Les gardes civils évacuèrent les étudiants et la cérémonie de remise des diplômes put se tenir sous leur protection. Le directeur put signer el presente documento en Salamanca a Junio de 2011.

Maurice Goldring, Salamanque, juin 2011

mardi 21 juin 2011

le grand écart

La photo est belle. Besancenot qui parle, Arlette Laguiller, Mgr Gaillot, Nicolas Hulot, Pierre Laurent et Benoît Hamon, porte-parole du PS, le visage fermé, résolu, engagé, ferme. Il ne manque que Mélenchon. Besancenot et douze employés de la poste sont jugés pour séquestration. Ils n'ont pas retenu les cadres, "ils ont juste surveillé les escaliers pour éviter que le patron de la poste des Hauts-de-Seine ne se sauve". Ce n'est pas vraiment une séquestration, c'est juste qu'ils ont retenu quelqu'un. La plainte vient de treize employés de la Poste qui affirment qu'ils ont été "traumatisés" par les événements.

Des partis politiques et des militants estiment que le système est ingouvernable et irréformable et recherchent en permanence les conflits et les tensions pour hâter le moment où le peuple et la classe ouvrière le renverseront. D'autres pensent qu'il faut mener des luttes respectant les lois et les règles démocratiques et présenter des programmes politiques soumis à élection pour gouverner dans le sens d'une plus grande justice sociale sans renverser le système.

Et Benoît Hamon, porte-parole du PS? Benoit Hamon a le visage fermé et douloureux de celui qui est soumis au supplice du grand écart.

le grand écart

La photo est belle. Besancenot qui parle, Arlette Laguiller, Mgr Gaillot, Nicolas Hulot, Pierre Laurent et Benoît Hamon, porte-parole du PS, le visage fermé, résolu, engagé, ferme. Il ne manque que Mélenchon. Besancenot et douze employés de la poste sont jugés pour séquestration. Ils n'ont pas retenu les cadres, "ils ont juste surveillé les escaliers pour éviter que le patron de la poste des Hauts-de-Seine ne se sauve". Ce n'est pas vraiment une séquestration, c'est juste qu'ils ont retenu quelqu'un. La plainte vient de treize employés de la Poste qui affirment qu'ils ont été "traumatisés" par les événements.
Des partis politiques et des militants estiment que le système est ingouvernable et irréformable et recherchent en permanence les conflits et les tensions pour hâter le moment où le peuple et la classe ouvrière le renverseront. D'autres pensent qu'il faut mener des luttes respectant les lois et les règles démocratiques et présenter des programmes politiques soumis à élection pour gouverner dans le sens d'une plus grande justice sociale sans renverser le système.
Et Benoît Hamon, porte-parole du PS? Benoit Hamon a le visage fermé et douloureux de celui qui est soumis au supplice du grand écart.

lundi 20 juin 2011

stratégie électoral et explosifs

Stratégie électorale et explosifs
En Espagne, les élections régionales et municipales ont puni Zapatero en portant au pouvoir le Parti populaire et les partis nationalistes. À Saint-Sebastien, Bildu, une coalition dont Batasuna était l’âme, a conquis la municipalité. Les nouveaux maîtres de la ville ont pris une première mesure symbolique. Le nom d’une rue pour les victimes de l’ETA ? La demande solennelle de dissolution du groupe terroriste ? Vous n’y êtes pas du tout. Ils ont demandé par mesure d’économie la réduction du budget de protection des élus menacés. Les escortes n’ont plus lieu d’être, disent-ils, puisque disent-ils, l’ETA a déclaré le cessez-le-feu. Manque de chance, le même jour ou presque, un membre de l’ETA est arrêté en France avec dans son coffre tout le matériel électronique nécessaire pour faire sauter des bombes. Il n’avait pas lu le communiqué de l’ETA. Le même jour ou presque une réunion de soutien à Aurore Martin a lieu à la Halle d’Iraty. Aurore Martin est poursuivie en Espagne pour participation aux activités d’un parti interdit (Batasuna). , alors que ce parti n’est pas interdit en France. Aurore Martin n’est pas une terroriste, juste une responsable politique qui dit que c’est bien de lancer des bombes dans des lieux publics. En Espagne, c’est un délit, pas en France. Les juridictions espagnoles demandent son extradition alors que des militants en France demandent qu’elle ne soit pas extradée pour délit d’opinion. Autour d’Aurore Martin, les responsables de Batasuna, du NPA, la ligue des droits de l’homme… Et bizarrement, tout à fait curieusement, le maire de Biarritz, Didier Borotra et son adjoint, Michel Veunac. Aucun conseiller menacé par l’ETA de l’autre côté de la Bidassoa n’a jamais eu cet honneur pendant les années de terreur. Aucun universitaire menacé n’a jamais été invité par la ville. Et Didier Borotra, qu’on n’a jamais vu dans un meeting de solidarité à l’égard des victimes de l’ETA, ou de protestation contre les attentats de l’ETA, est là, avec Michel Veunac, à la Halle d’Iraty. Ils sont partis avant les discours des alliés politiques d’Aurore Martin, mais leur siège n’a pas eu le temps de refroidir tout le temps des autres interventions. Ils étaient là et ils n’ont rien dit. Ils auraient pu dire : nous réclamons pour Aurore Martin les garanties que l’ETA a refusé à ses victimes, mais ils ne l’ont pas dit. C’était pourtant une bonne occasion.

Maurice Goldring

jeudi 2 juin 2011

syndromes

Le syndrome Gilles de la Tourette vous oblige à dire compulsivement cul bite couille chatte et autres joyeusetés. Le syndrome Pic de la Mirandole vous oblige à dire compulsivement gnoséologie, métaphysique, palindrome et épicène. Il existe des cas (très rares) où le malade est frappé de ces ceux syndromes. Selon les lieux, les cas, les situations, il sera accueilli avec satisfaction, amusement et murmures flatteurs, d’autres cas où il provoquera railleries, insultes et cris de réprobation. Faut-il préciser que Gilles de la Tourette et Pic de la Mirandole ne se sont jamais rencontrés ?