mercredi 30 novembre 2011

communautarisme

Contre le communautarisme en politique






Quand les dirigeants de l’UMP et du FN parlent immigration, ils projettent une image communautariste de la société française. Le peuple français, selon leurs discours, est composé de citoyens authentiques et d’autres qui ne le sont pas, qui doivent le prouver en permanence sous peine de se voir privés des droits et des devoirs qui sont ceux des membres de la nation. L’État, les services publics, les prestations sociales, le travail et le logement, doivent être réservés à ceux qui adhèrent aux principes et aux valeurs « nationales » qu’il faut constamment redéfinir car l’identité a une carte, mais guère de définition rigoureuse.



Cette communauté est menacée par des vagues de migrants étrangers et par des idées qui sapent les principes partagés. Ces discours n’ont pas besoin d’immigrés pour fleurir. À Cuba, en Corée du Nord ou en Syrie, où les Guéant locaux ont réussi mieux qu’en France à contrôler l’immigration, on ne se prive pas de dénoncer en permanence les influences étrangères pour expliquer les disfonctionnements locaux.



Aucune société n’échappe à la tentation communautarisme. Quand les temps sont durs, la recherche de boucs émissaires protège les gouvernants, rassure les gouvernés, répond rapidement aux angoisses généralisées. On ne peut guère agir contre ces émotions spontanées. En revanche, l’action politique doit porter sur tous ceux qui donnent légitimité et respectabilité aux frayeurs crispées. Si l’antisémitisme est l’un des racismes les plus durables, c’est que pendant des siècles et des siècles, l’église catholique lui a donné l’appui d’une institution universelle. Aujourd’hui, la haine de l’étranger est consolidée de manière tout à fait délibérée par le Front national et par l’UMP qui prétendent lutter contre le communautarisme avec des arguments communautaristes.



Le combat pour la défense des immigrés, des sans-papiers, est nécessaire, mais il n’est pas une réponse à la fabrique de xénophobie. Ce qui est en jeu est une certaine conception de la société française contre une autre, une autre où il suffirait de pas grand-chose pour que je perde ma citoyenneté.

lundi 28 novembre 2011

brûler les dieux

Les flammes qui brûlent les Dieux déchus sont scandaleuses. Un feu de cheminée plaît davantage. On ne vient pas se réchauffer les mains aux flammèches qui courent sur un dépôt d'ordures. Plus impressionnants Jeanne d'Arc sur son bûcher, le Che dans la forêt bolivienne, Varlin agonisant, Connolly fusillé sur un fauteuil… Pendant 35 ans, j'ai été militant communiste actif. Admirable de dévouement. Pendant tout ce temps plus ou moins complice d'un des systèmes d'asservissement des peuples le plus cruel et le plus meurtrier. Quand je prononce ces paroles dans un salon, la gêne est palpable. Chez les anciens, naturellement, qui voudraient quand même conserver quelques bijoux de famille. Chez les néo, qui voudraient redonner vie à des rêves mobilisateurs. Je ne me sens pas coupable, au sens où un assassin aurait des remords d'avoir donné des coups de couteau pour tuer. Je n'ai tué personne. Je ne vais pas aller me dénoncer au commissariat ou à la Ligue des droits de l'homme ou à la commission Vérité et réconciliation des sorties d'enfer. Je m'acharne pour les mêmes raisons que Bertold Brecht : "Le ventre est toujours fécond d'où a surgi la bête immonde". Comment peux-tu comparer les deux systèmes? Je ne compare rien. Je dis seulement que l'un des deux systèmes, le système communiste s'est réalisé au nom des principes que je défendais, avec mon soutien, avec mon acceptation et mes justifications de ses pires dérives et qu'encore aujourd'hui, chez moi et dans le monde, on brandit ses drapeaux et ses outils. Désormais, ce ne sera plus en mon nom. Contre toutes les théories avant-gardistes léninistes jusqu'auboutistes lutte de classiste, je mène le combat. Contre tous les groupes auto désignés qui sont persuadés qu'en tirant sur les tiges, la récolte sera meilleure.
            L’extrémisme de gauche est minoritaire dans les démocraties parlementaires, mais il occupe une place idéologique et morale qui dépasse son influence réelle. Il dispose d’icônes mondialement reconnues, comme Che Guevara ou le sous-commandant Marcos. De la part de la gauche modérée et parlementaire, il provoque admiration ou « compréhension ». On peut rendre compte banalement de cette empathie : ceux qui sont contraints par leur responsabilité d’admettre les compromis, de renoncer aux ambitions de jeunesse, expriment ainsi leur nostalgie. On peut aussi aller plus loin et suggérer l’hypothèse d’une complicité diffuse pour les mouvements qui partagent avec les formations classiques l’exclusion et la protection des privilèges. Sympathiser avec les pauvres dans ce qu’ils ont de plus réactionnaires, conservateurs, primitifs, c’est s’assurer qu’ils ne viendront pas concurrencer les hommes blancs de cinquante ans sortant des Grandes Écoles. Piller les boutiques, incendier des voitures, on admet que le peuple puisse ainsi se révolter par l’émeute, mais s’il prend des responsabilités, on ricane de son accent et de ses chaussures comme on ricane d’une femme politique qui prend la parole sur l’estrade d’un meeting avec des talons hauts, qui va s’occuper des enfants ?  Sympathiser avec l’émeute est beaucoup moins coûteux que de renoncer à cumuler des mandats. 

dimanche 27 novembre 2011

mots

quand j'étais jeune, on me disait toujours la vérité. Puis j'ai mangé et j'ai vu, j'ai pris de l'estomac et mon visage devint rouge et violacé. Je me suis rendu compte alors que les gens me disaient n'importe quoi, qu'ils ne me disaient plus la vérité. Et j'ai compris pourquoi. On n'affranchit pas un rubicond.

jeudi 24 novembre 2011

droit de vote aux étrangers

Arno Klarsfeld, président de l'OFFII, refuse le droit de vote aux étrangers parce qu'une vague fondamentaliste traverse le monde musulman et que les intégristes pourraient ainsi présenter des listes aux élections municipales (Le monde, 24 novembre 2011). Naguère, des hommes s'opposaient au droit de vote des femmes parce qu'elles voteraient selon les conseils de leur confesseur et que la porte serait ainsi ouverte au pouvoir de l'église. D'une manière générale, le droit de vote est dangereux parce qu'on ne sait pas d'avance comment il sera utilisé et le plus sûr est de ne l'accorder qu'aux personnes dont est certain qu'elle voteront comme on le souhaite.

               Quant aux listes qui veulent faire coïncider citoyenneté et appartenance identitaire, elles existent déjà: elles sont présentées par le Front national. 

lundi 21 novembre 2011

viol

               Le scandale, dans le cas le plus récent de viol suivi d'assassinat, n'est pas la récidive, ou le viol, ou le meurtre. Une jeune fille violée dans les caves d'un HLM ne provoque pas de réunion d'urgence, car c'est normal: elle était en minijupe, les garçons en chaleur, pauvres, marginaux. Pas de réunion d'urgence. Le scandale, c'est que l'agression au eu lieu dans un établissement protestant, religion austère, un établissement privé, douze mille euros par an. Si ça se produit là, il n'y a plus de défense possible, ni la religion, ni l'appartenance à la bourgeoisie aisée et cultivée ne protègent.
               L'émotion est ainsi enracinée dans l'ignorance persistante des réalités statistiques. Dans 74% des cas, la victime connaît l'agresseur. 67% des viols sont commis au domicile de la victime ou de l'agresseur. Le violeur est majoritairement ni étranger, ni célibataire vivant seul. Il est généralement bien intégré dans la société, marié et père de famille. 57% des personnes condamnées sont de professions médicales ou paramédicales, enseignants ou pédagogues, cadres et militaires. (source: SOS femmes accueil).
               En Irlande, en Allemagne, aux États-Unis, en France, des milliers de viols ont été perpétrés par des prêtres sur des jeunes garçons ou des jeunes filles. Pas de réunion d'urgence à l'Elysée pour demander que les prêtres violeurs soient regroupés dans des centres fermés et pour qu'il devienne obligatoire de communiquer à l'évêque le casier judiciaire d'un nouveau curé. C'est pourtant ce qui a été tranquillement et calmement décidé, sans réunion de cabinet et sans déclaration du ministre de l'intérieur (et des cultes). Désormais, les cas d'agression sexuelle ne se règlent plus à l'intérieur des institutions religieuses, mais doivent être dénoncées et punies par la loi civile. Il semble que les prêtres craignent plus la justice des hommes que les châtiments divins, car le nombre d'agressions a depuis fortement baissé.

jeudi 17 novembre 2011

opposition et gouvernement

Quand François Hollande parle des enseignants, la droite parle de gaspillage, quand il parle des agences de notations, la droite hurle à la trahison. Quand il parle de la filière nucléaire, la droite parle d’abandon. Mélenchon ou Marine Le Pen critiquent le pouvoir en place de manière beaucoup plus virulente, mais personne à droite ne parle de trahison, de désertion, d’abandon… où est la différence ?

            C’est que les discours de François Hollande ont déjà des effets politiques alors que tout semble échapper au pouvoir régnant. D’où cette impression bizarre d’avoir des gouvernants qui critiquent le candidat socialiste comme s’il était déjà au pouvoir.

            Rappelons donc que la droite est installée depuis dix ans, qu’elle gouvernera jusqu’au printemps prochain et que d’ici là, l’opposition reste l’opposition. 

lundi 14 novembre 2011

bourreaux et assistantes sociales

Dès que les porteurs de terreur nationalistes sont emprisonnés, ils deviennent des militants humanitaires. Ils demandent de bonnes conditions d’incarcération, le rapprochement des prisonniers de leur famille, et voici la dernière exigence : la libération des détenus malades. Malades de l’ETA, pas malades d’homicide ou malades d’agression de tous ordres, malades d’amour pour la patrie seulement.

            Quand ils étaient derrière leur mitraillette ou les mains dans la dynamite, on leur demandait d’épargner les femmes, les mères de famille, les enfants, les vieillards, les handicapés, les cancéreux, les Alzheimer, les Parkinson. En vain.

            Mais il ne faut jamais désespérer, il n’est jamais trop tard. Les bourreaux peuvent se transformer en assistantes sociales.  

dimanche 13 novembre 2011

rectificatif

Rectificatif :

            1. Les Auxiliatrices du Purgatoire ne sont pas un ordre, mais  une congrégation. Un ordre est une communauté religieuse placée directement sous l’autorité du Vatican : les Jésuites, les Dominicains forment un Ordre. Les congrégations, comme les Auxiliatrices du Purgatoire, sont placées sous l’autorité d’un évêque. Hiérarchiquement, un Ordre est donc plus important qu’une congrégation. On  le voit d’ailleurs aisément dans le langage courant. Si vous dites à votre enfant : tu vas ranger ta chambre, c’est un ordre, il rangera sa chambre. Alors que si vous lui dites : tu vas ranger ta chambre, c’est une congrégation, observez sa réaction.
           
            2. Les embouteillages des âmes dans le Purgatoire et l’affreuse promiscuité qui en résulte ne sont pas dus à l’allongement de la vie, mais à deux facteurs distincts. Le premier concerne l’augmentation de la population terrestre, qui dépasse désormais les sept milliards d’humains. Le second concerne la diminution non moins rapide de l’attachement religieux constaté partout. Non seulement il y a plus d’âmes, mais la proportion des âmes qui passeront par le Purgatoire croît d’autant plus que les gens ne croient plus. 

samedi 12 novembre 2011

où est la gauche?

            Serge Halimi, dans le Monde diplomatique de novembre 2011 se pose la question « où est la gauche ? » et constate sa disparition. En Europe, dit Halimi, la gauche est la gauche le temps d’une campagne électorale et ensuite elle gouverne dans l’intérêt des plus riches. Là où la gauche modérée est au pouvoir, Grève, Portugal, Espagne, elle a affronté ses cortèges d’indignés. Le continent qui a vu naître le syndicalisme, le socialisme et le communisme se résigne à leur effacement. Dans ces conditions, même si la gauche arrive au pouvoir, elle ne fera pas mieux qu’en Grèce, Portugal, Espagne. Serge Halimi conclut qu’une défaite peut avoir des vertus pédagogiques. La gauche ne se retrouve plus que dans les cortèges des « indignés » qui « se mobilisent sans savoir où les conduira leur colère ».

            Les convictions de Serge Halimi ne datent pas d’aujourd’hui. Avec constance, il méne campagne contre la gauche modérée, a soutenu les expériences les plus radicales en Amérique latine, milité pour le refus d’une Europe capable de se gouverner (à quoi bon, puisque la gauche n’est plus la gauche).

            Cette persistance est un fond de commerce qui ne se quitte pas si facilement. La résignation aveugle et empêche de voir les changements. Dans les trente dernières années, le monde a vu l’effondrement des dictatures communistes. Depuis le retour d’une économie de marché, des régimes parlementaires, une gauche nostalgique ne sait plus que se lamenter sur la perte des taudis à loyer modéré et des carences chroniques.  Les pays d’Amérique latine se sont débarrassées les uns après les autres de leur dictature, et à l’exception de Cuba, ont installé des régimes qui sortent les peuples du sous-développement et de la misère. En Inde et en Chine, par dizaines de millions, des hommes et des femmes quittent les cloaques et les bidonvilles. Quatre pays d’Europe, Irlande, Portugal, Grèce, Espagne, étaient des poches de misère, d’émigration, de dictature et de sous-développement, ils se sont laïcisés, démocratisés, développés. Leurs graves difficultés actuelles n’effacent pas le passé. Quant aux changements dans les pays arabes, comptons sur le Monde diplomatique pour repérer dans les dix années qui viennent tous les problèmes sociaux et économiques que leur intégration dans une économie de marché n’aura pas résolu.

            Sous la pression de la gauche, dans tous les pays européens, s’est mis en place un système de redistribution, de protection sociale, qui prélève la moitié du produit national dans les dépenses publiques. La droite considère que ces dépenses sont la cause première des déficits budgétaires. La gauche considère que les injustices et les privilèges coûtent plus cher au pays que la solidarité. C’est une bataille qui se mène tous les jours, et qui se mène plus facilement quand la gauche est au pouvoir. Elle se mène sans doute dans les cortèges des indignés, qui à mon humble avis, savent mieux que Serge Halimi où les conduit leur colère, car ils parlent métiers, emploi, logement, avenir, protection sociale. Elle se mène dans les lieux où la gauche est présente dans les conseils, les villes, les régions, les parlements, les associations, elle obtient des résultats et subit des défaites, elle se bat. Elle ne se mène plus au Monde diplomatique où Serge Halimi se résigne à son effacement  et trouve des vertus pédagogiques à sa défaite.  C’est ce qu’on appelait naguère le défaitisme révolutionnaire.

             

vendredi 11 novembre 2011

Purgatoire

            Dieu sait si je ne veux offenser personne je n’aimerais pas que sous mes fenêtres, dans mon jardin, sous les branches du pêcher, des manifestants brandissent des banderoles me dénonçant comme blasphémateur. Je n’ai jamais de ma vie été blasphémateur et ce n’est pas à mon âge que je vais commencer une carrière de blasphémateur. D’ailleurs, on ne peut blasphémer que dans son propre jardin, on ne peut pas blasphémer dans le jardin des autres. Donc, même si j’essayais…

            Donc, ce que je décris ici est la retranscription tranquille d’une réalité. Dans la deuxième moitié du dix-neuvième siècle, Marie de la Providence a fondé un ordre qui se nomme les Auxiliatrices du Purgatoire, dont le siège, La Barouillère, est à Paris, pas loin de la Tour Montparnasse. Du jardin de l’ordre, on voit la Tour Montparnasse, monument familier depuis que je pratique la ligne Paris Biarritz. Je ne sais pas si on voit les jardins de l’Ordre du haut de la Tour, mais normalement, si l’image passe dans un sens, elle doit passer dans l’autre.

            Cet ordre a pour fonction de prier pour raccourcir le séjour des âmes envoyées au purgatoire par le tribunal suprême. Cette création fut prémonitoire. En effet, la durée de vie sur terre se prolongeant d’un trimestre tous les quatre ans, ou un truc comme ça, cet allongement de vie a des effets sur les budgets de sécurité sociale, mais on ne parle pas des embouteillages que cette évolution provoque en aval. Plus on vit sur terre, plus se prolonge la durée de séjour au purgatoire. On a beau construire et construire des purgatoires nouveaux, les âmes envoyées au purgatoire sont désormais plusieurs par alvéole et certaines reposent à même le sol. Marie de la Providence a donc créé un ordre qui d’une part, sur terre, reçoit des personnes âgées, et d’autre part, prie pour raccourcir le séjour des âmes en purgatoire.

            Si une personne invente pour des besoins de création littéraire ceci : Marie de la Providence a créé l’ordre des Auxiliatrices du Purgatoire dont le siège est la Barouillère, ce pourrait être considéré comme un blasphème. Mais si une autre personne retranscrit la réalité toute simple : Marie de la Providence a créé l’Ordre des Auxiliatrices du Purgatoire dont le siège est la Barouillère, alors ce n’est pas un blasphème.


jeudi 10 novembre 2011

élections

Les élections présidentielles et législatives s'approchent. Portée par les sondages, la gauche se prépare à gouverner et la droite fait l'impossible pour lui barrer la route.

            L'euphorie risque de nous faire oublier les obstacles. D'abord le retour en force de l'illusion protectionniste qui donne de nouvelles couleurs à l'extrême-droite. Le Front national parle moins des immigrés et plus du retrait de l'euro, de l'Europe et de la fermeture des frontières. Il attaque la finance, les banques, défend les pauvres et les victimes de la spéculation boursière. Il abandonne le terrain de la sécurité et de l'immigration à la droite classique qui lui déroule ainsi un tapis. Le Front national ratisse large et rien ne nous garantit contre une présence de Marine Le Pen au second tour.

            Nous ne devons pas perdre de vue cette éventualité. Pour battre Nicolas Sarkozy, il faut aussi mener le combat contre l'extrême-droite.  


(communiqué par Maurice Goldring -http://mauricegoldring.blogspot.com/- et Jean Rony)

vendredi 4 novembre 2011

démocratie

            En Tunisie et en Lybie se dessine l'avenir d'une société dominée par les valeurs de l'Islam, avec l'assentiment majoritaire des peuples. L'Occident accepte mal cette évolution. Les démocraties occidentales ont salué les soulèvements qui semblaient se faire au nom des règles démocratiques universelles. Une fois la victoire obtenue, oublié l'universel, retour à la religion et à la charia. La déception est grande.

            Les réactions se déclinent sur le modèle suivant: nous n'aimons pas trop, même pas du tout, mais c'est la démocratie, puisque c'est la majorité qui décide. Si les possibilités d'intervention sont minces, il nous reste le droit de refuser à une telle évolution le label. Un Etat auquel on appose un adjectif n'est pas démocratique même s'il a été élu par une majorité. Une République est une république point. Si elle est populaire, socialiste, nationale, musulmane, catholique, protestante, elle n'est pas une démocratie, parce que qu'elle exclut de la communauté nationale ceux qui ne partagent pas les croyances majoritaires.

            Pendant une centaine d'année, un État  élu par une majorité protestante en Irlande du Nord s'affirmait démocratique parce qu'il était élu par une majorité. Il ne l'était pas parce que les catholiques de Belfast étaient des citoyens de seconde zone du fait de leur appartenance religieuse. Les emplois, les carrières publiques et privées, étaient réservées d'abord aux protestants. Dans ces conditions, il s'agissait de la domination d'une majorité sur une minorité. La République d'Irlande se voulait non moins démocratique, mais elle abandonnait les services publics essentiels: santé et éducation, aux mains de la hiérarchie catholique, elle imposait à tous les valeurs d'une église: divorce interdit, contraception illégale, IVG criminalisé. Ceux qui ne partageaient pas ces valeurs étaient des étrangers dans leur pays.

            La différence avec les pays arabes est que personne n'aurait utilisé le terme de démocratie pour caractériser ces sociétés théocratiques et que ce refus a été l'un des facteurs des évolutions dans ce territoire d'Europe. Le regard critique du monde a aidé à une évolution heureuse vers la laïcité. Les pays arabes ne méritent ni plus ni moins.


mercredi 2 novembre 2011

immigration pauvre

               D'où vient la délinquance? De l'immigration pauvre. Telle est la fulgurante intuition d'Arno Klarsfeld, président de l'Office français de l'immigration et de l'intégration ( Le monde daté 1 nov 11). Il donne des exemples: les Irlandais aux États-Unis sont arrivés pauvres, ils étaient des voyous, puis quand ils se sont intégrés, sont devenus policiers. En Israël, l'immigration marocaine était pauvre, la délinquance était marocaine. Puis l'immigration pauvre fut russe et la délinquance  a été russe.
               Comme toujours le bon sens, les évidences, sont autant de preuves. Il fut un temps évident et de bon sens de remarquer que la terre était une galette. Or, que voyons-nous? Des mendiants qui viennent d'Europe centrale, preuve évidente, une prostitution venue d'Afrique, témoignage irréfutable, des vendeurs de cigarettes et de drogues venus d'Afrique du Nord, preuve, rapport incontestable, les voleurs dans le métro sont surtout roms,  expérience confirmée.  Donc le lien entre immigration pauvre et délinquance est établi.
               Contre-expérience: l'immigration riche n'est pas source de délinquance. Par exemple, les riches exilés qui s'installent en Irlande ou en Suisse pour échapper à l'impôt jamais ne mendient dans les rues de Dublin ou de Genève, jamais ils ne vendent des contrefaçons de produits Chanel ou Vuitton. D'une manière générale, les riches sont plus honnêtes que les pauvres, quand ils sont invités par des marchands d'armes ou des trafiquants, ils volent rarement l'argenterie alors que Jean Valjean vole les chandeliers de Monseigneur Bienvenu.
               La clairvoyance du nouveau directeur de l'OFII démontre que sa nomination était pleinement justifiée.
               Pour le prochain office français de lutte contre la bêtise (OFLB), il faudrait une nomination aussi parfaite, un directeur qui saura dire avec autant de lucidité: voici d'où vient la connerie.