mercredi 30 juillet 2014

Les enragés aiment les symboles qui tuent

Les enragés enragent de voir la propagande pro-israélienne envahir les médias, reprises par les bien-pensants. Ils enragent quand ils voient des intellectuels ou des journalistes pointer les endroits du monde où les massacres d’Arabes sont beaucoup plus importants qu’à Gaza sans provoquer d’indignation majeure. Ils répondent à cette propagande que l’indignation devant les massacres à Gaza n’est pas une question de nombre, mais une question de symbole. A Gaza, disent les enragés, on retrouve le conflit entre colonisés et colonisateurs. Ailleurs, les guerres civiles ou ethniques ou religieuses sont trop compliquées pour leur rage d’enragés. Alors qu’à Gaza, on retrouve le Vietnam, l’apartheid, la guerre d’Algérie. Ils retrouvent disent les enragés, le « symbole ».

Enfin.

Pour que leur rage s’exerce, ils ont besoin de symboles. Quand Mandela et de Klerk se serrent la main et évitent de plonger leur pays commun dans la guerre civile, il y a du respect, de la réflexion, mais pas de rage, pas de morts, pas de massacres, pas d’enterrements. Pas de symbole. Les enragés rongent leur frein.

Quand Michel Rocard réussit à obtenir un accord en Nouvelle-Calédonie et que Kanaks et Caldoches se serrent la main, il y a du respect, de la réflexion, mais pas de rage, pas de morts pas de massacres, pas d’enterrements. Pas de symbole. Les enragés rongent leur frein.

Quand David Trimble et John Hume inventent un mode de gouvernement qui permet  d’arrêter la guerre civile en Irlande du Nord, cette guerre sans fin qui ravissaient les enragés, avec son cortège de massacres et d’enterrements. Quand les massacres et les enterrements cessent, les enragés rongent leur frein.

Les enragés aiment les symboles, les entrailles fumantes, le sang qui coule, l’univers sonore où alternent les pleurs des mères et les chants de guerre.

S’ils n’aimaient pas tant les symboles fumant et ensanglantés, ils enverraient des délégations à Gaza pour demander au Hamas de cesser les activités terroristes, de reconnaitre le droit à l’existence de l’État d’Israël. Ils soutiendraient en Israël le mouvement pour la paix et la justice, pour la reconnaissance du droit des Palestiniens à un État. Ils contribueraient peut-être à l’émergence d’un Mandela en Palestine et d’un de Klerk en Israël, tous ces hommes politiques qui jusqu’ici ont été assassinés ou mis en minorité. Au lieu de pratiquer dans les rues de Paris une guerre symbolique sans danger.

Mais alors, s’il n’y avait plus d’entrailles fumantes, de sang qui coule dans les rues, de mères pleurant aux enterrements, les enragés recommenceraient à ronger leur frein.


dimanche 27 juillet 2014

à quoi sert de bouger si tout est partout le même?

A quoi ça sert de bouger si tout est partout le même ?


Samedi 19 juillet, une manifestation Boulevard Barbès témoigne d’une solidarité à l’égard des Palestiniens en lançant des pierres contre les forces de police, en mettant le feu à des caillebotis, en brisant la vitre de la pharmacie Myrha, en saccageant les distributeursde banques. La police a réagi en lançant des gaz lacrymogènes qui flottent dans les rues et dans mon jardin.

  Dimanche 20 juillet, je dîne dans le 11ème, chez mon fils, ma belle-fille, mes petites-filles et je raconte l’événement. Lucie, ma petite-fille aînée, part le lendemain à Biarritz pour les fêtes de Bayonne.

Le soir, nous dînons tranquillement sur la terrasse de Brigitte avec sa fille, ses deux petits-fils et le compagnon de sa fille, Richard. Vers vingt heures, Lucie sonne et vient nous dire bonjour. Elle nous raconte que mardi soir, 22 juillet, la veille de l’ouverture des Fêtes de Bayonne, elle revenait de la Grande Plage vers trois heures du matin quand elle a été prise dans une course poursuite et qu’elle a reçu dans les yeux un jet de gaz lacrymogène lancé par des policiers. Le lieu était l’esplanade du Casino, face à la grande plage. Que faisait-elle à trois heures du matin sur l’esplanade du Casino, demandez-lui vous-même.

En résumé, à Paris, il y avait la famille et le gaz lacrymogène. A Biarritz, il y a la famille et le gaz lacrymogène.

Mais ce n’est pas tout. Eric Lejoindre, le maire du 18ème, dans une très bonne défense du quartier de la Goutte d'Or revient sur les événements, et donne une indication : les jeunes de son quartier n’ont pas participé aux exactions. Parmi les personnes arrêtées, ils sont une petite minorité. Quand je me rends au commissariat de Biarritz pour demander des éclaircissements, on me répond qu’il y avait quelques jeunes avinés qui ont été pris dans des embrouilles et que la police a dû utiliser des pistolets lacrymogènes. Rien de bien grave. Et puis me dit la policière, ce n’était pas des gens d’ici, vous comprenez. Je lui dis, ma petite fille n’était pas non plus d’ici. Non, dit la policière, ce n’est pas pareil. Vous comprenez.

A Biarritz comme à la Goutte d'Or, s’il y a des embrouilles, elles ne sont pas dues aux gens du quartier, mais à des gens « qui ne sont pas d’ici ».
Si tout le monde restait chez soi, il n’y aurait plus d’embrouilles. Les gens du quartier sont tous des citoyens paisibles et respectueux de la loi. Dès que les gens voyagent, les ennuis commencent. D’ailleurs, qui sont les incarnations suprêmes de la délinquance ? Les gens du voyage.

          


samedi 26 juillet 2014

la Palestine n'est pas l'Irlande du Nord

La guerre froide garantissait à la vie politique une grande tranquillité. On était d’un camp ou de l’autre. Contre l’impérialisme ou pour la liberté des peuples. Contre la guerre du Vietnam. Contre l’apartheid. Contre les armes biologiques de la guerre de Corée. Quelques conflits mineurs ébranlèrent des convictions, comme l’intervention soviétique en Hongrie, puis en Tchécoslovaquie, mais dans l’ensemble, il était possible de manifester l’esprit clair et le pied léger.

Avec l’empire soviétique s’écroulèrent le mur de Berlin et les cloisons de nos certitudes. Depuis cette période, les amoureux de couleurs vives errent dans le monde à la recherche de barricades dont Aragon disait avec gourmandise qu’elles n’ont que deux côtés. Dans les années 1980, le conflit d’Irlande du Nord joua ce rôle. D’un côté un peuple catholique colonisé et maintenu dans la servitude, des colons protestants disposant du pouvoir politique et économique soutenus par l’armée et la police britanniques pour réprimer les révoltes indigènes. Il y eut bien sûr quelques attentats qui firent froncer les sourcils, mais dans l’ensemble, le tableau était faux, mais clair. Les manifestations de solidarité pour les prisonniers républicains secouèrent les rues de Paris avec ardeur et quelques ambassades britanniques durent être protégées.

Et par-dessus tout, pour la durée et l’intensité, le conflit israélo-palestinien. On ne se privait pas de réunir dans le panthéon des rebelles Gerry Adams et Arafat.

Il y a malgré tout de sacrés différences, du point de vue de notre politique intérieure. Les manifestants solidaires des catholiques irlandais ne brûlaient pas l’Union Jack, ne se sont jamais dirigés vers un temple protestant, n’ont jamais caillassé les locaux du British Council, ne s’attaquaient pas aux touristes qui portaient sur leur poitrine « Oxford University », ne demandaient pas le boycott des Marks and Spencers et ne hurlaient pas que la Saint-Barthélémy n’en avait pas assez massacrés.








                                  


mercredi 23 juillet 2014

bonne et mauvaise nouvelle

Samedi 13 juillet. J’ai écrit que le quartier en dehors de la manifestation Boulevard Barbès était resté calme.  Un ami musulman me détrompe. A la hauteur de mon immeuble, un jeune homme se promenait rue Polonceau en kippa. Il a été violemment pris à partie par un groupe de jeunes manifestants et aurait subi de graves blessures si les voisins n’étaient pas intervenus, des musulmans qui attendaient la fin du Ramadan, des tailleurs africains.

Mauvaise nouvelle : des musulmans attaquent un jeune juif religieux.


Bonne nouvelle : des musulmans protègent un jeune juif religieux.

Proust et Cabourg

Proust et Cabourg.

     Balbec est le nom que Proust donnait à Cabourg. Il avait ses habitudes au Grand Hotel. La ville utilise la réputation de l’écrivain  au-delà du raisonnable. La promenade se nomme légitimement Marcel Proust. On peut comprendre que le Grand Hôtel offre une chambre chère dite « chambre de Marcel Proust » décorée au style du temps. On peut admettre que chaque chambre soit décorée d’un portrait de l’écrivain. Dans les rues qui convergent vers le Grand Hôtel,  des panneaux fixés au sol impriment des citations de La recherche généralement tiré de l’ombre des jeunes filles en fleurs. L’arrivée à l’hôtel, les domestiques qui viennent prendre les bagages, les voiles au lointain. Le Baron Charlus, Sodome et Gomorrhe, et l’affaire Dreyfus n’ont pas place dans les citations. Une station balnéaire ne doit choquer personne.


Aucune pâtisserie ne peut éviter de servir des madeleines qui sont toutes de Proust. Je n’ai pas trouvé dans les menus des restaurants « à la recherche du pain perdu ». 

surtout en choisissez pas

Surtout ne choisissez pas

Le conflit au Moyen Orient est actuellement au poids mort parce que de part et d’autre,  les dirigeants ne veulent  pas la paix. Israël continue les implantations et le Hamas envoie des roquettes. Les fièvres actuelles ne sont l’expression que d’un conflit pourrissant.

       Dans ces conditions le soutien à l’un ou l'autre camp est un encouragement aux bellicistes, quelle que soit la justesse des arguments.

Les manifestations de protestation contre les massacres de l’armée israélienne, ont mille fois raison. Mais qu’elles soient le fait des modérés ou des radicaux, elles accroissent la légitimité et l’influence des boutefeux palestiniens.

Les manifestations de protestation contre le terrorisme du Hamas, contre les roquettes et le terrorisme ont mille fois raison. Elles accroissent le pouvoir des bellicistes israéliens.

      La seule manière qui nous reste de peser sur la situation est de ne pas choisir. Les Juifs et les non-Juifs qui ont à cœur l’intérêt de l’Etat d’Israël doivent lui demander d’arrêter la guerre et d’arrêter les implantations. Les Musulmans et les non-Musulmans qui ont à cœur l’avenir du peuple palestinien doivent demander au Hamas d’arrêter ses activités terroristes.  


         Les manifestations de soutien d’un camp ou de l’autre font partie de la guerre, autant que les pleurs des mères et les enterrements. 

retraités




à quinze ans on s'envoie en l'air dans les près, à vingt ans il faut une tente. à vingt cinq ans, une auberge de jeunesse, a trente ans, une formule 1, a quarante, un hôtel deux étoiles, de cinquante a soixante, trois étoiles, a soixante-dix, quatre étoiles, et ensuite des palaces.


C'est pourquoi il ne faut surtout pas toucher a la retraite des vieux

dimanche 20 juillet 2014

deux manifestations

Deux manifestations

Barbès, samedi 19 juillet 2014.

    Une manifestation à l’appel du NPA qui tient son Vietnam avec le conflit israélo palestinien, et d’autres organisations. La manifestation est interdite. Quelques milliers de manifestants. Des manifestants ? Non. Des caillasseurs. Des casseurs. Qui mettent le feu à des étalages au marché Dejean. Qui saccagent le mobilier urbain. Qui font ressembler le quartier au pire des préjugés à son égard. On nous téléphone de Biarritz pour savoir si nous sommes en bon état. Aucun coup de téléphone de Paris. Les amis biarrots étaient inquiets, les amis parisiens moins inquiets. La famille pareil. Des SMS angoissés du fils et de la fille de Brigitte, aucun SMS de ma famille parisienne. Faut-il en conclure que les amis et la famille de Biarritz sont plus attentionnés ou que les amis et la famille de Paris sont plus blasés ? Bref, c’est quand même assez sympathique de recevoir des appels angoissés quand nous sommes à deux cents mètre du champ de bataille, dans nos fauteuils, les yeux irrités, à pianoter sur l’ordinateur pour savoir quel sera le meilleur itinéraire pour gagner l’Opéra-Comique puisque Barbès et Château Rouge sont manifestement interdits.

     Pendant deux heures, j’entends les explosions de grenades lacrymogènes, des cris, par la fenêtre, des effluves de mai 68 qui irritent les yeux. Nous allons ce soir à l’Opéra-comique voir un spectacle de James Thierrée Raoul, une heure et demi de danse, de mime, de musique, de récit onirique, de décors en tempête. Pour y arriver, l’aventure. Nous sortons rue Polonceau, avec ma canne et mon blanc manteau, nous descendons vers la rue des Poissonniers, tous les gens que nous croisons nous disent, surtout ne tournez pas à gauche, vers Barbès, tournez à droite, vers Marcadet Poissonniers. Effectivement nous nous dirigeons vers Marcadet Poissonniers car les stations de métro Barbès et Château Rouge sont fermées, les bus 85 ne passent pas, il nous reste la ligne 12 Mairie d’Issy Porte de la Chapelle. Nous voyons le Boulevard Barbès désert, les seuls véhicules sont des camions de CRS. A droite, la foule des vendeurs de maïs, de gombos, de sacs, vendeurs à la sauvette. Tous les magasins du marché Dejean, où des palettes ont brulé, sont fermés. Le marché parallèle n’a pas de boutique, il ne craint pas les insurrections, il se poursuit tranquillement. La rue Poulet est barrée par des camions de CRS.

     Les militants caillasseurs qui sont venus ici pour détruire et casser pensent qu’en manifestant à Barbès, ils sont dans un quartier où les sympathies leur sont acquises. Erreur totale. Les musulmans qui travaillent et qui habitent la Goutte d'Or craignent plus que les autres Français l’importation du conflit du Proche Orient. Ce sont eux qui ont le plus à perdre. Economiquement, pour les fermetures des commerces et leur dégradation. Moralement, pour la stigmatisation en « quartier dangereux ». Politiquement, parce qu’ils sont massivement intégrés dans la société française et ne veulent surtout pas en être séparés par des minorités fiévreuses. Les commerçants sont à leur porte, et regardent avec envie tous les vendeurs clandestins qui d’habitude sont poursuivis par la police et qui aujourd’hui, travaillent tranquillement protégés par les camions de CRS.

     Nous arrivons au métro vers Notre-Dame de Lorette puis descente de la rue Laffitte jusqu’à l’Opéra-Comique. Pendant que la bataille de rue faisait rage Boulevard Barbès, un bandit braquait une bijouterie, s’enfuyait en tirant des coups de feu et descendait dans le métro où il a finalement été arrêté après échange de coups de feu. Nous allons acheter des gilets pare-balle.

     Dans le métro est monté avec nous un homme très excité, qui avait participé à la manifestation et disait à ses voisins que la police avait gazé les femmes et les enfants, qu’elle avait même envoyé une grenade sur Besancenot, vous vous rendez-compte ? Besancenot, le seul habitant du quartier qui participait à la manifestation. Une dame lui dit  tranquillement « la manifestation était interdite, on ne va pas manifester avec des enfants dans une manif interdite ». Le monsieur énervé lui dit que personne ne savait qu’elle était interdite. Moi je dis que depuis vingt-quatre heures toutes les radios et toutes les télés disaient qu’elle était interdites et elle était tellement interdites que les organisateurs de la manif ont même protesté contre son interdiction, c’est bien la preuve non ? Non, le monsieur furieux me dit que non et me dit qu’il n’y a que les Juifs qui ont le droit de manifester en France. Tout le monde proteste, dont moi, peut-être avec un peu plus de véhémence. Il me regarde et me dit évidemment, vous vous êtes juif. Bingo. Je lui dis vous êtes fort, vous reconnaissez les Juifs même quand ils n’ont pas d’étoile jaune. Il ajoute : François Hollande aussi il est juif. La discussion devint alors confuse et se poursuivit après nous, après Notre Dame de Lorette, là où Jésus Christ fut conçu par le Saint Esprit.

     Depuis combien de temps a-t-on fait allusion à mon appartenance juive ?

     Répétons-le. La majorité des musulmans qui vivent en France ne veulent pas l’importation du conflit du Proche Orient. La majorité des Français non plus. La majorité des Juifs non plus. Les groupes minoritaires qui veulent importer le conflit sont dangereux parce qu’ils veulent  à coups de pierre et de bâtons transformer les rues de Barbès en Esplanade des mosquées.



3 décembre 2012, Manifestation à Biarritz, Place Clémenceau. Monseigneur Aillet organise avec des associations nord-américaines opposées à l’avortement, au divorce, à la contraception, à l’IVG, à la sodomie, à l’orgasme non procréatif, aux recherches sur l’origine de l’homme, à la révolution de la terre autour du soleil, à l’euthanasie, à l’homosexualité, à la transsexualité, au mariage pour tous, une journée d’études qui vise à instaurer la charia dans les pays laïques. Une contre-manifestation citoyenne, républicaine et laïque rassemble les principales forces politiques de la ville, à l’exception de l’UMP qui sur le sujet du mariage pour tous, se contorsionne. Quelques centaines de personnes sont rassemblées Place Clémenceau. Pas de police, aucun uniforme à l’horizon. Tous les commerces sont ouverts. On se connaît, on s’interpelle, on se félicite.


Brigitte Pradier, qui a assisté aux deux manifestations,  ne croit pas que je puisse jumeler la Goutte d'Or et Biarritz. 

vendredi 18 juillet 2014

enterrements

A Paris, l’enterrement a lieu au Père Lachaise, ce n’est pas un enterrement, c’est une crémation, un des grands changements de notre époque, le passage de l’enterrement à la crémation. Quand j’étais jeune et que l’on enterrait comme aujourd’hui les grands-parents, il n’y avait pas beaucoup d’enterrements parce qu’il n’y avait pas beaucoup de grands-parents. Même pas du tout de grands-parents. Je peux même assurer que la différence principale entre le groupe auquel j’appartenais et les autres groupes auxquels je n’appartenais pas, c’était dans mon groupe l’absence de grands-parents. Quand j’entendais à l’école un camarade dire « mon grand-père », j’étais toujours stupéfait, comment pouvait-on avoir un grand-père ?  Ou une grand-mère ? Même des parents, parfois, l’espace était clairsemé. Je m’égare. Quand j’étais jeune, on n’enterrait personne, puis quand j’ai grandi, j’ai enterré mes parents dans un cimetière de Bagneux. Il n’y avait pas de cérémonies religieuses. Des paroles en plein air. Puis à Paris, j’ai assisté à des enterrements religieux laïques : l’enterrement de Maurice Thorez, de Marcel Cachin, de Jacques Duclos, au mur des fédérés tous les discours étaient cadrés, car c’était bien avant Vatican II. Tous étaient enterrés dans le carré du Père Lachaise qui était propriété du Parti communiste qui utilisait ce carré comme un puissant moyen de discipline, car si l’on se rebiffait on perdait le droit d’être enterré au Mur des Fédérés avec des drapeaux rouges et des discours intégristes. Puis, l’écroulement du mur de Berlin a entraîné celui du Mur des Fédérés et désormais, on incinère.

    Une différence spectaculaire est la sono. La sono de l’église Saint-Martin, pourtant bâtiment ancien, est d’une grande clarté, tout le monde entend les paroles du curé, les paroles des témoignages, on entend tout. Au Père Lachaise, on n’entend rien alors que le bâtiment est moderne. Je demande instamment, au cas probable où le même événement viendrait à me frapper, d’utiliser la sono des catholiques de Saint-Martin ou des communistes du  Mur des Fédérés. Pourquoi un enterrement laïque devrait-il être muet ? Pourquoi les seules sonos sont-elles des croyants ?

mardi 15 juillet 2014

goutte d'or 14 juillet

Goutte d'Or  14 juillet 14



   Samedi 13 juillet, une manifestation de solidarité avec les Palestiniens est partie de Barbès vers Bastille. En fin de manif, de petits groupes ont voulu attaquer des synagogues et des heurts ont eu lieu avec la police.

    Dimanche 14 juillet, le soir, nous allons manger chez Guichi, un restaurant kasher de la rue Myrha. Je leur demande s’il y a eu du grabuge.  Le patron me répond. « Pas du tout. Comment voulez-vous qu’il y ait du grabuge ici, nous sommes dans un quartier arabe, voyons… ». La phrase dite tout à fait sérieusement.

    Au retour du restaurant, arrêt devant un tailleur dont Brigitte est devenue la cliente et l’amie. Bonjour. Vous partez en vacances. Bien sûr. Et où ça, au pays ? Mais oui, au pays. Où ça. En île de France. La phrase dite tout à fait sérieusement.



La Goutte d'Or est un beau quartier

Toutes les jeunes filles sont à marier

jeudi 10 juillet 2014

permanence

        


      Depuis que la gauche existe, lorsqu' elle arrive au pouvoir, une minorité affirme qu'elle mène une politique qui n'est pas de gauche. Leon Blum n était pas de gauche. ni Jules Moch ni Guy Mollet ni Mendes  France ni François Mitterrand ni Lionel Jospin. la gauche n'est de gauche que lorsqu'elle ne gouverne pas. Des qu'elle gouverne elle trahit ses idéaux. Cette minorité nous dit surtout qu'il ne faut pas gouverner. Parfois elle est assez forte pour nous empêcher d arriver au pouvoir. Donc surtout il ne faut pas diaboliser ou condamner cette gauche malheureuse. elle fait partie de la famille. 

mardi 8 juillet 2014

frais de mission

Bonjour. Je viens d’écouter Guaino sur France-Inter, à propos des finances de l’UMP. J’ai été convaincu. Pendant une dizaine d’années, j’ai présidé l’association EGO (espoir Goutte d'Or) qui accueille les usagers de drogue. Pendant dix ans je n’ai pas touché un sou pour un vrai travail et une vraie responsabilité. Pendant tout ce temps, je faisais le trajet Paris Biarritz. L’épouse de JF Copé prenait l’avion pour le trajet entre Meaux et Paris, ses billets étaient payés par l’UMP et moi rien du tout. Je vais faire la somme des billets ainsi dépensés et je vais réclamer le remboursement de mes déplacements.  

samedi 5 juillet 2014

la chemise de getaria


La chemise




Chaque peuple a son histoire, chaque religion ses rites, chaque nation ses défilés, chaque village ses coutumes et chaque couple ses maniaqueries.

Quand les vêtements s’usent, dans les familles bourgeoises, on les donne aux organisations charitables pour leur braderie annuelle, on les dépose dans des conteneurs d’où ils seront acheminés vers des broyeuses. Ou on les donne aux domestiques pour le haut de gamme.

Chez nous, les vêtements s’usent comme partout, mais nous ne les donnons pas aux organisations  charitables, nous ne les déposons pas dans des conteneurs à chiffons, nous n’avons pas de domestiques. Nous les stockons dans un grand sac spécifique. Quand le sac est plein, nous décidons alors de partir en voyage. Nous remplissons la valise des vieux vêtements : chemise éraillée, chaussettes trouées, slips délavés. A l’hôtel, nous nous changeons chaque jour de nouveaux vêtements usagés et nous mettons les vêtements non seulement usagés, mais sales, dans la corbeille. Nous les abandonnons aux poubelles de l’établissement. Quand le stock est épuisé, nous rentrons à la maison, la valise vide et le cœur léger. Puis nous recommençons à remplir le sac pour s’avancer vers le prochain voyage. 

Ainsi en fut-il pour ce voyage de quelques jours inoubliables à Getaria, à soixante kilomètres de Biarritz.la valise pleine de nippes, de fripes, de loques, de guenilles, de haillons, nous louâmes un hôtel en bord de mer, avec vue sur la plage, en haut d’une falaise boisée. Le premier jour fut consacré à la visite du musée Balenciaga, musée de la mode, du luxe, des vitrines de l’aristocratie et des fortunes et nous nous extasions devant ces mannequins brodés et brocardés, en trastout, enchantés de cette béance entre notre habillement et les robes en or ou en gazar toutes créations de Balenciaga. Dans les vitres se reflétaient nos shorts râpés, nos chemises tachées de gras, sans forme, qui disputaient l’espace visuel avec les brocarts et les bustiers. Les visiteurs nous regardaient avec effarement. Il leur semblait à juste titre que pour visiter un musée de la mode, un coup de fer sur le col de chemise n’était pas de trop, quand on pense aux heures de travail dans les ateliers du grand couturier pour faire tenir un simple pli. Chacun pensait, à juste titre, que s’ils avaient des vêtements pareils, depuis longtemps ils les auraient donnés aux organisations charitables, ou déposés dans un conteneur à chiffons.

Le soir, nous allâmes diner dans le restaurant le plus chic de Getaria, l’Elkano, du nom du navigateur qui le premier fit le tour du monde. Partout sa statue domine les collines et les monuments historiques, chaque rue étroite débouche sur une statue du fier seigneur Elkano. Avec un nom pareil, bien sûr que le restaurant prenait l’allure d’un navire, les dîneurs installés dans la proue et les cuisines réservées à la poupe. De la proue, nous avions vue sur la mer, comme de notre chambre d’hôtel, mais une vue différente. De l’hôtel, nos avions vue sur la plage et sur une colline du nom local de « raton », la souris, parce que d’un certain angle, la colline avait la forme d’une souris. Du restaurant le regard plongeait sur la plage où des surfeurs guettaient les vagues, ou de jeunes garçons plongeaient dans le port pour impressionner les filles. Une énorme sole pour deux fut suivie d’un mille-feuille, le tout arrosé de rioja. Nous rentrâmes à l’hôtel et mîmes le slip, la chemise, les chaussettes, la blouse dans la corbeille qui débordait.

Le lendemain, dans une chemise dont le col était blanchi par la brosse, un pantalon hors d’âge dont les coutures usées soulignaient les poches, sans parler des sous-vêtements étoilées, nous prîmes l’autobus pour la ville voisine de Zumaia. Le véhicule longeait la corniche, un peu rapidement à notre goût. Balade dans la ville, retour à Getaria, apéritif face au port, deux martinis pleins à ras bord. Puis restaurant sur plage. Le patron nous demanda notre carte bleue avant de nous installer. Asperges, poissons, gambas grillées, deux bouteilles de rioja. Ce fut une erreur.

En effet. Quand nous voyageons ainsi pour abandonner nos vêtements usés, l’idée de relier le déplacement à l’abandon de chiffons nous excite. Tant de gens se déplacent pour voir des paysages, pour visiter des musées, pour se baigner dans des eaux chaudes, pour grimper sur un bus découvert et découvrir les trésors d’une ville. Combien se déplacent pour jeter leurs vieilles nippes ? Dites-moi. Combien ? La particularité de ces petites vacances nous isolait de la masse des touristes et nous remplissait d’une certaine fierté. Cette fierté élitiste nous donnait une démarche élastique, joyeuse, un visage souriant, des dialogues entendus, parfois de simples échanges de regards ou un rapide toucher de la main. Elle appelait aussi une consommation d’alcool au-delà de la moyenne parce que le coup de fouet du rioja local excitait davantage encore le bonheur qui coulait dans les veines.

Après ce repas arrosé au-delà du nécessaire, nous parcourions le chemin vers l’hôtel au pas de course, ivres d’alcool, ivres de la joie de nous débarrasser avec tant d’originalité de nos vêtements qui avaient fait leur temps. Dans la chambre qui donnait sur la plage, sur la falaise, nous nous défaisions qui de la blouse, qui de la chemise, et les faisions tournoyer sur la tête, comme dans les scènes de débauche où les participants jettent leurs vêtements aux orties. Ma chemise à moi tournait, tournait, de plus en plus vite, la fenêtre était ouverte, je lâchais son col, la chemise franchit l’ouverture et alla se poser, en un joli vol plané, au sommet d’un feuillage épais.  Tu as dit, ce n’est plus de jeu, ce n’est pas une plaisanterie, c’est de la pollution. Dégrisé, je me penchais à la fenêtre. Effectivement, l’arbre à dix mètres au-dessous, dont la ramure était verte, se trouvait tâché par une chemise bleu clair. Ça va se voir, dit-elle. La joie de déposer dans la corbeille le reste de nos articles à randonnée en fut un peu gâchée.

Le lendemain matin était le dernier. Nos valises étaient vides. Nous prîmes l’ascenseur pour la salle du petit déjeune, deux étages plus bas, nous nous installâmes à la table près de la fenêtre pour jouir du paysage avant de retourner dans la grande ville et la plage était toujours là, resplendissante, la mer scintillante, les collines vaporeuses, et sous nos yeux, une chemise bleu clair nous cachait le feuillage tout proche. Nous nous regardions comme si rien n’était. Nous bavardions de chose et d’autres, sans nous forcer, car nous bavardons de choses et d’autres depuis un certain nombre d’années, et cette habitude se révéla d’une grande utilité, car elle permettait de dissimuler notre embarras sous les nouvelles du jour, les turpitudes d’un ancien président, l’assassinat d’une institutrice, la défaite de la France à Rio. L’agitation dans la salle du petit déjeuner était grande. Les nouveaux arrivants désignaient la chemise aux serveuses qui hochaient la tête, elles étaient déjà au courant. Les regards se portaient vers la fenêtre d’où il était possible de voir le vêtement et nous avions parfois l’impression d’être ainsi désignés d’un acte abominable. Le sentiment qui imprègne les minutes qui précèdent le lynchage. Nous mâchions lentement l’omelette aux jambons pour ne pas céder à la panique, à une expédition rapide de notre repas qui nous aurait désignés comme des coupables idéaux. Nous n’avons pas traîné après la fin du repas. Les poubelles de notre chambre étaient pleines à ras bord de chaussettes trouées, de blouses râpées et la première femme de chambre aurait fait le lien entre ces poubelles chiffonnières et la chemise étalée sur le chêne vert. Nous avons payé et dit au revoir d’un geste maîtrisé. Sans tremblement. Nous avons entendu un grand bruit dans le couloir, nous ne nous sommes pas retournés, et nous avons appris la suite par les journaux.

Une serveuse avait tenté en vain de ramasser la chemise bleue avec un balai pourtant d’une longueur certaine. Elle n’était pas loin. Elle se penchait à la fenêtre, retenue à la taille par un cuisinier qui profitait peut-être de la situation à en juger à son sourire amplifié. Impossible. Le patron vint voir. Il dit : nous ne pouvons pas laisser cette chemise sous les yeux de la clientèle pendant toute la saison, nous sommes début juillet ; Ce n’est pas possible. Il appela les pompiers. Qui d’autre ? Les pompiers arrivèrent, virent la chemise, un pompier se harnacha, franchit le rebord de la fenêtre, commença à désescalader le mur de l’hôtel, le harnais céda, il aurait dû depuis longtemps être donné à une organisation caritative ou jeté dans un conteneur à harnais, mais voilà les économies, la crise… Le pompier tomba et se brisa la cheville au bas du chêne vert. Une fracture ouverte. La blessure changea la donne. Avec une simple entorse, une main courante suffit. Une fracture ouverte exige la police judiciaire. Exige la police scientifique. Exige la recherche d’ADN sur le col de chemise. La sécurisation du lieu du crime. Tous les clients de l’hôtel étaient penchés à la fenêtre, pendant qu’un policier tentait de repérer, en tenant compte de la vitesse du vent, la fenêtre d’où la chemise bleue claire avait été lancée et blesser ainsi gravement un pompier de Getaria. 

Nous étions déjà loin sur l’autoroute vers Biarritz et nous avions franchi la frontière bien avant la diffusion de notre identité. Depuis notre avocat se bat pour empêcher mon extradition. Il argue que le lien entre la fracture ouverte est loin d’être établi et qu’il vaudrait mieux poursuivre le fabricant du harnais défectueux. En attendant, il me conseille d’accepter la recherche d’ADN.


Dans le sac de randonnée, il reste encore deux chemises, trois slips, deux paires de chaussettes et une blouse.

mercredi 2 juillet 2014

Ken Loach

Un critique de film peut-il épouser les thèses du réalisateur sans vérifier l’exactitude des faits ? Je lis dans l’article sur le dernier film de Ken Loach, sous la signature de Thomas Sotinel que l’État libre d’Irlande fut « établi après qu’une fraction de l’IRA eût accepté la partition de l’île ». Et plus loin : « ce qui s’est joué alors, le choix entre patrie républicaine construite sur de nouvelles bases et un succédané du système impérial ». Qui parle ? Ken Loach Ou Thomas Sotinel qui reprend à son compte la thèse de Ken Loach ? Comme si ces phrases étaient l’histoire de l’Irlande communément admises…

Rappelons les faits. L’acceptation du traité en 1919 ne fut pas le fait d’une « fraction de l’IRA », mais d’une majorité d’un parlement élu. Une « fraction de l’IRA » n’accepta pas cette majorité, et avec de Valera, décida que « le peuple n’a pas le droit d’avoir tort ». Il en est résulté une guerre civile qui a duré près de deux ans. Ce qui s’est joué alors, n’est pas le choix entre une république socialiste et un « succédané du système impérial » mais le choix entre une démocratie parlementaire moderne et un pays militarisé où la force l’emportait sur le droit. Le refus des résultats électoraux est trop présent dans l’actualité pour ignorer ses conséquences mortifères. C’est le droit de Ken Loach de tordre la vérité historique. C’est le devoir du critique de la respecter.  


bibloitheque Médicis

vous pouvez regarder l émission bibliothèque me d'ici sur la chaîne LCP cette fin de semaine. j étais invite pour mon livre éloge de l infidélité .