mardi 30 septembre 2014

festival

Festival du film latino. Présentation des membres du jury, congratulations, je suis ravi d’être ici, nous sommes heureux et fiers de vous recevoir, la grande salle est pleine, au centre vers l’avant, genre dix ou vingtième rang, les invités, élus des régions qui financent, ambassadeurs des pays qui ont aidé à la programmation, membres des jurys.

Le film argentin relatos salvajes est un film à sketch, dans l’esprit d’Affreux, Sales et méchants d’Ettora Scola. Le pays qui ressort de ce film est pourri, corrompu, méchant, avide, mesquin, sauvage, on rit beaucoup.

A la sortie, tout le monde avait un large sourire, se rappelait les scènes les plus atroces, la bonne humeur régnait sur le parvis. Avant le début des cérémonies, Paulette se plaignait de la mauvaise humeur générale, Brigitte trouvait que ses collègues du conseil geignaient beaucoup.

Tous ces gens se retrouvaient dans la grande salle de la gare du Midi avec un grand sourire, s’esclaffaient pendant la projection, s’exclamaient au générique, applaudissaient à tout rompre, mettaient des bonnes notes sur les bulletins de vote.


Le lendemain, autour de la table, café croissant, vue sur la mer, ils écouteront les informations et feront la gueule. 

dimanche 28 septembre 2014

biarritz barbès

Biarritz Barbès

J’ai longtemps été persuadé que le déficit de culture citadine était lié au statut social et que les gens qui appartiennent aux classes possédantes, éduquées, habitant l’Ouest parisien et le Sud-Ouest aquitain respectent mieux les règles de frottement urbain que les pauvres, étrangers, immigrés, pouilleux de campagne, banlieusards, chômeurs longue durée, consommateurs de drogues et de tabac. En tout cas, à Paris, selon une étude personnelle non publiée, plus on va vers le Nord et moins la règlementation des voyages en transport public est respectée. En descendant du métro à Jasmin ou Molitor, les aspirants voyageurs sont rangés de part et d’autre des portes coulissantes, porteurs du Figaro ou de Valeurs actuelles, laissent descendre et commencent leur ascension après la dernière goutte de voyageur. Si vous descendez du métro à Barbès ou Château-Rouge, les aspirants voyageurs, lecteurs de Vingt minutes ou de Gala, sont pressés devant les portes coulissantes, ils poussent déjà vers le métro alors que le premier voyageur n’a pas mis le pied sur le quai, les aspirants descendeurs crient, « laissez descendre » et les aspirants monteurs dénoncent le racisme des descendants.

Je m’étais donc installé avec ces idées dans la tête, idées confortables, partageant le monde en deux groupes sociaux distincts, les privilégiés respectueux des lois qu’ils savent faites pour eux, et les naufragés qui ne voient pas pourquoi ils respecteraient des lois qui ne sont jamais faites pour eux.

Je me trompais. Je constate, après avoir mené une étude personnelle non publiée sur le « flux et stratification sociale dans la navette gratuite de la ville de Biarritz », que le monde est plus complexe que les lambeaux de marxisme vulgaire qui m’encombrent encore la tête ne le laisseraient croire. Les heures de pointe dans cette ville ne sont pas liées à la sortie des usines et des bureaux, mais plutôt aux remontées de plage, aux fins de sieste, aux décisions de sortie pour les courses indispensables. Les apprentis voyageurs qui se pressent aux arrêts sont généralement bac plus cinq ou six. Les cannes de noyer verni ont des poignées en cuivre et rares sont les modèles remboursés par la sécurité sociale. Et pourtant, ces privilégiés du transport se pressent devant la porte coulissante et les descendeurs potentiels sont obligés de les repousser physiquement et verbalement.

L’un des avantages de ce jumelage Biarritz Barbès est de nous débarrasser des idées reçues.


anachronique, ma bataille?

Lydie Salvaire, dans Pleure pas, 2014, développe deux personnages dans l’Espagne en guerre civile : Josep et Diego. Josep est anarchiste, Diego le stalinien. Leurs idéaux s’écroulent en même temps que se défait le camp républicain. Ils étaient vaincus, mais pire : aujourd’hui, ils ont encore les « vaincus de l’histoire ». Cités dans son roman, Bernanos qui s’élève contre les massacres franquistes bénis par l’église dans Les grands cimetières sous la lune, et André Gide, qui dénonce le système bolchevique dans son Retour d’URSS, s’en sortent mieux.

Qui sont les vaincus de l’histoire ? L’histoire connaît-elle des vaincus et des vainqueurs ?

Ceux qui ont été entraînés dans les folies de leur siècle, y ont trouvé chaleur et complicité ont du mal à s’en séparer car la rupture remet en cause l’engagement d’une vie. Allez donc dire aux porte-drapeaux qui attendent toute l’année les deux grands évènements que sont le 14 juillet et le 11 novembre, allez donc leur dire qu’ils ont mené des guerres injustes. Les anciens nationalistes de l’ETA ou de l’IRA sont célébrés par tous comme des compagnons de fidélité, et par leur camp comme des héros. S’ils disent : « nous nous sommes battus pour rien », ils seront pour leur camp des repentis et des traîtres, et pour les autres des anciens terroristes. Ils se retrouvent dans le vent glacé des défaites infinies.

Il faut donc du courage pour rompre avec les folies du siècle. Ceux qui ont rompu quand il fallait audace et lucidité, ceux qui ont dénoncé les crimes quand ils se commettaient, les procès quand ils étaient joués, ceux-là sont des héros. Ils ne sont pas des « vaincus de l’histoire ». Ceux qui condamnent après avoir été longtemps complices alors que la condamnation est unanime, ils condamnent Pol Pot, le goulag, les exécutions, les déportations, que faisaient-ils quand les millions tombaient sous des balles rouges ? Ils approuvaient ou regardaient ailleurs. Et maintenant, ils veulent crier quand c’est trop tard, à grands coups de véhémence anachronique.

Il y aurait de quoi se décourager si telle était la réalité. Pourtant, à voir les réactions autour de nous quand on mène la bataille contre le communisme et ses avatars, on se dit qu’elle n’est pas entièrement dépourvue d’intérêt.


samedi 27 septembre 2014

la faute à qui?

Quand les enfants ont peur du loup, on ne dit jamais c’est la faute aux loups. On essaie de soigner leurs craintes. Quand des adultes ont peur de prendre l’avion, on ne dit jamais c’est la faute aux avions, on essaie de les rassurer. Mais quand les gens ont peur des Arabes ou des Noirs ou des Juifs, on pense que c’est la faute aux Arabes ou aux Noirs ou aux Juifs. 

vendredi 26 septembre 2014

racisme

j'ai participé à l'ouvrage collectif "Cent mots pour comprendre le racisme et l'antisémitisme, éditions le bord de l'eau. Faites passer...

jeudi 25 septembre 2014

cumul

Etats généraux du PS. Biarritz 24 septembre 2014.

Le monde est en plein bouleversement et nous, militants socialistes, nous disposons de moyens de réflexion et d’intervention politique qui datent du siècle dernier. Dans ces conditions, tous ceux qui affirment disposer de réponses à nos difficultés sont des menteurs ou des illuminés.

Hier, chaque camp avait ses certitudes. Le monde se partageait entre nations impérialistes et peuples colonisés, entre dictatures et démocratie. La société se divisait en classes, les capitalistes, les riches, et les travailleurs, les exploités. Vous vous rappelez ?

Nous avons connu ces certitudes et pourtant elles étaient déjà largement ébranlées et les lignes de fracture n’étaient peut-être pas aussi nettes que dans nos nostalgies. Les alliances contre les dictatures fascistes rassemblaient des coalitions inédites. Les sorties de crise se répartissaient entre dictatures fascistes, révolutions communistes, et des mises en place d’une protection sociale, le New Deal, l’État providence, la sécurité sociale, sous des formes diverses, condamnées par les mouvements révolutionnaires mais plébiscitées par les peuples.

Ces réformes se sont menées dans le contexte d’une suprématie sans partage du monde occidental, suprématie économique, culturelle. Suprématie qui s’est concrétisée par l’écroulement des modèles alternatifs.

Aujourd’hui, les politiques opposent des réformes négociées, des répartitions solidaires, contre les égoïsmes de repli, les fuites derrière des murailles. Parmi eux, bien sûr, les riches, les privilégies, qui ont peur de l’avenir et investissent dans la protection plutôt que dans l’invention. Dans l’évitement plutôt que dans l’accueil.

Parmi ceux qui défendent leurs privilèges on trouve prioritairement les propriétaires de capitaux et de patrimoine héréditaire. Mais aussi une multitude de groupes de protection qui fonctionnent comme des sociétés mutualistes. Des clubs fermés.

Le PS est en principe un instrument d’émancipation, d’intervention politique. Il est d’abord un groupe de protection des élus qui se battent pour préserver leurs privilèges. Les réactions devant l’interdiction de cumuls sont de même nature, très exactement, que les réactions des nantis devant tout ce qui porte atteinte à leurs privilèges : vous allez nous affaiblir dans un monde concurrentiel, vous allez porter atteinte à notre efficacité, etc…

Le PS lutte pour une société plus juste avec des élus et des cadres issus  d’un système profondément inégalitaire. Ne comptons pas sur nos dirigeants pour qu’ils balaient devant leur porte parce qu’ils n’ont jamais tenu un balai.


C’est pourquoi la question de l’interdiction du cumul des mandats est une urgence politique. Il s’agit de mettre en adéquation le parti socialiste et ses objectifs. L’interdiction du cumul c’est comme le premier pas sur la lune. Un tout petit pas pour un homme mais un énorme pas pour un parti. 

mercredi 24 septembre 2014

la grande peur

La Grande Peur

Les démocraties et les États de droit sont menacés en permanence par tous ceux qui ne respectent pas la démocratie et le droit. Le banditisme, la corruption, les passe-droits, le clientélisme, les comportements délictueux, l’exclusion, le racisme, la violence.

Et puis il y a le terrorisme. Le terrorisme est un mouvement politique qui utilise la terreur pour des objectifs politiques.

Le terrorisme est un danger politique majeur quand il bénéficie d’un soutien logistique, financier, politique. Les terrorismes corses, basques et irlandais représentaient un vrai danger car ils bénéficiaient  de tels soutiens de la part d’une partie de la population « civile ». Des partis politiques légitimaient leur action, manifestaient pour la libération des terroristes emprisonnés, se présentaient aux élections et obtenaient un pourcentage non négligeable des votes lors d’élections démocratiques.

Quand le terrorisme n’obtient pas ce soutien politique ou intellectuel, il n’est pas un problème politique, il est un problème de police. Il faut dénoncer, isoler les criminels, les arrêter, les juger, les condamner.

Le terrorisme qui se réclame du Jihad est-il en ce sens un problème politique ? Où sont les indices d’un soutien politique et financier ou culturel de la part d’une partie même infime de la population française, ou américaine, ou britannique ? Où sont les partis politiques, les réunions de soutien, les manifestations où ce terrorisme est glorifié, admiré, soutenu ? Y a-t-il en France une seule main qui tremble pour prendre le téléphone et dénoncer à la police un individu qui s’apprête à commettre l’irréparable ?

         Se pose alors la question pourquoi ces manchettes, ces reportages, ces enquêtes, ce déchaînement médiatique, comme si un territoire étranger contrôlée par quelques milliers de fous de Dieu pouvaient mettre à feu et à sang nos sociétés. Pourquoi font-ils si peur ?

          Il ne s’agit pas de sous-estimer le danger, mais au contraire de mieux le combattre. La peur est un sentiment qui ne se raisonne pas. Mais si nous avons peur de ce terrorisme-là, il a pour une part gagné la bataille en nous pourrissant le quotidien, en envahissant nos écrans, en parasitant les conversations, en élargissant par la peur irraisonnée le nombre des suspects.


La peur lié à l’usage et à la consommation de drogues interdites a jusqu’ici empêché un combat efficace contre les mafias et les dégâts sanitaires. C’est l’absence de peur qui a permis des mesures de prévention et de soin. Si la peur du terrorisme islamique pervertit nos réactions au point de glisser vers des folies sécuritaires, nous n’aurons rien gagné en efficacité contre ces criminels, mais nous aurons perdu en cédant du terrain à la menace. Si ce terrorisme est un problème de police, il faut donner à la police les moyens de le combattre efficacement. Les criminalités cherchent des richesses et des privilèges, elles ne cherchent pas à terroriser. La terreur est au contraire l’arme principale de ces dangereux soldats de Dieu. Avec des moyens d’une simplicité barbare, ils cherchent à obtenir un seul résultat : le tremblement stupéfait des sociétés occidentales. Pourquoi leur faire ce cadeau ?  

lundi 22 septembre 2014

militer sur la toile



Militer c’est participer à la vie de la cité en distribuant des tracts, en parlant le verre à la main sur les grands sujets d’actualité, apporter son soutien à une association, rédiger des tracts et les distribuer. Monter les escaliers et sonner aux portes en tendant une feuille de papier. Se faire insulter par les partisans du non, applaudir par les partisans du oui. Sentir la chaleur du collectif jusqu’à la fièvre.

Depuis longtemps, ma manière de militer fut d’écrire des tracts et de les distribuer. Mais de distribuer les tracts que j’avais écrits, ceux que je n’avais pas écrits, présomptueux, je les trouvais rarement à mon goût. Donc j’écrivais des tracts, je les imprimais, dans des journaux ou par mes propre moyens et je les distribuais. J’ai aussi écrit des articles dans des journaux que je vendais ou que je vantais, ou écrit des livres qui sont des tracts un peu plus longs que des libraires militants m’aident à diffuser.

Depuis quelque temps, grâce à des moyens de diffusion inédits, tout le monde peut accéder à ce privilège qui fut le mien, c'est à dire de diffuser les tracts que chacun a écrit. Le nombre de distributeurs de tract a fortement diminué depuis que chacun d’entre nous distribue son propre tract sur la toile.

J’ai commencé moi-même à militer de cette manière, en écrivant des textes et en les distribuant à des listes d’amis ou d’inconnus. Je suis un peu perdu. Quand je distribuai un tract, la réaction était rapide : la personne froissait le papier, le jetait à terre, ou dans une poubelle, ou le lisait et disait « ah, c’est vous ? ». Maintenant, comme froisse-t-on un message numérique ? La corbeille a-t-elle remplacé la poubelle ?

Je connais la réponse. La réponse c’est le plaisir. Si vous prenez du plaisir à composer un message, peu importe la qualité ou la quantité des réactions provoquées.

Avec les moyens traditionnels, se conjuguent le plaisir et le contenu. Le plaisir du contenu accompagne le plaisir provoqué. Avec les moyens modernes, notamment livre du visage, gazouillis et parmentier, le plaisir de la communication a chassé le plaisir du contenu. Chacun poste une photo, un événement, une activité, et ce qui compte est le nombre de personnes qui verront la photo. Peu importe la photo.






mercredi 17 septembre 2014

travail argent et religion

Travail, argent et religion

         En France, des musulmanes ne veulent pas ou ne peuvent pas travailler parce qu’elles portent le voile. Elles se sont donc lancées dans l’auto-entreprise. Comment démarrer sans capital ? Elles ne peuvent pas emprunter car l’usure est interdite aux musulmans, comme aux catholiques. Elles piochent dans leurs économies, investissent cinq cents ou mille euros et peuvent ainsi commencer la fabrication de bonbons halal garanti sans gélatine de porc qu’elles commercialisent ensuite sur internet.

         Ma maman, femme juive à Lubin dans les années 1930, fabriquait des perruques pour les Juives pieuses qui ne voulaient pas montrer leurs cheveux. Elle les fabriquait et allait les livrer et vivait ainsi tout à fait correctement. Elle avait le droit d’emprunter de l’argent.


         Comme l’usure est interdite aux musulmans, les Etats du Golfe ne prêtent ni n’empruntent de l’argent. C’est pourquoi les banquiers des Etats musulmans sont tous Juifs ou protestants, comme dans l’Europe de la Renaissance. Même les banquiers du Vatican étaient juifs ou protestants. 

mardi 16 septembre 2014

différences

    En Chine se développe un « tourisme rouge » qui suit l’itinéraire du président Mao, sa maison de naissance, la Longue Marche… d’après El Pais du 14 septembre, huit cent millions de Chinois visitent ces lieux chaque année. Les visiteurs ont conscience que la situation a changé, mais quand le journaliste leur rappelle que Mao condamnait la propriété privée, ils répondent que la grandeur de la Chine aujourd’hui a été initiée par le président Mao. Le musée de sa maison de naissance a été rénové en 2013. Le Grand Saut en Avant (45 millions de morts) mérite une photo et une légende.

         En Russie, on continue d’entretenir la légende de Staline et quand on fait remarquer que les communistes condamnent la propriété privée, les Russes répondent que Staline a fait la grandeur de l’URSS.


         Inlassablement, rappelons la différence contemporaine entre les dictatures rouges et le nazisme. Dans l’Allemagne d’aujourd’hui, il n’y a guère de nostalgie pour Hitler et son régime. La maison d’Hitler n’est pas un lieu de pèlerinage et de dévotion, avec une photo des camps d’extermination dans un recoin. 

QUATRE VINGT-TREIZE

Cimourdain est un personnage de Quatre-vingt-treize de Victor Hugo. Il avait une « conscience pure mais sombre ». Il était « plein de vertus et de vérités qui brillaient dans les ténèbres ». Ancien prêtre, la science avait démoli sa foi et il s’était senti comme mutilé. On lui avait ôté le dogme et sa famille, il avait adopté la patrie. On lui avait refusé une femme, il avait épousé l’humanité ».
Il était rentré dans le peuple. Il regardait les souffrances avec une « tendresse redoutable », il haïssait le présent et appelait à grands cris l’avenir. Il le devinait effrayant et magnifique. Il adorait de loin la catastrophe. Il avait la certitude aveugle de la flèche qui ne voit que le but et qui y va.

mardi 9 septembre 2014

convictions


Je suis porteur de quelques certitudes et je sais en même temps que si j’avais le pouvoir de les mettre en œuvre, je deviendrais un dictateur bienveillant prêt à massacrer tous ceux qui ne les partagent pas au nom de l’intérêt général.

Nous vivons dans des systèmes politiques où les décisions sont prises par le plus grand nombre. Décisions économiques, politiques, lois, gouvernements. Si vous souhaitez prendre des décisions rapides et efficaces, il faut devenir dictateurs dans des pays de dictature. Trujillo, Pinochet, Hitler, Staline, étaient en position de décider. Certains hommes politiques vivent dans des systèmes démocratiques dans la douleur de devoir soumettre toutes leurs décisions à la loi des grands nombres et ils sont malheureux. Nicolas Sarkozy en est un exemple. François Hollande est au contraire heureux de ne pas pouvoir imposer ses décisions, il ne regrette rien. Il partage ce bonheur avec d’autres hommes politiques, comme Alain Juppé. Mélenchon et autres révolutionnaires sont attirés par des décisions rapides, ils se soumettent au grand nombre quand le grand nombre est d’accord avec eux. Sinon, ils sont attirés par les coups de force minoritaires qu’ils appellent révolutions. Ou insurrections. Je suis personnellement plus attiré par les dirigeants politiques qui sont heureux en démocratie que ceux qui sont malheureux comme les pierres d’avoir toujours raison et de ne pas pouvoir imposer leurs décisions pourtant généreuses et conformes à l’intérêt général.

Ça ne m’empêche pas d’avoir des convictions et de me battre pour les faire partager. Par exemple, je suis pour la légalisation des drogues.Comme le montre l’exemple de l’alcool et du tabac, la légalisation permet de contrôler la qualité des produits consommés et une politique de soins et de prévention. Il y a peu d’endroits au monde où cette politique est appliquée et pour le moment, elle est minoritaire en France. Tous ceux qui se sont occupés de la question, professionnels de santé, policiers, financiers, usagers, partagent cette conviction. Dans les bureaux de vote, ils sont minoritaires.

Les pays où la répression à tout crin remplace une politique de réduction des risques sont généralement des dictatures ou des théocraties où tout ce qui n’est pas permis est interdit. Les prisons sont pleines et les hôpitaux sont vides. Mais malheureusement, dans les démocraties où le grand nombre décide, le grand nombre porte au pouvoir des hommes politiques qui n’osent même pas chuchoter dans les alcôves qu’ils sont favorables à la légalisation des drogues. Donc une politique de réduction des risques se met en place en catimini, avec des produits de substitution, subutex et méthadone, et les infirmiers disputent le trottoir aux forces de police. Les choses avancent. Doucement.  

Deuxième conviction. Un nombre important de décisions peuvent être prises par des individus ou des groupes d’individus sans être soumises au vote. Nous vivons dans un système où tout ce qui n’est pas interdit est permis. Je prends un exemple. Pour un système solidaire d’assistance aux personnes en situation de dépendance (en général, on pense toujours aux personnes âgées quand on prononce le mot dépendance, alors que la majorité des dépendants n’est pas plus âgée que vous et moi, souvent même ils sont très jeunes, dans la fleur de l’âge), il faut des lois, des règlements. Mais rien n’empêche dans le bus à un jeune dans la force de l’âge de se lever pour laisser son siège à une personne âgée qui porte un cabas de légumes d’une main et un bébé sur le bras libre. Il est des choses qu’on peut faire ainsi qui ne sont pas soumises au vote.

Parmi ces décisions simples et pourtant efficaces, le cumul des mandats. Il suffit à un élu de dire : je suis député, je ne veux pas être maire, ou je suis maire, je ne veux pas être député, pour que le monde commence à trembler sur ses bases.

J’en suis à deux convictions : légalisation des drogues, de toutes les drogues, y compris tabac et alcool, et renonciation au cumul des mandats.


lundi 8 septembre 2014

journal B&B

Biarritz 9 septembre

Le bar du Haou était hier lundi 8 sept ouvert. Au beau soleil de l’été de rentrée. Avant-hier, dimanche, la terrasse était fermée. En général, quand le bar est fermé dimanche, il est aussi fermé le lundi, et même parfois, exceptionnellement, mardi aussi. Repos après la tourmente de l’été. D’habitude, avec la rentrée, le bar se ferme le dimanche et le lundi matin. Cette rentrée septembre 2014, le bar est ouvert lundi matin. Le personnel saisonnier a disparu, retour vers les études, sans doute. De même qu’à la librairie Victor Hugo, l’aide vendeuse d’été est retournée vers ses études.

Ces errements sont terribles quand la clientèle arrivée au sommet de son parcours a besoin de repères, beaucoup plus que les enfants de maternelle dont tout le monde s’occupe, alors que les arbres déclinants n’ont droit qu’à une furtive sympathie. J’ose affirmer que oui, nous avons besoin de repères. Dans la vie active, les repères sont fournis par le travail, les courses, les membres proches ou lointains de la famille, les élections, les anniversaires. Plus ces repères s’éloignent et plus sont précieux les repères infimes, aussi précieux qu’une borne dans le désert. Si les bars ouvrent et ferment au gré des météos, si les navettes fonctionnent tel jour et s’arrêtent sans prévenir, si la médiathèque ouvrait, ce qui n’est pas le cas, heureusement, n’importe quel jour de la semaine, il ne resterait plus aux retraités inactifs qu’à se créer leurs propres repères et c’est ainsi que naissent les mouvements de panthères grises.

En se promenant dans les nuages, on rencontre une information excitante : toutes les librairies de Biarritz ont refusé le livre de Valérie Trierweiler. Renseignement pris, l’information est fausse. Il fallait que la libraire fût de niveau 2 ou 3 pour que les diffuseurs la livrent. Il ne s’agissait pas d’un refus politique, esthétique, culturel ou moral. Ils n’ont pas été livrés, point. La vendeuse de la libraire Victor Hugo me le confirme : pourquoi voulez-vous qu’on refuse de vendre des livres ? S’il fallait ne vendre que les livres qu’on aime ou avec lesquels on est d’accord, vous vous rendez compte… Voilà, on s’emballe, on croit que la société toute entière se vertusifie  et une simple question détruit l’échafaudage.


Pour les grands enthousiasmes, les terreurs collectives, les mouvements historiques, les déferlements irrésistibles, mieux vaut se laisser aller sans se renseigner. 

dimanche 7 septembre 2014

pourquoi pas?


Que deux ans et demi après la victoire de François Hollande aux élections présidentielles, on puisse envisage l’hypothèse d’une victoire du FN provoque chez les militants socialistes un effet de sidération qui empêche l’émergence de nouvelles solutions.

Partout, à tous les niveaux, les militants observent avec consternation les ambitions personnelles, les petits égos l’emporter et dissoudre les bonnes volontés.

Cette atmosphère de fin de règne me rappelle mars 1986, la cohabitation annoncée avec Jacques Chirac, les dirigeants socialistes qui ne faisaient plus campagne, ils ne faisaient plus que leurs cartons dans les ministères. De cette crise n’a émergé rien de nouveau, que les anciens clivages.

Peut-être de cette catastrophe peut jaillir un renouveau. Pas pour le PS, pas pour la gauche, mais pour le pays.

Les frontières entre gauche et droite s’estompent, mais il reste dans le domaine des choix impérieux des différences fondamentales sur quelques données : les relations internationales (choix d’une destinée commune avec l’Europe), participation à tous les combats pour la démocratie et les droits de l’homme). Du point de vue des orientations de la politique économique et sociale : combattre les pouvoirs égoïstes et repliés sur les territoires et les privilèges, assurer une solidarité nationale, des filets de protection, des minima sociaux dans le domaine de la santé et du logement, pour tous ceux qui habitent le territoire français. Adosser les politiques sociales sur l’innovation et l’entreprise, sur la formation et la recherche.

Je ne vois plus désormais à l’horizon proche que la recomposition des forces politiques entre progressistes et conservateurs, entre réformateurs et gardiens de privilèges, entre ouverture au monde et crispation sur les identités coutumières. D’autres l’ont dit déjà. La différence est qu’aujourd’hui, il est possible de le mettre en pratique.

Pourquoi attendre ? Encore plus bas, encore d’autres échecs ? Les malheurs d’aujourd’hui en France ne sont pas dus à la qualité des gouvernants, ils sont dus d’abord par un manque de confiance abyssale avec les solutions proposées, qui apparaissent toujours des solutions partisanes, soumises à des ajournements et des refus permanents.

Que le président Hollande dissolve l’assemblée nationale, qu’il nomme un premier ministre sur la base de ces différences fondamentales : d’un côté Juppé/Valls, de l’autre Sarkozy/Le Pen. Que les démocrates gouvernent ensemble, sur la base de ces principes et de ces valeurs.  Que les partisans d’une France rétrograde organisent leurs tea-parties, leurs manifestations pour tous et leurs écoles privées où l’on enseignera l’infériorité des sexes et des races. Ce n’est pas une proposition nouvelle. La différence c’est qu’elle peut aujourd’hui se réaliser à l’initiative d’un président de gauche.  


Et si ce sont les conservateurs qui l’emportent ? Justement, n’attendons pas qu’ils soient majoritaires. 

vendredi 5 septembre 2014

etats généraux ps



Qu’est-ce que nous voulons, qu’est-ce que nous souhaitons ?

Une société où les individus ne soient pas assignés à résidence pour leur lieu de naissance, le milieu social, leur religion, leur sexe…

Ces aspirations se développent et deviennent possibles parce que le niveau de développement permet de les satisfaire.

Pour un grand nombre d’individus, ces aspirations sont satisfaites par des rentes de situation : héritiers de capitaux financiers, culturels, privilèges héréditaires, etc. si on laisse faire, rien ne bouge.

Là où on a cru résoudre les problèmes en supprimant la propriété privée du capital, on connaît les résultats.

Ne rien faire, laisser rancir les inégalités et les rancœurs qu’elles engendrent mène à une société plus dure, plus brutale, avec les replis et les crispations familières : sur le territoire, sur les résidences, sur les ghettos de la fortune ou de la misère. Une société prisonnière d’elle-même.

Réduire les inégalités sociales, culturelles, n’est pas seulement une question de justice, c’est l’intérêt de tous. Une partie des nantis le sait et accepte de lâcher du lest. Une autre partie se réfugie dans le repli égoïste.

Etre réformiste, c’est pratiquer l’art du compromis, de considérer qu’il ne doit pas y avoir vainqueurs ou vaincus, mais des partenaires construisant une solution commune. Réformer avec les citoyens, avec toutes les forces vives du pays. C’est le plus difficile, car on mécontente son camp et on ne satisfait pas l’autre. Les urgences écologistes sont un bon exemple.

Comme c’est difficile, c’est ardu, compliqué, le cheminement est invisible. Plus c’est compliqué, plus la pédagogie politique est nécessaire. Répéter autant de fois qu’il le faut, c'est à dire tout le temps, les valeurs sur lesquelles s’appuient l’action gouvernementale, et autant que faire : l’horizon souhaitable.


Nous connaissons les pesanteurs, les égoïsmes dans le domaine scolaire notamment. Système élitiste, l’un des plus élitistes du monde occidental (sous couvert de méritocratie républicaine). C’est le domaine le plus résistant, parce que toute la classe politique en est issue et souhaite le même chemin pour ses enfants. Pas touche aux prépas, aux grandes écoles, à l’ENA. Chaque tentative en ce sens a jusqu’ici tenue en échec.

Le PS recrute ses élus, ses permanents, dans ce vivier étroit. Comment les élus, qui sont persuadés qu’ils sont là parce qu’ils sont les meilleurs, peuvent-ils combattre la méritocratie républicaine ?

C’est un des points importants des difficultés que nous traversons : l’idée que les responsables politiques ne sont pas du même monde.

Les résistances à l’interdiction du cumul des mandats nourrissent les préventions.

Première mesure d’urgence :
Interdiction radicale de cumul des mandats, dans l’espace et dans le temps. Ce n’est pas écarter les compétences qui existent, c’est en rajouter d’autres. C’est dessiner un tableau plus ressemblant à la société.

Deuxième proposition à plus long terme : un programme de formation des cadres et des élus. Rassembler toutes les ressources : fondations (Jean Jaurès, Terra Nova, plus les crédits de formation pour créer une université professionnelle, un institut de formation des cadres, et un centre de recherches, dont le but premier la promotion et la formation de ceux des militants politiques, syndicaux et associatifs qui sont actuellement écartés des filières d’excellence et donc aussi des responsabilités.



lundi 1 septembre 2014

continuez, je vous prie

Pour Luc Chatel, secrétaire de l’UMP, l’essentiel pour Najat Vallaud-Belkacem, la nouvelle ministre de l’éducation nationale, est de clarifier la question du genre.

Dans la situation difficile où se trouve le PS, sa seule chance de se maintenir au pouvoir est qu’à l’UMP on continue de discuter du sexe des anges.