vendredi 27 février 2015

mémoires

Comment faire de la politique aujourd’hui.

A Moscou, un collectif d’historiens et de militants des droits de l’homme apposent sur des immeubles des plaques en acier portant un nom, un prénom, et trois dates : arrestation, décès, réhabilitation. (Le monde 25 fev 2015). Memorial, qui accomplit ce travail, est classée officiellement par le gouvernement de Poutine comme organisation agent de l’étranger.

A Béziers, le maire Roland Menard débaptise la rue du 19 mars 1962 et remplace le nom par celui d’un officier putschiste.

Au Pays basque, selon la couleur de la municipalité, on nomme des rues du nom des assassins ou du nom de leurs victimes. En France, les communistes condamnent le terrorisme mais baptisent des rues du nom de Bobby Sands.

Quand une ville bascule à droite, les nouveaux élus débaptisent les rues Maurice Thorez ou Georges Marchais ou Jacques Duclos.

Pendant longtemps, les écoles de Paris avaient une plaque qui rappelait que des enfants avaient été déportés par les barbares nazis. Puis les enfants reprirent par un adjectif la raison de leur déportation et à la barbarie nazie fut accolée la police de Vichy.

Ainsi peut-on faire de la politique. Les yeux fixant le sol ou levés vers les plaques de mémoire.   



jeudi 26 février 2015

livre

bonjour. aujourd'hui paraît mon dernier livre: la révolution le sexe et moi, aux editions le bord de l eau.

mercredi 18 février 2015

protéger les territoires

Drôle de campagne. Drôle de politique. En France, dans le monde. Une nouvelle internationale de la terreur qui veut diviser le monde en communautés religieuses ou culturelles homogènes. Que chacun puisse terroriser les siens à l’intérieur de frontières protégées. Que chacun ne se sente en sécurité qu’à l’intérieur de murailles barbelées, qu’on ne sente en sécurité qu’avec les siens. Guerre de religion, guerre de civilisation. Ce qui était une conquête démocratique et culturelle, le droit de se déplacer, de quitter la famille et le territoire,  devient un danger et quand personne ne sent en sécurité, le mouvement qui conduit à un repli identitaire l’emporte car chacun est persuadé que les différences sont dangereuses.

L’insécurité conduit au nettoyage ethnique. Ceux qui sont étrangers sont terrorisés jusqu’à ce qu’ils partent. Ceux qui sont minoritaires partent parce qu’ils sont terrorisés. Les majoritaires les chassent par la menace ou la terreur. Irlande du Nord, ou le Kosovo. Les chites avec les chites, les sunnites avec les sunnites, les juifs avec les juifs, les chrétiens avec les chrétiens, les orthodoxes avec les orthodoxes. Les riches avec les riches, les pauvres avec les pauvres.

Jamais les mouvements de population n’ont été aussi généralisés, jamais les grandes afflictions de notre temps ne nécessitent autant de réactions mondiales et solidaires et jamais les craintes de ces changements n’ont été aussi fortes.

Les mouvements de retrait crispé se développent dans les pays européens. Ils veulent détricoter l’Europe, fermer les frontières à tout ce qui étranger, purifier les populations. Les spéculations et les criminalités financières se jouent des frontières, le réchauffement de la planète passe les douanes, tous ces défis nécessitent des solidarités à l’échelle planétaire et les nationalismes carrés installent des péages. Chéri, mets ton écharpe, tu risques d’attraper un cancer.

Dans certains pays, les territorialistes, les purificateurs, arrivent au pouvoir. Malheur d’abord à ceux qui sont à l’intérieur. Dans nos pays d’Europe occidentale, les partis territorialistes représentent désormais un danger réel. Ils sont d’autant plus dangereux que les partis universalistes et républicains croient pouvoir leur résister en reprenant leurs peurs.

Ainsi, j’assiste à une réunion de campagne pour les élections départementales. Une réunion de la gauche. Disons du PS. Les thèmes de campagne tels qu’ils sont développés par les responsables départementaux sont fondés d’abord sur la défense et la protection du territoire. Ces territoires, nous dit-on, ont une forte identité et il faut protéger cette identité. J’écoute, il faut bien que je croie mes oreilles. Ces « territoires » me dit-on, doivent être protégés, leur identité doit être protégée. Ces territoires doivent leur développement économique à des flux saisonniers de population, ils sont largement ouverts au monde et à des migrants qui ne partagent certainement pas des préoccupations identitaires. Leur économie, leur avenir, dépend de leur ouverture au monde. Mais il faut protéger leur identité. Moi qui vient d’arriver, qui suis un migrant, est-ce que je fais partie de la population qui doit être protégée ? Protection, identité, les mots se répètent, défilent. Ils traduisent une panique devant la montée des mouvements identitaires dont on croit se protéger en reprenant les inquiétudes.

Pas un mot sur ce qui est urgent : solidarité entre les territoires, entre les pays, mutualisation des moyens, demander plus à ceux qui ont plus. Une pédagogie qu’on estime non payante dans une campagne électorale mais qui permet pourtant l’essentiel : éviter le pire.




mardi 17 février 2015

ensemble

Vidéo. Un Juif avec kippa se promène dans les rues de Paris pendant toute une journée. Des caméras filment : insultes, crachats. Conclusion : il ne fait pas bon être juif religieux à Paris.

Une Musulmane qui porte la burqua provoquerait de la même manière insultes racistes. Conclusion : il ne fait pas bon être musulmane voilée en France.

Le pire sans doute serait une jeune femme court vêtue, se promenant dans les mêmes quartiers. Insultes, agressions, attouchements. Conclusion : il ne fait pas bon être femme et jeune en France.

Les exclusions s’appuient les unes les autres. Il faut les combattre ensemble.


Je suggère une vidéo qui filmerait un homme avec kippa au bras d’une femme voilée, avec leur fille en jupe courte. Je suis candidat pour la kippa. Cherche femme voilée et jeune fille court vêtue pour la balade.

dimanche 15 février 2015

netanyahou

Encore des morts à Copenhague, des assassinats antisémites. Encore une fois, Netanyahou intervient pour inviter les Juifs inquiets à venir en Israël où ils seront en sécurité.


Comment appelle-t-on ces animaux qui rôdent autour des cadavres ?  

lundi 9 février 2015

esprit Biarritz

Mon cher François,

Les partis traditionnels ont fait leur temps dis-tu. Je te signale que de tous les partis, le FN est le plus traditionnel de tous, avec son programme, national et socialiste, avec son fonctionnement centralisé et ses fonctions héréditaires.

Il n’empêche. Tu as raison, les partis et pour ce qui me concerne, les partis de gauche, et notamment le PS, sont hors sol. Pas beaucoup plus à Biarritz qu’ailleurs. C’est pourquoi « Esprit Biarritz » était si important. Les militants encartés ou pas avaient inventé un ciment nouveau. Chacun le sait, une partie du PS a renâclé. On ne renonce pas si facilement à un rôle dirigeant. Mais ça c’est fait, ça a tenu. Et ça a gagné.

Pas de secret. Les partis existent, fonctionnent, ils ont besoin d’être bousculés. Comment ? En s’appuyant sur les plus inventifs des militants actuels, les plus ouverts. En ne les rejetant pas. S’ils persistent à concevoir des alliances en terme de ralliement, à demander des passeports de gauche, à manifester une arrogance insupportable, ils resteront isolés. Mais tu considères que tu peux te passer complètement du PS et tu as tort. Le PS c’est une mémoire, une expérience, un capital militant indispensables.

Aujourd’hui, Esprit Biarritz risque la dislocation. Les uns parce qu’ils veulent sa poursuite comme succursale du PS, les autres parce qu’ils ne veulent plus entendre parler des partis de gauche. C’est dommage. Il faudra tout recommencer.


Amitiés. 

vendredi 6 février 2015

épuration

Je déménage et le plus lourd sont les livres. Les bibliothèques déclinent l’offre. Les amis remplissent un cartable. Il reste des mètres d’imprimés sur les étagères. Comment faire place nette ?

L’actualité apporte des réponses. L’État islamique a débarrassé les bibliothèques de Mossoul des œuvres considérées comme hostiles à l’Islam. Je les invite à passer. Dans ma bibliothèque, il y en a un paquet. J’invite Mgr Aillet à purifier mes étagères d’œuvres blasphématoires, et d’Aragon à Zola en passant par Maupassant, les planches se libèrent. Des communistes orthodoxes me débarrasseront d’œuvres anticommunistes comme Vie et destin, ou Terres de sang. Les censeurs du Front national brûleront les livres d’auteurs arabes ou juifs.

Ils sont tous passés. Il me reste le livre de cuisine qui accompagne la cocotte-minute et les œuvres de la comtesse de Ségur.


mercredi 4 février 2015

tout ou tien

A la seconde où la signature et les sentiments commencent à converger, les risques se figent, les premiers glaçons apparaissent. En tissant des liens, en prenant du plaisir à placer les mots comme des pièces d’un puzzle, en partageant ce plaisir avec d’autres sans passer par des réunions, des meetings, des soirées licites, il acquiert un peu de ce pouvoir que les autocrates ne conçoivent qu’en totalité. Les bons soldats, les plus fidèles, les plus obéissants, ne doivent leur ascension qu’à leur chef et à aucun de leur mérite particulier. S’il rompt, s’il discute, il perd tout d’un seul coup, l’emploi, le logement, l’assurance, les voisins, les amis, il ne lui reste que la Sibérie ou le Larzac. S’il est journaliste, il ne peut écrire que dans les journaux orthodoxes, s’il est poète, il n’écrira que des cantiques, s’il est charpentier, il ne construira que des chapelles. 

lundi 2 février 2015

Besançon

Résultats de la partielle à Besançon. FN en tête, 35 % PS 30 et UMP 25. Le Front de gauche 3%. Il en faudrait beaucoup moins pour empêcher Mélenchon de parader sur les estrades comme le candidat providentiel pour les présidentielles de 2017.  

Le candidat socialiste n’était pas un « frondeur ». Suppléant de Pierre Moscovici, partisan de la politique suivie par le gouvernement Hollande-Valls. Il n’a pas caché ses positions pendant la campagne.

Le FN avec ses 35% est-il « aux portes du pouvoir » ? J’espère ne pas me tromper, mais je n’y crois pas. Le FN aujourd’hui est le PC des années cinquante. Premier parti de France, mais inapte à rassembler suffisamment pour gouverner. Des mairies, peut-être des départements, des colonies de vacances où l’on chantera Marion Maréchal nous voilà. Mais de même que la France des années cinquante accordait un tiers de ses voix au PCF, elle  sentait plus ou moins clairement qu’accorder le pouvoir suprême au PCF ouvrait de sinistres perspectives. Aujourd’hui, une majorité de Français éprouve la même méfiance profonde à l’égard du nationalisme social qui est maintenant la marque du FN.