mercredi 30 septembre 2015

retour d'urss

Ignacio Ramonet, alors directeur du Monde Diplo, fut reçu à Cuba. On déroula le tapis rouge. Fidel Castro fit arrêter l’impression du quotidien cubain pour permettre la sortie en quelques milliers d’exemplaires de son livre sur les médias. Où I. Ramonet dénonçait l’esclavage des médias en France. Le livre d’Ignacio Ramonet fut distribué dans un grand amphi de trois mille places présidé par Fidel lui-même.  Sous les applaudissements, il dénonça la main-mise sur les médias en France et dénonça la pensée unique. Fidel lui serre la main.

Aujourd’hui, Ignacio Ramonet et Serge Halimi (auteur des Chien de garde) sont remplacés par Pierre Carles. Qui dénonce dans ses films la soumission des médias français. Qui réalise un reportage sur l’Equateur de Correa dans une salle de Biarritz d’où je suis sorti au bout de dix minutes tant je voyais sur l’écran les copier-coller des films sur l’URSS des années cinquante.

         La salle est pleine et applaudit Pierre Carles. Nombreux sont ceux qui me demandent comment j’ai pu être fidèle de l’URSS en mon temps. Comment un tel aveuglement ? La réponse est là.  Demandez à ceux qui applaudissent aujourd’hui Pierre Carles et ses mélanchonades sur l’Equateur comment ils peuvent s’enthousiasmer pour un grossier film de propagande. Ecoutez leur réponse et vous aurez la réponse à votre question. 

mardi 22 septembre 2015

la gauche de la gauche



Tsipras réélu, sans majorité absolue, devra gouverner avec la droite souverainiste. Les extrémistes de gauche bafouillent. S’il avait été battu, ils avaient un discours tout prêt : Tsipras a cédé aux contraintes européennes et le peuple l'a rejeté. Mais la gauche de la gauche en Grèce a été éliminée. Mélenchon et Pierre Laurent ont été battus à Athènes. Ceux qui ont gagné : une gauche responsable qui trouvera peut-être  les forces de réformer la Grèce.

Retour en France. La gauche de la gauche trouve que la gauche responsable ne sait plus parler au peuple. Elle a abandonné le terrain au FN. La gauche de la gauche, qui sait parler au peuple, recueille péniblement cinq pour cent des voix aux élections, et continue de dire qu'elle sait parler au peuple. Et que c'est la faute du PS si le peuple ne vote pas à gauche.

Michel Onfray sait parler au peuple. C’est un socialiste libertaire qui ne vote plus, ne votera pas aux présidentielles, car il ne croit plus qu'aux mouvements sociaux de base.  Il sait que le peuple est inquiet devant le nombre d'étrangers et que la gauche ne répond pas à cette inquiétude. Elle est donc responsable de la montée du FN. Combattre le FN avec les mots du FN voilà ce qui s’appelle parler au peuple.

Tétanisé devant la montée du FN, la simplicité des arguments, la franchise populaire de ses dirigeants, une partie des intellectuels cède à a fascination. Ils ne sont pas complices, le mot n'a guère de sens, ils sont fascinés, exactement comme une partie des intellectuels français étaient tétanisés devant la franche simplicité des staliniens français. Ils disaient déjà que le parti socialiste ne savait plus parler au peuple.

Il faut du courage, de l'expérience, pour résister. Pendant des dizaines d'années, la gauche non communiste a été soumise, fascinée par le PC qui savait parler au peuple. Sales habitudes dont on ne débarrasse pas si facilement.  Vous placez un intellectuel moyen devant des tombereaux de fumier déversés par les paysans, devant des militants résolus qui refusent tout et n’obtiennent rien et il sera également fasciné. Pour Michel Onfray, là est l'avenir, de belles colères dans la rue et la droite au pouvoir.


liberté d'expression

Regis Debray le monde 22 sept 15. Relève les limites à la liberté d'expression. 1. sur ce qui relève de l'apologie du crime, de la haine raciale. Simple, c’est à la justice de trancher. Mais la Cour européenne des droits de l’homme interdit de « blesser les convictions religieuses ». Pour Régis Debray toutes les sociétés ont des zones de sacré. On ne rit pas de la Shoah. Ni de l’ossuaire de Verdun.

À qui s'adresse ce texte? Aux dessinateurs pour les aider à s'autocensurer? Aux législateurs? Aux patrons de presse? Pas très clair. J'ai connu au théâtre de l'Odéon des parachutistes qui voulaient empêcher une pièce de Genet, pendant la guerre d'Algérie. J'ai connu l'affaire du portrait de Staline par Picasso et l'autocritique que le PCF demandait à Aragon pour avoir accepté le portrait. Les exemples ne manquent pas. Dans tous ces cas, il y avait atteinte au sacré, pour les parachutistes patriotes, pour les staliniens meurtris. Et alors ?

Il manque le point qui me semble central. Des groupes religieux ou politiques veulent imposer des « limites » à la création aux noms de valeurs qu’ils jugent supérieures à toute loi terrestre. C'est à eux et à seuls qu'il faut s'adresser. Pas aux créateurs.

mercredi 16 septembre 2015

il l'a dit

Albert Ogien, libé 16 sept.-15

Il ne fait pas de doute que les « propositions farfelues » de Corbyn vont priver le parti travailliste de toute représentation parlementaire pour de longues années. « Si tel est le prix à payer pour entendre enfin un discours qui plaide en faveur du rétablissement d’un peu de justice sociale », « il vaut sans doute la peine d’être payé ». Dit Ogien.

Mieux vaut un discours rénové et une gauche dans l’opposition qu’une gauche au gouvernement qui encadre les loyers, qui introduit plus d’égalité devant l’impôt, qui instaure le tiers payant pour tous, etc…


En général, la gauche extrême n’ose pas dire les choses aussi clairement. Albert Ogien l’a osé. Merci camarade. 

lundi 14 septembre 2015

samedi 12 septembre 2015

corbyn

Le choix.

En Grande-Bretagne, l’histoire se répète. La gauche travailliste à la porte du pouvoir hésite. Est-elle en état de gouverner ? En Grèce, les positions extrêmes avaient séduit, mais Tsipras, en premier ministre, doit assumer une politique sociale–démocrate.  Déception. Au Royaume-Uni, les promesses volent : nationalisations, augmentations, gratuité des universités. Comme jadis le parti travailliste de Tony Benn, avec un programme très à gauche. Battu aux élections, mais avec une grande pureté programmatique. La crainte de gouverner s’exprime ainsi par les surenchères. On nationalise les banques, on creuse le déficit, et on campe ainsi dans une opposition vertueuse et digne des ancêtres. Qu’est-ce qu’on est bien dans l’opposition. On peut manifester, vociférer, critiquer, dénoncer. Gouverner c’est plus ardu.


En période paisible, ce petit jeu laisse le pouvoir à une droite moins agressive. Mais par les temps qui courent, la droite à qui on abandonne le terrain est sous pression d’une extrême droite, qui veut sortir de l’Europe, fermer les frontières. Dans ces conditions, oui, il est urgent de parvenir au pouvoir, en rassemblant la gauche et tous ceux qui refusent le retrait barbelé.