lundi 27 juin 2016

les héritiers


Dans la tradition marxiste révolutionnaire, les élections et la démocratie parlementaire forment un système qui permet le maintien au pouvoir des  capitalistes. En vertu de ce principe, les marxistes révolutionnaires ont mis en place des systèmes où les révoltes étaient punies de morts, les peuples emprisonnés, les dissidents torturés. Le principe en était simple : une élite auto-proclamée détenait le pouvoir et la vérité, le peuple n’avait pas le droit d’avoir tort.

Deux systèmes ont appliqué ce principe : le nazisme et le stalinisme. Le vingtième siècle a été le siècle d’une lutte à mort entre démocratie et totalitarisme. Aujourd’hui, le flambeau de la terreur rouge et brune a été repris par les djihadistes qui détiennent la vérité et fouillent les cendres d’Auschwitz, du goulag, des Khmers rouges et des gardes rouges, pour y retrouver les braises de leur action.

Pour savoir de quel côté sont les zadistes, imaginons une France où ils seraient au pouvoir.

dimanche 26 juin 2016

mauvaise foi


Mauvaise foi

 

Les opposants à l’aéroport de Nantes n’ont pas boycotté la consultation de ce dimanche. Ils ont appelé à voter non. Ils n’ont pas dit qu’il ne fallait pas tenir compte de ce vote. Seuls quelques anarchistes ont appelé au boycott de ce  vote. Eux non.

S’ils avaient obtenu une majorité de non, ils auraient manifesté leur joie, sabré le champagne, dansé dans les rues. Le oui l’a emporté, ils disent maintenant qu’ils ne tiendront pas compte du résultat. Il fallait le dire avant. Maintenant, c’est trop tard.

Ils sont ravis, généralement, du résultat du Brexit. Ils ne disent pas qu’il ne faut pas tenir compte du vote. Mais les électeurs de Loire Atlantique sont considérés comme des ploucs qu’il ne faut pas entendre.

La dictature commence quand une minorité nie au peuple le droit d’être en désaccord avec elle.

courages


Courages

 

Une manifestation d’opposition à la loi El Khomri rassemble quelques dizaines de cyclistes qui roulent depuis la permanence de Colette Capdevielle à celle de Sylviane Alaux, deux députés socialistes, pour leur demander de voter la motion de censure contre le gouvernement de leur parti. Les manifestants ont été reçus par les deux députés, qui leur ont dit, d’après Sud-Ouest  du dimanche 26 juin 2016, qu’elles ne savaient pas encore si elles allaient voter la motion de censure, qu’elles regrettaient le manque de discussion… bref, il résulte de ce compte-rendu une obscure clarté et une inextricable vacuité. Leur position sur la loi El Khomri ne sera pas évoquée.

Ces fuites brouillonnes, ces évitements craintifs doivent être comparés à la clarté des positions de ces deux élues socialistes sur le regroupement ethnique des communautés du pays Basque, leur acharnement, leur enthousiasme pour proposer et défendre l’EPCI.

Demain, quand la droite revenue au pouvoir détricotera les mesures du gouvernement socialiste, le capital-formation, les prises en compte de la pénibilité, les négociations avantageuses pour les salariés, nos élues défendront dans la rue, avec une grande clarté, les mesures qui leur brûlent les doigts aujourd’hui.

Il restera de leur bilan un rassemblement ethnique dans la lignée de la vague brune en Europe et leur contribution à la défaite de la gauche qu’elles n’ont pas le courage de défendre.

Sacré bilan !

 

samedi 25 juin 2016

dérives


Cinq militants de « Bizi » ont pénétré de force dans les locaux de la sous-préfecture de Bayonne. Des forces de police les ont évacués et l’un d’eux prétend avoir été passé à tabac, puis renonce à porter plainte.

La sénatrice socialiste Frédérique Espagnac apporte son soutien aux militants Bizi. Elle ne dénonce pas l’effraction, elle apporte au contraire son soutien aux forceurs de porte.

Le mouvement social dirigé contre la loi El Khomri se durcit à mesure qu’il s’essouffle.  La CGT ne remet pas en cause les modifications du contrat de travail à la SNCF. Elle va bientôt être dénoncée par des activistes. Son service d’ordre est déjà insulté. Des enragés attaquent des permanences du PS, les locaux de la CFDT, et s’attaquent maintenant aux locaux de la CGT.

Cette évolution est préoccupante et ne devrait être acceptée par personne dans la mouvance du socialisme démocratique.

Frédérique Espagnac, sénatrice socialiste, apporte son soutien aux forcenés.

Membre du PS, j’apporte mon soutien à la sous-préfète de Bayonne.

 

jeudi 23 juin 2016

le mépris du peuple


Le mépris du peuple

 

Les émeutes, la colère, j’entends à la radio des intellectuels qui refusent de juger, il faut comprendre, les violences des casseurs ne sont rien à côté des violences sociales, le chômage, la misère…

Quand il n’y avait ni syndicats, ni droit de vote. Quand les ouvriers qui discutaient  à la fin de la journée risquaient les galères pur « réunion séditieuse », quand une lettre adressée au propriétaire pour demander une réduction du loyer de la terre était considérée comme une infraction, alors il  ne restait aux ouvriers, aux paysans que la violence, la mutilation du bétail, le bris des machines, pour se faire entendre. En outre, cette violence imposée aux classes laborieuses était considérée comme preuve de leur incapacité à devenir citoyens. Tout ce qu’ils savent faire, c’est casser.

Les ouvriers et les paysans ont appris à s’organiser, ils ont fondé des syndicats, des partis politiques, ils ont étudié, savent négocier d’égal à égal. Ils ont arraché le droit de vote, le droit de grève, le droit de manifester. Ils sont devenus des citoyens.

Pourtant, persiste  le refus d’accorder aux catégories populaires le statut d’êtres pensants. S’ils cassent des vitres de magasins, saccagent les distributeurs, incendient les voitures, il s’agit de colères légitimes, avec tout ce qu’ils subissent, n’est-ce pas…

Le modèle reste Robin des Bois, Mandrin, Cartouche. Jaurès, Mandela, Lula, l’intelligence politique au service des peuples, ils ne veulent pas connaître. Pour les intellectuels révolutionnaires, le peuple c’est l’ignorance en armes, c’est la colère sans réflexion, c’est la bêtise musclée. L’avantage, pour les intellectuels révolutionnaires, c’est que ce peuple-là  ne viendra pas concurrencer leur carrière dans les allées du pouvoir.

samedi 18 juin 2016

entêtement


Colette Capdevielle à l’Assemblée nationale, inlassable avocate des djihadistes basques demande encore une fois le rapprochement des prisonniers basques de leur famille. Pas des prisonniers qui ont braqué une banque ou vendu de la drogue. Uniquement ceux qui ont tué des élus et des gendarmes. L’élue socialiste n’a jamais pris contact avec l’Association des Victimes du terrorisme. Jamais participé à des manifestations contre les assassinats d’élus socialistes au pays Basque espagnol. Elle n’a pas lu l’accord du 12 janvier 2016 qui a permis la libération de 35 militants indépendantistes, dont Aurore Martin. Cet accord est un document signé par les 35 prisonniers, les juges espagnols et deux associations de victimes. Dans cet accord, les militants basques doivent assumer leur responsabilité dans la stratégie politique de l’ETA et accepter une « réinsertion individuelle ». Ils s’engagent à renoncer à toute activité en lien avec l’emploi de la violence, en souhaitant que cette reconnaissance contribue à la réparation des dommages et des souffrances causées aux victimes de l’ETA. Ils admettent avoir apporté leur contribution la démarche globale de l’ETA.

Cet accord est condamné par de nombreux indépendantistes, prisonniers ou militants. Colette Capdevielle  est donc la porte-parole des irréductibles. Sinon, en portant l’accord du 12 janvier à la connaissance des prisonniers basques en France, elle pourrait peut-être contribuer à leur libération.

vendredi 17 juin 2016

amalgames


Ainsi disent ensemble la gauche impatiente et les frontistes nationaux, la loi El Khomri est dictée par Bruxelles. Ainsi parlent les Briseurs en Grande-Bretagne, les populismes de droite et de gauche.

Donc, la gauche impatiente et les frontistes nationaux se retrouveraient ensemble avec le démagogue Trump qui s’appelle Boris Johnson en Grande-Bretagne, pour mener campagne contre l’Europe et ensemble, si la Grande-Bretagne se retire de l’union la semaine prochaine, ils enverront un télégramme de félicitations à l’UKIP et à Faragan.

Amalgame, malhonnête association, j’entends les accusations. Sur cette question, pourtant, je vous suggère de lire les discours des uns et des autres, de supprimer les signatures, et de jouer à qui dit quoi.

jeudi 16 juin 2016

gardes rouges


 

« L'avenir de la gauche est entre les mains de la jeunesse et pas dans les éructations de vieux embourgeoisés devenus plus conservateurs et réactionnaires que les antiquités au ventre mou, qui oublient très vite leur parcours et leur itinéraires . Les jeunes nous ont prouvé que leurs valeurs de gauche sont solides et quelle intelligence ! »

 

Telle est la réaction à un de mes textes critique des « frondeurs ». Signé Hocine Hamel, membre du PS à Biarritz, tendance révolution culturelle. Vous avez oublié ? Rappelez-vous, quand Mao lançait les gardes rouges contre les cadres et les intellectuels « embourgeoisés, conservateurs et réactionnaires ».

Le PS a vraiment besoin de se moderniser.

fronde et désertion


Scoops

 

Mercredi soir 15 juin, réunion de la section socialiste du PS. Ordre du jour : la montée des populismes en Europe. Présentation par les responsables des Jeunesses socialistes des Pyrénées atlantiques.

 En résumé : la montée des populismes en Europe est dûe  à l’abandon par les partis socialistes d’une politique de gauche. Les électeurs ne voyant plus la différence entre gauche et droite votent pour les extrêmes. Pourquoi plutôt à droite qu’à gauche ? Pas de réponse à cette question.

En France, la montée du Front national provient d’une politique d’austérité imposée au gouvernement socialiste par l’Europe.

En Allemagne des années trente, le parti socialiste s’est allié avec la droite ce qui a permis à Hitler d’arriver au pouvoir. La politique du Parti communiste allemand, les consignes de Staline, selon lesquelles l’ennemi principal était la social-démocratie, ne sont pas évoqués.

Pourquoi la montée des extrêmes nationalismes dans les anciens pays communistes : Russie, Pologne, Hongrie… ? La question de l’héritage stalinien ne sera pas posée.

Aujourd’hui, tout le monde, frondeurs ou socialistes de gouvernement, sont d’accord pour qualifier la politique de Lionel Jospin comme une politique de gauche. Cet épisode s’est terminé par la présence de Le Pen au second tour des présidentielles. La question ne sera pas posée.

J’entends avec effarement des discours que je ne voulais plus entendre. Ce fut la raison principale de mon éloignement du PCF. Ce parti considérait que l’ennemi principal était le PS, surtout lorsqu’il était au pouvoir. Surtout ne pas gouverner, ne pas prendre de responsabilité.

D’ailleurs, dans la discussion il fut dit par les « frondeurs » qu’ils auraient préféré Max Brisson à la mairie de Biarritz qu’une alliance du PS avec le centre. Comme ça, les choses sont claires.

LE RSA, les emplois jeunes, la remboursement de l’IVG, le mariage pour tous, la réduction des inégalités, la réduction des déficits, la gratuité des soins, rien ne compte.

Le discours qui consiste à dire et à répéter dans les réunions, dans les médias, que la politique de Hollande/Valls n’est pas différente d’une politique de droite contribue bien évidemment à la montée du FN qui considère que droite et gauche c’est pareil.

Ce discours est valorisé quand on le désigne sous le nom de « fronde ». Il s’agit d’une désertion en rase campagne. Plus la fuite est médiocre, plus les discours sont vertueux.  

mardi 14 juin 2016

vont-ils réussir?


Vont-ils réussir ?

 

Les tueries politiques construisent un piège d’une redoutable efficacité. Dans les sociétés où rien ne les justifie, elles visent à transformer les réactions à ces tueries en légitimations. L’emprisonnement d’un criminel devient la preuve d’une société policière qui doit être combattue par tous les moyens. Les bulletins et les communiqués de l’IRA et de l’ETA consacraient leurs colonnes et leurs paroles à la dénonciation des états policiers et fascistes espagnols, français, britanniques. Black Panthers, Action directe, Fraction armée rouge fractionnaient le monde en police d’un côté et de l’autre des héros martyrs ou prisonniers pourrissant dans les geôles. Même quand le conflit s’est épuisé, le refus de l’amnistie pour les assassins condamnés est considéré comme la preuve rétrospective de la justesse de leur combat.  

Au Pérou, en Colombie, en Argentine, au Mexique, les guérillas réussirent à transformer la vie politique en affrontements violents où les terrorismes d’état et les terrorismes des bandes armées puisaient chez les autres, chaque jour, de nouvelles raisons de combattre. Il faut ensuite du temps et des générations pour retrouver des formes de gouvernement apaisées et démocratiques.

Les exemples sont multiples de ces violences politiques qui ont tiré les sociétés vers les extrêmes. L’IRA a porté au pouvoir les ultra-protestants et les ultra- républicains en Irlande du Nord. Les attentats en Israël amènent l’ensemble du pays vers l’extrême-droite. Les conséquences des crimes djihadistes sur les sociétés poussent partout dans le même sens.

Si l’on excepte de sombres écarts, comme le GAL en Espagne ou les actions secrètes de l’armée britannique, Guantanamo aux États-Unis, les réactions du monde occidental aux attentats les plus monstrueux,  sont restées ancrées dans un socle démocratique. Interventions policières maîtrisées, justice fonctionnant selon les règles d’un état de droit. Les meurtriers arrêtés ont droit à des procès, des juges et à des avocats.

Contre les terreurs rouges, brunes, vertes, l’état de droit est notre force.

 

samedi 11 juin 2016

Barbès Biarritz


Mon article « Barbès-Biarritz » paraît dans Les Temps modernes, de juin 2016.

GPA


L’histoire n’avance pas, elle bégaye. Revoici les racines chrétiennes de la France qu’il faudrait inscrire dans la constitution. Fulgurance de Nicolas Sarkozy et de ses émules. Dans l’Irlande des années 1930, la constitution reconnaissait que le catholicisme était la religion pratiquée par la majorité des Irlandais. Les années 1930, années de misère, d’exil, de censure, où artistes et écrivains, paysans et ouvriers, allaient chercher ailleurs travail et liberté. Avec la modernisation, la laïcisation, l’ouverture au monde, l’Irlande s’est débarrassée de ce fameux article 44 par referendum dans les années 60. Et voici que cet article désormais orphelin va être adopté par Nicolas Sarkozy. Exemple de GPA : qui est une procréation pratiquée en cas d’infertilité.

 

jeudi 9 juin 2016

l'ennemi principal


Coups de force, grèves minoritaires, actions d’avant-garde. Censurer les quotidiens, manifester devant le logement des élus et des ministres, bloquer les trains, les raffineries, transformer Paris en décharge…Pour certains, il s’agit de manifestations sociales, des colères populaires héritières en droite ligne des émeutes de la faim et de la prise de la Bastille.

Les actions minoritaires ont deux issues. Soit elles sont victorieuses et portent au pouvoir des personnes ayant pris l’habitude de mépriser la démocratie : coups de force fascistes ou communistes,  guérilla cubaine, la prise du Palais d’Hiver. Issue non-souhaitable, mais sans doute pas à l’ordre du jour.

La seconde issue est plus prévisible. L’opinion, les citoyens, la majorité, lassés des attentes sur les quais, sur les autoroutes, des ordures qui s’entassent, des pneus qui brûlent, aspirent à un pouvoir autoritaire qui mettra fin aux désordres. Lorsque vient le temps des scrutins, les assemblées élues prennent une teinte bleue horizon.

Risquons une hypothèse : les organisateurs des différents coups de force sont animés par une vieille lune des courants marxistes : l’adversaire principal, c’est la social-démocratie, c’est le réformisme. Il vaut mieux Trump que Clinton, Sarkozy que Hollande. Quand la droite dure est au pouvoir, au moins, les choses sont claires, les révolutionnaires ne perdent plus leur temps à gouverner, ils dénoncent, ils protestent, ils manifestent. Quand la gauche est au pouvoir, elle perd son âme à équilibrer le budget de la sécurité sociale, à défendre la laïcité, à lutter contre les discriminations, à réformer le code du travail, à assurer une plus juste redistribution des richesses. Misérables mesurettes alors qu’il s’agit d’escalader le ciel.

Dans la situation actuelle, la gauche divisée ne peut retrouver le pouvoir. La gauche radicale n’obtiendra qu’un seul résultat : l’élimination de la gauche au second tour des présidentielles. Ces perspectives ne sont pas des dégâts collatéraux, elles sont au centre des impatiences révolutionnaires, qui n’en peuvent plus de combattre une gauche trahissant la révolution, une gauche gestionnaire.

Jean-Luc Mélenchon, Pierre Laurent, Philippe Martinez, Benoît Hamont, ne réussissent à se mettre d’accord sur rien. Qu’ils patientent. Demain, contre une droite qui détricotera les réformes du gouvernement socialiste,  ils défendront les réformes aujourd’hui dénoncées, au coude à coude, dans des manifestations monstres, « tous ensemble, tous ensemble », pour défendre le code du travail, le tiers payant, le RSA, le mariage pour tous…L’air sera frais et l’horizon lumineux.

 

mardi 7 juin 2016

les pieds dans le tapis


Les pieds dans un tapis sans carton

 

Comment savoir ce que l’avenir retiendra de nos années Hollande ? Le nez sur le guidon de l’actualité, nous avons du mal à nous projeter. Les maladresses répétées, les incohérences, le vide des explications nous irritent. Nous, militants de gauche réformiste et gouvernementale. Le parti socialiste n’est plus un parti. Ni un parti d’action, les actions se passent ailleurs, au gouvernement, dans les collectivités territoriales, dans la société. Ni un parti de formation. Les réunions sont désertées, les journées de réflexion annulées faute de candidats. Vous vous rendez compte, dans la situation actuelle, où chaque heure, chaque pas, provoque question et recherche de sens, les réunions de formation et de réflexion sont annulées faute de  militants.

Les raisons de ce passage à vide sont multiples, mais la première, la principale, est l’inadéquation entre nos aspirations et la politique menée. La gauche arrive au pouvoir régulièrement après des années d’opposition stériles, après avoir soufflé dans des ballons qui éclatent aux premières épreuves. Chaque fois les militants et les électeurs attendent une nouvelle poussée de fièvre, des années Front populaire, chaque fois les militants sont déçus.

Essayons d’évaluer la situation présente en fonction d’autres objectifs. Les différents avenirs portent des noms : Poutine, Trump, Maduro, Orban, Castro, le Pen, Sarkozy. Ou bien Corbyn, Renzi, Merkel, Obama. L’avenir porte des objectifs : le refus de la dictature des fonds de pension, le développement, la modernisation des systèmes de protection sociale, la digue contre la crue des populismes de droite et de gauche. L’avenir porte une issue politique : qu’émergent enfin deux camps, démocrates/républicains, conservateurs/travaillistes, universalistes/nationalistes, solidaires/égoïstes. Que ces deux camps soient débarrassés de leurs ailes extrêmes qui empêchent les alliances.

On peut pointer les maladresses, les inconséquences. Mais si l’on tente de se dégager de nos irritations, de nos ressentiments vis-à-vis de l’homme, de ses décisions ou de ses atermoiements, on se rendra compte peut-être que nos gouvernants ne s’en sortent pas trop mal.

Une détermination tranquille qui rend fou les impatients, mais décourage les extrêmes : le mariage pour tous, la réforme des rythmes scolaires, le tiers payant, la réforme du code du travail, le pacte de compétitivité, la déchéance de nationalité ont clivé la droite au sens large et permis d’esquisser d’autres rassemblements possibles. Le fossé entre la droite croupie, sarkozyste, porteuse d’eau des idées FN, et une droite républicaine s’est approfondi. Les réformes du code du travail divisent la gauche extrême, conduisent les vieilleries révolutionnaires à se saborder, à sacrifier leur avenir. Les œufs lancés, les chemises déchirées, les voies occupées, sont les derniers feux d’un radicalisme fatigué. Le syndicalisme de réforme et de proposition en sortira nécessairement renforcé.

Enfin, la lente disparition du PS et les clivages de la droite permettent d’envisager l’émergence d’une alliance entre gauche réformiste et centre droit rempart contre le populisme. 

Dire que toutes ces évolutions sont le résultat d’une stratégie pensée, de tactiques habiles, serait franchement exagéré. Nos gouvernants se prennent tous les jours les pieds dans un tapis dont le dessin nous échappe. Mais à l’arrivée, qui peut prévoir les nouvelles formes de notre vie politique ? Dans quel état était la tapisserie de Bayeux quand les fils étaient sur les bobines et les cartons dans les tiroirs ?  

nazisme et stalinisme


« Au bout du compte, si l’on considère les millions de morts des deux régimes, y-a-t-il vraiment une différence entre le « sale collabo des nazis » et celui qui, en Occident, fermant délibérément les yeux, a soutenu le régime soviétique » ?

 

Jacques Rossi, Qu’elle était belle cette utopie !, p. 230. Jacques Rossi a été enfermé plus de vingt ans dans le Goulag.

je ne voterai pas


« Je ne voterai ni Clinton ni Trump. Qui sait ce pays a peut-être besoin de quatre ans de Trump, quatre ans de chaos pour précipiter la révolution ». (un électeur démocrate, cité dans libé 7 juin 2016)

 

Ça ne vous rappelle rien ?

jeudi 2 juin 2016

vincennes


Vincennes, film de Virginie Linhart Arte, 1 juin 2016

 

Chacun sa vie, chacun son histoire et le film de Virginie Linhart ne correspond pas à la mienne, qui ai travaillé à l’Université de Vincennes (Paris VIII) de 1969 à 1997. Vingt-huit ans. Dont dix ans dans les bois. Le point de vue de la réalisatrice est clair dès les premières images. Il ne reste de Vincennes qu’une pelouse et quelques arbres. Vincennes est morte avec le déménagement à Saint-Denis. L’université de Saint-Denis qui porte le nom de « Vincennes à Saint-Denis » usurpe le premier nom. J’ai du mal à sauter de joie d’apprendre que pendant quinze ans, j’ai travaillé dans un château hanté.

Mais l’essentiel n’est pas là. Pour moi, la leçon de Vincennes est politique. Premièrement, quand on gouverne, il faut choisir. La coexistence de plusieurs objectifs irréconciliables a tué le rêve de Vincennes et le déménagement n’a été que l’acte final de cette descente aux abîmes.

Pour une partie d’entre nous (quand je dis nous, je dis les enseignants, le personnel, les étudiants), Vincennes a d’abord été une université ouverte aux salariés, où des adultes engagés dans la vie professionnelle, ayant arrêté leurs études, souhaitaient reprendre le cours d’une formation soit intellectuelle, soit politique soit professionnelle. Reprendre des études universitaires, c'est à dire dans un établissement où les enseignants étaient aussi des chercheurs.

Pour d’autres (et là je ne dis pas nous), Vincennes devait être un Collège de France populaire, sans préoccupation de formation, de diplôme, d’évaluation. Les grands noms de la pensée française et mondiale pouvaient disposer d’un public jeune et populaire, militants engagés, avides de sens.

Pour d’autres encore, (pas nous non plus), Vincennes était le terrain de pratiques révolutionnaires où pouvaient se construire des modes de gouvernement : l’autogestion, le pouvoir aux assemblées générales, un pouvoir partagé entre enseignants, personnel et étudiants.  Les différents courants gauchistes se sont affrontés dans ce domaine et ont joué avec l’université des jeux joyeux et mortifères comme si le monde extérieur n’existait pas.

Enfin, pour d’autres encore, (plus du tout nous), Vincennes était un lieu de tous les trafics, livres volés chez Maspéro, drogue, grillades, friperies, un marché aux puces ou les produits illicites coexistaient avec les produits licites dans le déploiement d’un commerce totalement illicite.

Le miracle est que tout ce monde ait coexisté pendant plusieurs années. Les enseignants et le personnel administratif, qu’ils enseignent, qu’ils administrent, ou qu’ils soient en grève, ont régulièrement été payés par un État dénoncé comme répressif, policier et fasciste. Des enseignants délivraient des diplômes sans contrôle à côté d’enseignants d’une grande exigence. Les étudiants apprenaient vite, jonglaient avec les exigences des uns et les vacances des autres. De grands noms étaient d’une farouche sévérité dans leurs jurys de thèse ou dans les concours de recrutement et se relâchaient dans les classes de Vincennes.

Les révolutionnaires organisaient des grèves (payées, naturellement, comment voulez-vous que des grèves durent des mois sans être payées par l’État fasciste) et ces grèves prolongées chassaient de l’université, massivement, les salariés étudiants qui n’en pouvaient plus de faire le chemin du soir ou du samedi pour se heurter à des assemblées générales répétitives. D’autres étudiants ayant terminé leurs études affrontaient le scepticisme ambiant sur la validité de leur diplôme.

Les tensions entre ces différentes conceptions ont été vives et permanentes. Chacun a appris dans ces affrontements, ces luttes, politiques, idéologiques, physiques parfois. Vincennes est devenue pour partie une université comme les autres, mais son histoire a partout laissé des traces.

Il n’y eut pas d’accord ni mouvement assez vigoureux pour faire de Vincennes un centre d’excellence pour ceux qui sont exclus des centres d’excellence. Mais ce fut une étape vers cet objectif toujours urgent.