mardi 30 août 2016

ils grignotent


Tout le monde grignote. Les catholiques achètent des bâtiments à Saint-Palais pour y installer une école intégriste où seront dénoncées les théories évolutionnistes. Les intégristes musulmans envoient des femmes en burkinis pour tester les réactions de la société française. Chevènement voit la disparition des Français dans le métro qui le mène à Saint-Denis et réintroduit la couleur dans la définition de la nationalité. Valls grignote en associant le sein nu de Marianne comme preuve de femme libérée. Marianne est présente sur les barricades, devant les manifestations, dans les mairies et les assemblées nationales, mais personne à part Valls n’a  jamais vu Marianne prendre des bains de mer sur les côtes françaises.  Sarkozy et Trump sont deux Grands Grignoteurs.

Chacun a sa façon veut provoquer, modifier une société tolérante, ouverte, à coups de scandales, d’expressions outrancières. Si on réagit, on donne de l’importance à leur grignotage. Si on ne réagit pas, on laisse le terrain occupé par les dérapages potentiellement dangereux.

Il faut leur disputer le terrain en permanence. La force des grignoteurs vient d’abord du silence de la raison.

visible et invisibles

Une pétition de « musulmans des lumières », favorables à la laïcité, demande leur représentation au sein du nouveau conseil prévu. Mais pour que les musulmans soient ainsi représentés, il faut qu’ils deviennent ou redeviennent visibles. Est-ce possible, est-ce souhaitable ? Je n’aime pas quand le CRIF parle au nom des « Juifs de France ». Il ne parle pas en mon nom, et je ne veux pas qu’une quelconque institution « juive » parle en mon nom. La plupart des musulmans que je connais ne veulent pas faire partie d’une communauté ni être représentés par un « conseil ». D’où la difficulté.

D'accord si je gagne


Mélenchon est favorable à des primaires à gauche à condition qu’elles lui soient favorables. Le regard fixé sur des pays où la démocratie est balbutiante, comme le Venezuela ou Cuba, il se méfie des élections incontrôlables.  

dimanche 28 août 2016

le voile


Remercions Dieu de vivre dans un pays où Dieu est possible mais pas obligatoire. Je suis certain que dans son infinie sagesse, Dieu souhaite être possible mais pas obligatoire. Des mouvements religieux veulent rendre Dieu obligatoire. Les intégristes chrétiens veulent rendre l’avortement illégal y compris pour les malcroyants. Les intégristes musulmans veulent imposer aux malcroyants des règles contraires aux lois de la république. Les intégristes juifs veulent empêcher les malcroyants de prendre le bus le samedi. Quand dans ma salle de cours j'ai découvert des étudiantes voilées, je les accueillais par le même discours. « Par votre voile, vous souhaitez me révéler votre engagement religieux. Puisque vous m’interpellez ainsi, permettez-moi à mon tour de rendre  mes convictions publiques. Les voici. Je me réjouis tous les jours de vivre dans un pays où le voile est possible mais pas obligatoire. Par votre coiffure, vous criez votre religion. Peut-être souhaitez-vous-même paraître rebelle. J’aime les rebelles. Votre esprit rebelle me plaît. Je suis certain que si vous allez vivre ou voyager dans un pays où le voile est obligatoire, votre esprit rebelle laissera le vent, la pluie et le soleil jouer avec votre chevelure".  

Puis je reprends mon cours sur Belfast où naguère les protestants cadenassaient les manèges le dimanche dans les parcs publics pour empêcher les petits catholiques de faire tourner les manèges.  

nos grands-mères


Lu dans Stefan Zweig, Le monde d’hier :

 

"On ne permettait pas même aux éléments, au soleil, à l’air et à l’eau de toucher la peau d’une femme. En pleine mer, elles avançaient péniblement dans de lourds costumes, couvertes du cou jusqu’aux talons… quand les premières femmes se risquèrent à bicyclette ou à monter à cheval sur une selle d’homme, les paysans leur jetaient des pierres… Les journaux de Vienne remplissaient leurs colonnes sur la nouveauté immorale qui voulaient que les ballerines dansassent sans bas de tricot. »

 

Ainsi chaque période s’enflamme sur les vêtements féminins. Ou trop ou pas assez. Les regards qui  se portent aujourd’hui sur le burkini sont teintés d’une mémoire gênante. Ces femmes qui se baignent habillées de la tête aux pieds sont nos grands-mères. Comment verbaliser nos grands-mères ?

mardi 23 août 2016

EPCI


Franchement, je ne suis pas inquiet. Au pays Basque, jamais je n’ai repéré la moindre allusion à mes origines sanguines. À mon ADN, à mon rhésus positif. À mon prépuce absent, à mon nom voyageur. Jamais. Si je fouillais plus profondément le sable des plages, je trouverais une certaine propension à placer parmi les peuples frères le peuple palestinien et jamais le peuple juif. Pourtant Israël est exactement l’ancêtre de l’EPCI. Des territoires sacrés interdits par les puissances impérialistes, des combats patriotiques pour tracer les frontières, et enfin la création d’un Établissement de Protection de la Communauté d’Israël. La Bible et l’archéologie en ont tracé les contours, la langue s’est ensuite ajoutée le long des frontières sacrées. Au pays Basque, la langue trace les frontières, en Israël, les frontières inventent la langue. La langue et la frontière, c’est comme l’œuf et la poule, on ne saura jamais. Donc, c’est pareil. Et pourtant, le peuple israélien n’est jamais invité aux rencontres entre peuples frères. C’est injuste.  

ne nous moquons pas de Trump, nous avons Sarkozy


Ne nous moquons pas de Trump, nous avons Sarkozy.

Le candidat à la candidature veut être aussi rigoureux que Robespierre. On ne recule pas. Il est entouré de voyous, de mis en examens, de profiteurs, de canailles voyeuristes, de caméras cachés, lui-même abuse de son pouvoir, mais il sera intransigeant et le moindre voile déployé sur un menu de substitution  le verra fondre tel un aigle vengeur sur la cantine de l’école maternelle. Il sera le Zorro de la laïcité, nos plages seront blanches, nos cuisines seront tricolores et tout le monde pourra exercer le métier d’imam à condition de ne pas être musulman.

Ne nous moquons pas de Trump, nous avons Sarkozy.

La terre de France brûlera sous les pieds des musulmans, s’ils ne sont pas arrêtés aux frontières, ils seront traqués partout. Ainsi la France deviendra ce que Daech désire : une terre où les musulmans ne pourront plus vivre. Ainsi il adviendra ce dont les intégristes rêvent, ce à quoi aspirent les djihadistes : un musulman ne pourra pas vivre dans un pays laïque, puisqu’un pays laïque n’aura pas de place pour un musulman. Ce que des tueurs de Dieu n’ont pas obtenu, ce que des camions fous n’ont pas obtenu, des discours de haine pourront l’obtenir.

Ne nous moquons pas de Trump, nous avons Sarkozy.

dimanche 21 août 2016

les choses se compliquent


Les choses se compliquent. Les patriotes récemment désarmés de Sortu, ou Bildu, ou Batasuna ou EHBaï, ou Batasuna, ceux qui publient le bulletin intégriste d’Ekaitza   soutiennent l’initiative des élus d’inviter Tarnos à rejoindre l’ACBA. Pour les partisans modérés de l’EPCI, Tarnos n’est pas à l’intérieur des frontières sacrées du pays Basque puisque les frontières sacrées n’incluent pas Tarnos, combien de fois faut-il le répéter ? Ils disent, les extrémistes qui pourtant soutiennent à fond l’EPCI que le pays Basque est « accueillant », et doit donc accueillir Tarnos, alors que les socialistes de la frontière, Colette Capdevielle et Sylviane Alaux et Frédérique Espagnac, alliées aux nationalistes modérés de Batasuna et de Batera, déclarent que l’intégration de Tarnos à l’EPCI est une opération dirigée contre l’EPCI, pour saborder les frontières sacrées. Elles sont donc plus intégristes que les intégristes, que les héritiers des martyrs de la frontière sacrée, qui  veulent intégrer Tarnos et donc remettre en question la sacralité des frontières.

L’arbre de la vie est plus vert que toutes les théories.

mardi 16 août 2016

faire le point


J’adore faire le point. Malmené par les tempêtes, entraîné par les courants, bousculé par les urgences, englouti dans les évidences, j’émerge, je me traîne jusqu’à la rive, trempé, vidé, essoré. J’accroche mes vêtements aux branches, ils sèchent au soleil, je porte ma bouteille d’eau à la bouche, la vide à moitié, je m’essuie les lèvres et je fais le point. Faire le point, c’est replacer la flèche de Google Maps dans son environnement universel. Mettre mon village sur la mappemonde. Chercher dans le musée de systèmes, la bibliothèque de mes souvenirs, chercher ce qui peut être compris par le facteur de Kiev, le rabbin de Lublin, l’universitaire de Queen’s, la journaliste de Casablanca, le médecin de Belgrade, le marin de Llandudno, le maraîcher d’Almeria, l’étudiant du Cap, le pharmacien de Pondichéry,   chercher ce qu’ils peuvent entendre sinon partager.

Parmi les idées qu’ils peuvent peut-être entendre, est qu’il vaut mieux pour toutes ces personnes de vivre dans une région du monde où une économie de marché est régulée et protégée par une démocratie parlementaire. Là où l’économie de marché n’est pas régulée par une démocratie parlementaire, le facteur, le rabbin, l’universitaire, la journaliste, le médecin, le marin, le maraîcher, l’étudiant et le pharmacien ont en commun de chercher un endroit où s’est développée une démocratie parlementaire. Là où a été anéantie l’économie de marché, les mêmes recherchent un endroit où elle s’est développée. Les richesses du Quatar ne se heurtent jamais à un état de droit et malheur aux étrangers démunis. Le Venezuela pense qu’on peut fonctionner sans démocratie parlementaire et l’économie s’écroule. Et Cuba. Et la Russie et a Chine qui cherchent un équilibre entre démocratie et marché et qui ne l’ont pas trouvé. Et tous ces pays émergents qui sont à la recherche éperdue d’une rencontre conflictuelle mais urgente entre économie de marché et démocratie parlementaire.

Je ne dis surtout pas que nous vivons au paradis, au contraire. Nous vivons dans des régions du monde où les conflits ne cessent jamais, avec des vainqueurs, des vaincus, des matches nuls, des catastrophes et des emballements heureux. Des endroits du monde où personne n’est jamais tranquille, où les malheurs individuels sont politisés, où les politiques sont individuelles. Des régions du monde où personne n’est jamais satisfait et cette insatisfaction nourrit les prophètes et les laboratoires pharmaceutiques.

Dans ces régions du monde où personne n’est content, ou le mécontentement est le trait central de l’identité politique, naissent régulièrement des prophètes de la simplicité. Chassez les étrangers, étranglez les banques, fermez les aéroports et tous vos problèmes seront résolus. Trump et Mélenchon mènent campagne ensemble et séparément contre les traités internationaux, contre toute tentative de réguler l’économie mondiale, contre tout ce qui introduit dans les relations internationales les régulations conflictuelles qui sont le propre des démocraties occidentales. à bas le FMI, à bas l’OMC, à bas tous les traités commerciaux, À bas l’Europe, disent Brian Johnson, Mélenchon, Marine le Pen, Trump, Farage, Erdogan. Retirons-nous à l’intérieur des murs, disent Trump, Le Pen, Mélenchon. Protégeons nos frontières sacrées, remplaçons les froides cartées d’identité par une analyse de sang.

Mes adversaires sont ainsi clairement désignés. Les champions de la régression sont mondialement connus. Mais chaque village a les siens. Ils ne veulent pas d’abris pour les migrants dans leurs murs. Ils veulent des structures administratives qui correspondent à des définitions ethniques, appellent « peuples frères » tous ceux qui luttent pour l’enfermement des Corses, des Basques, des Bretons. Ils portent d’autres noms que Trump, Le Pen, Farage, Erdogan, mais sont portés par les mêmes torrents de boue.

Bon. Ça va mieux. Mes vêtements ont séché. Je peux me rhabiller. J’ai fait le point.

vendredi 12 août 2016

droit du sol


Mes parents étaient des Juifs polonais qui ont fui leur pays en 1930. Ils étaient clandestins, sans papier, et ma naissance leur a permis de régulariser leur situation. Si j’ai bien lu la proposition de Nicolas Sarkozy, sur le droit du sol, je ne serais pas devenu français malgré ma naissance en France puisque mes parents étaient des clandestins.

Dans une vie longue et agitée, j’ai eu l’occasion de me faire quelques ennemis, qui souhaitent me voir le plus loin possible, ailleurs, hors frontières. Je le sais. L’occasion leur est offerte de m’éloigner. Qu’ils votent Nicolas Sarkozy aux élections présidentielles. S’il est élu, je perdrais ma nationalité française et je serai reconduit à la frontière.

mardi 9 août 2016

les humiliés


Bertrand Badie, spécialiste en géopolitique, (France Inter, 9 août 16) met sur le compte de l’humiliation les réactions nationalistes dans la Russie de Poutine et dans la Turquie de Erdogan. Parmi ces « humiliations » imposées par l’Occident, la chute de l’empire soviétique.

Je croyais que la chute des dictatures était une libération des peuples plutôt qu’une « humiliation ».  J’avais cru déceler en Allemagne de l’Est des manifestations d’enthousiasme à la chute du mur. Et bien non, ce fut une humiliation. Et les peuples humiliés se vengent se jetant dans les bras des dictateurs comme Poutine et Erdogan qui leur permettent de retrouver une certaine fierté. De même, pour d’autres intellectuels, le terrorisme islamiste est une revanche contre les humiliations du colonialisme et du néo-colonialisme.

D’ici, nous ne pouvons pas faire grand-chose contre les dérives dans des pays étrangers. Mais savez-vous que les étudiants, les intellectuels, les élites de ces pays nous lisent ? Ce ne serait pas trop mal, si on pouvait éviter de légitimer les pires dérives en les légitimant comme « revanches » de l’histoire ?

Et le Front national en France, c’est aussi la revanche des humiliés ?  Le succès de Trump, la revanche des humiliés ? Le Brexit, la revanche des humiliés ?

lundi 8 août 2016

homme bionique


L’homme bionique

 

Libération du 8 août 2016 annonce l’avènement de l’homme bionique, doté de facultés physiques et mentales surdimensionnées. Je crois d’autant plus à cette prophétie qu’à mon avis, elle est déjà réalisée. Personnellement, je suis un homme bionique.

Faisons le bilan. Quasi paralysé par un pincement de la moelle épinière, un chirurgien a dégagé la vertèbre L5/L6 et rendu ma mobilité. Les genoux douloureux ont été soignés par des infiltrations de marmelade cartilagineuse. Une hanche non moins douloureuse a été remplacée par une prothèse qui a supprimé la douleur et m’a permis de reprendre des promenades certes plus lentes, mais réellement existantes et pas désagréables, avec l’aide d’une canne à ressort et au bout caoutchouteux antidérapant. Je n’arrivais plus à lire et je n’arrivais plus à voir les images sur écran de cinéma, grâce à des lunettes, je peux lire, je peux aller au cinéma et au théâtre. Un estomac paresseux est stimulé par des poudres émollientes. Une prostate qui menaçait le pronostic vital a été rabotée. Je n’entendais plus les répliques des acteurs sur scène et je devais monter le son de la télé d’une manière incivile. Des appareils minuscules, coûteux, mais discrets, m’ont permis de retrouver un confort d’audition que j’avais depuis longtemps oublié.

Allons plus loin, dans les capacités mentales. Quand je rencontrais un mot inconnu, étranger ou national, je devais aller chercher le sens et la traduction dans des dictionnaires Robert ou Harraps dont le moindre volume pèse dans les trois ou quatre kilos. Ces efforts me seraient devenus impossibles. Heureusement, je dispose maintenant de traducteurs électroniques qui me donnent la réponse en effleurant une touche de clavier. Encore mieux, ma mémoire défaillante est relayée par la toile. Qui est l’auteur de quel titre ? Quel film montre un scorpion dévorée par des fourmis rouges ? À quelle date fut prise la Bastille ? Mieux encore, la toile vérifie l’orthographe, rétablit la grammaire, termine victorieusement des mots souvent utilisés, comme Belfast, que j’écris Belfast. Ou homme que j’écris homme. Ou Irlande du nord que j’écris Irlande du Nord. L’inconvénient, bien sûr, un inconvénient mineur, mais réel, c’est que je ne peux plus écrire les lettres b et t sans que s’inscrire Belfast sur l’écran, ou i, d, et n sans que se déroule Irlande du Nord.  

Résumons. Sans ces apports, je serais depuis longtemps ou mort, ou en fauteuil roulant, malvoyant, malentendant, malmarchant. Je faiserais de nombreuse fautes d’ortografe. Mes erreurs de noms ne serait pas corigé. Je sevrais un homme diffrent, certainement pas l’homme que j’essuis  actuellement. Donc j’essuis déjà un homme bionique.

 

vendredi 5 août 2016

qui décide


Qui décide ?

Dans la tourmente, rien ne semble plus important que la recherche de sens. Comment caractériser ceux qui nous veulent le plus de mal possible ? Des fous de Dieu, des soldats d’une croisade ?

Le Pape affirme que la religion est d’abord une déclaration de paix et qu’on ne peut pas mener une guerre au nom de Dieu. D’autres sont convaincus que les horreurs sont accomplies au nom d’une vision religieuse du monde, l’islamisme radical. Tous les musulmans ne sont pas coupables, mais ils sont un peu complices. Les textes sacrés sont porteurs de barbarie. Nous avons connu cette accusation, à l’égard des textes non moins sacrés des fondateurs du marxisme. Tout le goulag était dans Marx et Lénine. Il suffisait de lire le Manifeste pour commencer à devenir complice de Staline, Mao, Pol Pot.

Comment y voir un peu plus clair ? Les conflits que nous avons connus se sont généralement menés au nom de revendications sociales et nationales. Personne ne disait aux Algériens qu’ils croyaient lutter pour la libération nationale mais qu’en fait ils luttaient pour une société religieuse. Mais on ne se gênait pas pour voir clair à la place d’autres acteurs. Les protestants irlandais croyaient dénoncer les hérésies catholiques, mais en fait ils luttaient pour conserver leurs privilèges. Les catholiques irlandais croyaient lutter pour une église catholique, mais en fait ils luttaient pour le droit à la terre et à l’indépendance. Tout le monde décidait à leur place. Comme maintenant, on décide à la place des barbares. Ils croient se battre pour leur religion, pour leur Dieu, en fait ils se battent contre toutes les frustrations, tous les héritages du colonialisme, toutes les exploitations. Pour autre chose que ce qu’ils disent.

Et si on prenait simplement au sérieux ce qu’ils déclarent. S’ils considèrent qu’ils mènent une guerre religieuse contre un monde qui abandonne les leçons de leur prophète, qui sommes-nous pour leur dire qu’ils se trompent, qu’ils mènent un autre combat ?

Je peux comprendre la prudence ou les réserves des fidèles. Que des croyances partagées mènent à de telles barbaries portent un coup sévère à toutes les croyances religieuses. Qu’ils se rassurent : des croyances laïques ont mené à d’autres barbaries.

mercredi 3 août 2016

Strasbourg 2016


Strasbourg 2016


 

Le permis d'oublier permet d'oublier le permis. Il paraît qu'il est très important d'oublier. Mais comment peut-on oublier sans permis? Comment peut-on oublier son permis sans permis d'oublier?  Louer une voiture sans permis n'est pas permis. IL n'y a pas de double au permis. Pas d’ersatz. Elle tend une photocopie, un mail un fax. Vous ne pouvez oublier votre permis que si vous avez votre permis d'oublier. Sans permis d'oublier, vous ne pouvez pas oublier votre permis et si vous oublier votre permis sans permis, c'est tant pis pour vous. Vous n'aurez pas le permis de conduire. Vous savez ce que c'est un permis de conduire? Ça permet de conduire. Sans permis de conduire, vous ne pouvez pas conduire. Sans permis d'oublier, vous ne pouvez pas oublier. 

Il faut, nous dit l’agence de location de Strasbourg, que notre agence de Biarritz constate de visu la matérialité de votre permis de conduire et nous faxe, mail, courielle, transfère, cette constatation à l’agence de Strasbourg.  Savez-vous que de nombreux terroristes louent des voitures en nous présentant des permis de conduire photocopiés et depuis nous sommes très attentifs ensemble.

Heureusement, la fille d’elle trouve le permis, le porte à l’agence de la gare qui est fermée, le reporte à l’agence de l’aéroport, qui est ouvert, qui faxe à Strasbourg la constatation. Pendant ces opérations, elle et moi déjeunons à l’aéroport de Strasbourg d’une paire de saucisses éponymes, déjà la nostalgie. Le temps de commander, de préparer, d’ingérer, de boire un café et de dire à quel point les saucisses frites font partie de ma jeunesse étudiante désargentée, saucisses frites après frites, saucisses de Strasbourg, ont construit mon avenir, ce temps passé, nous revenons au comptoir où l’employée nous tend le permis, les clés, les instructions, les assurances, les compléments pour essence ou diesel, les compléments pour GPS. L’adresse de la voiture, les recommandations qui prennent une dizaine de pages et nous n’allons pas passer nos vacances à lire des modes d’emploi et des recommandations et les assurances dont seuls les paragraphes en tout petit disent l’essentiel, que de toute manière, ce n’est pas bon pour vous. La belle histoire. Le voilà votre permis, votre clé, vos instructions, vos assurances. La voiture avec GPS. 

Si le GPS vous dit de tourner à droite, et qu'à droite la rue est piétonne, alors inlassablement, le GPS vous faite tourner en rond jusqu'à ce qu'un être humain vous montre que vous pouvez emprunter la rue piétonne sur une centaine de mètres et ça vous permet d'arriver à l'hôtel. Mais il faut encore trouver une machine à payer le garage. Vingt-huit euros le quart d'heure, je comprends pourquoi les cyclistes nous dépassent en se marrant. La première machine ne fonctionne pas et une autre machine avale de quoi nourrir une famille du Rwanda pendant six mois.

L'hôtel nous a réservé une chambre de bonne au quinzième étage sans ascenseur un escalier de service qui tournicote et au troisième étage, je dis non, je ne prends pas la chambre, trouvez-moi une chambre avec ascenseur, un lit matrimonial une douche. Fouettés par ma véhémence, ils trouvent.

L'hôtel a un parking rue du Jeu des Enfants. Avec un ticket de l'hôtel on a une réduction qui permet d'inscrire l'aîné à un semestre de l'université de Columbia. Le prix du parking, au quatrième étage, avec un haut-parleur qui diffuse la 9éme de Beethoven en grésillant, permet de passer trois nuits à l'hôtel du Palais, mais avec la réduction, on pourra envoyer les quatre petits enfants au ski à Courchevel.

En attendant la chambre, nous posons l'estomac sur un fauteuil et lisons le menu. Dans le menu, se trouvent bien évidemment des saucisses de Strasbourg. Chez Roger la Frite, Boulevard Saint-Germain, les saucisses de Strasbourg frites étaient le plat le moins cher. Ici c'est la même chose. Je commande le plat que me commande la nostalgie. Saucisses de Strasbourg avec les potes étudiants. Saucisse de Strasbourg le vendredi soir avant de prendre le train pour Saint-Quentin et retrouver les potes du samedi.  Nostalgie encore le soir quand je commande des galettes de pomme de terre râpées, croustillantes, qu'on appelait chez moi latkes, et ici des rösties, avec du jambon fumé et du fromage blanc. 

J'oubliais le principal : la Cathédrale de Strasbourg, qui permet d'oublier tous nos soucis de voyage. Les touristes se prennent en photo devant la façade, japonais, chinois, néerlandais. Une jeune femme fardée, jupe écourtée, yeux énamourés séduit un cadre EDF qui vient de divorcer et hésité à repiquer, mais on sent qu'il est attiré par la dame. Nous sommes face à la cathédrale, devant un demi de bière et un demi panaché parce que Madame n'a pas voulu commander une Radler, elle en mourait d'envie, mais elle dit que Radler c'est allemand et on ne commande pas une Radler en France. Nous admirons les sculptures de la Cathédrale, la jeune dame tourne le dos aux sculptures et admire le visage du cadre EDF. Nous pénétrons dans la cathédrale dont vous pouvez admirer les photos sur la toile, vous aurez une idée de notre émerveillement. Avec l’état d’urgence, dès le mois d’août, l’entrée se fera par une seule porte et les touristes tourneront en rond, dans un seul sens, les sacs à dos seront interdits. Retour à pied. Les jeunes avec chien et anneaux dans le nez s'installent place Kléber, avec les bouteilles pleines. La police municipale barre l'accès à la cathédrale avec deux voitures en angle, les terroristes peuvent aller se brosser.

La Petite France, d'après la bande sonore du petit train qui démarre de la cathédrale pour faire le tour de la ville est un quartier qui tient son nom de la syphilis apportée par des soldats français en garnison. La maladie s'appelait la petite française. La Petite France est le quartier touristique de Strasbourg et le chauffeur du petit train nous conseille d’éviter les restaurants de la Petite France, tout est industriel, dit-il. Effectivement, nous confirmons. La bande sonore, indique aux passagers, en dix-huit langues, la maison où Rouget de l'Isle à composé la chanson d'un régiment que Kléber a ensuite transporté à Marseille. Cette chanson un peu vieillotte a retrouvé une nouvelle vie depuis que le sang impur des terroristes et le sang pur de leurs victimes coulent dans nos sillons. Kleber a une place ainsi que Gutenberg. Il fallut quatre cents ans pour construire la cathédrale et encore maintenant, elle est en travaux. Les portes n'ouvrent qu'à treize heures trente et la foule s’engouffre par bandes organisées ou en famille, tais-toi, c'est une église, on ne fait pas de bruit dans une église et encore moins dans une cathédrale. Ou par individu. Certains prient. Des femmes voilées accompagnent leur mari. À partir du 1 août, les touristes devront tourner dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.

Strasbourg  a accueilli les églises persécutées et le nombre de temples réformés est impressionnant, ainsi que les séminaires, les écoles, les formations, les écoles du dimanche. Sans compter l’École Nationale d’Administration, (ENA), qui s’est exilée à Strasbourg parce que tous les responsables politiques dénonçaient les élites qui sortaient de cette école et du coup,  les élites insultées, persécutées, furent bannies et contraintes d’aller étudier à Strasbourg.  Dans les Dernières Nouvelles d’Alsace, une page complète renseigne sur les lieux et les horaires des différents cultes:  catholiques, catholiques traditionnels, Mgr Lefebvre, protestants , anglicans, évangélistes, juifs, musulmans et les visites de l’ENA. Les adresses, les heures des services, toute une page complète. Dans les rues, beaucoup  de femmes voilées, et même une fois, une burqa, un hijab.  Les hommes  ont un estomac proéminent et les femmes  sont voilées. Les musulmans en goguette n'ont pas l'air inquiet et les touristes, à part moi, ne les regardent même pas. La braderie de Strasbourg sera maintenue, les fêtes de Bayonne seront maintenues, la braderie de Lille sera maintenue. Toutes les braderies seront maintenues et la rentrée des classes se fera à la date prévue.

Le GPS continue de nous faire tourner en bourrique, dès que le centre-ville est réservé aux piétons, à Ribeauvillé par exemple.  Le mont saint-Odile est un ancien couvent ou désormais le nombre de restaurants est supérieur aux nombre de résidentes. Les bonnes sœurs au nombre de quatre reçoivent des pèlerins, des collègues bonnes sœurs du monde entier, Inde, Afrique, Ukraine, partout où il y a des guerres et de la misère. Comme il y a moins de guerre et de misère en Alsace, le nombre de bonnes sœurs au mont saint Odile, d'où la vue est superbe, est réduit à quatre. Il y a des chapelles, des toilettes payantes, un buffet est dressé pour recevoir des bonnes sœurs indiennes qui boivent du vin. Des cartes gravées montrent les lieux qui le méritent. L’endroit où un avion s’est crashé n’est pas indiqué sur ces cartes et les touristes voudraient savoir et demandent, à moi. Je réponds que je ne suis pas d’ici et qu’ils s’adressent à la Mère supérieure car leur ordre est familier des catastrophes.

Puis la route du mont saint Odile rejoint l'autoroute à cause du GPS et nous amène à Ribeauvillé où nous avons du mal à nous garer, car d’après la boulangère, le boucher de la Grand Rue n'aime pas qu'une voiture stationne en permanence devant sa vitrine. Dans la ville nous nous laissons guider par les flèches urbaines. Des pancartes pointent les lieux à visiter, les hôtels, les « quartiers pittoresques ». Comment résister à une telle invitation ? Seuls ou en groupe, nous obéissons. Nous ne sommes pas déçus. Des toits colorés, des maisons anciennes avec poutres apparentes, des encorbellements et des cours intérieures. Les familles se promènent, parfois avec un parapluie. Le soir à nouveau des galettes râpées me rappellent les latkes. Le commissaire Maigret reconnaît le coupable parmi une poignée de suspects. Le vin rouge à été remplacé par du sylvaner que Brigitte semble apprécier. Puisqu'elle en recommande un pichet, mais quelle importance, nous rentrons à pied. Par la Grande Rue, devant la vitrine de la boucherie que nous avons libérée. 

En route pour le Haut Koenigsbourg.  Un paysage à couper le souffle. Le haut Koenigsbourg est un château fort en haut d'une montagne qui a tour à tour appartenu aux Germains, aux Francs, aux Suédois. En 1870 après la défaite, l'Alsace devint allemande et la ville de Selestat, un peu fayote, fit cadeau du château à l'empereur Guillaume II. Qui le fit refaire par un architecte entiché du Moyen Age. Mais ce fut malgré tout Guillaume II qui décida et le résultat est une restauration selon l'idée que se faisait l'empereur du Moyen Age. Les restaurations indiquent les goûts contemporains et sont rarement authentiques. Les cavernes troglodytes, peut-être...

La restauration se fit au début du 20ème et le château du Haut Koenigsbourg fut le symbole de la puissance affirmée de l'Allemagne. Des scènes du film de Renoir, la Grande illusion, y furent tournéees, avec Éric Von Stroheim. Après la défaite allemande et la victoire des Alliés de 1945, le château redevint français et c'est un des monuments les plus visités du pays. Pour faire face à cet afflux de touristes allemands, belges, Ukrainiens, italiens, français, on redessina la route d'accès pour que les voitures puissent se garer avant l'entrée. Le parking se déroule ainsi pendant deux ou trois kilomètres avant la première muraille. Il faut marcher donc entre un ou deux kilomètres selon la saison. En hiver, on marche moins, mais la route est glissante et souvent enneigée. Après ces quelques kilomètres de montée, il faut payer l'entrée et en tout, il y a trois cents marchés qui relient les casemates, les mâchicoulis, les chemins de route, les cuisines et les latrines. Au moins une heure de marche dans des escaliers glissants à force d'avoir été usées par les soldats suédois, et les touristes italiens. Des marches hautes, des colimaçons. 

Que faisaient les seigneurs lestés de nombreux péchés qui voulaient se faire pardonner avant le grand saut? Le pélerinage de Saint Jacques. Ils voulaient se faire pardonner, laver de tout péché après une longue vie de pillage et de stupre. Incapables de se déplacer. Comme ils en avaient les moyens à force d'avoir pillé les autres châteaux, ils payaient un serviteur pour faire le chemin à leur place, il paraît que ça marchait du feu de dieu. Avec l'augmentation du niveau de vie depuis le moyen âge, le nombre de pécheurs qui peuvent se permettre le pélerinage à Saint-Jacques par procuration a été multiplié, et depuis les trente glorieuses, le chemin de Compostelle est envahi par des demi-soldes, des retraités catégorie D, des chômeurs longue durée ou des étudiants qui se font de l'argent de poche pendant les congés. Pendant que leur mandant se prélasse au soleil ou fait la sieste sur un bateau-mouche sur la Seine. C'est en pensant à cette solution que j'ai demandé à une aimable autochtone de grimper le Haut Koenigsbourg à ma place, les kilomètres de route, les trois cents marchés difficiles, les machicoulis, les colimaçons. Elle a volontiers accepté ma proposition en échange d'une promesse d'apéritif à Selestat. Elle a pris de nombreuses photos, m'a expliqué tout ce qu'il fallait retenir de cette visite pendant l'apéro, du riesling de la région.  Pendant qu’elle montait les marches, je restais assis devant la boutique de souvenirs dont les parents sortaient avec des armures, des épées, des haumes. Selestat est parsemé de cathédrales, d’une bibliothèque humaniste et de maisons décorées. Retour à Ribeauvillé où nous attendaient des spratzle au munster. 

Riquewihr est un village musée. Des maisons décorées. De Riquewihr à Colmar, le GPS nous emporte et nous dépose devant Mercure. D'abord se débarrasser du retable de Grunwald, l’un des hauts lieux de notre voyage avec le Haut Koenigsbourg et la cathédrale de Strasbourg. Le musée Unterlinden nous tend les bras, nous vend des billets réduits pour cause de pension et nous enfilons des oreillettes pour écouter les explications du chemin de croix, Marie, Marie Madeleine, toutes ces mamans souffrantes qui reçoivent l'ordre de procréer sans plaisir, dans la douleur. 

Il faut vite se débarrasser du retable de Grunwald comme à Paris le touriste doit vite se débarrasser du Louvres et de la Tour Eiffel. Comme il faut se débarrasser de la Cathédrale de Strasbourg, de la statue d’Adam Smith à Édinbourg. Comme il faut se débarrasser de Bartholdi à Colmar, celui qui a sculpté la state de la liberté à New York. Il est partout à Colmar, il a sculpté tous les généraux napoléoniens, Kleber, Rapp. Un musée, des rues des lycées, des restaurants portent son nom. Il faut aussi se débarrasser de la Petite France à Strasbourg, à cause de la syphilis. Se débarrasser de la Petite Venise à Colmar à cause des cours d’eau. Les touristes dans des petits trains, dans des barques à moteur sillonnent la Petite Venise et la Petite France pour s’en débarrasser le plus vite possible.

Les lieux dont il faut se débarrasser sont clairement définis. Ce sont les lieux qui provoqueront des exclamations réprobatrices et condamnatrices si vous dites au retour que vous ne les avez pas visités. Comment, tu n’as pas vu le retable, la petite France, la cathédrale. On vous regardera avec mépris. Il faut absolument commencer par ces lieux pour être tranquilles, comme on fait ses devoirs de vacances début juillet pour profiter ensuite tranquillement des plages.

Le retour s'annonce. Les questions  politiques reprennent leur place. Bien sûr, on visite le musée d'art moderne de Strasbourg, bien sûr on regarde les menus des restaurants, mais le cœur n’y est plus. Nous écoutons les informations, nous regardons les titres des journaux, le curé égorgé de Saint Etienne de Rouvray avait trois ans de plus que moi. Des familles dont le père est barbu et la femme voilée se promènent tranquillement et si elles sont inquiètes, ne le montrent pas. Une voiture de police parcourt la rue piétonne.

Je passe un groupe, deux familles ou une seule, avec deux femmes en noir total. Le corps et le visage noircis. Deux cercueils féminins où le menuisier a taillé une fente pour les yeux. J'ai envie de leur dire ce que je pense, ce que j'ai dit il n'y a pas longtemps à un prêtre à Biarritz  qui portait une soutane boutonnée du cou aux semelles de chaussures épaisses: vous portez un costume qui vous isole de la société où vous vivez. Je ne leur ai rien dit alors que j'ai parlé au curé intégriste de l'évêque de Bayonne. Je leur aurai dit qu'elles s'isolaient de la société où elles vivent, que je leur souhaite la bienvenue, mais que je me sentais agressé par cette volonté de s'isoler comme si la société que nous partagions était diabolique. Je ne leur ai rien dit. Il faut rentrer.

lundi 1 août 2016

daesh et ETA


Daech et l’ETA

 

Dans plusieurs contributions à la réflexion sur les attentats en France, l’idée se faufile que les terroristes se réclamant de l’Islam ne réfléchissent pas, n’ont pas lu le Coran, n’ont pas fait d’étude, en somme qu’ils sont faibles d’esprit. Des psychopathes, sans métier, sans avenir, sans présent. Des névrosés, frustrés, nihilistes. Ainsi se prolonge par touches légères le racisme qui affirme la supériorité occidentale dans tous les domaines. Les terroristes occidentaux, les républicains irlandais, les etarras basques, la bande à Bonnot, les anarchistes, la Fraction armée rouge… sont supposés intelligents, ils fondaient leur action sur une expérience sociale, une théorie révolutionnaire, une réflexion politique. Des aristocrates du terrorisme, des poètes de l’action armée, que tout distingue du lumpen de la terreur.   

Ne pourrait-on pas nuancer une telle hiérarchie ? Que dans des sociétés démocratiques où tous les moyens d’action politique existent : suffrage universel, droit de manifester, liberté d’opinion, des groupes se réunissent et décident que ces droits n’ont aucune validité, qu’il faut contourner les processus de décision démocratique par des raccourcis meurtriers, et imaginer qu’une telle stratégie puisse obtenir des succès témoigne pour le moins d’un manque d’intelligence assez remarquable. Les combattants républicains et basques étaient persuadés qu’ils pouvaient par la terreur changer les opinions majoritaires, forcer les protestants d’Irlande à intégrer une Irlande réunifiée, et ainsi construire une nouvelle Irlande socialiste et indépendante. Ils imaginaient l’avenir comme celui du Vietnam, les derniers hélicoptères britanniques s’envolant de Belfast avec les derniers soldats anglais. Que les etarras basques aient pu imaginer obtenir la réunification du pays Basque, sa transformation en pays indépendant et socialiste, en posant des bombes et en terrorisant les quartiers semble aujourd’hui une monstrueuse bêtise.

Là où ces groupes exerçaient un pouvoir sur leur communauté, ils n’étaient pas loin non plus d’ineptes comportements. Les islamistes veulent imposer la charia. À Belfast, les femmes de prisonniers étaient étroitement surveillées et la tonte punissait les infidélités. Les jeunes délinquants étaient châties d’une balle dans le genou (knee-capping), ainsi que les vendeurs et les consommateurs de drogues.

L’ensemble de ces activités ne témoigne pas d’une grande intelligence politique et théorique. Elle se rapproche du comportement des djihadistes dont l’obstination sans faille, le front têtu et la barbarie remplacent réflexion et discussion.

Concluons. De deux choses l’une : ou bien nos terroristes occidentaux partageaient avec les djihadistes une profonde débilité d’esprit, ou les djihadistes sont tout aussi théoriciens et penseurs politiques que leur prédécesseurs blancs et chrétiens.

À  vous de choisir.