Cette année,
la maladie infantile de la gauche a frappé avec plusieurs semaines d’avance. Pour
vous protégez de cette épidémie, quelques gestes simples sont recommandés. Faites
le bilan des résultats obtenus par la gauche gouvernementale dans les pays où
elle a gouverné. Ne confondez pas les enthousiasmes de militants rêveurs avec les
réflexions des constructeurs d’une gauche nouvelle. Jetez dans une poubelle
fermée les solutions archaïques qui ont
ruiné les peuples et démoralisé les bonnes volontés.
après avoir donné de mauvais exemples, voici venir l'âge des bons conseils.
lundi 30 janvier 2017
dimanche 29 janvier 2017
primaires
Dans la Mutualité, un public jeune et enthousiaste
salue la victoire de Benoît Hamon. Ils dansent sur un air dont le
téléspectateur n’entend pas les paroles. Je les devine :
On
ne va plus gouverner, ohé ohé !
C’est
trop difficile, c’est trop compliqué
C’est
plus commode de manifester, ohé ohé,
Plus
commode de protester, plus facile de dénoncer, ohé ohé.
Le PS entre en hibernation. Le résultat
aurait pu être prévu dès le retrait de François Hollande qui donnait raison à
toutes les frondes. Il s’est retiré sans combattre après avoir gouverné sans
convaincre.
Le rassemblement de la gauche pour gouverner est
impossible. Il n’est pas souhaitable. Placez tous les candidats de gauche sur
le perron de l’Élysée, pour la photo du gouvernement, vous obtenez un mélange
de sucre et de sel, qui ne peut ni saler ni sucrer. Ce serait tous les jours
Notre-Dame des Landes et déchéance de nationalité. Pour qu’ils travaillent tous
ensemble, il faudrait au moins une guerre mondiale qui ressoude les énergies,
mais qui souhaite la guerre ?
Et maintenant ? Faites la liste de
tous les candidats aux présidentielles. Posez-vous la seule question qui vaille.
Lequel d’entre eux peut empêcher le succès de notre Trump national ? Lequel
d’entre eux peut éviter un second tour entre la fille de Jean-Marie et l’époux
de Pénélope ?
désaveu
La représentante de Mélenchon le soir des primaires se
réjouit : la politique du gouvernement Valls a été désavouée.
Mélenchon est battu partout où il se présente, mais ses
défaites ne veulent pas dire que sa politique est désavouée.
La différence est simple : Mélenchon ne se présente pas
pour gagner, pas pour gouverner, mais pour protester, pour être le tribun en
chef des différentes colères.
S’il ne se présente pas pour gagner, évidemment, il ne peut
jamais perdre.
diffamation
Mon intervention au
colloque de Rabat, mercredi 25 janvier 2017
Diffamation
« La diffamation est une fausse accusation qui porte
atteinte à l'honneur et à la considération d'une personne »
Je suggère une autre définition : La
diffamation est l’assassinat d’une personne par tous les moyens, sauf
l’élimination physique. Qu’elle soit vraie ou fausse importe peu. L’essentiel
est l’objectif.
La politique dans une société démocratique est
l’utilisation de tous les moyens pour résoudre les conflits, sauf la lutte
armée. C’est un immense progrès par rapport aux guerres civiles. En ce sens, la
diffamation est un progrès considérable des relations entre les humains.
Nous connaissons tous les sociétés anciennes ou
modernes où les confits de pouvoir étaient résolus par l’élimination brutale
des adversaires ou tout simplement des gêneurs. Quand Henri VIII voulait
divorcer, il faisait guillotiner son épouse. Une lettre de cachet permettait à
Louis XIV de supprimer un seigneur trop puissant. Dans les temps plus proches, il n’y avait pas
de campagne organisée de rumeurs, de mensonges, de calomnies, contre les
adversaires, dans les régimes nazis ou les dictatures communistes. Il n’y avait
pas de campagne de diffamation sous Pinochet, sous Pol Pot, sous Kim il Sung. Plus
nous nous rapprochons des temps modernes, plus la diffamation prend la place de
l’élimination physique.
Si on retient la définition de la diffamation comme
l’assassinat d’une personne par tous les moyens, sauf l’élimination physique,
alors la diffamation est la poursuite de la guerre par d’autres moyens. Un
progrès par rapport à l’élimination physique, mais il faut la prendre au
sérieux. Surtout si elle est diffamation d’état, elle est une grave atteinte à
la vie démocratique. En démocratie, la politique consiste à régler les conflits
par d’autres moyens que l’élimination de l’adversaire. La démocratie politique
considère que l’adversaire fait partie de la solution des conflits. Une société
démocratique est en paix quand règnent dialogue et compromis. Les moyens qui
visent à l’élimination de l’adversaire sont des signes d’affaiblissement de la
vie démocratique.
Ces diffamations existent, elles sont parfois punies
par la loi, généralement réprouvées et condamnées. Dans d’autres sociétés,
elles sont un mode de gouvernement. Ce sont des sociétés où le pouvoir
politique revendique un adjectif, ethnique ou religieux ou partisan. Car cet
adjectif, protestant, catholique, socialiste ou musulman, exclut de la société
ceux qui ne s’y conforment pas. L’Irlande était un état catholique, et cette
qualification chassait de la citoyenneté ceux qui n’étaient pas catholiques. La
Grande-Bretagne était un état protestant et jusqu’à la mi-19ème
siècle, les catholiques n’avaient pas le droit de vote et de représentation.
Cuba ou l’Union soviétique se définissaient comme socialistes ou soviétiques et
qui ne se conforme pas pouvait être déchu de sa nationalité. La
disqualification de l’adversaire passe par l’accusation de traîtrise, de
passage à l’ennemi, d’être un étranger ou un agent de l’étranger.
Permettez-moi deux exemples tirés de l’’histoire
irlandaise :
L’affaire Parnell est exemplaire. Parnell était un
propriétaire protestant qui prit la tête du parti Irlandais et du mouvement
pour l’autonomie. À ce titre, considéré comme un traître par les
Anglo-protestants, par les Tories. Une haine féroce à l’égard d’un protestant
« ami des catholiques ». Comme on appelait aux États-Unis les
militants des droits civiques des « nigger lovers ».
On tenta une première fois de détruire Parnell par
une accusation montée de toutes pièces. Il fut une première fois emprisonné
pour une prétendue complicité avec les violences agraires par son soutien aux campagnes de boycott.
Grâce à un faux témoignage, on l’accusa
d’être impliqué dans un attentat terroriste. Chaque fois, il se releva plus
puissant. Il fut finalement terrassé par un scandale privé : la mise en
évidence d’une liaison avec Kitty O’Shea, l’épouse de l’un de ses seconds.
Cette liaison était notoire et ne provoquait pas de scandale particulier. Mais
lorsque l’époux de Kitty engagea une procédure de divorce, la liaison ne devint
pas seulement notoire, elle devint officielle. L’Angleterre victorienne
intervint aussi : comment le gouvernement britannique pouvait-il négocier
avec un divorcé ? L’église catholique intervint alors de tout son
poids : comment un parti irlandais pouvait-il être dirigé par un tel
homme ? Le Parti parlementaire irlandais se divisa, Parnell fut mis en
minorité, battu aux élections suivantes et pratiquement exclu de la vie
publique.
La grande grève et lock out de Dublin 1913 est un autre
exemple éloquent. Le sujet de la grève : le droit de se syndiquer. D’un
côté James Connolly, leader charismatique, de l’autre William Murphy, propriétaire
de la compagnie des tramways. Pendant des semaines, Dublin fut pratiquement
paralysé. À l’époque, l’Irlande faisait partie du Royaume-Uni et le conflit
considéré par le mouvement ouvrier britannique comme un conflit national.
Grande campagne de solidarité en Grande-Bretagne. On accusait Connolly d’être
porteur d’idées étrangères à la tradition irlandaise, des idées socialistes. On
accusait le mouvement syndical d’être soutenu par des étrangers, des West
Britons, des intellectuels cosmopolites. Ces campagnes eurent une portée
limitée. Le coup de grâce vint d’un événement apparemment mineur. Des familles
anglaises proposèrent, à titre de solidarité, d’héberger des enfants dublinois.
L’église catholique qui jusque-là s’était peu engagée, se déchaîna. Ces enfants
qu’on allait emmener en Angleterre étaient des enfants kidnappés par les
protestants britanniques, ils allaient être endoctrinés dans une nouvelle
église, c’était l’équivalent des massacres de catholiques par les armées de
Cromwell. On imagine mal la violence de la campagne. Des manifestants se
pressaient sur les quais du port de Dublin pour empêcher physiquement les
enfants d’embarquer vers la perfide Albion protestante. Le mouvement fut frappé
à mort par cette campagne et la grève cessa sans avoir obtenu ses objectifs.
Lorsqu’il y a fusion entre nationalisme et religion,
l’abandon de la religion n’est pas seulement apostasie, mais aussi trahison de
la patrie. Qu’est-ce qui témoigne le plus de l’abandon de la religion
nationale ? Les mœurs, la sexualité. Dans les deux affaires célèbres que j’ai rappelées, ce qui était en
jeu était la famille (les enfants de grévistes », et encore la famille,
avec l’adultère. C’est un domaine où la famille est en jeu. La famille qui est
la base de la société, le modèle suprême : le chef de famille, c’est le
souverain, l’épouse, assure l’intendance et les enfants sont le peuple qui
obéit. L’atteinte au modèle familial est considérée comme un coup mortel à la
société toute entière. Le droit de vote accordé aux femmes, le divorce, la
contraception, l’homosexualité ont de tout temps été combattus pour défendre le
modèle familial qui est la cellule de base.
Ces accusations passent par les mœurs, la sexualité.
Le féminisme était protestant en Irlande. Le divorce est anglais. Les grandes
affaires d’état de l’Irlande contemporaine : le divorce, la
contraception, l’IVG. Chaque fois des referendums,
des débats houleux, des accusations : ces réformes allaient atteindre
l’âme du pays, les réformes qui donnaient des droits supplémentaires aux femmes
faisaient partie de l’antique complot impérialiste britannique pour asservir
l’Irlande. Pour l’angliciser.
Le dernier débat en date : les affaires de
pédophilie du clergé irlandais. Pendant longtemps, ces « affaires »
étaient réglées en interne. Le passage d’une Irlande cléricale à une Irlande
laïque est tout récent : 2011 : le Premier ministre Enda Kenny :
l’église catholique doit accepter que les lois qui la gouvernent ne sont pas
les mêmes que les lois qui régissent la société.
Les campagnes de diffamation sont des indicateurs précieux
de l’identité souhaitée de la société où ces campagnes se mènent. Dans les
exemples irlandais : les campagnes de diffamation indiquaient la forte
revendication de fusion entre église et état. Catholique, et protestant. Dire
de Poutine qu’il a été officier du KGB n’est pas une diffamation en Russie.
Dire d’une personne qu’elle a collaboré avec la Stasi, police secrète de la RDA
est considérée comme une grave diffamation en RFA et empêcher de faire carrière
politique.
Quand Barak Obama était accusé de ne pas être un
véritable américain parce qu’il avait des ancêtres et de la famille en Afrique
noire, quand on lui demandait avec insistance de montrer son certificat de
naissance, cette campagne de diffamation se rattachait directement au racisme
historique à l’égard des noirs nord-américains qui ont peiné à se faire
reconnaître comme des citoyens des États-Unis. De même, l’odieuse campagne
contre Christiane Taubira déguisée en guenon dans les réseaux sociaux se
rattache directement aux systèmes d’exclusion raciale dans les colonies
françaises.
Dis-moi comment tu diffames, je te dirai qui tu es.
rabat
Rabat
Dans le train Biarritz
Montparnasse personne ne prie. Dans l'avion Paris Rabat, ma voisine de gauche
passe les deux heures et demi voyage à prier, les mains grande ouvertes sur la
tablette. Avant de s'embarquer, il faut faire la queue devant l'enregistrement
des bagages, puis les différents sas de sécurité devant des agents à qui j'ai
appris à dire désormais que ma prothèse de la hanche déclenché les stridulences
des portiques. Grâce à ma canne, je survole les files de voyageur.
Dans l'avion, le
journal le Matin donne des nouvelles
du Royaume. Journal officiel illisible Comment remplir trente pages pleines de
rien.
Par France 24, nous
apprenons ce que nous savions déjà, Benoît Hamon en tête au premier tour et le
ralliement de Martine Aubry au chef des jeunes socialistes. Je vais voter
Manuel Valls au second tour.
Maroc Une situation
complexe. Ce ne sont plus les années de plomb, mais une surveillance permanente
ouverte, sans vergogne. Des téléphones, sans doute, mais aussi de la vie
privée, un contrôle de la presse et des grands moyens d'information. Le
colloque sur la diffamation a eu lieu sans interdit, personne ne va en rendre
compte. Le jour du colloque, à Rabat, mercredi 25 janvier, un autre colloque a
été organisé à Casablanca, sur le même sujet. Un ‘contre-colloque » sans
doute. Une conférence d'un responsable des droits de la presse, un officiel,
devant des journalistes de la presse francophone, sur le même thème, la déontologie
des journalistes, la censure, etc. Deux pages dans la presse quotidienne du
jeudi et vendredi suivant, rien sur le colloque de Rabat.
Rien sur le procès en
cours. Sept intellectuels, militants, journalistes, poursuivis pour des motifs
divers surtout pour avoir reçu de l'argent de l'étranger, une accusation
familière dans les systèmes non démocratiques, comme dans la Russie de Poutine.
Le procès a déjà été reporté six fois. Ce sera une septième fois. Semble-t-il
pour non envoi de convocations. Il ne s'agit pas de condamner encore que les
séjours en prison et les tabassages ne soient pas absents des témoignages, mais
surtout de faire planer la peur. Une crainte permanente, pas les années de
plomb, mais les années crainte. Le lendemain du colloque, nous sommes allés
visiter des ruines romaines. Deux hommes en imperméable nous observaient. Nous
avons quitté les ruines pour visiter le mausolée, un monument aussi luxueux que
l'appartement de Trump, ça donnerait envie de mourir sur place, et nous
retrouvons nos deux pieds nickelés qui nous observent. Je m'approche et je leur
dis, mais vous étiez déjà aux ruines romaines? Et maintenant vous ici? L'un d’eux
me répond: nous sommes partout. Ils ne se cachent pas, ce ne sont pas de
mauvais policiers, au contraire, ils affirment leur présence et leur rôle est précisément
de se montrer. Que les gens sachent qu'ils sont surveillés. Pour qui passe
trois jours à Rabat, ça n'a pas beaucoup d'importance, pour qui vit là-bas, c'est
insupportable.
En même temps, pour une majorité de Marocains,
pour les puissances occidentales, la famille royale au Maroc est une protection
contre l'islamisme meurtrier et intégriste.
Voir en pièce jointe ou sur mon blog mon
intervention à ce colloque.
dimanche 22 janvier 2017
premier tour
La majorité de ceux qui se sont déplacés aux primaires de la
gauche ont condamné le bilan du quinquennat. Si cette majorité de frondeurs
avaient formé la majorité des députés socialistes, le gouvernement n’aurait pas
terminé la première année de son mandat.
La majorité des électeurs de ces primaires ont donc choisi celui
qui sera au premier rang des cortèges de protestation contre l’abolition des
mesures qu’il condamnait. Les frondeurs de ma section de Biarritz qui supportaient
de plus en plus mal la présence d’élus socialistes à la mairie de la ville et de
ministres socialistes au gouvernement, tous ceux qui soutenaient le repli
identitaire au Pays Basque et le repli
politique dans le pays ont finalement diffusé pour ce premier tour leur honte
de gouverner.
À l’origine de cette défaite se trouve le renoncement de
François Hollande. J’ai fait partie des militants socialistes qui ont soutenu
son action, qui ont défendu ses réformes, contre la droite pour qui rien ne va,
contre la gauche de protestation, contre l’indifférence. Nous y avons passé du
temps, de l’énergie, pendant cinq ans. Cette défense devait être représentée
aux primaires. Le premier de cordée nous a lâchés donnant ainsi des arguments à
ceux qui condamnaient sa politique.
Et maintenant ? Un second tour qui permettra un sursaut
social-démocrate ? Je le vois mal. Un encouragement à l’émergence d’un
grand parti progressiste avec Macron ? La seule façon pour le moment d’éviter
un second tour des présidentielles classé zone cauchemar…
Un seul avantage dans cette situation compliquée : nous
avons largué les confortables certitudes et passons du temps à discuter des
meilleurs choix. Qui fait du sport muscle son corps. Qui fait de la politique entretient
ses méninges.
vendredi 20 janvier 2017
droit de vote aux étrangers
Mehdi Ouraoui est membre du conseil national du PS, soutient
l’EPCI, et souhaite dans la semaine du Pays
Basque du 20 janvier une alliance entre les abertzale et le parti
socialiste pour gouverner la nouvelle institution. Une alliance entre le parti
de Jaurès (le nationalisme c’est la guerre) et les tenants de la préférence
identitaire.
Pour lui, est basque
qui parle le basque. En comptant large, une personne sur cinq est bascophone,
soit trente mille personnes sur cent cinquante mille. Dans le Pays Basque français,
cent vingt mille personnes ne sont pas basques, selon Mehdi Ouraoui.
Pour l’EPCI, une intercommunalité basque, le jour où l’on
donnera le droit de vote aux étrangers, ces cent vingt mille personnes qui ne
sont pas basques auront le droit de voter.
bretagne et pays basque même combat
Je viens de terminer la lecture d’un livre de Françoise
Morvan, le monde comme si, nationalisme
et dérive identitaire en Bretagne, Actes Sud, 2002. J’en conseille vivement
la lecture à tous ceux qui réfléchissent sur le sujet et parfois s’inquiètent
aux dérives identitaires au Pays Basque. Comment des mouvements et des
aspirations minoritaires recueillent l’appui politique et financier de partis
républicains, de droite et de gauche. Comment des écoles Diwan portent parfois
le nom de militants nationalistes qui ont été condamnés pour collaboration avec
l’occupant nazi sont financées par des élus issus de la résistance.
Ils trouveront dans ce livre des échos des mêmes dérives au Pays
Basque. Comment des élus républicains financent des établissements
linguistiques où les cartes de France sont amputées du Pays Basque. Ou des élèves sont mis à la porte s’ils
persistent à dire « Pays Basque français » au lieu d’Iparralde. Où
des courses linguistiques sont des occasions de brandir les portraits de
terroristes condamnés. Où des élus républicains ne supportent pas qu’on
rappelle les exactions de terroristes emprisonnés.
Contre les dérives identitaires, il n’y a pas de ruse ou d’accommodement
possible. Contre ceux dont l’objectif est de scinder la population entre « vrais »
et « faux » citoyens, il faut mener inlassablement le combat des
droits universels, du pluralisme, du refus des replis sectaires, sans rien
laisser passer.
voie royale
Les inégalités scolaires, les échecs scolaires reviennent
régulièrement en discussion. La plupart des commentateurs esquivent ce qui me
paraît la question centrale. Le système d’éducation à vitesses : la voie royale,
classes de préparation aux concours des Grandes
Écoles, et la voie majoritaire : le bac et les études universitaires.
L’excellence, recherchée par tous, les parents, les
enseignants et les étudiants, est en France représentée par la voie royale. Les
autres voies sont généralement choisies par défaut.
C’est évidemment la voie royale qui sélectionne le plus
radicalement les élèves par l’origine sociale, et de plus en plus.
La particularité la plus révélatrice de notre système
éducatif se trouve dans la grille des salaires. Qui sont en France les profs
les mieux payés, primes, heures supplémentaires comprises ? Les profs des
classes préparatoires. Quand j’ai quitté les classes de prépa ou j’enseignais
pour l’université, j’ai perdu un tiers de mes revenus.
Les changements dans ce domaine se feront très lentement. Avez-vous
remarqué que personne, aucun candidat d’aucun parti n’en parle jamais ? Tous
sont issus de la voie royale. Tous ne rêvent pour leurs enfants que de la voie
royale.
Je ne demande pas la révolution, ni dans ce domaine ni dans
les autres. Mais on pourrait quand même en parler, non ?
jeudi 19 janvier 2017
le social et le marché
Sud-Ouest
publie deux photos, l’une, une élue socialiste Ghys Haye, qui prend un café
avec des SDF. L’autre, un élu radical de gauche, Guy Lafite et Anne, avec
Macron, sont photographiés à l’hôtel du Palais.
Certains à gauche s’indignent. Comme l’une et l’autre
peuvent-ils gouverner ensemble ? Comment peuvent-ils faire partie du
groupe de gauche dans la majorité municipale ?
Si la ville de Biarritz peut disposer de centres d’accueil,
d’hôtels d’urgence et de moyens de solidarité avec les plus démunis, c’est
parce que le tourisme lui permet de disposer d’un budget social important.
Sans le tourisme de qualité à Biarritz, les SDF iraient chercher
ailleurs des accueils d’urgence.
À l’inverse, une ville gouvernée par une droite
conservatrice, qui ne construirait pas de logements sociaux, dont la population
se réduirait en peau de chagrin, deviendrait un ghetto pour riches, une ville
endormie.
Heureusement, la ville est gouvernée par une majorité
plurielle, comprenant Ghys Haye et Guy Lafite.
la gifle
La gifle
Au Pays Basque, le gifleur de Valls, un identitaire breton,
aura l’appui d’abord des patriotes radicaux, puis des patriotes modérés, puis
des élues socialistes et LR. Parce qu’il a giflé au nom de la Bretagne et que
ça mérite tous les égards. L’identité c’est sacré.
J’extrapole ? Revoyez les commentaires lors de la
bousculade de Nicolas Sarkozy à Bayonne.
lundi 16 janvier 2017
basculement nationaliste
En gardant les yeux bien ouverts, je vous recommande
de prendre le temps de lire l’entretien avec Eguzki Urteaga, sociologue à l’université
du Pays Basque. Auteur de « la question basque en France », la langue basque dans tous ses états. (Sud-ouest, 1- janvier 2017.
Il faut bien comprendre Louhossoa. C’est une
opération de désarment négociée entre personnes sans aucun mandat et l’ETA. Un
désarmement partiel aux conditions de l’ETA. Qui a bien insisté : nous
sommes d’accord, mais qu’il n’y ait pas perdants dans l’opération, ce n’est pas
une reddition. Aucun gouvernement ne
pourrait accepter une telle démission de ses responsabilités. D’ailleurs, là où
ils ont beaucoup souffert de la terreur, l’opinion publique n’est pas
favorable. Comme dit Eguzki Urteaga, le soutien unanime à cette opération « est
difficilement compréhensible » au Pays Basque espagnol. Mais au Pays
Basque français, les partis politiques ont une position consensuelle. Les « personnes
ayant une opinion discordante ne sont pas exprimées… et leur voix était de
toute manière difficilement audible ».
Comment expliquer cette unanimité ? Par l’évolution
de la société basque : Les « revendications qui étaient l’émanation
du mouvement nationaliste basque se sont étendues aux autres partis, de droite
comme de gauche ». La classe politique a évolué. Grenier, Alliot-Marie,
Espilondo, Borotra, étaient très réticents à l’égard des revendications
nationalistes.
Aujourd’hui, on a vu des sénatrices et des députés socialistes
manifester en faveur des détenus alors que le gouvernement est socialiste. Un
véritable basculement. Bon nombre d’élus qui ne sont pas nationalistes « adoptent
progressivement leur thématique ».
Personne ne s’est exprimé contre cette évolution ?
Si, votre serviteur. Et c’est pourquoi une procédure d’expulsion a été prise à
son égard par la section socialiste de Biarritz.
jeudi 12 janvier 2017
primaires
Pour retourner au pouvoir, il faut du courage. Pour
des hommes et des femmes de qualité et de compétence, il y a de nombreux moyens
de faire carrière dans des activités plus réjouissantes et moins ingrates. Il
ne faut pas s’étonner que la politique attire une portion non négligeable d’ambitions
médiocres. Il faut donc saluer les personnes de qualité qui malgré les tempêtes,
aspirent aux responsabilités politiques.
Le bilan des cinq années de gouvernement socialiste est
double. De nombreuses avancées sociales, sociétales, politiques d’une part, qui
permettent à la droite de faire le contraire pour exister. Et d’autre part, un
goût amer, des militants qui sont honteux plus que fiers de l’œuvre accomplie. D’où
ce symbole : le président qui a beaucoup fait se retire et donne ainsi des
arguments à ceux qui préfèrent une opposition vertueuse à une responsabilité sans
reconnaissance.
Qu’on ne me parle pas des défauts de la personne. Barak
Obama, qui savait parler aux intelligences et aux cœurs, dont le bilan est
incontestable, est remplacé par un aventurier dont le programme est la
destruction de toute son œuvre.
Le résultat en France est qu’il faut tout
reconstruire. Le socle solide s’est effrité et à nouveau la gauche est tentée
par la protestation. Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon, Arnaud Montebourg,
condamnent et regrettent les cinq années écoulées. On aurait dû, il n’y avait
qu’à. Ils n’avaient qu’à rester au gouvernement et obtenir des résultats. S’ils
l’emportent à gauche, ils la condamnent à une longue cure d’opposition.
Deux candidats aspirent réellement à gouverner et à
poursuivre une œuvre réformiste de gauche. Manuel Valls et Emmanuel Macron. Je
voterai donc pour Valls aux primaires de la gauche, afin de permettre pour la
suite un accord seul capable de battre la droite et de poursuivre l’œuvre engagée.
réformes et révolution
Les révolutions sociales ou nationales sont le
produit de divisions et d’inégalités insupportables dont profitent une minorité
de privilégiés. L’aristocratie terrienne et des millions de paysans pauvres, les deux cents familles et des millions de
prolétaires, les peuples colonisés, tous ceux qui n’ont rien à perdre que leurs
chaînes.
Les révolutionnaires d’extrême-gauche vivent dans ce
passé et décrivent une société partagée entre le CAC 40 et le peuple misérable
et exploité. La référence de Mélenchon à Zola est éloquente. Les salariés
seraient dans la même situation que les ouvriers de l’Assommoir, vivant dans des taudis, sans protection sociale, et sans
éducation.
Cette vision est pessimiste et misérabiliste. Elle
est pessimiste parce qu’elle veut nous persuader que le mouvement ouvrier n’a
rien obtenu, n’a rien changé, a laissé les prolétaires en l’état où ils étaient
fin 19ème siècle. Misérabiliste dans la mesure où elle ne veut pas
comprendre que la majorité des hommes et des femmes qui vivent dans les pays
développés ont désormais beaucoup plus à perdre que leurs chaînes. Qu’ils ont obtenu des droits à la santé, à l’éducation,
au logement, à la formation, qu’ils sont souvent propriétaires, qu’ils ont des
aspirations élevées pour leurs enfants.
Les rêves de barricades enflamment l’imagination et
enfument la réflexion. Si les réformes sont si compliquées à mettre
en œuvre, c’est qu’elles touchent toujours des privilèges largement répandus. Les
résistances aux réformes ne viennent pas seulement d’une infime minorité,
chaque strate de la société trouve des avantages et des inconvénients aux politiques
du logement, aux taxations des logements vides, aux réformes des rythmes
scolaires. Dans le domaine de l’éducation, la mixité sociale est difficile à
mettre en place parce que les stratégies d’évitement des écoles ne sont pas
seulement le fait de familles riches, mais sont adoptées massivement par des
salariés modestes. À la Goutte d'Or, les familles descendant de la migration modestement
enrichis par le commerce placent leurs enfants dans des écoles privées. Dans la
santé, les centres de soin ne se partagent plus entre cliniques de luxe et
mouroirs. L’exemple le plus achevé étant le mouvement des femmes, car les
résistances à l’égalité sont aussi fortes au niveau individuel, dans les familles
et les couples, qu’au niveau public.
Les réformes sociales, les réductions des inégalités,
se font nécessairement aux dépens de ces privilèges en cascade. Les chèques
vacances allongent la queue devant les télésièges. L’accès de tous aux soins
les plus avancés augmentent les délais d’attente. Les progrès dans l’égalité
des sexes provoque des rancœurs car sur ce point Marx avait raison : le
plus démuni des prolétaires trouve chez lui une prolétaire encore plus démunie
qu’il peut exploiter.
Dans ces conditions, une réforme qui ne s’accompagne pas de de pédagogie est vouée à l’échec.
Il faut en permanence convaincre qu’il est de l’intérêt de tous de réparer les
dégâts de la vie, d’accueillir les accidentés, de loger les SDF, de réduire les
inégalités. Là où cette politique défaille, la société se divise en ghettos,
construit des murailles qui enferment autant qu’elles excluent. À Paris ou à Biarritz
se mène une bataille pour la mixité sociale de chaque instant, batailles où la
gauche réformiste parvient à entraîner une partie des électeurs de droite sans
lesquels elle serait minoritaire. Et partout, elle combat les mêmes slogans
clivants : la mixité sociale, c’est la guerre fait aux pauvres à la Goutte
d'Or, c’est la guerre faite aux riches à Biarritz.
Il nous revient de chercher parmi les hommes politiques
qui se présentent aux élections les héritiers de ceux qui ont évité le pire à
leur pays, qui ont su construire des réformes en prenant le temps du compromis,
du dialogue, des négociations. Des noms surgissent : Mario Soarès au Portugal
qui a su éviter que son pays ne devienne un autre Cuba, Mendès France, Jospin,
Obama, Mandela. Ils ont su réformer pour mieux vivre ensemble et non pour
aggraver les tensions.
Nous connaissons les noms des Chavez nationaux et
Mélenchon en est un, dont le modèle est le tribun Fidel qui haranguait les
foules rassemblées pendant cinq ou six heures sous le soleil cubain dans une
société en ruines. Nous connaissons les noms des Trump, Erdogan et Poutine
nationaux qui veulent cliver la société entre patriotes et étrangers.
Nous connaissons plus mal les héritiers des Soarès, Palme,
Mendès- France, Mandela, Jospin, Schröder, Obama. Ils n’émergeront qu’au prix d’une dénonciation
permanente des Prophètes de l’Apocalypse.
lundi 9 janvier 2017
Georges Mélanchais
Mélenchon le Georges Marchais de l’an 2017, celui
qui pleurait sur les accidents du travail et envoyait des félicitations à tous
les dictateurs communistes qui massacraient leur peuple. Aujourd’hui, Mélenchon
sympathise avec Poutine, pleure Fidel Castro, soutient Maduro sans se soucier
une seconde des malheurs qu’ils provoquent. Il n’aime le peuple que saignant.
processus de paix
Processus de paix
La
section socialiste de Biarritz a engagé une procédure disciplinaire contre moi
pour diffusion de textes critiquant les dérives identitaires de nos trois élus
socialistes du Pays Basque. Cette procédure pourra prendre des mois, voire des
années... Il faut s’en sortir.
Voici ma proposition :
Je m’engage à cesser le feu et à détruire tous mes
textes dénonçant la dérive identitaire des élues socialistes du Pays Basque. Une
commission neutre, composée de personnes de bonne volonté, sera chargée de la
collecte de mes textes et de leur destruction.
En échange, je demande l’abandon de toutes les
poursuites à mon égard et l’amnistie pleine et entière.
Au cas les personnes supervisant la destruction de
mes textes seront accusées de complicité avec ma campagne destructrice de l’ivraie
identitaire, je compte sur une manifestation de soutien à ces casques blancs
qui n’auront évidemment rien à voir avec mes brûlots.
dimanche 8 janvier 2017
réformiste de gauche, rencontrez-vous
La première réunion de la « gauche réformiste »
à Biarritz s’est tenue dans la librairie Victor Hugo dimanche 8 janvier. Nous
étions huit. Nous avons d’abord discuté de manière informelle des primaires de
la gauche. Certains étaient déjà déterminés à voter pour Manuel Valls, d’autres
tentés par Vincent Peillon, d’autres encore par l’abstention ou le bulletin
blanc. Personne n’était tenté par Benoît Hamon et Arnaud Montebourg. Macron n’était
pas loin.
Le plus frappant et peut-être le plus important
était le plaisir de discuter. Ces temps derniers, les réunions de la gauche,
pas seulement de la gauche, pas seulement à Biarritz, étaient d’une tension
extrême, sans doute liée à l’impossible rencontre entre identité et politique,
entre frontières et programmes. Ce matin-là, aucune tension, des points de vue
différents pourtant, des plaisanteries, des arguments sérieux. Nous avons pris
plaisir à confronter les idées. Une réunion qui a sans doute encouragé les
présents à participer aux primaires.
Pour continuer, le groupe de la gauche réformiste
invitera, le mois prochain, un responsable socialiste du Pays Basque espagnol
qui nous donnera le point de vue de nos
camarades espagnols sur le désarmement et la dissolution de l’ETA.
samedi 7 janvier 2017
souvenirs
Dans la salle de réunion de la section communiste de
Saint-Denis, la majorité a voté mon exclusion. Avec un certain nombre de
communistes attachés à la voie démocratique et à l’union de la gauche, je m’étais
exprimé contre une orientation sectaire de la direction du PCF. Exclusion pour
activités fractionnelles. C’était en 1981. Des collègues qui pensaient comme
moi ont voté mon exclusion. Dans les années qui suivirent, ils sont venus me
voir, ils se sont excusés, « j’aurais dû, mais à l’époque, je pensais à l’intérêt
du Parti ».
Comment voulez-vous que je ne me rappelle pas ma
première exclusion quand à nouveau, une majorité de la section socialiste de Biarritz
engage une procédure disciplinaire parce que je proteste publiquement contre
les dérives identitaires des élues socialistes du Pays Basque ? Des
frondeurs qui sont rebelles à la politique socialiste nationale mais qui
suivent les élues territorialisées ? Des sectaires qui s’enrhument dès qu’on ouvre
les fenêtres ? Dans un parti internationaliste, ils préfèrent soutenir les
terroristes emprisonnés plutôt que les camarades socialistes espagnols qui sont
tombés sous les balles.
Dans quelques années, quand le parti socialiste aura
été éliminé par les partis abertzale au Pays Basque, certains d’entre eux viendront
me voir, bredouiller des excuses. Qu’ils n’attendent pas trop, je suis moins
jeune qu’en 1981.
vendredi 6 janvier 2017
malédiction
Malédiction
J’ai été exclu du Parti communiste en 1981 par Georges
Marchais. J’ai ensuite adhéré au Parti socialiste, d’abord à Paris, sans
difficulté particulière, dans l’arrondissement du 18ème, qui
comprenait Lionel Jospin, Daniel Vaillant, Bertrand Delanoë, Myriam El Khomry…
Puis j’ai transféré mon adhésion à la section de Biarritz et depuis, la
malédiction a repris. Les trois secrétaires de cette section ont tous les trois
successivement demandé mon exclusion.
Qu’y-a-t-il de commun entre les quatre ? Un
repli sectaire et territorial qui a conduit le PCF à 1,5% et qui risque de
faire disparaître le réformisme de gauche du Pays Basque et de la scène
politique française, comme il commence à s’effacer en Europe.
Chacun d’entre nous peut éviter le désastre et d’abord
en se déplaçant pour voter aux primaires du PS, les 22 et 29 janvier prochain. Ne
laissons pas la gauche réformiste à tous ceux qui se contentent de
manifestations réussies et d’élections ratées.
jeudi 5 janvier 2017
procédure disciplinaire au PS de Biarritz
J’ai appris à la réunion de la section socialiste du
5 janvier 2017 qu’une procédure disciplinaire était en cours contre moi parce
que j’avais critiqué publiquement l’appui des députées et sénatrices
socialistes du Pays Basque à une opération conjointe de l’ETA et de patriotes à
Louhossoa.
Les députés frondeurs ont dès le début du
quinquennat critiqué la politique du gouvernement socialiste sans que jamais
personne ne demande leur exclusion. Les « Jeunes socialistes » ont pu
manifester et s’exprimer publiquement contre la loi travail de Myriam El Khomry
sans que jamais personne ne demande aucune sanction. Mais si vous prenez
position contre les dérives nationalitaires des élues socialistes du Pays
Basque, une procédure d’exclusion se met en marche.
Voici donc la vérification expérimentale de la
nocivité du poison identitaire. Parce que j’ai pris position sur mon blog
contre le blanchiment des activités terroristes à Louhossoa, le secrétaire de
la section socialiste de Biarritz a transmis mon texte à la commission des
conflits de la fédération des Pyrénées Atlantiques pour une procédure d’exclusion.
Vous comprenez ? Les mêmes élues qui ont laissé
silencieusement assassiner les élus, les journalistes, les intellectuels, au Pays
Basque espagnol sans jamais exprimer la moindre indignation, sans jamais
manifester pour la paix à Vittoria ou Bilbao, sans un mot pour leurs collègues socialistes d’outre-Bidassoa qui ne pouvaient
pas sortir sans garde du corps, les mêmes élues qui n’ont jamais discuté avec
les socialistes espagnols, qui n’ont jamais rencontré les associations de
victimes, demandent une sanction contre un militant socialiste qui prend position
contre les frontières sacrées. Les mêmes qui demandent le rapprochement des etarras
de leur famille demandent mon éloignement de ma famille politique.
La politique demande des débats, des confrontations.
Les conflits identitaires se règlent par les armes en temps de guerre et par
les exclusions en temps de paix. Dans la campagne sur l’EPCI, les frontières basques sont
devenues « sacrées ». Qui était contre l’EPCI « tournait le dos
au Pays Basque », était traître à la patrie. Les actrices du regroupement
ethnique téléphonaient pour que l’on exclue du PS les élus qui osaient voter contre les
frontières sacrées. Dans tous les conseils municipaux, la désignation des
membres de l’EPCI a été éloquente. Pour faire partie des futures instances, il
fallait avoir fait allégeance aux frontières sacrées. Ceux qui refusaient de s’incliner
étaient exclus.
Je suis très préoccupé par ces dérives
nationalitaires et je vous tiendrai au courant naturellement dès que Sylviane
Alaux, Colette Capdevielle et Frédérique Espagnac auront pris position contre
mon exclusion.
lundi 2 janvier 2017
réparer les victimes
Michel Berthcoirigoin veut « réparer les
victimes ». (Sud-Ouest 2 janvier 17)
Le conflit armé au Pays Basque peut porter deux noms
différents. Ou bien il s’agit d’une guerre de nationalistes basques contre
l’impérialisme espagnol et français. Ou bien il s’agit d’une entreprise d’un
groupe minoritaire qui voulait imposer ses objectifs par la terreur.
Ces analyses différentes conduisent à des
conclusions différentes. S’il s’agit d’une guerre, les combattants arrêtés ne
sont pas des terroristes, mais des prisonniers de guerre. On peut offrir
l’armistice, signer un traité de paix, négocier les modes de reddition et de
restitution des armes. S’il s’agit d’une
entreprise terroriste, il faut considérer les combattants comme des criminels,
les arrêter et les condamner.
La grande majorité des Basques espagnols et français
considère qu’il s’agissait d’une entreprise terroriste. La grande majorité des
Basques espagnols et français considère que les 21 morts d’Hipercor, les 830
morts, les assassinats de gendarmes, de conseillers municipaux, de maires,
d’entrepreneurs, la collecte mafieuse de l’impôt révolutionnaire, n’étaient pas
des actions de guerre, mais des actions terroristes. Ils l’ont manifesté par
centaines de milliers dans les rues du Pays Basque et par centaines de milliers
dans les urnes. Les partis politiques qui soutenaient ces actions n’ont jamais
obtenu qu’un appui marginal.
Battus dans l’opinion, réduit en nombre par les
arrestations, fatigués par la prison ou par la clandestinité, les etarras ont
décidé d’arrêter leurs activités meurtrières et de cesser le feu. Ils sont
persuadés que le silence des armes les transforme en résistants légitimes. Ils
réussissent à entraîner dans ce sillage une partie de la société basque,
surtout au Nord où les dégâts ont été moins importants.
Les innocents participants à Louhossoa adoptent la
première analyse. Le processus de paix était bloqué, dit Michel Berthcoirigoin,
ancien président de la chambre d’agriculture alternative du Pays Basque. Les
gouvernements français et espagnols restaient dans une « position de
reddition absolue de l’ETA ». « Cela pouvait aboutir à quelque chose
de dangereux ». Ils ont donc décidé, avec l’accord de l’armée
nationaliste, (ETA) de neutraliser un stock d’armes. Comme l’ETA avait annoncé
qu’elle n’était plus une organisation armée, cela ouvrait des perspectives inédites.
Quand il a été arrêté, il s’est aperçu que les
enquêteurs étaient spécialisés dans la lutte antiterroriste. Comment peut-on
ainsi amalgamer des poseurs de bombes, des kidnappeurs, les assassins de Yoyès,
à des terroristes ? Bonne question. D’ailleurs, le désarmement permettra,
lisez la suite sans hurler, permettra, je cite, « la réparation des
victimes ». Vous comprenez la différence ? On ne pourra jamais
réparer les victimes du Bataclan ou de Nice, mais les victimes de l’ETA, on
peut les « réparer ».
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