dimanche 29 avril 2018

oeillères


Gérard Oyhamberry nous rappelle dans un post que l’ETA a tué deux fois au Pays Basque français. Les huit cent vingt-sept victimes sont du côté basque espagnol.

         On comprend que l’opération de blanchiment de l’ETA soit plus simple de ce côté.

         Après la guerre 1939-45, les journalistes ont posé des questions aux Allemands qui habitaient près des camps. Mais enfin, vous n’avez rien vu, vous n’avez pas senti la fumée, pas vu les convois de déportés. Beaucoup d’habitants répondaient : « je ne regardais jamais de ce côté-là ».
         Des journalistes ont posé la question à Max Brisson, Vincent Bru, Jean-René Etchegaray. Mais enfin, vous ne saviez pas que l’ETA massacrait au Pays Basque espagnol. Ils répondent « je ne regardais jamais de ce côté-là ».  

ficoba en marche


Samedi 28 avril 18. Réunion de en marche sur l’Europe. À l’entrée de la réunion, une cinquantaine de cheminots CGT crient « on ne lâche rien ». Nous sommes là, Gérard Oyhamberry et moi avec des lettres à Castaner.

Ma lettre est la suivante : Monsieur Castaner. Sachez, si vous ne le savez pas encore, que la République en marche a appelé à une manifestation le 9 décembre en faveur des prisonniers basques condamnés pour activités terroristes en bande armée.  Derrière une banderole « nous les voulons à la maison ». Vous étiez à cette manifestation car la République en marche avait appelé.

 L’appel à cette manifestation était signé par tous les partis syndicats et associations  qui se battent contre l’Europe, depuis les insoumis, PC, NPA, Attac, etc…Vous avez signé cet appel puisqu’il était signé la République en marche. Comment voulez-vous que nos électeurs s’y retrouvent ?

Ma question est simple : abandonnez-vous un coin du territoire national à une dérive identitaire ?

Je vous en conjure, ne laissez pas seuls les marcheurs du Pays Basque qui se battent tous les jours pour le respect des valeurs républicaines, contre les alliances avec les terroristes de l’ETA. Je vous en conjure, monsieur Castaner, ne nous laissez pas seuls.



Les dirigeants de l’abertzalisme en marche sont tous là, Philippe Buono, Loïc Corrège, Eric Huard tous nommés par le siège, plus un monsieur Europe dont le rêve est de m’envoyer en Sibérie après m’avoir écartelé et soumis au supplice de la roue. Quand ils me voient, ils n’ont qu’un souci, ma modestie dût-elle en souffrir : me faire taire.

Le maire d’Hendaye, un abertzale-socialiste ardent, parle de la rencontre de Cambo, la rencontre qui vise à amnistier l’ETA. Je crie que cette rencontre est une honte ! Honte ? Je répète. Loïc Corrège s’approche. S’il te plaît. Tu arrêtes. Le monsieur Europe commande le train pour la Sibérie. Il fait tourner la gégène. Quand plus tard je demande à nouveau la parole, il fait signe à la porteuse de micro de ne pas donner le micro. Trop tard, elle était trop près, j’ai déjà le micro et je parle. Je demande à la table ronde ‘université recherche’ que la République en marche prenne l’initiative d’un manuel d’histoire commun au Pays Basque espagnol et au Pays Basque français. La mémoire et l’histoire pourront peut-être tempérer les ardeurs qui portent nos politiques vers les patriotes meurtriers et leurs complices.

François Bayrou prend la parole. Nous apprenons qu’il est pro-européen. Puis Richard Castaner fait un bon discours électoral. Il ne se sait pas que le Pays Basque français est en train de lui glisser entre les doigts, que ses représentants au Pays Basque sont les idiots utiles des abertzale et qu’ils ne lui en sont pas reconnaissants, puisqu’aucun n’est là. Vincent Bru astique la hache, Jean-René Etchegaray creuse un trou, Max Brisson enterre les victimes du terrorisme. Ils seront tous à Cambo le 4 mai pour l’enterrement de l’ETA.

À la fin du discours de Christophe Castaner, Gérard et moi nous lui remettons chacun notre lettre. En deux mots, dans la cohue, nous expliquons que la République en marche du Pays Basque vire identitaire. Il nous renvoie vers le responsable des territoires à qui nous remettons une copie de nos lettres. Il nous promet de nous répondre. Il ne connaît pas le problème. Ou bien il mène en bateau, ce qui n’est pas impossible, ou bien il ne connaît pas le problème basque, c’est signe d’incompétence grave.

Personnellement, je crois sans preuve, que la République en marche a abandonné les Pyrénées Atlantiques à Bayrou, que Bayrou a abandonné le Pays Basque à Vincent Bru et que Vincent Bru a abandonné son âme au diable.

vendredi 27 avril 2018

l'enterrement le plus long


Le Canard enchaîné du 25 avril 20 18  a identifié dans WorldFactbook , dernière édition, édité par la CIA, une entrée sur l’ETA, « organisation terroriste marxiste qui vise à l’indépendance du Pays Basque ».

J’ai vérifié dans Worldfactbook, l’information est vraie.

On peut s’étonner de cette information qui paraît le jour où ETA va annoncer à nouveau la disparition de l’effacement de son absence et la dissolution de sa démobilisation de son abandon.

Je ne vois qu’une explication à cette étrangeté. Le correspondant de la CIA en France a enquêté auprès du président de la communauté d’agglo présidé par JR Etchegaray qui l’a renvoyé à TXETX qui l’a renvoyé à Otegi. Et effectivement, tous ces informateurs lui ont confirmé qu’ils préparaient un enterrement festif de l’ETA auprès duquel les enterrements des mafieux mexicains paraîtraient assez pauvres. Quand l’honorable correspondant a remarqué que l’ETA avait disparu du paysage depuis longtemps, les informateurs leur ont répondu qu’un mort mort est toujours mort et que ce n’est pas parce qu’on est mort depuis longtemps qu’on n’a pas le droit à un bel enterrement.

         Donc l’ETA n’est pas encore enterrée ? Non, puisque qu’ils préparent son enterrement, dans les jardins de l’Arnaga, dans les jours qui viennent.

         Résultat : cette entrée bizarre dans le livre de la CIA.
         Pour l’édition de 2019, signalons que Txetx, Etchgaray, Brisson et Bru, tous élus du Pays Basque organisent tous les ans à Pâques un jeu qui consiste à retrouver dans les jardins des explosifs, des fusils, des armes de poing, des cartouches qui ont été cachés par des clowns cagoulés.

jeudi 26 avril 2018

l'imposture craque


Tu peux nous expliquer ?

Oui. Mais attention, mon explication est partisane, furieuse, partiale, engagée. Ce qui se passe au Pays Basque est l’histoire d’un mariage de raison entre une armée en déroute qui cherche la sortie du champ de bataille  et des élus en panne d’ambition qui cherchent la notoriété. Pas d’amour, pas de passion, pas de coup de foudre. Donnant donnant.

L’armée en déroute est l’ETA dont les objectifs servent de compost aux jardiniers de l’histoire. Ils voulaient un Pays Basque réunifié, indépendant et socialiste. La victoire était au bout du fusil. Le Pays Basque n’est ni réunifié, ni indépendant ni socialiste et les fusils rouillent dans les poubelles. La société basque espagnole a massivement rejeté leurs actions, leurs objectifs. L’efficacité des polices française et espagnole a réduit l’ETA à une poignée d’encagoulés. Une armée défaite, dont les soldats sont emprisonnés, ou traînent sur les champs de bataille sans armes, sans uniforme, à la recherche d’une issue la moins honteuse possible.

Cette armée défaite a rencontré des élus du côté basque français qui s’ennuyaient. Élus socialistes ou LR, Modem ou UDI, ils avaient en commun de s’affirmer comme des élus du territoire. Ils ne disaient rien sur les grandes questions nationales. L’économie, la sécurité, l’éducation, l’Europe, le monde, leur faisaient peur. On ne sait pas très bien quels courants ils soutenaient dans leur parti, quelle personnalité  les attirait. Ils inauguraient des foires au jambon et des ikastolas. La vie politique était maigre et sans saveur.  

Les demi-soldes et leurs amis leur ont proposé un contrat de mariage simple. Vous acceptez l’idée que nous ne sommes pas vaincus, que la guerre n’est pas terminée. C’est facile chez vous parce que vous n’avez pas connu la guerre. Chez nous c’est plus compliqué.

         Vous n’avez pas connu la guerre, vous ne savez pas ce que c’est. Inventez-la, dites qu’elle est vraie, qu’elle n’est pas terminée, qu’il y a encore des prisonniers de guerre, des arsenaux dangereux. Qu’il faut déterrer les armes, qu’il faut libérer les prisonniers, qu’il faut battre le fer quand il est froid. Vous nous offrez la sortie du conflit avec honneur, avec salut au drapeau, clairons et trompettes, une dernière manif à Montparnasse et un monument aux morts sur une place de Bayonne. En échange, nous vous accordons le statut de faiseurs de paix, nous vous donnons la médaille de Grand Pacificateur, Mandela du Pays Basque, Mendès-France de la Tunisie, George Mitchell de l’Irlande du Nord, Schindler des camps, Raoul Nordling de la bataille de Paris.

Banco. Ils ne se sentent plus. Une guerre d’opérette, mais avec de beaux discours et des drapeaux. On s’y croirait. Les ailes leur ont poussé et ils sont devenus les anges de la paix. L’enthousiasme était tel que la société basque française friande de spectacle a participé sans retenue à cette opération de blanchiment de la terreur.

Tous ? Non. Certains proposaient, sans effet aucun, que quelqu’un quelque part se lève  pour dire « je ne suis pas d’accord ». Pas d’accord avec la négociation avec une organisation terroriste. Pas d’accord avec la construction d’une avenue des Champs-Élysées pour ceux qui ont maintenu le Pays Basque espagnol dans la terreur. Pas d’accord avec un Arc de Triomphe décoré de croix gammée ou de son équivalent basque. On leur répondait qu’elles étaient seules, que personne ne les écoutait, qu’il fallait laisser passer la vague.

Puis cette horreur sculptée qui fit hurler. D’abord les associations de victimes, puis des citoyens du Pays Basque français. Et désormais, les grands falsificateurs doivent se justifier. Ils déterrent, ils enterrent la hache. Ils essaient de faire venir du Pays Basque espagnol d’autres personnes que les amis de l’ETA. Rien ne vient. Ceux qui ont connu la vraie guerre n’apprécient guère qu’on danse dans les cimetières.

Il y a des impostures qui durent, d’autres qui sombrent. Cette imposture-là est en train de se fracasser.

lundi 23 avril 2018

le conflit de canard


L’éternelle fin du conflit de canard



Préparer des cuisses de canard. Saler et laisser au frais pendant huit ans.

Graisser les cuisses soigneusement avant de les enterrer.

Déterrer le conflit après l’avoir dégraissé.

Mettre à cuire pendant quinze mois.

Conserver dans un bocal plein de graisse une année.

Annoncer que vous renoncez à consommer des canards.

Dites que vous ne ferez plus jamais de conflit de canard.

Que cette décision est définitive.

Quand il ne reste plus de conflit de canard, dire que le bocal est plein.

Bien que le bocal soit vide, faire croire qu’il reste du conflit de canard.

Annoncer que le bocal vide va se vider à nouveau.

Offrir le bocal vide. Annoncer qu’il va se vider.

Annoncer une grande fête pour la fin du conflit de canard.

Terminer l’absence de  conflit de canard en famille.

Vider le bocal vide et déclarer qu’il est vide.

Désemplir le bocal vide.

dimanche 22 avril 2018

ils apprennent à marcher


Question : l’ETA a cessé le feu en 2011. Depuis huit ans, ils n’ont tué personne, ont enterré leurs armes, se sont dispersés dans la nature. Huit ans, c’est long. Qu’est-ce qu’ils ont fait pendant huit ans ?

Voici la réponse. Ils ont préparé leur communiqué, où ils demandent pardon, mais pas à tout le monde, disent qu’ils n’auraient pas dû, mais que c’était nécessaire. Chaque mot a été pesé, chaque phrase longuement discutée.

Je prends cette phrase de leur communiqué au hasard : « nous comprenons que de nombreuses personnes considèrent et affirment que notre action a été inacceptable et injuste et nous le respectons, car on ne peut forcer personne à dire ce qu’il ne pense ou ne sent pas ». Il faut des années de discussion pour rédiger une telle phrase.

En voici une autre : « pour beaucoup d’autres, les actions menées conjointement par les forces de l’État et celles de la communauté autonome sont totalement injustes et ces personnes non plus ne méritent pas d’être humiliées ». Encore des années et des années de réunions jusqu’au petit matin.

C’est tout le communiqué qu’il faudrait citer pour montrer qu’en fait, huit ans, c’est très court pour rédiger un tel texte où tout est tiré au cordeau, ou tout est soigneusement pesé, dans une clarté lumineuse.

Ne leur jetons pas la pierre. Pendant longtemps, le plus court chemin d’une idée à une autre était une balle dans la nuque. Il a fallu réapprendre à penser. Ça prend du temps.

eta finie


Lundi prochain, dans un hôtel de Bayonne, l’ETA tiendra une conférence de presse où elle déclarera sa dissolution. Jean-René Etchagarray,  lehendakari et maire affirmé de la capitale du Pays Basque français, sera présent, ainsi que des personnalités internationales.

À l’heure où j’écris, le lehendakari du Pays Basque espagnol ne sera pas présent, ni aucune des associations de victimes (AVT, COVITE…).

On aurait pu espérer que l’ETA disparaisse et demande pardon courageusement là où sont ses victimes, ses cimetières et ses tombes, elle a préféré l’environnement plus accueillant des lieux où sa terreur été blanchie et sa hache célébrée.

Selon les mots de La porte-parole de la commission européenne Margaritis Schinas,  cette décision marque le « triomphe de l’état de droit, tant en Espagne qu’en Europe. …Une Union dans laquelle il n’y a pas de place pour le terrorisme ».

samedi 21 avril 2018

ils ont perdu


Ils ont perdu !



En demandant pardon, l’ETA reconnaît que ses 829 victimes sont mortes pour rien (Laurent Joffrin libération du 20 avril 2018). Que les etarras sont morts pour rien ; qu’ils ont perdu des centaines d’années en prison pour rien.  C’est pourquoi demander pardon est si difficile. Le pardon remet en cause l’engagement de toute une vie. Et à partir de là, il ne reste plus aux acteurs de la terreur qu’à à disparaître, à se taire. À constater que les mouvements non violents pour l’autonomie ou l’indépendance, comme en Ecosse, au Québec, en Catalogne, obtiennent de meilleurs résultats. Que les meurtres des etarras ont fait reculer leur cause, ont terni leurs ambitions, n’en finissent plus de peser sur toutes les revendications nationales, mêmes les plus paisibles. Et encore aujourd’hui, au Pays Basque, les nationalistes s’épuisent à gérer les conséquences d’un engagement mafieux, les prisonniers, les victimes, les blessures. Ils frissonnent quand Aramburu décrit la société de la terreur qu’ils ont construite. Ils supportent mal les manifestations de victimes, les livres d’histoire de leurs forfaits, les films qui les fustigent, et pire que tout, les repentis qui racontent leurs crimes. Ils préfèrent de beaucoup les fêtes à la sortie des prisons, les manifestations pour le rapprochement des prisonniers, les récits des tortures et des brutalités policières, toutes manifestations qui sont leur méthadone et leur subutex. Tout plutôt que de demander pardon.

C’est pourquoi il ne faut pas mégoter. L’ETA a demandé pardon et ce pardon va engloutir les nuances et les réticences. Ce pardon signifie « nous nous sommes battus pour rien, nous avons tué pour rien, nous sommes morts pour rien ». EPPK l’a bien compris qui a rompu toute relation avec ETA justement pour cette raison.

Quand la société de blanchissage Txetx and C° a négocié avec l’ETA la comédie du désarmement, l’ETA a bien pris soin de préciser, et Txetx et ses blanchisseurs ont accepté, que la remise des armes n’était pas une reddition, n’était pas un regret des actions passées. Mais bien sûr ont répondu Txetx, c’est juste une manière de sortir de votre bourbier la tête haute et la nuque raide. L’horreur est sauve. Voici du savon pour nettoyer le sang. Et si vous êtes sages, nous vous promettons une belle statue avec une hache toute propre, nettoyée de vos massacres.

L’engagement terroriste agit comme une drogue et les produits de substitution ne sont guère efficaces. Comment se faire passer pour un martyr si on regrette les meurtres commis ? On connaît au Pays Basque des anciens terroristes qui écrivent des livres, qui décrivent l’enfer de la prison, qui se présentent comme des victimes. Mais ceux-là n’ont jamais demandé pardon. Gaby Mouesca, condamné pour l’assassinat d’un gendarme, n’a jamais demandé pardon. Il écrit un livre qui s’intitule la nuque raide. Demander pardon, c’est s’incliner devant les victimes. Pas question quand on a la nuque raide. Évidemment, maintenant que l’ETA demande pardon, Gaby va se trouver dans une situation délicate. Va-t-il approuver sans suivre ? Suivre sans approuver ? Les communistes ont connu ces affres idéologiques quand leur parti a condamné le stalinisme et la dictature du prolétariat et les crimes du communisme. N’était-ce pas remettre en cause toute une vie de combat ? Vous comprenez pourquoi Gaby Mouesca, à sa sortie de prison, est allé chercher un peu de chaleur à le Fête de l’Huma, avec les siens qui n’ont jamais demandé pardon non plus.

Je peux vous déclarer ici publiquement que si les complices du goulag et des famines que nous étions, avions été ainsi accueillis, nettoyés, lessivés, pardonnés sans demander pardon, qu’est-ce qu’on aurait été heureux ! Au lieu de ces sang et lumière, la société française et occidentale n’a pas arrêté de faire l’histoire des crimes du communisme, nous a accusés de complicité et résultat, le PC se trouve à 1,5% aux élections. Remarquez, c’est trois fois plus que les FARC. Mais quand même vous voyez la difficulté.

vendredi 20 avril 2018

l'ETA se dissout


L’ETA se dissout et demande pardon.



Après avoir renoncé à toute activité depuis 2011, le clown triste a retiré son masque et annonce qu’il part à la retraite. L’ETA va annoncer la disparition de son absence. Pas au Pays Basque espagnol, mais au Pays Basque français, car c’est au Nord des Pyrénées que la société a fidèlement repris ses orientations et suivi ses campagnes. En récompense, l’ETA vient sur nos terres pour son dernier spectacle.

Depuis dix-huit mois, les « artisans de la paix » et tous les partis, associations et élus du Pays Basque français ont accepté le mot d’ordre de l’ETA et de ses amis : le Pays Basque ne serait pas en paix tant qu’il y aurait des armes et des prisonniers. Il reste la moitié des armes et tous les prisonniers restent en prison, et pourtant, l’ETA renonce à la guerre.

Non seulement l’ETA se dissout, mais elle demande pardon pour le mal et les souffrances qu’elle a causés. Quand nous demandions ce geste dans les réunions des « artisans de la paix », on nous répondait « il y a des souffrances et des victimes des deux côtés ».  Puis l’ETA demande pardon pour les victimes et les souffrances sans reprendre l’expression « des deux côtés ».

Les Dr Knock qui nous ont persuadés que nous étions en guerre vont nous persuader maintenant que la paix est le résultat de leurs gesticulations.

Pour résister aux miasmes d’une raison endormie, je vous suggère de prendre l’air et de réfléchir aux éléments suivants.

La dissolution de l’ETA est due à la résistance d’abord de l’Espagne et du Pays Basque espagnol et des manifestations pour la paix quand ce terme avait un sens. Elle est due aussi à l’activité conjointe des polices espagnole et française dont le résultat est qu’il y a dix fois plus d’etarras en prison qu’en cavale. Pendant tout ce temps, le Pays Basque français fixait ses espadrilles.

L’ETA et ses amis avait un problème : comment transformer une défaite militaire en victoire politique ? Impossible au sud où les blessures sont à vif. Au Nord, qui était en paix depuis longtemps, il fut possible d’organiser un spectacle sang et lumière.

Quelques rares personnes dénoncèrent l’opération de blanchiment de la terreur. Peu nombreuses, mais déterminées. Leurs messages circulaient sur les réseaux sociaux, parfois repris, parfois partagés. Elles ont manifesté contre l’installation de la sculpture de la honte, ont gâché la fête des amis de l’ETA, ont lancé une pétition qui a recueilli plus de mille signatures.

Des amis me disent que cette campagne n’a plus raison d’être. Ils se trompent.

Vous connaissez EPPK ? C’est l’association qui regroupe les prisonniers basques condamnés pour activités terroristes en bande armée. En janvier, cette association a déclaré qu’elle coupait toute relation avec l’ETA. Nouvelle surprenante. Dans un très long texte alambiqué, EPPK disait qu’il n’était pas question pour elle de se repentir, de demander pardon. Elle acceptait des démarches individuelles de repentir sans les condamner, mais collectivement, non. L’explication de cette rupture vient aujourd’hui. L’ETA allait demander pardon, mais EPPK ne suivrait pas.

Donc, connaissant la propension de nos élus à courber l’échine devant les patriotes les plus radicaux, on peut craindre qu’ils se mettent dans les pas d’EPPK, qu’ils se fassent l’écho de leur refus, qu’ils évoquent à nouveau les « victimes des deux côtés », et qu’ils refusent le dialogue avec les associations de victimes des régions basques où il y en eut beaucoup.

On peut s’attendre à tout de la part de personnes qui ont manifesté derrière une banderole « nous les voulons à la maison », s’agissant de terroristes condamnés. De la part de personnes qui entouraient la hache, symbole de l’ETA, accompagnés d’Otegi et d’autres terroristes condamnés.

Alors à mes amis qui disent que cette campagne n’a plus de raison d’être, je leur dis amicalement le Pays Basque français n’est pas du tout à l’abri des replis identitaires qui risquent de détruire l’Europe.

mardi 17 avril 2018

non à la hache


Non à la hache !

Les « artisans de la paix », la municipalité de Bayonne, le député Bru et le sénateur Brisson, le président Etchegarray, ont osé. Ils ont installé au milieu de la ville de Bayonne une statue qui représente une hache, une énorme hache métallique, une hache qui a brutalement divisé le Pays Basque, qui a indigné des citoyens français. Ils ont osé. Ils étaient là pour la photo de famille avec le chef de la hache, Otegi. Dire qu’ils étaient fiers et souriants, ce serait exagéré. Ils semblaient mal à l’aise. On lisait sur les visages, sauf celui d’Otegi, qui souriait de toutes ses dents, « on est en train de faire une connerie ».

D’ailleurs, dès le lendemain, la hache avait disparu. Comme un divorce après le ratage d’une première nuit de noces.

Je veux les rassurer, tous ces inquiets. La hache n’est pas une bêtise, n’est pas une erreur, n’est pas trop tôt ou trop tard. Elle est le symbole certes odieux, de la politique qu’ils mènent depuis plus d’un an. Car tous ces gens, depuis plus d’un an ont négocié avec les porteurs de hache. Ils ont offert poliment aux porteurs de hache de déterrer leur instrument de mort et en échange, de transformer des bourreaux en bûcherons.

Quand se défont des entreprises meurtrières, en général, on en détruit les symboles. Partout on a fondu les croix gammées, on a concassé la faucille et le marteau. Au Pays Basque français, on érige le symbole de la terreur en sculpture, avec vernissage et discours.

Dans cette portion d’un territoire qui a connu les dégâts de la hache, l’indignation est grande. Je souhaite que du côté basque français, cette indignation soit comprise, soit partagée, soit reprise.
Par tous les moyens dont nous disposons, la pétition (sur le site https://chn.ge/2IRaEEe). Par des lettres à la presse française et espagnole. Par des messages à vos élus, dites, non à la hache, dites qu’elle n’est pas installée ici en votre nom. Dites qu’un instrument de torture ne peut pas accueillir les touristes, dites que vous voulez respecter la douleur des victimes de l’ETA.

lundi 16 avril 2018

les parapluies de la concorde

Paraguas con el lema "vergüenza" en la inauguración de la 'escultura del desarme' de ETA en Bayona

Paraguas con la palabra "vergüenza" en francés en Bayona. EFE
Varias personas que portaban paraguas en los que le leía la palabra "honte", "vergüenza" en francés y que recordaban los 829 crímenes de ETA han irrumpido hoy en el acto de inauguración de la 'escultura del desarme' en Bayona organizado por 'artesanos de la paz' y Bake Bidea.
Colectivos de víctimas de la banda habían mostrado este domingo su rechazo a la colocación de este monolito titulado "Arbolaren Egia (El árbol de la verdad)", del escultor guipuzcoano Koldobika Jauregi, un árbol de de acero y hierro de ocho metros de alto, cuatro de ancho y tres toneladas de peso, cuyo tronco es un hacha (símbolo de ETA) invertido.
Precisamente, el hacha invertido estaba dibujado en los paraguas de quienes protestaban por el acto, en los que le leía "vergüenza".
Estas personas que rechazaban la escultura han asegurado que no pertenecen a ninguna asociación ni partido político, pero consideran "una vergüenza" que se instale esta escultura.
El 'artesano de la paz' Jean Nöel Etxecheverry, 'Txetx', ha estado hablando con ellos para explicarles que no se pretende homenajear con el monolito a ETA, sino representar que "se ha acabado la violencia" de la banda.

Agradecimiento de Covite

El Colectivo de Víctimas del Terrorismo Covite ha dado las gracias a este grupo de personas.
Por su parte, la presidenta del colectivo, Consuelo Ordóñez, se ha cuestionado en la misma red social si "se permitiría una esvástica invertida en una escultura en Alemania para simbolizar el final del nazismo". "En Francia sí", denuncia.
¿Se permitiría una esvástica invertida en una escultura en Alemania para simbolizar el final del nazismo?
En Francia sí!
— Consuelo Ordóñez (@ConsuorF)
También se ha referido a los autodenominados 'Artesanos de la paz' que "en diciembre de 2016 fueron detenidos troqueladora en mano destruyendo armas de ETA con las que presumiblemente habían asesinado a ciudadanos españoles". "¿Por qué este gobierno se niega a investigarlo? ¿Por qué no da la orden de disolver a ETA?", ha cuestionado.
En la inauguración han estado representantes de la Corporación de Bayona, el alcalde y presidente de la Mancomunidad de Iparralde, Jean René Etchegaray, y una delegación de EH Bildu, encabezada por Arnaldo Otegi y Maddalen Iriarte.
Este acto ha puesto punto y final al 'Foro por la Paz' que los 'Artesanos de la Paz' y Bake Bidea han organizado del 6 al 8 de abril en las localidades vasco francesas de Baiona y Biarritz, con motivo del primer aniversario del acto de desarme de ETA, y que han dedicado a las víctimas y a los presos.

jeudi 12 avril 2018

héritage


Le bilan d’un pouvoir doit comprendre ce qu’il laisse en héritage. Boris Ieltsine nous a laissé  Poutine. Le successeur d’Obama est Trump. François Hollande nous a donné Emmanuel Macron.

Chacun peut en tirer les conclusions qu’il veut. Mais je suggère que l’héritage fait partie du bilan.

mercredi 11 avril 2018

1, 2, 3, sculpture.


Sur la statue, c’est un peu difficile à suivre, mais pas impossible, avec un minimum de bonne volonté. Il paraît maintenant que la hache devait être enterrée, ou partiellement enterrée. Flamboyante ou à demie-cachée, ou complétement enterrée, chaque étape de cette sinistre histoire était de toute manière défendue, expliquée, légitimée, par les blanchisseurs de la terreur.

Se posait aussi la question du financement. Apprenez que ni la ville de Bayonne, ni la communauté d’agglo, n’ont versé un sou. Tout a été financé par des entreprises privées. Donc le maire de Bayonne, blanchisseur en chef, trouvait cette statue excellente, contribuant à la paix, mais n’a pas risqué un kopek pour son installation.

Le financement a donc été assuré selon les vieilles méthodes : ce qu’on appelait l’impôt révolutionnaire. Les entreprises privées ont versé l’argent. Surtout les entreprises du côté français, paraît-il, parce que de l’autre côté, donner de l’argent à la demande des terroristes, c’était terminé, et elles ne voulaient plus recommencer. Alors qu’en France, l’impôt révolutionnaire, ça n’existait pratiquement pas et les entrepreneurs le découvrent avec un délicieux frisson. L’aventure. Les blanchisseurs ne vont pas jusqu’à donner la liste des généreux donateurs, comme il se fait quand on est mécène. Ces entreprises, ont-elles honte, craignent-elles des réactions négatives ? En tout cas, elles restent anonymes.

Résumons. La hache sera enterrée à moitié, complétement ou pas du tout. Les élus blanchisseurs adorent la sculpture mais ne donnent pas un sou. Les entreprises qui financent la statue que tout le monde adore veulent rester anonymes. On a connu des engagements plus enthousiastes.

Reste un point de droit. Les entreprises ont payé pour le modèle qu’on leur a présenté, avec une hache au grand air, prête à recevoir toutes les tempêtes, toutes les poubelles, tous les graffiti, toutes les peintures rouges, toutes les délégations des demi-soldes de l’ETA. Et voilà qu’on enterre la moitié ou le quart ou le tiers de ce qu’ils ont payé.

Ces entreprises ont maintenant le droit de demander le remboursement. Et pas en euskos, s’il vous plaît.

enterrer la honte


D’après le diario vasco, je ne peux pas le croire.

Pourtant c’est un journal sérieux. Je me pince. Ce journal dit que la sculpture tant décriée va être installée à nouveau, mais cette fois-ci, la hache sera enterrée donc invisible.

Pendant des jours et des jours, les artisans de la paix, les élus du territoire, les associations nous ont dit et répété que cette hache qui se dressait vers le ciel était un symbole de paix, pas le logo de l’ETA, pas le symbole de la terreur, mais un symbole de paix.

Vous savez, comme un poing fermé, une batte de base ball, un coup de poing américain, une ceinture cloutée, est un symbole de relations pacifiques entre les partenaires.

Et bien, pas du tout. Ils sont sensibles, les blanchisseurs, aux réactions des associations de victimes. Aux manifestants aux parapluies. Et ils vont enterrer la hache. Il restera l’arbre.

Alors toute l’entreprise des artisans de la paix s’écroule. Ils ont négocié le déterrement de la hache, ils ont négocié avec les hacheurs, et maintenant, ils l’enterrent. Donc ils nous ont raconté des bobards, pendant des jours et des jours. Et nos élus qui ont admiré, qui ont loué, la hache, Vincent Bru, Max Brisson, Jean-René Etchegarray, qui avaient pour la hache les yeux de Chimène, trouvent maintenant qu’il faut enterrer l’objet de leur affection.

La prochaine étape sera l’abattage de l’arbre.



Vous savez ce qu’est un couteau sans manche auquel il manque une lame ?



C’est un élu sans conviction auquel il manque du courage.

les parapluies de la paix


provisoirement  les « parapluies de la paix ».



La manifestation de six d’entre nous avec les parapluies qui portaient des slogans contre l’installation de cette sculpture à Bayonne a rencontré un large écho dans la presse et les médias. Sud-Ouest en a rendu compte, ainsi que France Bleu Pays Basque. Toute la presse espagnole et les médias ont accordé une place remarquée dans leurs bulletins d’information. La présidente de l’association de victimes COVITE nous a remerciés.

Cette manifestation et ses conséquences médiatiques marquent une étape. Les artisans de la paix pouvaient jusqu’à présent arguer d’un soutien unanime au Pays Basque français. Partis politiques, élus, syndicats, associations soutenaient tous une initiative qui avait été négociée avec une organisation terroriste. Autant l’unanimité était forte au nord, autant le soutien était limité au Sud. À l’installation de l’arbre, il y avait Otegi et c’est tout. David Pla, dirigeant de l’ETA emprisonné nous le dit : « ce qui se passe au Pays Basque Nord est exemplaire ».

La colère des associations de victimes et des partis politiques de la communauté autonome n’avait aucun écho puisque tout le monde soutenait cette opération de blanchiment de la terreur au Nord. La première rupture a été le refus de vingt conseillers municipaux de Bayonne d’installer la sculpture. Une première brèche.

Et puis cette manifestation qui a révélé au grand jour la pluralité des opinions. Beaucoup d’habitants de ce territoire s’inquiétaient en silence. Notre manifestation a révélé cette inquiétude.

Nous allons poursuivre. Une pétition contre l’installation de la sculpture va être mise en ligne. Nous allons rencontrer COVITE à San Sebastian. Nous allons rencontrer le sous-préfet pour présenter notre action. Nous allons organiser une table ronde sur le roman de Fernando Aramburu, Patria. Des événements simples, à la mesure de ce qui nous est possible et qui chaque fois brisent davantage l’unanimité.



Si l’on vous dit que les artisans de la paix et leurs soutiens ont rencontré les associations de victimes, voici la réaction de COVITE :



Por otra parte, el Colectivo, que se reunió el pasado mes de abril con el alcalde de Bayona, Jean René Etchegaray, a quien ya reprochó que su cercanía a ETA y a su entorno y su falta de interés por las víctimas. Ahora, COVITE ha criticado su aval a la colocación de la escultura: “La decisión del regidor demuestra una absoluta falta de sensibilidad con las víctimas del terrorismo.



Jean-René Etchegarray a été frappé d’amnésie sur cette rencontre.

Voici où ils en sont. Les compliments d’Otegi et de David Pla. La condamnation des associations de victimes. Il faut le dire nettement : les « artisans de la paix » usurpent leur nom. Ils rouvrent les plaies, ils alimentent les rancoeurs, ils divisent la société. Ils doivent être combattus pour le mal qu’ils provoquent et qui risquent de laisser des traces durables dans une société qui était en voie de réconciliation.

(Ceux d’entre vous qui veulent nous rejoindre sont les bienvenus. Qu’ils nous communiquent leur adresse mail)

mardi 10 avril 2018

bilan


C’est un peu compliqué, mais j’ai la conviction que certains de mes lecteurs (je n’arrive pas à dire « amis », ce ne sont pas des amis, ce sont des lecteurs. Il est vrai que parmi ces lecteurs, il y a des amis, et certains amis ne sont pas lecteurs, mais lecteurs est dans ce cas précis le mot le plus juste. Il englobe des amis lecteurs et des lecteurs qui ne sont des amis que sur la toile).

Que certains de mes lecteurs, donc, auront la patience de lire jusqu’au bout parce qu’ils partagent certaines de mes inquiétudes sur la scène politique du Pays Basque français. Ceux qui ne partagent pas mes inquiétudes auront depuis longtemps cliqué sur un ^ qui permet de supprimer un ami de la liste. Les autres continuent de s’intéresser.

On ne choisit pas sa famille et on ne choisit pas le coin de terre qui vous accueille. Si les tensions avec la famille sont trop fortes, il est possible de la quitter. Il est tout aussi possible de quitter le coin de territoire qui est devenu un point de chute. Mais c’est peut-être plus compliqué que de quitter sa famille.

Pour des raisons qui seraient trop longues ici à énumérer, mon point de chute est le Pays Basque français. Du point de vue du climat, des paysages, des activités physiques, des loisirs, des relations amicales ou affectives, la qualité de vie est l’un des meilleures que je connaisse.

À condition de ne s’intéresser qu’au climat, au paysage, aux loisirs, aux relations humaines. Si vous vous intéressez à la vie politique, le Pays Basque français est l’un des plus compliqués. À la fois ouvert et fermé, rassurant et inquiétant, intégriste et moderniste. D’une part, une population cosmopolite, artiste, ouverte, œcuménique. Et d’autre part, sur le même sol, un évêque de Bayonne parmi les plus intégristes qui organise des séminaires pour guérir les homosexuels, qui compare les IVG à des génocides et dont les prêtres portent une soutane boutonnée depuis le col jusqu’au chevilles, une soutane qui traîne dans la poussière et dans le sable. Et puis des catholiques œcuméniques et des pasteurs femmes protestantes. Des manifestations pour la fierté homosexuelle et des intégristes criards.

Et dans la même foulée, un personnel politique très soumis aux revendications identitaires. Tous, droite, gauche, insoumis et conformistes, centristes et marcheurs, LR et socialistes, se mettent au garde à vous devant les patriotes. Ils se sont rassemblés pour leur offrir un territoire administratif correspondant à une frontière imaginaire. Pour leur offrir des ikastolas où l’on enseigne le basque alors que les parents seraient plutôt attirés par l’anglais et l’espagnol mais ils n’osent pas le dire parce que le dire, c’est être un petit peu traître à la nation basque. Vous commencez à voir ce que je veux dire. On peut être pour ou contre l’IVG, pour ou contre le mariage pour tous, pour les réformes du travail, pour l’accueil des migrants ou la fermeture du pays, sur tous ces points, les discussions peuvent être rudes, mais on ne vous qualifiera pas de traître à la patrie. Être traître à la patrie, ce n »’est pas rien, en temps de guerre, on vous fusille pour moins que ça. Quand l’ETA était encore en activité, chivata, c’était une balle dans la tête vite fait. Maintenant,  ils n’ont plus d’armes, mais la guerre continue sous d’autres moyens, et les élus qui n’étaient pour les patriotes, pour les prisonniers, pour l’amnistie, tournaient le dos au Pays Basque. Disait-on. On tourne le dos et paf…

Que demandent les patriotes ? Qu’on reconnaisse la légitimité du combat que les chivatas appellent terroriste. Que les terroristes emprisonnés soient reconnus comme des prisonniers politiques, parce que tirer une balle dans la tête d’un journaliste ou d’une chivata, rançonner pour extorquer l’impôt révolutionnaire, incendier des bâtiments publics, quand on est musulman, c’est du terrorisme, quand on est basque, c’est une activité politique. Naturellement, si vous évitez ces sujets, vous passez au Pays Basque des séjours tranquilles. Alors pourquoi se faire du souci ? Quand vous allez au restaurant, vous n’allez pas visiter le local à poubelles…
L’ETA a perdu la guerre et les patriotes doivent transformer la défaite militaire en victoire politique. Et ils réussissent à entraîner dans cette opération de blanchiment toute la société politique basque.

dimanche 8 avril 2018

sortie de clandestinité


Nous avions décidé la veille de contre-manifester. Nous avons préparé nos armes soigneusement, fiévreusement. Nous avons trouvé d’anciens parapluies ou des parapluies neufs, mais bon marché. Nous avons acheté des feutres. Le petit-fils a été mis à contribution, il a inscrit les chiffres 829 au feutre noir et a signé : YG. La nuit a été courte, nous étions excités comme des mômes à la veille d’un départ en vacances. Tout était prêt. Le co-voiturage est organisé. Nous partons en avance pour trouver une place. Nous trouvons une place. La pluie se calme un peu. Les circonstances idéales seraient suffisamment de pluie pour justifier les parapluies, car un beau soleil rendrait notre batterie de parapluies suspecte. Mais pas trop de pluie et pas trop de vent. Les dieux sont avec nous. Nous nous nous déployons, chacun séparément, chacun avec son parapluie, Brigitte avec un tee-shirt blanc marqué « 829 ». Nous approchons de l’esplanade Roland Barthes. La statue se dresse dans toute son horreur. Pour représenter l’ETA, ils ont choisi la hache. C'est à dire la violence. Ils auraient pu choisir le serpent, (la ruse) mais ils ont préféré la hache. L’artiste justifiera son choix en comparant son œuvre à Guernica de Picasso. Manque pas d’air. Je n’ai pas souvenir que la population de Guernica ait protesté contre le tableau alors que les associations de victimes de l’autre côté sont en ébullition contre cette hache. Les seuls qui sont contents sont les etarras et leurs soutiens. Otegi est ravi. David Pla (dirigeant de l’ETA emprisonné ») nous le dit : « ce qui se passe au Pays Basque Nord est exemplaire ». Bru, Brisson, Etchegarray sont au garde-à-vous.

Écoutez bien la suite. Nous ouvrons les parapluies. Et miracle. Les dizaines de journalistes derrière leur caméra, leur appareil photo, leur enregistreur, se précipitent, photographient, filment. Les médias nous sortent de la clandestinité. Depuis des mois et des mois que nous nous battons contre l’entreprise de blanchiment de la terreur, sans être guère écoutés, voilà, on commence à nous entendre.

Nous  étions six, ils étaient deux cents. Voyez comme le rapport de force commence à s’inverser. L’an dernier, ils étaient dix mille dans les rues de Bayonne. Nous étions zéro. Aujourd’hui, ils sont deux cents et nous sommes six.

Aux dernières nouvelles, la statue va être démontée et remontée jusqu’au jour où l’ETA va officiellement se dissoudre. Cette pantalonnade peut être interprétée de deux manières. Ou bien les artisans de la paix désormais transformés en « amis de l’ETA » veulent saluer la sortie de l’organisation terroriste par une dernière fête, celle de l’artiste vieillissant qui a du mal à quitter la scène.

Ou bien, ce que nous disons sur le sens de cette monstrueuse statue est vrai : elle est célébration de l’horreur et il vaut mieux attendre que le sang ait bien séché avant d’applaudir l’assassin.

je le jure


Nous sommes face à face. Sur nos poitrines,  sur nos parapluies, sur nos pancartes, dans notre voix, sur nos cahiers d’écolier, sur les murs de la ville, nous écrivons 829, le nombre de tués par l’ETA.

Et en face, des nationalistes à la mâchoire carrée, à la musculature disciplinée, à la réflexion fanatisée, viennent nous crier « et les GAL et les tortures dans les prisons ? » 

Ces cris ne doivent pas rester sans réponse.

Je jure ici solennellement, devant témoin. Je m’engage ici et que ma main droite soit frappée par la foudre si je ne tiens pas mon engagement. Je vous l’affirme :

Si Le maire de Bayonne Jean-René Etchegarray, le sénateur Brisson, le député Bru, à l’appel d’une organisation nommée « les fabricants de la réconciliation », venaient assister à une cérémonie où seraient glorifiés les tueurs du GAL, un pistolet dressé vers le ciel,

Ou encore une cérémonie ou seraient glorifiés les bourreaux de la police espagnole, avec des instruments de torture empilés sur un socle de béton.



Je jure ici solennellement que je viendrai manifester avec qui voudra bien contre une telle honteuse célébration, contre une infâme acceptation de la barbarie.

Et que ma main droite se dessèche si je ne tiens pas mon engagement.

samedi 7 avril 2018

ici Ondres


Première séance des blanchisseurs sur les victimes. Pas un mot sur le refus des associations de victimes de les recevoir. Pas un mot sur la condamnation, l’indignation, le cri d’horreur, des associations de victimes sur le monument de la honte, une hache à la gloire de l’ETA. Pas de questions dans la salle. Sauf écrite. Tout est verrouillé. Je regrette de ne pas pouvoir distribuer mon texte. Je ne demanderai plus la permission à personne désormais. Heureusement, des gens s’approchent, des journalistes. Elles lisent mes blogs. Pas toujours d’accord, mais elles lisent et aimeraient en discuter. Gaby Mouesca a lu mon texte qui le met directement en cause et me dit qu’il aimerait en discuter. On va en discuter.

Le lendemain, sur les prisonniers basques condamnés pour activités terroristes en bande armée, je distribue mon texte. Effarement. Comment peut-il ? Un personne s’approche, une organisatrice : vous n’avez pas le droit de distribuer des textes. Ah bon ? Je n’ai pas le droit ? Et comment allez-vous faire pour m’en empêcher ? Appeler un gendarme ? Tiens, pourquoi pas Yves Giumarra ? Il est mort, dites-vous ? Ben alors demandez à son assassin.

Des regards de haine, des refus violents. Je n’ai jamais vu des artisans de la paix aussi guerriers. Je sais pourquoi. Leur postulat est que nous ne sommes pas en paix tant que les prisonniers etc… Ma présence ici affirme au contraire que nous sommes en paix. Vous croyez une seconde que je pourrais distribuer un texte critiquant l’ETA et ses sbires si nous n’étions pas en paix ? Cette distribution est la preuve que nous sommes en paix. Ça les embête bien sûr. Ils disent que nous ne sommes pas en paix et la distribution tranquille d’un texte critique prouve le contraire. Ah ! Terminé le bon temps ou tout ça se réglait d’une balle dans la nuque.

Aujourd’hui dimanche 8 avril, nous allons manifester à Bayonne contre la statue de la honte, avec des parapluies imprimés. Je prendrai des photos. Nous ne sommes pas nombreux, c’est vrai. Mais un caillou dans la chaussure, un grain de sel sous l’appareil dentaire, un acouphène discret, une poussière dans l’œil, plus une bouteille de vin rouge qui se brise sur la hache de l’ETA à Bayonne, ça finit par faire du monde.

Il faut résister. Sinon, nous serons obligés de quitter le Pays Basque et de nous réfugier dans les Landes. Nous créerons un poste de radio : « Ici, Ondres, Ici Ondres ».

une hache ensanglanté


Déclaration publique le Samedi 7 avril à la séance des lessiveurs de terreur « artisans de la paix ». sur les prisonniers basques condamnés pour activités terroristes en bande armée.   





Du conflit du Pays Basque, pour les artisans de la paix, il ne reste que les armes –elles sont déterrées- et les prisonniers basques condamnés pour activités terroristes en bande armée. Mais voilà, il reste aussi les victimes de ces prisonniers qui ne peuvent pas être déterrées et les souffrances de leurs familles. Chaque fois que vous parlez des souffrances des prisonniers sans parler des victimes, sans parler aux victimes, sans écouter les victimes, vous ouvrez des plaies mal cicatrisées.

Vous manifestez pour les prisonniers basques condamnés pour activités terroristes en bande armée sans jamais citer le nom de leurs victimes. Tout le monde connaît ici le nom de ceux qui ont été condamnés pour l’assassinat d’un gendarme le 7 août 1983. Qui connaît le nom de leurs victimes ? Il s’appelait Yves Giumarra. Ceux qui ont été condamnés n’ont jamais demandé pardon à sa famille. Qui parmi les artisans de la paix a pris contact avec sa veuve, sa famille ? Oubliez le nom de ses assassins et retenez ce nom.

Yves Giumarra.

Vous allez visiter les prisons. Vous pleurez les souffrances des familles, qui doivent voyager loin, qui ont des accidents de voiture, qui sont épuisées. Et vous demandez à l’état français de prendre en compte ces souffrances. Mais vous ne demandez pas aux condamnés de demander pardon à la famille de ce gendarme dont je rappelle ici le nom. Yves Giumarra.

J’ai fait un cauchemar. J’ai imaginé un coin de France où seul le nom de l’assassin d’Arnault Beltram serait connu. Où il vendrait partout ses livres, ferait des conférences,  se plaindrait des conditions de son incarcération. Un coin de France où le nom de Beltram serait oublié. Inimaginable ? Non. Ça se passe ici au Pays Basque.

Alors, je répète ce nom. Oublions le nom de ses assassins. Retenons le nom d’Yves Giumarra.



Maurice Goldring, la République en marche


remarques sur les blanchisseurs de l'eta


Vendredi 6 avril : victimes, souffrance, faire face au passé pour construire l’avenir.

Je suis membre de la République en marche.



David Pla (dirigeant de l’ETA emprisonné pour activités terroristes en bande armée)  : ce qui se passe au Pays Basque français est exemplaire (sud ouest 06 avril. Le lehendakarri du Pays Basque espagnol : vous a répondu : nous ne pouvons pas vous suivre, les morts sont de notre côté. On peut dire que vous choisissez vos interlocuteurs.



Vous dites : attention tant qu’il y a des armes… tant qu’il y a des prisonniers. le conflit n’est pas terminé. Tout le monde accepte vos arguments, vos actions.



Acceptez une voix discordante.  Pour moi, la paix, c’est quand je peux envoyer ma petite fille chercher une baguette de pain sans qu’elle soit accompagnée par des gardes du corps. La paix, c’est quand le leader républicain Gerry Adams demande aux républicains  de dénoncer à la police tout homme qui possède des armes ou des explosifs. Nous sommes en paix depuis 2011, et depuis longtemps encore pour le Pays Basque en France.



Cette paix-là n’est pas la vôtre. Quand Miguel Angel Blanco a été assassiné et qu’une énorme manifestation a crié  Basta ! Vous n’y étiez pas. Quand il y avait vraiment besoin d’artisans de la paix, vous regardiez vos chaussures.

Vous n’êtes pas des artisans de la paix, vous êtes des sous-traitants d’un projet qui vise à transformer une défaite militaire en victoire politique. Fernando Aramburu : vous êtres des blanchisseurs du passé de l’ETA.



Les victimes, vous dites que leur association a refusé de vous rencontrer. Bien sûr. Il vous a fallu un an et demi pour vous rappeler qu’il y avait des victimes. Il fallait commencer par là. Mais il n’est pas trop tard. Vous avez négocié avec les assassins, pourquoi ne pas négocier avec leurs victimes ?



Pour leur dire quoi ? Pour leur demander leur avis sur le monstrueux monument que vous comptez installer à Bayonne, avec la hache de  l’ETA ? Que vous avez de la place à la table de littérature  pour les livres d’un ancien Iparretarrak condamné pour l’assassinat d’un gendarme, mais pas pour le très dérangeant roman de Fernando Aramburu, Patria ? Alors elles ne vous recevront pas.



Si vous dites aux victimes que vous regrettez la totale absence de repentir des prisonniers que vous défendez. Si vous dites que vous regrettez les manifestations de joie  à la sortie des prisons. Si vous recommandez que les etarras demandent pardon. Elles accepteront peut-être de vous recevoir.


Ce n’est ni au gouvernement français ni au gouvernement espagnol de bouger. C’est à vous, c’est à vous seulement.

vendredi 6 avril 2018

contorsions de l'eta


Lisez, relisez l’interview accordée par un dirigeant de l’ETA emprisonné, David Pla (Sud Ouest 6 avril 2017).. Vous verrez comment il se contorsionne pour masquer la défaite de son organisation. Tout est présenté comme si l’ETA décidait de manière rationnelle, au nom de ses seuls objectifs, des stratégies, de l’emploi de la terreur ou de l’arrêt de la lutte armée. Sont absentes les immenses manifestations de rejet dans la société civile, notamment au Pays Basque. Sont absents de ce raisonnement les succès des polices françaises et espagnoles qui ont rempli les prisons et décimé les rangs de l’ETA.

Comment gesticuler de manière crédible, comment transformer cette défaite militaire en victoire politique ? David Pla nous le dit : « ce qui se passe au Pays Basque Nord est exemplaire ». Voilà. C’est dit. Voilà révélé l’objectif des artisans de la paix. Le gouvernement français traîne, le gouvernement espagnol freine, la société basque au sud nous échappe. Notre porte de sortie se situe au Nord.

dimanche 1 avril 2018

juif un petit peu


Je suis juste un petit peu juif.  



J’ai été juif pendant la guerre. J’avais huit ans et je portais une étoile jaune. J’avais contre moi l’armée allemande, l’état vichyste, les dénonciateurs, les partis antisémites, les journalistes de la collaboration, les expositions, les sociétés, les intellectuels. Là, en ce temps-là, pour ne pas être juif, il fallait vraiment le vouloir.

Aujourd’hui, je ne porte pas de kippa, ni d’étoile. Quand j’entends des remarques racistes, contre les Arabes ou contre les Juifs, je réagis, toujours, vivement, avec des arguments et des colères. Mais je peux porter plainte, je suis protégé, par l’armée, la police, la justice, l’état républicain, les partis politiques, les intellectuels.

Je sais que des Juifs qui portent leur religion comme d’autres portent la croix ou le voile sont l’objet d’insultes, parfois d’attaques. D’autres, qui n’ont de juif qu’une histoire, un nom, un accent, se font attaquer, et parfois pire. Ils ont toute la société française derrière eux pour les défendre, en justice, en paroles, en actions.

Il y a des antisémites. Il y a eu des meurtres clairement antisémites. Une partie des musulmans porte en eux de l’antisémitisme comme la nuée porte l’orage. Toute la société française, dont la majorité des musulmans, est dressée contre eux. À juste titre.  

Il y a un domaine où je me sens un petit peu juif. Je ne peux pas me défendre d’une certaine fierté de porter un nom qui provoque des haines emblématiques, des haines qui sont le critère absolu du sous-développement, de la débilité politique, de pathologie collective, d’ignorance meurtrière. Ainsi, beaucoup d’observateurs considèrent que la marque principale du sous-développement, de la distance vis-à-vis des grandes valeurs de notre temps, la crétinerie politique absolue, dans les pays arabes est l’acceptation ou le partage de sentiments antisémites.

C’est ainsi. Cela  a une histoire. Mais c’est ainsi. La Pologne est stigmatisée surtout pour des opinions et des actions antisémites. En Russie, tous les Noirs qui sont allés étudier dans les universités à Moscou ou Leningrad savaient que le racisme anti noirs était universel et violent. Les Noirs savent qu’il ne fait pas très bon d’être noir dans les pays arabes. Pourtant c’est l’antisémitisme qui permet d’abord de stigmatiser ces sociétés. Et même chez nous en France, ou le racisme anti-arabe  est non seulement le plus répandu, mais le plus nocif pour les populations cibles, ce qui fait réagir le plus c’est l’antisémitisme.

C’est pourquoi je me sens un peu juif, un peu fier d’être juif. Un peu fier  d’appartenir à une population qui est depuis des siècles et des siècles fournit aux barbares  le symbole suprême de leur barbarie.