mardi 25 septembre 2018

Manuel à Biarritz


Comment obtenir le soutien de La République en Marche pour les prochaines élections municipales ?

 

 

Circulaire de La République en Marche (libération 22 septembre 2018). Les candidats aux municipales qui demanderont l’appui de La République en Marche devront soutenir la liste La République en Marche aux élections européennes.  « Tout candidat qui aura soutenu une liste concurrente ne pourra obtenir l’appui de La République en Marche ». Deuxième condition : ils devront prendre leur distance avec tout parti ou mouvement d’opposition à la majorité présidentielle. Dernière condition : ils devront souscrire à la charte du progressisme municipal qui sera formalisée cet automne.

 

Question : quels candidats seront soutenus par La République en Marche au Pays Basque ? De deux choses l’une. Ou bien les  macroniens du Pays Basque resteront sourds et muets. Ou ils adopteront la ligne nationale et ils devront se mettre à faire de la politique.

 

Si je prends Biarritz par exemple, la seule manière dont pourront se dégager des candidats marcheurs sera le silence et la fuite. Les députés et les sénateurs et les conseillers municipaux passent leur temps à esquiver les questions nationales. Pour les européennes, la majorité d’entre eux seront en vacances et reviendront avec une extinction de voix. Max Brisson ne sait toujours pas s’il soutient la ligne Laurent Wauquier ou Alain Juppé. Dans sa conférence de presse, sur toutes les questions nationales, il a été d’une prudence annonciatrice de grands silences. Le centre comprend Jean-René Etchegaray qui pour le moment soutient la liste des nationalismes régionaux « peuples et régions » et J.J. Lasserre qui combat vigoureusement le nationalisme. Le Modem fait partie de la majorité présidentielle mais se soumet à l’abertzalisme. Sur ces questions, Michel Veunac continuera de se taire. Comme Vincent Bru, il assistera furtivement à certaines réunions et se taira sur les grandes questions nationales. Le seul qui répond aux conditions de la circulaire est pour le moment Guy Lafite. Il soutiendra la liste européenne de La République en Marche. Il n’a jamais participé à des actions nationalistes basques. Il prépare une déclaration de rupture avec la Grande Blanchisserie abertzale. Mais la nouvelle majorité qu’il envisage comprend des personnes qui s’opposent clairement à la majorité présidentielle. Et d’autres qui ont piétiné avec les abertzale les tombes des victimes de l’ETA.

 

Et si on demandait à Manuel Valls ?

lundi 24 septembre 2018

lignes rouges


Lignes rouges

 

 

Les habitants d’un pays, d’une région, d’un territoire, d’une communauté d’agglo, d’un bourg, d’un village, d’un quartier, ont le droit de croire, de pratiquer une religion, de refuser de manger du porc ou de la viande en général, de ne pas forniquer le jour du Seigneur ou de ne pas se masturber pendant Yom Kippour. Ils ont le droit de penser que le mariage entre deux personnes du même sexe est contre nature. Ils ont le droit d’estimer que chaque ovule, chaque spermatozoïde, est un être vivant et que chaque obstacle artificiel, chaque préservatif, chaque pilule anti contraception, chaque coïtus interruptus, massacre des millions de ces êtres vivants. Ils ont le droit de parler arabe, basque, gaélique. Ils ont le droit de penser qu’un etarra est un prisonnier politique et que lancer une bombe dans une école est un acte de piété.

 

En échange de ces libertés de croyance,  ils doivent accepter qu’aucune de ces croyances, aucune de ces pratiques, ne peut être imposée à l’ensemble du pays, de la région où ils vivent. Ainsi, ils peuvent refuser l’IVG, mais ne doivent pas l’interdire à ceux qui veulent y recourir. Ils peuvent se couvrir la tête d’un voile mais accepter qu’on puisse se promener dans tous les lieux publics cheveux au vent. Ils peuvent refuser de monter dans un TGV, mais pas l’interdire à ceux qui l’empruntent régulièrement.

 

Ce qui est inacceptable, c’est qu’une fraction de la population, même si elle est majoritaire, impose ses croyances à une autre fraction, même si elle est minoritaire. A Belfast, quand les protestants dirigeaient la ville, les jardins publics étaient fermés et les manèges cadenassés car il était interdit de se promener ou de s’amuser le jour du seigneur. Cela s’appelle dictature. La dictature d’une majorité sur une minorité. Quand une partie du pays impose ses croyances à tout le pays.

 

La question qui se pose au Pays Basque français est de déterminer quelles sont ces lignes rouges qu’il ne faut pas franchir sous peine de devenir un ghetto culturel, sous peine de cliver la société en vrais basques et en touristes. Sous peine d’une guerre civile larvée.

 

Quand des abertzale demandent des crédits et des salles aux contribuables, à vous et à moi, pour enseigner la langue, et qu’ils accrochent des cartes où la frontière qui sépare le Pays Basque espagnol et français a disparu, ils imposent à tous les habitants une conception identitaire de leur territoire. C’est une ligne rouge. Vous voulez des crédits ? Très bien. Les cartes sont celles de la République. Quand les patriotes effacent les noms français sur les panneaux, ils imposent leurs croyances à l’ensemble des habitants qui acceptent le bilinguisme, mais certainement le monolinguisme basque.

 

Quand les abertzale du Pays Basque français imposent à tous ses habitants une communauté d’agglo identitaire. Que ceux qui s’opposent à cette communauté sont insultés, déclarés ennemis du peuple basque, voici une autre ligne rouge qui a déjà été franchie. Car désormais, cette communauté d’agglo impose à l’ensemble de la population du territoire ses conceptions, demande l’officialisation de la langue basque, demande de soutenir les opérations de blanchiment de la terreur basque, crée des insignes qui séparent les locuteurs basques de ceux qui ne le parlent pas. Petit à petit, les jardins publics se ferment, les manèges se cadenassent, une partie de la population impose ses croyances, sa culture, à l’ensemble. Et fait régner une telle pression que les opposants n’osent plus s’exprimer de crainte d’être labellisés ennemis du peuple basque.

 

Comment lutter contre ces dérives ? D’abord les nommer pour ce qu’elles sont : des lignes rouges.

dimanche 23 septembre 2018

limitation de vieillesse


On ne dira jamais assez à quel point la décision du gouvernement de limiter la vieillesse à 80 au lieu de 90 est une bonne décision. Il suffit de se rendre à la page nécrologie de la presse écrite pour se rendre compte à quel point la mortalité va être réduite par cette limitation.
Quant à ceux qui persistent à dépasser les 80 ils le font à leurs risques et périls. Ils ne pourront s’en prendre qu’à eux-mêmes.

on ne peut pas toujours choisir


On ne choisit pas tout. On ne choisit pas ses étudiants et parfois, on aimerait s’adresser à un tout petit groupe d’étudiants intelligents et travailleurs, genre qui viennent vous poser des questions à la fin du cours. Alors que dans la salle de cours ou dans l’amphi, ce petit groupe existe naturellement, mais il est perdu dans la foule et il faut du temps pour le repérer. Il faut le dégager d’un ensemble médiocre ou même franchement insupportable dont il faut le dépouiller, comme on extrait laborieusement la succulente chair du crabe après de longs travaux de dégagement de la carcasse. Quand je préparais mon cours, c’est ce petit groupe que j’avais en tête, c’est à ce petit groupe que je souhaitais m’adresser, allumer une lumière, relever une paupière, irriguer des neurones. Mais je ne pouvais pas choisir. On peut choisir ses doctorants, mais pas ses étudiants en première année. Certains collègues faisaient cours uniquement à cette élite succulente, littéralement décarcassée, se souciaient comme d’une guigne de la majorité des auditeurs et à force, avec de la patience, cette majorité se lassait, ne venait plus au cours et le prof se trouvait alors dans la position idéale du chercheur qui partage ses pépites avec des apprentis-chercheurs, qui leur indiquait les bons filons, qui partagera la gloire des prochaines découvertes. Malheureusement, cet élitisme m’était impossible. D’une part, mes origines modestes, toujours plus modestes, me rapprochaient de ceux de mes étudiants qui ne comprenaient rien à mon cours, se mettaient à bavarder, à décrocher, et me rappelant mes origines modestes, je souhaitais les entraîner sur le chemin de la gloire. D’autre part, il me restait d’un engagement militant communiste l’idée que les plus pauvres étaient le sel de la terre, l’avenir de l’humanité et même si j’avais depuis longtemps rompu avec  tout millénarisme, il me restait des gestes de solidarité avec qui se trouvait dans le ruisseau. Il faut des années et des années d’entraînement pour ne plus voir les taudis et les galères. Le résultat, c’est que je préparais mes cours pour un petit groupe, mais une fois dans l’amphi, je m’adressais à ceux qui étaient le plus éloigné de mes démonstrations. Plus ils décrochaient, plus je m’accrochais, je voulais absolument leur montrer qu’ils étaient capables de suivre, de monter dans le train. Pour les entraîner ainsi, je simplifiais mon cours, j’expliquais les concepts les plus transparents, et parfois, j’entraînais ainsi des égarés effarés. Mais du coup, je perdais l’élite. L’élite s’ennuyait. On connait tout ça par cœur, disait l’élite, tu penses à nous des fois ? Tu te rends compte qu’on s’emmerde comme c’est possible. Tu pourrais faire cours à la plèbe et nous prendre en cours particulier, sur dossier et sur motivation, dans une arrière-salle de café ? Je les regardais, je voyais leur désarroi, je lisais leur message dans les regards éplorés. Je leur répondais par d’autres regards : non, il n’est pas question de vous couper de la masse des étudiants ; ça viendra  plus tard, quand vous ferez une thèse. Pour le moment, ils ont besoin de vous, ils ont besoin de votre présence car c’est votre présence qui me fait préparer des cours pour les meilleurs et ensuite les rendre audibles par les moins bons. C’est comme ça que je fonctionne. Je n’ai pas fréquenté les khâgnes et les séminaires. Il m’est arrivé de faire cours à ces normaliens, tous intelligents, tous avides de savoir et de comprendre, tous arrivé au bout de mon raisonnement avant même qu’il s’exprime. J’étais fier, bien sûr, car d’origine très modeste, j’étais arrivé à faire cours dans le saint des saints, et puis je me rendais compte que les efforts que je faisais pour me faire comprendre des moins bons me manquaient.  

 

jeudi 20 septembre 2018

ascenseur social


Quand j’étais prof de fac, je pouvais vivre paisiblement et pas trop inconfortablement en recevant un salaire qui me situait dans la tranche des dix pour cent les mieux payés de mon pays. Peut-être même les cinq pour cent. Peut-être même les trois pour cents. Chaque fois que je pensais à mon ascension sociale, je me répétais la tranche où j’étais. Je me rappelle quand j’ai commencé mon ascension par un poste de professeur certifié dans un lycée de province. Dans l’Oise, qui n’est pas l’un des départements les plus prestigieux. Mon syndicat d’alors, le SNES, me répétait que j’occupais une fonction parmi les plus mal payées de toutes les fonctions de tous les métiers de France et ces déclarations ne me mettaient pas en colère (une colère qui est le moteur de l’action syndicale), mais au contraire me plongeaient dans la dépression. Cinq années d’études pour aboutir dans un département assez sombre à un poste qui était parmi les plus mal payés de tous les emplois. Mon syndicat me lançait dans son bulletin, dans ses discours, dans ses comparaisons, des exemples qui m’enfonçaient chaque jour davantage. Un policier débutant était mieux payé que moi. Un tourneur gagnait plus que moi, avec juste un CAP. Personne ne gagnait moins que moi, ou même pareil et ça me plongeait dans une dépression dont je ne pouvais me sortir que par les vacances et ces vacances m’enfonçaient encore plus. Car non seulement j’étais mal payé, dans la tranche des cinq pour cent les plus mal payés, mais en plus, je ne méritais pas le peu que j’étais payé, puisque la plupart du temps j’étais en vacances, donc je ne faisais rien. J’avais beau répondre que les cours, ça se préparait,  je savais bien que je ne passais pas toutes les vacances à préparer la rentrée, à travailler, que j’avais honte de ces vacances de prof débutant mal payé et qui ne méritait même pas son salaire, qui regardait avec envie les vacanciers de juillet rentrer dans leur atelier ou leur bureau, tous ceux qui non seulement étaient mieux payés que moi, mais qui tous méritaient leur salaire, avec trois ou quatre semaines de congés payés bien mérités car ils étaient très fatigués par le travail à la chaîne ou au fond de la mine, alors que moi, je m’amusais quelques heures par semaine avec des enfants joyeux et au bout de quelques semaines, crac, les premières vacances, la Toussaint, je crois. Vous êtes déjà en vacances ? Mais vous venez tout juste de rentrer. Et quand je disais que je travaillais dix-huit heures par semaine à des gens mieux payés que moi, mais qui travaillaient quarante-huit heures par semaine et n’avaient que trois semaines de congés payés, même s’ils gagnaient plus que moi, même le poinçonneur du métro gagnait plus qu’un prof débutant, mon bulletin syndical me le répétait toutes les semaines, dans l’édito du bulletin, dans les graphiques à l’intérieur, sans compter les comparaisons internationales qui là creusaient davantage encore le trou dans lequel j’étouffais d’humiliation, malgré tout ça, je comprenais le regard d’envie que me portaient tous ces gens mieux payés que moi, salaire de misère, mais en deux jours, votre semaine est terminée. Moi, c’est soixante-dix heures par semaine me disait mon boucher. Et ma femme de ménage aurait volontiers échangé son sort contre le mien, elle qui me voyait lire des livres pendant qu’elle cirait le parquet. Il fait ses dix-huit heures, et ensuite il a tout son temps pour lire. C’est la belle vie.


Vous imaginez donc le bonheur que ce fut quand j’accédais au rang de prof de fac. Non seulement je pénétrais dans la tranche des deux pour cent les mieux payés, peut-être même le un pour cent, et je sais bien que ce passage des trois pour cent le plus mal payés au un pour cent le mieux payé, même si je m’en défends, même si je ne le dis pas, je sais bien que ça me procure de grandes satisfactions. Que des fois, je lâche la somme qui clôt mon bulletin de salaire et que je provoque envie ou admiration, je ne boude pas le plaisir qui monte. Sans compter que les vacances des profs de fac ne sont plus des vacances, mais des périodes de recherches, d’écriture, de séminaires, de voyages d’études, que pas une seule minute un prof de fac n’est en vacances, car tout le temps ça turbine, ça cherche de nouvelles idées, et en lisant le journal à la terrasse d’un café, il regarde avec une certaine condescendance les gens autour de lui qui lisent le même journal, mais la différence, c’est que lui, prof de fac, lire un journal, souligner un passage, découper un article, même regarder une dame qui passe sur le trottoir court vêtue, ça lui donne des idées sur le monde qu’il va intégrer à son prochain article ou dans son prochain livre, car le monde entier est un laboratoire de recherches quand on est prof de fac, sinon, on n’est pas prof de fac. Pour un prof de fac ; les vacances c’est terminé. C’est même parce qu’il ne prend jamais de vacances qu’il se situe dans la tranche des un pour cent.

dimanche 16 septembre 2018

passer à autre chose


Nouvelle étape

 

 

            La blanchisserie a fait faillite. Les rideaux se ferment. Pilotée par les patriotes désarmés et les demi-soldes de l’ETA, par les âmes mortes d’une armée défunte, l’opération « artisans de la paix » s’est terminée le 8 avril 2018 par l’enfouissement de la hache.

 

Le groupe « Mémoire et Vigilance » a grandement contribué à cette défaite en manifestant contre la sculpture, en étant reçu par des administrations, le Préfet, le Président du département. Il a fait œuvre utile. L’objectif de l’ETA en déroute se situait au Pays Basque espagnol. Là où se mène une intense bataille sur le récit post-terroriste. Pourquoi ce qui était possible au Pays Basque français ne l’était pas en Espagne ? Désormais, le Pays Basque français ne peut plus être cité en exemple.

 

Dans le Pays Basque français qui s’était prudemment mis à l’abri de la terreur, les artisans de la paix ont pu faire croire un moment que le pays était encore en guerre, que les bombes et les fusils grondaient dans nos campagnes. Cela dura un temps court. La comédie est terminée. Les responsables répètent sans y croire qu’ils ont fait la paix, et partout ils rencontrent la même réponse : les Basques français ne savaient pas qu’ils étaient en guerre.

 

Mémoire et Vigilance a montré que le Pays Basque français n’était pas unanime. Il a montré avec l’aide des associations de victimes que les Artisans de la paix étaient des fossoyeurs de la terreur. Désormais, il est clair comme l’eau des Pyrénées que désarmer une armée morte et stopper une terreur inexistante fera partie demain du folklore et pourra être le sujet cocasse des fêtes de village.

 

On pourrait en conclure que les lanceurs d’alerte, les révélateurs de la comédie Txetx, Jean-René Etchegaray & C° peuvent désormais se reposer sur leurs lauriers, raconter à leurs enfants et à leur petits-enfants leurs exploits, montrer les parapluies tagués, photocopier les articles de presse et commenter les vidéos.

 

L’heure du repos n’est pas venue. Le combat contre le repli identitaire doit se poursuivre. Mais la convergence incongrue de toute la société basque autour de la lessiveuse est terminée. Les patriotes reprennent leurs campagnes singulières. Bagoaz manifeste pour les prisonniers sans aucun élu. Seaska manifeste pour les ikastolas sans aucun élu. EH Baï va soutenir la liste « Europe des régions » aux élections européennes, et des listes abertzale aux élections municipales. Les partis républicains se retirent de la teinturerie, ils y sont contraints par les échéances politiques : les élections européennes obligent à choisir, la rencontre Macron/Sanchez sur le bilan de la lutte antiterroriste oblige le député Vincent Bru et le sénateur Max Brisson, pourtant  ardents usagers de l’eau de Javel, à saluer la coopération des deux pays dans la lutte antiterroriste. Les élus silencieux jusqu’ici se disputent les places pour accompagner Macron en Espagne. Pour les associations de victimes, c’est une excellente nouvelle. Les blanchisseurs espagnols ne pourront plus utiliser le Pays Basque français comme exemple à suivre.

 

Il faut tirer les conclusions du silence qui a suivi mon intervention à la réunion de Hendaye avec la ministre Nathalie Loiseau. J’intervenais sur une étape terminée. Vincent Bru redevenait député républicain. Continuer une campagne contre le blanchiment de la terreur n’a plus de sens. A part les abertzale, plus personne ne blanchit. Il faut désormais se consacrer à une bataille d’idées contre les dérives identitaires. Contre toutes les tentatives de cliver la société en Basques authentiques et étrangers. Il y a du travail.

samedi 15 septembre 2018

c'esst plus beau quand c'est difficile


Quand c’est trop dur, quand c’est trop verrouillé, quand les fenêtres sont bétonnées, que reste-t-il ? Faut-il se résigner ? Faut-il poursuivre ? La question n’est pas simple. Si je renonce, je meurs. Si je ne renonce pas, je m’épuise. Nous avons voulu jouer au mouvement politique. Nous n’en avions pas les moyens. Les circonstances nous ont été favorables. Les circonstances et notre obstination. Ce que nous avons gagné nous tue. Il faut inventer autre chose.



La République en Marche organise une réunion préparatoire aux élections européennes. Avec un amiral et la ministre chargée des affaires européennes, Nathalie Loiseau. La réunion est présidée par Vincent Bru, député Modem, qui dénonce la coopération entre la France et l’Espagne dans la lutte contre le terrorisme d’ETA, qui condamne l’inaction du gouvernement français et espagnol, qui inaugure une sculpture à la gloire de l’ETA en compagnie de terroristes fiers de leurs crimes. Comme punition de ses prises de position populiste et antieuropéenne, on l’oblige à présider une réunion sur l’Europe. Il est là à la tribune, souriant. Obligé.



La parole est libre. Je lève la main. Je demande : peut-on s’allier aux ennemis de l’Europe et se battre pour une Europe solidaire et souveraine ? Peut-on dénoncer la politique sécuritaire du gouvernement de la France et soutenir ce gouvernement ? Peut-on provoquer la colère des associations de victimes du terrorisme et représenter une Europe qui protège ? Qu’en pensez-vous, madame la ministre ?



Madame la ministre ne répond pas sur ces points. Elle passe la parole à Vincent Bru. Dans une réunion publique, je demande au pape ce qu’il pense d’un évêque qui compare l’IVG au génocide. Il répond : je passe la parole à Mgr Aillet.



Tout est verrouillé. L’institution se défend. Le porteur de micro me passe le micro en me disant il faut être bref avant même que j’ai parlé. Le député a dit à la ministre, il y aura Maurice Goldring qui va poser cette question, vous me passerez le micro, je répondrai. Puis les secrétaires de séance qui savent qu’il ne faut pas conserver mes questions dans le compte-rendu. La ministre aux affaires européennes qui refuse de mettre le doigt dans ce qui n’est qu’une affaire locale. L’alliance du parti de gouvernement avec les populistes, les identitaires, les frontistes, les insoumis, les nationalistes, c’est une affaire locale. Bon, j’exagère, elle annonce quand même que le 1 octobre, le président Macron va déposer tous les dossiers qui permettront au gouvernement espagnol d’avancer dans les enquêtes sur les victimes de l’ETA. Vincent Bru sourit crispé. Merde, je n’aurais jamais dû participer à la cérémonie de la hache.



Il prend la parole. Il dit qu’il se félicite de la coopération entre France et Espagne dans la lutte contre le terrorisme. J’applaudis bruyamment. Bravo Monsieur Bru, ça fait des mois que j’attends ces paroles. Vous avez progressé. Vous nous encouragez à poursuivre.



Personne ne reprend mes questions. La ministre passe le micro au blanchisseur. Il ne répond pas à mes questions. Il raconte autre chose. Il a condamné l’inaction des gouvernements, mais maintenant, il se félicite de leur action. Il faut rapprocher les prisonniers selon le droit commun. Alors qu’il participe à des comités qui demandent un traitement d’exception pour ces terroristes. Il a rencontré des bourreaux et déclaré qu’ils étaient corrects. Mais il est député et moi dans la salle, je ne suis pas député, je ne suis pas élu. Je ne suis rien.



Et puis tout à coup une lumière s’allume. Une espèce de grâce. Mais bon sang mais c’est bien sûr. Depuis des jours et des jours, à l’intérieur du mouvement la République en marche à reculons sur les questions identitaires, ils savent que je vais participer à la réunion. Ils ont tout prévu. Le référent du département a publié un communiqué disant que je ne représentais pas les positions d’En marche. Ils ont préparé la réponse. Madame la ministre, il va poser telle question, vous demanderez à Vincent Bru de répondre. Ça veut dire qu’ils ont une trouille pas possible de quoi exactement ? Je n’ai aucun pouvoir. Je sais aligner questions phrases et défendre quelques idées. Et pourtant, dès que j’apparais, ils frémissent, ils se tendent. Mais comment le faire taire ?



Ils ont le pouvoir et moi j’ai les idées. Ils ont le pouvoir de me faire taire, de m’entourer d’une muraille protectrice qui interdirait les débats, je n’ai aucun pouvoir. J’ai quelques idées. Je ne suis pas prêt à échanger ma place contre la leur. Bien sûr, l’idéal serait d’avoir à la fois le pouvoir et les idées, mais c’est compliqué. Qui a le pouvoir se méfie des idées. Mais le pouvoir sans idées, c’est très ennuyeux. Alors qu’avancer quelques idées qui dérangent les gens qui ont le pouvoir, ça rend la vie assez excitante.  

jeudi 13 septembre 2018

blanchissage transfrontalier


 

Depuis 2011, l’ETA ne tue plus. Elle cherche à transformer la terreur qu’elle a imposée au Pays Basque espagnol en épopée héroïque. Cette étape se nomme la bataille du récit post-terroriste.

 

Au Pays Basque espagnol, cette bataille prend la forme de manifestations populaires quand les condamnés pour crimes sortent de prison. Ils sont accueillis comme des héros, avec fleurs et drapeaux, danses et tambours. Les familles des victimes demandent l’interdiction de ces humiliantes manifestations. Jusqu’ici en vain. Non seulement les criminels ne regrettent aucun de leurs actes, mais ils les glorifient. Les abertzale radicaux sont là pour les accueillir. Le syndicat LAB demande leur réintégration dans leur ancien emploi. Les principaux partis de la communauté autonome ne participent pas à ces agapes.

 

En revanche, les anciens terroristes non repentis, fiers de leurs crimes, qui portent leurs années de prison comme des stigmates, en traversant les Pyrénées, peuvent fièrement manifester à côté des élus et des principaux partis du Pays Basque français. A côté d’une sculpture qui symbolise leur  barbarie.

 

En France, pas de cérémonie pour la libération des terroristes. Mais la même dénégation : ils ne sont pas des terroristes. Peio Irigoyen, condamné pour attentats à la bombe, refuse d’être classé comme « terroriste » (voir sud-ouest 12 septembre). Pour les abertzale, seuls les musulmans  peuvent être des terroristes. Un basque qui lance des bombes est un héros.

 

Le récit qui justifie la terreur d’ETA est transfrontalier.

mercredi 12 septembre 2018

clandestinité


Je reçois de Loïc Corrégé, le référent de La République en Marche 64, un étrange courriel :

 

« Il nous a été signalé que les tenants et les aboutissants du Projet départemental n’étaient pas clairs ». Voici ces éclaircissements :

 

Le groupe projet départemental a été initié en mars cette année. Avec appel à candidatures. Les candidats ont été reçus par  les deux animateurs.  Qui sont ces animateurs ?

 

Il apparaît que dans La République en Marche 64 un comité politique de treize membres prépare le programme pour les élections. Quelles élections ? On ne sait pas. Ce comité comprend trois sous-groupes, sur quels thèmes ? On ne sait pas. Qui est responsable ? On ne sait pas. Aucun nom des responsables de ces sous-groupes.

 

Ce groupe prépare un projet départemental traitant des enjeux et des problématiques du département, pour un « programme électoral ». Élections européennes ? Municipales ?

 

 

Chaque groupe pourra recevoir des avis. De qui ? Sur quels thèmes. Comment se proposer pour donner un avis ? Est-ce que les questions identitaires font parties de sujets en discussion ? On ne sait pas.

 

 

Il est des pays où les partis politiques sont interdits, où les mouvements fonctionnent dans la clandestinité, où il faut taire les noms des responsables. Dans ces pays, les militants cultivent une urgente culture du secret. Est-ce le cas au Pays Basque ?

 

Je ne peux vous révéler qu’une seule information : je n’en fais pas partie. J’ai envoyé ma candidature, je n’ai jamais eu de réponse.

 

 

 

 

 

             

           

 

 

 

mardi 11 septembre 2018

nouvelle étape


12 septembre 2018

Le groupe des lanceurs d’alerte a explosé. Il n’existe plus. Pour une part, cette explosion est dûe à son succès. Seul à exprimer une voix divergente dans l’unanimité blanchissante, il avait toutes les raisons d’être entendu par les pouvoirs publics, par les médias. Il n’est plus seul. Est-ce qu’il est encore nécessaire ?

Nous étions suivis avec attention par les associations de victimes au Pays Basque espagnol soumises à une forte pression : les anciens terroristes demandaient : « pourquoi cette sortie du terrorisme apaisée et réconciliatrice du Pays Basque français n’est-t-elle pas possible chez nous ? ».  Désormais, cette étape est franchie. Nous nous dispersons, mais nos idées sont intactes. Nous entraînons dans notre chute les blanchisseurs. On peut célébrer notre victoire, mais ce serait de toute manière une célébration terminale. Notre raison d’être était d’exploser l’unanimité. Notre mode d’action : inlassablement, jour après jour, réunion après réunion, délégation après délégation, interpellations dans les rues et dans les salles : nous répétions aux alliés des blanchisseurs que leur suivisme était une insulte aux forces qui ont résisté à la terreur en Espagne. Dans cet objectif, un lien fort avec les victimes espagnoles était fondamental pour notre succès et pour la résistance au négationnisme.

Le groupe a réussi à détacher petit à petit des personnes politiques qui refusaient la soumission. Des élus se sont démarqués publiquement : Alain Robert, Brigitte Pradier. Des élus qui s’exprimaient silencieusement sont sortis du bois, comme Guy Lafite à la conférence de presse de Fernando Savater à Bayonne. Philippe Buono, responsable de La République en Marche au Pays Basque, d’autres militants de La République en Marche ont déclaré que les appels à manifester avec les blanchisseurs étaient une sottise. Que la sculpture funèbre était une faute insensée. Frédérique Espagnac, Colette Capdevielle, Florence Lasserre, ont boycotté la sculpture. Les soubresauts de cette discussion agitent les réunions de La République en Marche 64, remettent en cause les alliances, revisitent le passé, ravivent les blessures anciennes provoquées par le pacte MODEM/La République en Marche. Nous en sommes là. Aux membres de La République en Marche de s’investir et de participer à la discussion. La prochaine rencontre Macron/Sanchez  et les élections européennes rendront impossibles les postures, les ruses, les silences éloquents et les convictions silencieuses.

Curieusement, le débat n’agite pas les autres partis qui avaient vendu leur âme au diable abertzale. LR et Max Brisson  ne semblent pas comprendre le sens de la rencontre au sommet sur la question du post-terrorisme et cherchent à maintenir des liens avec les identitaires. Le PS pourrait profiter de la défaite des artisans les plus farouches de la soumission pour se refaire une santé, mais les rares socialistes qui ont exprimé leur désaccord sur l’orientation pro-blanchisserie, restent bien seuls et paraissent se résigner à chercher une sortie du côté de La République en Marche, aux côtés de Guy  Lafite et de moi-même. Ce qui complique les choses, évidemment, ce sont les tractations en vue des élections municipales. Pour les européennes, il suffira de déléguer le débat au national sans trop s’engager. Mais pour les municipales, il y aura des alliances bizarres, entre La République en Marche,  Modem, certains LR, et chacun voudra mettre la question identitaire sous le tapis. La reprise par EH Baï des revendications autonomes sera un des éléments du débat. La grande blanchisserie n’a pu fonctionner que parce que les uns et les autres ont mis de l’eau dans leur vin. Les abertzale étaient moins indépendantistes, les républicains moins jacobins. Maintenant chacun reprend ses billes.  

lundi 10 septembre 2018

périgord noir


Dordogne septembre 2018






D'abord la préparation. Loin du  voyage, en amont. Il faut choisir le lieu, se demander pourquoi ce choix et pas un autre. La région, le Périgord noir, la Dordogne. Les villes : Montignac, Sarlat. Sarlat parce que dans cette ville séjournèrent les frères dans un collège de Jésuites. Les frères, pas au sens religieux, au sens de la famille. Ils furent envoyés dans ce collège parce que les parents l'avaient fréquenté. Et pendant la guerre, pendant la débâcle de 1940 et pendant les guerres de libération, ils se débrouillaient pour revenir à Biarritz  à l'âge où les petits garçons jouent aux billes. Tel fut le choix de cette escapade. Montignac, parce que la ville est située au centre des sites préhistoriques.



Le choix fut d’abord de partir, loin des agitations, des tensions qu’implique toute vie publique. Se reposer des grimaces et grincements de dents. Sans doute plus que l'existence des grottes de Lascaux. Parce que les grottes de Lascaux on s'en tape les défenses de mammouths. On les a vues mille fois à la télé et au cinéma et en photo, et si l'on va voir les grottes de Lascaux, c'est pour frimer. Or comment peut-on frimer d'être allé voir des reproductions de grottes? C'est comme si on frimait d'avoir regardé un documentaire sur les vraies grottes, qui lui-même a été copié mille fois pour être projeté des millions de fois sur des écrans dont la taille varie entre l'écran géant qui orne notre salon et le timbre-poste que certains hôtels trois étoiles osent appeler télévision.



Comme j’ai atteint l’âge d’avoir le droit d’être casanier parce que tout changement de lieu, de prises électriques, de douche glissante et étroite, est devenu plus compliqué ; il faut une préparation encore plus lointaine pour me persuader de reprendre ma valise qui est rangée dans un sac plastique pour la protéger de la poussière et il faut dresser l'échelle pour la descendre et ensuite la démailloter. Puis de me persuader qu'il serait bon pour notre santé commune de prendre l'air comme si il n'y avait pas d’air à Biarritz, franchement. Non prendre l'air signifie ici s’éloigner quelques jours du climat de tension qui imprègne la ville, sur les questions de Marbella, une plage menacée, sur l'hôtel du Palais, un héritage incongru trop lourd pour les bras du maire, et qui de bail emphytéotique en négociations fiévreuses avec les banques empoisonnent les réunions du conseil municipal. Et d'autre part des tensions au sein d'un groupe de dézingueurs qui ne supportaient plus les soumissions aux nationalistes basques et qui décidèrent de réagir. Ce qu'ils croyaient être au début une plaisanterie, comme une partie de sonnettes de mômes qui sonnent et qui s'enfuient en courant est devenu en fait une affaire très grave qui fait que les dézingueurs se sont pris très au sérieux, comme s'ils s'occupaient d'un bail emphytéotique et qu'ils se sont disputés comme des grands et même qu'ils ne se parlent plus, imitant bêtement leurs collègues au conseil municipal qui s'étripent sur le Palais. 



Donc, m'a persuadé ma compagne qui partage toutes ces discussions tendues, mais en même temps, si elles n'étaient pas là, peut-être qu'elles nous manqueraient, ces discussions et ces tensions, que si on s'éloignait des lieux de l'affrontement (Palais, Mémoire et Vigilance, statuts, plage Marbella) peut-être  que ça nous calmerait. Mais contrairement à la patrie, on peut toujours emporter les emmerdes à  la semelle de nos souliers. 



Il faut pourtant admettre que les emmerdes d'une vie publique dont nous sommes entièrement responsables, on n'avait qu'à pas s'en occuper, quand elles sont confrontées aux habitudes de la vie casanière promenade sur la côte des Basques, lecture du journal avec café et verre d'eau, courses et apéritifs, plus réception de la famille en été, prennent moins de place quand elles disputent l’espace à l'exotisme des grottes du Lascaux et aux caprices du GPS.



La préparation se précise avec le choix d'un hôtel, la réservation des billets de train, la location d'une voiture,  quelle puissance, quelle classe de train. Puis encore plus proche, l'examen de la météo qui commandera le choix des vêtements.



Puis vient l’inévitable : le choix et le nombre de médicaments, les prises électriques pour les recharges de tous les appareils qui se rechargent: téléphone, appareil photo, prothèses auditives,  ordinateurs, GPS, lunettes en 3D... Rien que ces appareils plus les médicaments, ça occupe le tiers de la place de la valise qui est désormais décapsulée, démaillotée et gît ouverte sur le canapé prête à accueillir l’inaccueuillable. 



Ensuite les valises dans la voiture de Zazou, la sœur de Brigitte, qui vient nous chercher pour nous amener à la gare et je m'aperçois à la gare de Biarritz que j'ai oublié ma pochette avec un livre, une liseuse, des gaviscons contre les renvois hiataux,  le guide Michelin de notre expédition. Rien de tragique, mais quand même. Zazou prend la voiture, fonce dans la maison, prend la pochette. Pendant ce temps, je m'avance avec les valises sur le quai, prends l'ascenseur, descend, remonte, le wagon est au bout du quai, voiture onze, et qui vois-je sur le quai, Zazou avec ma pochette pendant que Brigitte court sur l'autre quai pour nous rejoindre. Nous disons merci et à bientôt. A côté, les ennuis d’une voyageuse dont la place à été squattée, ou du propriétaire d’une piscine menacée par l’écroulement de la falaise, ou un bail emphytéotique, comment voulez-vous qu’on les prenne au sérieux ?



Ensuite, la voiture, le GPS. La voix est déplaisante et elle prononce l''avenue Jean Jaurès comme j'en j'aurai.



Accueil militaire à l'hôtel : à quel heure prendrons nous le petit déjeuner ?  Promenade dans Montignac un chouette village moyenâgeux , apéritif, abeille dans le verre de vin, mouche dans le martini, l'alcool monte à la tête, retour à l'hôtel notre table est mise dans le jardin et le foie gras avec un fruit exotique, un truc en forme de poire qui contient des graines, Des figues. Puis un casse-croute avec des ceps. Il est loin le bail emphytéotique et les monuments aux assassins, la hache sculptée qui hurle avec les loups.







Mercredi 5 septembre Lascaux 4. 


 


Il y a vingt mille années environ, des hommes  préhistoriques ont peint sur les roches des cavernes animaux et scènes rupestres qui furent découvertes au lendemain de la Première Guerre mondiale. Puis les cavernes et les peintures furent ouvertes au public et le succès fut tel que les galeries durent être fermées au public car la pollution du nombre abimait les peintures. On en fit une copie, puis une deuxième copie et aujourd'hui, Lascaux 4 connaît un succès international. On vient visiter la copie du monde entier. Toutes les écoles défilent. Et c'est vrai que la copie est saisissante de vérité. C'est comme si on visitait la vraie. Et il est vrai que de se trouver dans un lieu habité par des hommes il y a environ vingt mille ans est une expérience assez unique. 



Aujourd'hui, en 2018, pour visiter Lascaux 4, il faut retenir à l'avance, comme pour les expositions du Grand Palais. Les visites se font en groupe, environ vingt-cinq personnes, qui démarrent sous l'autorité d'un guide, tous les quart d'heure à peu près. La guide vous distribue un casque audio et une tablette. En branchant le casque audio on entend la guide qui était remarquable. Les écouteurs se surajoutent parfois à des prothèses auditives. De même qu’à la fin de la visite, il y a un film en 3D où il faut mettre des lunettes spéciales qui se surajoutent aux lunettes habituelles et pour regarder une page du programme, il faut enlever les lunettes 3D, les lunettes habituelles, pour mettre les lunettes de lecture que vous portez aussi autour du cou fixée par un cordelette, mais les lunettes de lecture ont emmêlé leur fil avec la lanière de la tablette d''écoute de la guide et il faut enlever la lanière de l'écouteur pour pouvoir lire le programme. Il y a aussi la bandoulière du sac qui parfois vient se mêler à la discussion entre les lanières. Je peux ici vous assurer que les cavernes préhistoriques seraient vides de tous dessins si les hommes s'il y a vingt mille ans avaient tous été encombrés de ces instruments nécessaires pour visiter ce qu'ils ont peint.



Certains sont impressionnés par les dessins, par les modes de vie des hommes s'il y a vingt mille ans et je le comprends. Personnellement j'ai été impressionné& par la confrontation, par le mélange, entre modernité et préhistoire. Les bâtiments de Montignac qui abritent Lascaux 4 sont des modèles de pureté architecturale moderne, des enfilades de béton. Les appareils d'accompagnement de la visite transforment les visiteurs en extra-terrestres harnachés de matériel sophistiqué. Je ne me moque pas. Tout est organisé pour que tout le monde depuis des jeunes enfants jusqu'à des visiteurs impotents, puisse jouir du spectacle. 



Mais quand même ça pose le problème de la copie en art. Ou en général. Disons les choses crûment. Est-il plus impressionnant de visiter la copie que l'original ?  Il est évident que personne ne peut retrouver l'immense émotion qui a étreint les premiers visiteurs de la grotte de Lascaux. Personne. Mais en visitant les grottes originales, même en bandes organisées sous l'autorité d'un guide, les visiteurs étaient saisis d'une partie de l’émotion des premiers visiteurs. Les visiteurs de la copie sont-ils saisis de la même émotion ou bien y a-t-il déperdition d'émotion? Est-ce que l’émotion qui vous saisit quand vous découvrez Guernica de Picasso en haut des marches du MOMA est semblable à celle qui vous frappe quand vous regardez une photo de l'original?  Sûrement pas. 



Sinon, on pourrait, si l'émotion était la même, imaginer que pour réduire la cohue devant la Joconde, on réalise une copie à l'identique dans une autre salle du Louvre et on verrait alors si le nombre de visiteurs de la copie resterait le même que pour l'original. Alors même que la plupart des visiteurs seraient incapables de distinguer l’original de la copie. Et en cas de non-information sur qui est quoi, on verrait peut-être des touristes japonais photographier la copie tandis que les Chinois se presseraient devant l’original.



On peut aussi imaginer que l'original de Lascaux est en fait une copie d'une caverne musée d'il y a vingt et un mille ans, mais qui avait un tel succès parmi les hommes  de la préhistoire qu'ils ont refait une autre caverne avec les mêmes dessins pour éviter la cohue et les dégradations des peintures. 



Je recommande cette visite chaudement.



Sarlat est une ville musée. Il y a tellement de monde qu'il va falloir faire une copie de la ville. On a l'impression d'être sur la butte Montmartre. Un ascenseur imaginé par Jean Nouvel nous mène au ciel et aux toits de Sarlat et devant nos yeux, l'original de la ville, l'original du lycée de jésuites et toutes les écoles pour jeunes filles rangées.







Jeudi 6 septembre




La Roque de Saint-Christophe, les villages troglodytes. 



Lever petit déjeuner, nous arrivons à la grotte de Rouffignac à 11h 30 et la dernière visite en petit train électrique est déjà partie, La prochaine est à quatorze heures. Pas gênés, nous repartons vers la Roque de Saint-Christophe, un village, une promenade sur la falaise, un village abrité dans le calcaire, avec vue sur la rivière Vézère. Les chemins sont malaisés, mais le spectacle en vaut la peine. Tout un village à flanc de falaise qui comprenait jusqu’à mille habitants.  À la sortie du village troglodyte, un Restosnac nous tend les bras pour une omelette aux cèpes, on est dans le Périgord ou on n'y est pas, et Brigitte prend une salade avec foie gras de canard.



Il est l’heure de rejoindre la grotte de Rouffignac, avec le petit train électrique. Nous prenons le petit train de 15.30. À la différence de Lascaux 4, ici tout est vrai, authentique. Les feuillets d’explication, les guides, les affiches, insistent. Ici tout est vrai. Pas comme au Larzac. Lascaux 4 est d’après une histoire vraie. La grotte de Rouffignac n'est pas d'après une histoire vraie, mais elle est vraie. Pas comme Lascaux.  Et le guide ne se gêne pas pour le dire et le répéter. Ici tout est vrai, tout est authentique, pas comme Lascaux. Ici, dit le guide, nous avons su protéger le site en limitant le nombre de visiteurs. Trente personnes par train, un train toutes les vingt minutes, jamais plus de cinq cents personnes par jour et la grotte est fermée d'octobre au printemps pour se régénérer. Ici, nous avons pu protéger l’original. La grotte de Rouffignac est propriété privée.





Vendredi 7 septembre.




Saint-Léon de Vézère. Une magnifique église romance. Austère, pas une tapisserie, pas de vitraux, pas de statue. Pas de saints, pas de chemin de croix. Austère au point où le visiteur pourrait la prendre pour une église protestante. Ou pire encore, une église évangélique. Alors, pour briser l’austérité, les prêtres ont installé une espèce de crèche avec la famille divine en couleurs éclatantes, ont décoré l’autel d’une nappe blanche immaculée avec des bougeoirs dorés. Tout plutôt que des murs nus qui rappelleraient Luther ou Calvin. Et pour briser encore plus l’austérité, les prêtres ont épinglé sur les portes d’entrée un avertissement. Ici, vous êtes dans une église catholique. Pas seulement chrétienne. Catholique. La notice vous dit que derrière l'autel, le Christ est physiquement présent. Par sa chair et par son sang. Ce mystère s'appelle la transsubstantiation. Et que la transsubstantiation est le symbole distinctif de l’église catholique. Les églises protestantes dénoncent cette présence physique du Christ comme une hérésie, comme une croyance païenne. Tous ces écrits, toutes ces fanfreluches ne servent à rien. Ils sont incongrus, rajoutés, jurent avec la pierre nue d’une église qui transpire le protestantisme par toutes les clés de voûte, par toutes les murailles sèches. A l’église Saint-Pierre-de-Rome, personne n’a besoin de placarder une annonce « ceci est une église catholique ». Ici, sans cette annonce, le corps du Christ resterait invisible.



Le château de Losse est un château dont le prix d’entrée est neuf euros. Le prix d’une séance de cinéma. Après avoir payé, les visiteurs peuvent déambuler dans les jardins entretenus, jardins à la française. Un chemin longe les douves sèches. La tempête a abîmé des buissons et des arbres. De l’autre côté de la Vézère, la rive est nue. Une affiche dénonce l’abattage des arbres par la mairie, le château de Losse n’y est pour rien. Même si la propriété ne comprenait pas la rive du fleuve, le rideau d’arbres faisait partie du paysage et là comme ailleurs, abattre des arbres n’est jamais populaire.



Une cloche rassemble les visiteurs à l’entrée du château. Une guide a appris par cœur les informations sur la famille Losse, sur sa puissance, sur ses richesses. La famille Losse est devenue riche et puissante en faisant la guerre pour le roi, et grâce à cette guerre, le roi lui a accordé le gouvernement de la province et la famille s’est encore enrichie.



Si c’est le moment de parler de régression, c’est bien dans la bernisation des commentaires. Les familles nobles, royales, aristocratiques, sont riches et puissantes. Les richesses tombent du ciel. Elles vivent sans domestiques, sans paysans qui paient l’impôt, sans artisans qui construisent et décorent. Peut-être ici ou là un tisserand est mentionné dans la trame de la tapisserie. Pourtant, le Périgord noir est connu pour ses révoltes paysannes. Elles font partie de l’histoire, du folklore même, avec le personnage de Jacquou le Croquant. Pas un mot. Le seigneur a fait la guerre et il est devenu riche grâce à ses victoires.



Le retour au bercail se fait par Bordeaux, dans le refus absolu de tout GPS qui nous a tant fait tourner en rond. Le garage est protégé par des travaux et les barrières de chantier le rendent inaccessible. C’est le seul moment de ce voyage parfait où la température a grimpé.



Dans le restaurant assez chic, on nous sert des amuse-gueules qu’on appelle ici mise en bouche.



Il manque à ce récit l’essentiel. Les moments devant un verre de vin rouge de Bergerac ou du Montbazillac qui accompagne le foie gras du Périgord, ces moments où la raison s’endort.








jeudi 6 septembre 2018

Hiérarchie

Il faut savoir de quoi l'on parle


Si vous observez l'évolution en Allemagne et en Italie, sans parler des anciens pays de l'Est, il y a de quoi gâcher vos vacances. Plus la Russie et la Syrie. Sans parler de Trump et du Brexit. Il y a de quoi pousser de grands soupirs quand on téléphone aux amis. Ou quand on leur parle de vive voix.

Et en France, le RN est à l'affût.

Partout se constate les mêmes dangers. Le danger principal n'est pas le mouvement ouvertement xénophobe et populiste. Le danger principal réside dans le glissement régulier des partis traditionnels vers les valeurs les plus sombres. En Grande-Bretagne, le danger de repli nationaliste n'était pas chez Farage, mais dans la reprise de ses thèmes par conservateurs et une partie des travaillistes. En France, le danger principal n'est pas RN, mais le flirt poussé de LR avec les thèses du RN. Les barrages cèdent rarement sous la poussée extérieure. Ils cèdent d'abord de l'intérieur.

Cette évolution porte sur les migrants. On voit que le populisme gagne dans des pays où les migrants sont en nombre infime, peu importe, on "explique" la montée des populismes par les migrants. C'est sur ce thème que le barrage se fissure. Que les digues cèdent. Comme si on expliquait la montée du nazisme en Allemagne par la présence de Juifs. Avant même de combattre les nationalistes, il faut d'abord combattre ceux qui dans les autres familles politiques reprennent leurs thèmes. Personne n'est à l'abri. Nulle part on n'est à l'abri. Vous serez surpris du nombre de gens persuadés que la montée des néo-fascistes en Allemagne est la faute de Merkell et de sa politique migratoire.

Au pays Basque, le danger n'est pas dans les patriotes, mais dans la reprise de leurs revendications par tous les grands partis traditionnels. Vous voulez une communauté d'agglomération identitaire? LR, PS, Centristes, se précipitent tous dans les cabinets ministériels pour la demander. Vous voulez blanchir les crimes de l'ETA? Tous se pressent dans les teintureries.  Vous voulez une langue officielle? Tous votent les bonnes résolutions dans les conseils municipaux et d'agglomération. Ainsi se dessine un avenir à la Corse. Et ceux qui ne sont pas d'accord se taisent.

Alors mes amis du Pays basque, ne m'en voulez pas. Je suis certain que la bataille pour sauver Marbella vaut la peine d'être menée. Je suis certain que les âpres discussions sur l'avenir du Palais sont importantes. Mais quand je vois le glissement des partis traditionnels vers le repli identitaire, avec la majorité des élus, je vous prie de ne pas m'en vouloir, mon inquiétude n'est pas mépris pour d'autres questions, mais je trouve malgré tout qu'elles ne devraient pas complètement éclipser le danger du nationalisme.


lundi 3 septembre 2018

nouvelle étape


2 septembre 2018

 

Le groupe des lanceurs d’alerte a explosé. Il n’existe plus. Pour une part, cette explosion est dûe à son succès. Seul à exprimer une voix divergente dans l’unanimité blanchissante, il avait toutes les raisons d’être entendu par les pouvoirs publics, par les médias. Il n’est plus seul. Est-ce qu’il est encore nécessaire ?

Nous étions suivis avec attention par les associations de victimes au Pays Basque espagnol soumises à une forte pression : les anciens terroristes demandaient : « pourquoi cette sortie du terrorisme apaisée et réconciliatrice du Pays Basque français n’est-t-elle pas possible chez nous ? ».  Désormais, cette étape est franchie. Nous nous dispersons, mais nos idées sont intactes. Nous entraînons dans notre chute les blanchisseurs. On peut célébrer notre victoire, mais ce serait de toute manière une célébration terminale. Notre raison d’être était d’exploser l’unanimité. Notre mode d’action : inlassablement, jour après jour, réunion après réunion, délégation après délégation, interpellations dans les rues et dans les salles : nous répétions aux alliés des blanchisseurs que leur suivisme était une insulte aux forces qui ont résisté à la terreur en Espagne. Dans cet objectif, un lien fort avec les victimes espagnoles était fondamental pour notre succès et pour la résistance au négationnisme.

Le groupe a réussi à détacher petit à petit des personnes politiques qui refusaient la soumission. Des élus se sont démarqués publiquement : Alain Robert, Brigitte Pradier. Des élus qui s’exprimaient silencieusement sont sortis du bois, comme Guy Lafite à la conférence de presse de Fernando Savater à Bayonne. Philippe Buono, responsable de La République en Marche au Pays Basque, d’autres militants de La République en Marche ont déclaré que les appels à manifester avec les blanchisseurs étaient une sottise. Que la sculpture funèbre était une faute insensée. Frédérique Espagnac, Colette Capdevielle, Florence Lasserre, ont boycotté la sculpture. Les soubresauts de cette discussion agitent les réunions de La République en Marche 64, remettent en cause les alliances, revisitent le passé, ravivent les blessures anciennes provoquées par le pacte MODEM/La République en Marche. Nous en sommes là. Aux membres de La République en Marche de s’investir et de participer à la discussion. La prochaine rencontre Macron/Sanchez  et les élections européennes rendront impossibles les postures, les ruses, les silences éloquents et les convictions silencieuses.
Curieusement, le débat n’agite pas les autres partis qui avaient vendu leur âme au diable abertzale. LR et Max Brisson  ne semblent pas comprendre le sens de la rencontre au sommet sur la question du post-terrorisme et cherchent à maintenir des liens avec les identitaires. Le PS pourrait profiter de la défaite des artisans les plus farouches de la soumission pour se refaire une santé, mais les rares socialistes qui ont exprimé leur désaccord sur l’orientation pro-blanchisserie, restent bien seuls et paraissent se résigner à chercher une sortie du côté de La République en Marche, aux côtés de Guy  Lafite et de moi-même. Ce qui complique les choses, évidemment, ce sont les tractations en vue des élections municipales. Pour les européennes, il suffira de déléguer le débat au national sans trop s’engager. Mais pour les municipales, il y aura des alliances bizarres, entre La République en Marche,  Modem, certains LR, et chacun voudra mettre la question identitaire sous le tapis. La reprise par EH Baï des revendications autonomes sera un des éléments du débat. La grande blanchisserie n’a pu fonctionner que parce que les uns et les autres ont mis de l’eau dans leur vin. Les abertzale étaient moins indépendantistes, les républicains moins jacobins. Maintenant chacun reprend ses billes.  

samedi 1 septembre 2018

chacun ses tueurs


J’envoie à Max Brisson, sénateur, une information majeure : Macron et Sanchez vont se rencontrer le 1 octobre pour célébrer les succès de la lutte anti-terroriste de la France et de l’Espagne. La République en Marche, à cette occasion, va modifier radicalement ses positions et condamner les blanchisseurs de la terreur de l’ETA que furent les artisans de la paix. Voici sa réponse :

« Et, cher Maurice, commémorer peut-être la prochaine fois le temps béni du GAL. Le PSOE en connaît parfaitement l’histoire. Certains socialistes français, mêmes ceux repeints aux couleurs de LREM,  aussi d’ailleurs ». 

Bon apparemment, Max Brisson n’est pas du tout sur la même longueur d’ondes que Vincent Bru avec qui il a inauguré la sculpture de la hache, symbole de l’ETA. Pourtant, les deux élus de la République avaient tous les deux l’air mal à l’aise. Ils évitaient de regarder la hache. Ils évitaient de regarder les etarras qui les entouraient et qui avaient tous ensemble quelques dizaines de morts sur la conscience sans jamais avoir demandé pardon. En Espagne, les associations de victimes de l’ETA étaient en ébullition.

Depuis, Vincent Bru a déclaré publiquement que cette sculpture était une « connerie » et que l’appel à la manifestation de la Gare Montparnasse en était une autre. Depuis, La République en Marche va soutenir la rencontre Macron Sanchez et la condamnation du terrorisme d’ETA. Pas Max Brisson. Le sénateur est rallié aux patriotes et à leurs éléments de langage. Savez-vous ce que les nervis patriotes nous criaient, à nous, manifestants contre la hache ? Ils criaient « et le GAL, et le GAL ! ».

Ces cris méritent réponse. Je le redis ici solennellement. Si des élus ou des mouvements  ou des associations manifestent aux côtés des tueurs du GAL, érigent une sculpture à leur gloire, j’irais manifester contre cette opération de blanchiment du terrorisme d’état que furent les GAL avec la même colère et la même énergie que j’ai manifesté contre la sculpture de la honte.

danses de salon


Après le tango, le lumbago

 

 

Quand Vincent Bru n’était que le candidat de La République en Marche, il pratiquait le tango. Tantôt il avait signé une pétition contre le mariage pour tous, puis il ne l’avait pas signée. Tango. Tantôt il était membre de La République en Marche, tantôt il était Modem. Tango.

 

Pour le soutien aux blanchisseurs d’ETA, ce fut plutôt paso. Pas de lumbago pour visiter les prisonniers. Ils étaient « corrects ». Pas de lumbago, pas de tango pour ériger en sculpture le symbole de l’ETA, une hache funèbre. Paso.

 

A force vint le temps du lumbago. (voir l’article de sud-ouest  1 septembre 2018 sur Facebook). Il devait défendre la politique du logement du gouvernement qu’il soutient, mais n’a pas pu se rendre à Bunus. Ni envoyer un remplaçant. Ni demander à un militant d’en marche de le remplacer. Ce fut le temps du lumbago.

 

Le mois prochain, Emmanuel Macron rencontre Pedro Sanchez pour célébrer les succès de la lutte anti-terroriste de la France et d’Espagne. Remise des armes, remise des dossiers d’enquête. Tout ce que le député de la République en tango (LRET)  a condamné avec les blanchisseurs. Vincent Bru hésite. Sera-ce le temps du tango, du paso ou du lumbago ?