lundi 29 avril 2019

content pas content


Après la conférence de presse

 

Pas content, pas content ? Pourtant un paquet de mesures contre la pauvreté. Les familles monoparentales et la pension versée désormais par les CAF. Les classes réduites à 24. Les minimums retraites à mille euros. S’ajoutant à la réindexations des plus basses retraites, la suppression de la taxe d’habitation. Plus les heures supplémentaires non imposées. Plus les cent euros par mois. Plus les centres « France service ».

Rien sur une contribution plus importante des plus fortunés à la solidarité nationale. Les allocations familiales continueront d’être perçues par les grandes fortunes au nom de la défense de la famille. La taxe d’habitation continuera d’être supprimée pour les grandes fortunes. D’une manière générale, autant sont détaillées, précisées, expliquées, les mesures pour les moins riches,  retraites, temps de travail, autant les mesures précises pour la solidarité des plus riches ne sont pas précisées ; Des niches ? Quelles niches ? Quand le FMI, l’OCDE, l’OMC, disent en chœur que le déséquilibre entre les plus riches et les moins riches pose un problème politique majeur, ce ne sont pas des révolutionnaires qui le disent. Pourquoi ces orientations n’apparaissent-elles pas ? Ou alors sous une forme bizarre, les premiers de cordée qui tirent toute la société vers le haut…Pourquoi ne pas dire un mot sur les efforts de son gouvernement pour taxer les Gaffas ? Parce que me semble-t-il, du point de vue des valeurs, de la grandeur, la France est beaucoup plus menacée par le cynisme et l’égoïsme des plus riches qui paient très cher ceux qui leur évitent de payer trop d’impôt que par le danger migratoire.

S’il faut protéger nos frontières, protégeons-les d’abord contre les évasions fiscales. Je n’ai pas été indigné par l’interpellation du Président Macron à un chercheur d’emploi : vous traversez la rue, plein d’entreprises vous attendent. J’aurais souhaité le même échange musclé avec des grandes fortunes qui évitent le fisc. « Pour payer vos impôts, vous traversez la rue, il y une perception qui vous attend 

            Pas content : Quand Emmanuel Macron parle des intégrismes et des communautarismes, pourquoi encore et toujours cibler les musulmans ? Il n’y a pas d’intégrisme chrétien ? Ou Juif ? Pas d’intégrisme non-religieux ? J’entends ces paroles et résonne le discours qui accorde la légion d’honneur à Michel Houellebecq. Il reçoit Philippe de Villiers à l’Elysée, confie le patrimoine à Stéphane Bern.

            Il m’apparaît que l’orientation économique, le virage pris depuis fin 2018, peut se défendre. Mais sur le fond d’une vision d’ensemble qui droitise les esprits.  Emmanuel Macron répond plus aux gilets jaunes qu’aux corps intermédiaires. Il conforte les colères sans réflexion politique plutôt que de construire une vision d’avenir. Les économistes qui ont aidé à mettre sur le pied le programme de La République en Marche ne sont pas écoutés.  Laurent Berger, Nicolas Hulot, Jean-Louis Borloo sont écartés de la scène politique. A leur place, des gilets jaunes analphabètes, incapables de s’organiser, acceptant les dérives et les pillages. Et dans le domaine des valeurs, Stéphane Bern, Philippe de Villiers, et Michel Houellebecq.

            Comme si l’électorat auquel j’appartiens était acquis, n’avait plus besoin de dialogue et de réflexion, et qu’il fallait disputer l’électorat populiste et droitier en étant un peu populiste et un peu droitier. Emmanuel Macron a décidé de ne plus me parler. Il est persuadé que mon vote lui est acquis. Pas si sûr.

 

dimanche 28 avril 2019

laïcité


Laïcité


Dans un état laïque, la religion relève du privé. La loi permet à tous et à chacun de croire ou de ne pas croire mais interdit que des croyances soient imposées dans la sphère publique. Prenons des exemples récents. Pour de nombreuses religions, le mariage est une institution sacrée qui ne peut pas être défaite. Les fidèles qui adhèrent à cette croyance jurent qu’ils resteront mariés jusqu’à la mort. C’est leur affaire et si des croyants divorcent, cette affaire reste du domaine du privé, elle regarde leur rapport à leur église et à leurs croyances. Dans un état laïque, les religieux ne peuvent pas empêcher des citoyens de divorcer au nom de croyances qu’ils ne partagent pas. Un autre exemple, l’avortement. Pour de nombreuses religions, interrompre une grossesse est un crime. Dans un état laïque, les religieux qui en sont persuadés ont le droit de ne pas interrompre leur grossesse, mais ils ne peuvent pas interdire l’avortement à des femmes qui ne partagent pas leurs croyances. Dans un état laïque, les médecins font partie d’un service public et ne peuvent pas refuser l’avortement à une femme qui en exprime la volonté. Si on accepte ce que certains appellent une « clause de conscience », on acceptera, pourquoi pas, que des enseignants refusent d’enseigner la théorie de l’évolution parce qu’elle est contraire aux textes bibliques. 


Attaché à la laïcité, je suis profondément dérangé par l’information selon laquelle le candidat LR, François-Xavier Bellamy, est opposé à l’avortement. Il est aussi opposé au mariage des homosexuels. Interrogé sur le sujet, il dit que c’est une opinion personnelle. Mais poussons un peu le bouchon. Il ne donne pas son avis sur la présence réelle du Christ ou à l’immaculée conception. On lui pose des questions sur des sujets qui ont fait débattre la société où nous vivons, et où des chrétiens voulaient imposer leurs croyances à d’autres citoyens. Voulaient interdire l’avortement, voulaient interdire aux homosexuels de se marier. Il ne répond pas, François-Xavier Bellamy, que l’avortement et le mariage sont des affaires privées, qu’ils doivent être accessibles à tous. Il dit qu’il est contre. Mais son avis personnel, franchement, on s’en bat les ovaires. La seule question qui m’intéresse est celle-ci : est-il pour un état laïque ou non ? Le reste n’a pas plus d’importance que l’existence d’anges gardiens ou l’immortalité de l’âme, points de dogme sur lesquels il ne donne aucun avis. 


Parce qu’en donnant son opinion publique sur une affaire religieuse, donc privée, se rend-il compte dans quelle rouage infernal il met les doigts ? S’il croit que le fœtus est un être vivant à partir de l’instant où spermatozoïde et ovule se joignent, il est possible d’accepter aussi la croyance selon laquelle chaque ovule, chaque spermatozoïde est dépositaire d’une vie sacrée et toutes les barrières qui entravent leur rencontre sont l’équivalent d’un crime. Chaque préservatif, chaque pilule anticonceptionnelle, est un instrument de mort. C’est pour cette raison qu’ils sont interdits par de nombreuses religions. C’est pour lutter contre de telles dérives que les unions homosexuelles sont interdites, car elles entraînent des génocides. Le pape François nous l’a confirmé : Ces terribles instruments de mort qui permettent une soi-disant liberté sexuelle sont la cause directe de la pédophilie dans les rangs du clergé. 


Xavier-François Bellamy est-il marié ? A-t-il des enfants ? A-t-il, pour limiter sa progéniture, utilisé des instruments de mort ? Ou bien s’est-il simplement abstenu ? Vous vous rendez bien compte que je ne lui poserais jamais des questions aussi intimes s’il n’avait pas commencé en donnant une opinion publique sur des comportements privés.

où sont nés tes parents?


Où ils sont nés vos parents ?

Fête du quartier Bibi, à Biarritz. On se connaît, on ne se connaît pas. Debout, un verre de rouge à la main gauche, une canne à la main droite, j’écoute, j’entends, je parle. Un jeune homme à un autre jeune homme : je ne suis pas d’ici, je suis d’Anglet. Tu es le bienvenu, lui répond l’autre. Moi : c’est pire, je suis parisien. Bienvenue me disent-ils tous les deux, et me serrent la main. Celle qui tient la canne.

Une conseillère municipale qui a des ambitions. Elle rencontre une dame qui se présente comme « basque » et lui demande où sont nés ses parents. Je suis là, j’écoute, j’entends, je parle. Parce que la conseillère, ce n’est pas la première fois qu’on lui pose la question. Elle va s’opposer dans les futures campagnes à d’autres candidats à qui on ne posera pas la question parce que leur nom, leur adresse, leur arbre généalogique, les enracinent dans la ville et dans le territoire. Comment répondre à cette question ? Elle habite Biarritz, mais ses parents ne sont pas nés à Biarritz. Son nom n’est pas basque. Que dit-elle répondre ?

Elle peut répondre gentiment : moi, je suis de Biarritz parce que j’ai choisi la ville. Ce n’est pas un hasard de naissance.

Elle peut répondre moins gentiment : « la dernière fois que j’ai entendu cette question, c’était Donald Trump qui la posait à Barak Obama.

Moi, je réponds rarement gentiment. La dernière fois qu’on m’a posé cette question, c’était Xavier Larramendy.  Un marcheur patriote. Je lui ai répondu que la dernière fois qu’on m’avait posé cette question, c’était en 1942, un fonctionnaire de Vichy. A l’époque, c’était une question qui tuait.

Quand on me pose la question « où es-tu né ? Où sont nés tes parents ? » Je réponds que la démocratie est un régime où la bêtise a le droit de poser des questions stupides. Elle me donne le droit de ne pas répondre.

Parfois, je  réponds que je suis basque parce que je l’ai décidé. Que la grandeur d’une culture se mesure à son acceptation des différentes origines. Ma compagne déclare, elle, qui est née là où nous parlons, sur une place qui porte son nom, dans un logement qui donne sur la place qui porte son nom, qu’elle n’est pas basque. Je lui dis alors, puisque nous vivons ensemble et que j’ai décidé d’être basque, qu’elle était basque par alliance.

Une seule bonne question, légitime, honorable : « où sont nés tes beaux-parents ? ». Parce qu’on ne choisit pas ses parents, alors qu’on choisit ses beaux-parents.

samedi 27 avril 2019

en même temps


En même temps

 

Je n’ai pas été indigné par l’interpellation du Président Macron à un chercheur d’emploi : vous traversez la rue, plein d’entreprises vous attendent. J’aurais souhaité le même échange musclé avec des grandes fortunes qui évitent le fisc. « Pour payer vos impôts, vous traversez la rue, il y une perception qui vous attend ».

attention à la descente


Attention à la descente

 

Il ne faut pas s’arrêter d’un seul coup. Pendant deux semaines, une manifestation complète. Les deux semaines qui suivent, une demi-manifestation. Ensuite, pendant trois semaines, un quart de manifestation. Ensuite, alterner : une semaine sans manif, une semaine avec un quart.

 

Mais surtout, surtout, ne vous arrêtez pas d’un seul coup !

jeudi 25 avril 2019

où est la guerre?


Héritage


Depuis 1998 et les accords du Vendredi Saint, la vie politique en Irlande du Nord a exclu de son fonctionnement les groupes armés, les attentats, les meurtres. Les paramilitaires républicaines (catholiques) et loyalistes (protestants) ont provoqué la mort de plus de trois mille personnes. Ils se sont dissous sans voir atteint leur objectif. .Les républicains se battaient pour une Irlande réunifiée et socialiste. L’Irlande est divisée et le marché domine l’économie. Les loyalistes voulaient chasser les catholiques du pouvoir en Irlande du Nord, l’Irlande du Nord est gouvernée par une alliance entre partis protestants et partis catholiques.

Des militants républicains dissidents refusent de reconnaitre ces accords de paix qui signent leur défaite militaire et politique. Ils veulent continuer à porter par les armes et la violence leur objectif : une Irlande réunifiée (nord et sud) et une Irlande socialiste. Ces républicains ont un parti : Saoradh ou Revolutionary Irish Republican Party et une armée : l’IRA maintenue ou dissidente. Ils sont peu nombreux, ne disposent pas d’appui politique. Ils jouent à la guerre avec de vraies armes et quand la police vient les désarmer, ils protestent et manifestent. Mais quand on dispose d’armes, parfois, le coup part et le coup tue. C’est ainsi que le 22 avril 2019, à Derry, une journaliste Lyra McKee a été tuée. Aussitôt se pose la question est-ce le début d’une nouvelle guerre ? 


Voici quelques réponses possibles à cette légitime question. La première : un groupe armé ne peut survivre que s’il dispose d’un appui politique d’une partie de la société civile. Le groupuscule Saoradh ne dispose pas d’un tel appui. Tous les partis politiques, tous les responsables de parti, toutes les églises, ont condamné. Des femmes ont déposé leurs mains recouvertes de peinture rouge sur la façade du local des dissidents. A l’église où Lyra McKee était enterrée, toute la société nord irlandaise, irlandaise, britannique, était représentée.

Deuxième réflexion : l’IRA dissidente à présente ses excuses à la famille de Lyra McKee. C’est une imposture. Quand un groupe tue une personne, les membres de ce groupe doivent dénoncer l’assassin. C’est ce que demandait Gerry Adams à ses amis républicains. Si vous voyez une arme circuler dans votre quartier, je vous demande de dénoncer ceux qui la portent à la police. Si Saoradh veut qu’on prenne au sérieux leurs excuses, il faut remettre le criminel à la police. Sinon, c’est ajouter de la tromperie à la souffrance. 


La question sur le danger d’une violence politique s’adresse ainsi à toute la société. Si les voyous de la politique veulent jouer aux cowboys, elle doit se rassembler, serrer les rangs et ne laisser aucun espace, aucun souffle, aucun mot, qui leur permettent d’exister.


En France, des grenouilles soumises croassent avec des hommes de terreur. En France, des secteurs entiers de la société ont permis que se poursuive l’activité de ceux qui ont provoqué dix morts sur les ronds-points, qui ont détruit et qui ont pillé. En France, aucun Gerry Adams ne demande aux gilets jaunes de mettre leurs voyous hors d’état de nuire. 


Ma conclusion : en l’état actuel, je suis plus inquiet pour la France que pour l’Irlande du Nord.

mercredi 24 avril 2019

le titanic


Pas la peine de faire semblant. Ça risque de mal se terminer. La légion d’honneur à Michel Houellebecq et la suppression de l’ENA ne vont pas me remonter le moral. Il faut relire L’étrange défaite de Marc Bloch. Comment en 1940 les différents corps des élites françaises se sont dissous dans la collaboration ou dans la lâcheté. Les juges condamnaient les communistes, puis les Juifs, puis les résistants ; les lois changeaient mais pas les magistrats.  Les médecins prirent la place d’autres médecins dans les hôpitaux. Les lycées et les universités se purgèrent juifs et des francs-maçons sans que les collègues lèvent le petit doigt. Dans les salles de cours, les professeurs licenciés par Vichy terminèrent leur dernier cours, vidèrent leur casier.  Les collègues évitaient leur regard. Même pas une poignée de mains. Les élèves, oui les élèves, sont venus en groupe leur dire au revoir et leur serrer la main. A la libération, l’ENA fut créée pour remplacer les élites défaillantes, le favoritisme, le recrutement par réseau. Son évolution a remplacé un népotisme par un autre. Mais il ne serait pas inutile de rappeler l’histoire de sa création. La supprimer sans rappeler son histoire, avec un ministre de l’éducation nationale qui fait l’éloge des classes préparatoires, c’est tout simplement reculer devant la bataille nécessaire pour la démocratisation du recrutement au plus haut niveau. Les progrès dans la parité homme femme se sont réalisés et continuent de se réaliser au prix d’une intense bataille politique.

Le recul devant les batailles politiques nécessaires est général. Localement, le PS se basquise, les insoumis rejoignent les séparatismes. Les patriotes enfilent le gilet jaune et les gilets jaunes agitent l’ikurina. Tout le temps et partout, surtout ne pas faire de vagues, ne pas dérange, ne pas exprimer d’opinion. La vie politique s’est tellement tendue qu’il devient difficile à tous les niveaux de parler politique. Trop dur. La République en Marche rase les murs.

            Nous étions six autour de la table  ex-cocos ou ex de gauche. Trois dont moi allaient voter REM (Renaissance) pour les élections européennes.  Deux autres étaient attirés par les écolos, une troisième par Place publique. Avons-nous le choix ? Il faudra bien voter utile contre la montée des populismes. Contre RN, contre LR, contre les identitaires. Sans enthousiasme. Reconnaissons qu'en Europe, la France est l'un des pays où le barrage contre le populisme résiste le mieux. Ou le moins mal. Sans expérience, sans histoire, sans même la volonté de faire de la politique, c.-à-d. d’'intervenir à chaud sur les événements. Avec des élus et des référents qui sont à pleurer d’incompétence. Etrange impression, déprimante impression, d’être sur le Titanic et de n’avoir que le Radeau de la Méduse comme bateau de sauvetage.

dimanche 21 avril 2019

flammes, flammes, flammes


Flammes, flammes, flammes.



Pour le moment, il y a des images. Personne, aucun compteur, n’a osé nous dire combien de millions de personnes ont regardé les flammes. Puis des commentateurs ont placé des paroles sur le monument en flammes et certains ont publié des tribunes. Déjà les premiers livres sont prêts, et Victor Hugo occupe la place en attendant des études sociologiques et ethnologiques qui prouveront que la France est coupée en quatre, en mille, en cent, que les banlieues de Seine-Saint-Denis  ont moins pleuré que les habitants de l’île Saint-Louis. Les flammes occupent le terrain. Si une pierre était tombée et avait tué trois pèlerins et blessé six moines, sans images, sans feu, l’information se serait éteinte. 


Acceptons l’inévitable, le mystère des émotions collectives. Ces moments si intenses que ceux qui ne les partagent pas se sentent coupables,  étrangers à la vie de la cité, et ceux qui les partagent font de leurs larmes une carte d’identité plus fiable que tous les documents administratifs.  Si vous êtes à l’extérieur du cercle, au point qu’il ne vous vient même pas à l’idée de recopier les chiffres d’une carte bancaire, vous vous sentez étranger comme Vichy ne vous a jamais autant exclu de la communauté nationale. En boucle, sur les écrans, dans les manchettes et les photos pleine page, des hommes et des femmes répètent que Notre Dame c’est la France et que la France c’est Notre Dame. Je croyais que c’est la Tour Eiffel avec sa pointe qui monte au ciel. Paris ne serait pas Paris sans elle. Les parents ne seraient pas des parents s’ils n’emmenaient pas les enfants sur la Tour Eiffel. Les grands-parents sont déchus de leur grande-parenté s’ils n’emmènent pas leurs petits-enfants grimper les marches. Je connais des parents et des grands-parents qui n’ont jamais emmené leurs enfants et petits-enfants visiter la cathédrale Notre Dame de Paris. Ils ont conservé leur statut. 

Un homme politique qui parle de l’incendie du 15 avril sans le menton qui tremble, sans le sanglot étouffé, sans les yeux qui brillent, renonce à toute carrière. Les femmes politiques, moins, parce qu’on leur reproche tellement de pleurer pour un oui pour un non qu’elles se retiennent. Je n’invente rien. Ce lundi 15 avril, les hommes politiques pleuraient,  La maire de Paris, Marine Le  Pen, Valérie Paicresse, n’ont pas pleuré. 


La différence ce sont les flammes. Depuis plusieurs semaines, une vingtaine de milliers de manifestants ont rendez-vous avec les caméras. Sans les palettes, les barricades, les voitures qui brûlent, les amateurs d’écrans auraient depuis longtemps viré vers d’autres émotions.

jeudi 18 avril 2019

rompre avec le passé


Pour rompre avec son passé, il faut rompre avec les objectifs de ce passé. On ne peut pas rompre avec le communisme si l’on conserve les objectifs du communisme. On ne peut pas rompre avec le terrorisme nationaliste si l’on conserve les objectifs du séparatisme.

Dans ma vie de communisme, deux grands piliers assuraient l’édifice. Le premier était l’annonce d’une société de bonheur et d’égalité par l’élimination de la bourgeoisie capitaliste. Le second était que cet objectif ne pouvait être atteint que par la détermination, le courage, le sacrifice, d’une avant-garde composée des meilleurs éléments de la classe ouvrière et d’une partie des couches intellectuelles qui acceptait de se mettre au service de la révolution. Pour éliminer la bourgeoisie capitaliste, il fallait une période dite de dictature du prolétariat qui déblaierait le terrain pour l’éclosion d’une nouvelle société.

Ces deux piliers étant  absorbés, le monde s’éclairait d’un avenir lumineux. Tous les matins, les militants se levaient d’un pied martial, chaque parole, chaque action, chaque manifestation, les rapprochaient du Grand Soir. Le monde se partageait en adversaires destinés à disparaître, dont la hargne à notre égard signait l’arrêt de mort. Des ouvriers  aussi, qui n’avaient pas encore acquis la science prolétarienne et trompés par les sociaux-démocrates,  croyaient qu’on pouvait aménager le capitalisme. Et puis les couches moyennes, commerçants, cadres, intellectuels, médecins, enseignants, qui s’intègreraient dans la nouvelle société à condition de reconnaître le rôle dirigeant de la classe ouvrière. A ceux qui émettaient des doutes sur cette nouvelle société, nous montrions les réalisations, les succès, des pays où la révolution communiste l’avait emporté. Les ouvriers étaient musclés, les paysannes roses de joue, les crèches se multipliaient et le métro de Moscou apportait le Louvre aux masses laborieuses. Bien sûr les partisans de l’ancien régime résistaient, et la police politique veillait au grain, emprisonnait, rééduquait. Elle était le bras armé de la dictature du prolétariat. Comme la révolution française, la révolution bolchevique ne pouvait éviter la case terreur.

Les partis qui revendiquent expressément cet héritage ont quasiment disparu de la scène politique. Mais il reste de fougueux partisans de cet objectif. On les reconnaît à leur description du système démocratique comme une dictature des puissants qu’il faut renverser par tous les moyens. Grace à eux, les anciens partisans de la dictature du prolétariat reprennent des couleurs, ressortent les vieilles lunes sur la dictature du capital qu’il faut remplacer par la dictature du peuple. Il leur manque l’équivalent du modèle soviétique, la Chine, Cuba et le Venezuela présentent moins d’attraits.

Au Pays Basque espagnol, la lutte armée a été balayée par la société civile et le débat fait rage sur le récit des années de terreur. Le Goulag d’ETA était-il justifié ? Le KGB basque était-il héroïque ? Les etarras étaient-ils une avant-garde léniniste ou des terroristes fascisants ? On discute. Au Pays Basque français qui n’a pas connu la même terreur, les objectifs séparatistes s’imposent dans la vie quotidienne avec la douceur de slogans qui n’ont pas été abîmés par le sang versé. Tous parlent du Pays Basque nord et du Pays Basque sud, les écoles suppriment la frontière entre France et Espagne, réunifient les sept provinces. Les partis séparatistes ont du mal à émerger tant leurs objectifs sont familiers à tous les autres partis. Entre EH Baï et les discours de Jean-René Etchegaray, l’écart se rétrécit et le séparatisme peine à se faire reconnaitre.

Pour rompre avec son passé, il faut rompre avec les objectifs de son passé. Au Pays Basque français, l’histoire se joue à l’envers. En adoptant les objectifs de la terreur, la classe politique recrée la légitimité des terroristes.

mardi 16 avril 2019

silence muet


Silence du mutique

Le référent de La République en Marche 64 qui nous a habitués à ne rien dire sur rien, nous envoie un courrier urgent : après l’incendie de Notre Dame de Paris, les marcheurs doivent suspendre leurs activités, ne pas parler, ne rien dire sur rien, rester silencieux.

Comment suspendre le silence ? Comment imposer le silence au silence ? Ne savons-nous pas que moins multiplié par moins égale plus ? Qu’imposer silence au silence signifie faire du bruit ?

Ça  n’a pas manqué. Alors que notre référent était mutique sur tout, il nous envoie un très long message rappelant tout ce que les marcheurs pourraient dire s’ils avaient la parole.

dimanche 14 avril 2019

le monde est fou


Le monde est fou



En Lybie, au Yémen, des soldats prennent les armes et tuent. Ça c’est de la folie. Au Brésil, en Russie, en Israël, les électeurs portent au pouvoir des champions de guerre. Des musclés tatoués qui annexent, stigmatisent, divisent leur société. Les mêmes électeurs ont porté Donald Trump au pouvoir. Et Salvini en Italie. Et Modi en Inde.



Au Royaume-Uni, on s’ennuyait. Un ministre eut l’idée de jouer une partie de Brexit. Les citoyens s’enflammèrent. Le génie de ce jeu se cache dans ses règles qui se modifient en cours de route. Les Blancs croient avoir gagné alors que les Noirs n’ont pas perdu. Le jeu se poursuit. C’est un match nul, dans tous les sens du mot. Heureusement, pour le moment, c’est une dame qui dirige le pays et pas encore les lutteurs de foire comme en Russie ou aux Etats-Unis. La partie entre dans sa troisième année.



En France on s’ennuyait. Un créateur de mode lança un vêtement, un gilet jaune, un uniforme qui donnait le droit de bloquer la circulation, de briser les vitrines, de piller les magasins, de construire des barricades. Le pays s’enflamma. Le jaune devint la couleur du peuple. Les politiques et les commentateurs, qu’il ne faut pas confondre, parce qu’il y a des politiques qui commentent et des commentateurs qui dirigent, tombèrent en pâmoison, Romeo et Juliette, Rodrigue et Chimène. Les discours les plus plats, portés par des gilets jaunes, résonnaient comme les envolées de Démosthène, Cicéron, Danton, Bossuet, Jaurès. La moindre palette en flammes prenait la Bastille, les conversations au rond-point de la Galette étaient Déclaration des droits de l’homme.  Pendant quelques mois, le pays se figea comme pour une finale de coupe du monde. Tous les samedis, le peuple regardait ses champions, comptait les blessés, criait à mort l’arbitre !



La finale va se jouer entre les vainqueurs du Brexit et les champions des gilets jaunes.

cesare Battisti


Cesare Battisti





Désormais emprisonné en Italie, il avoue ses quatre meurtres : un gardien de prison, un fonctionnaire de police et deux commerçants. Il demande pardon à tous. En Italie, droite et gauche le considéraient comme l’incarnation des années de plomb et ne comprenaient pas les Français pour qui il était un innocent persécuté par la justice italienne. Pour Philippe Sollers, B.H. Levy,  Fred Vargas, l’Italie dans les années 70 a vécu une « guerre civile ». François Hollande est allé lui rendre visite en prison. Cesare Battisti jurait à Fred Vargas qu’il n’était pas impliqué dans les meurtres de la PAC (prolétaires armés pour le communisme. « Je me suis moqué de tous ceux qui m’ont aidé. Je n’ai même pas eu besoin de mentir à certains d’entre eux ». Fred Vargas n’a pas réagi à ces déclarations.



Un certain effet de répétition dans cette aventure. L’ETA et l’IRA avaient réussi à rassembler des soutiens importants parmi les intellectuels français. De grosses manifestations soutenaient les etarras et les républicains. De gauche à droite, du Figaro à l’Humanité, on fustigeait Margaret Thatcher qui refusait aux grévistes de la faim le droit de porter des vêtements civils qu’ils revendiquaient en tant que « prisonniers politiques ». Encore aujourd’hui, la mort de Bobby Sands s’inscrit très haut dans la liste des jugements négatifs sur la dame de fer.



Au Pays Basque français, une quasi-unanimité s’est faite autour des revendications des séparatistes basques et de grandes manifestations, à Bayonne et à Paris, ont demandé l’amnistie pour des personnes condamnées pour activités terroristes en bande armée. Les « artisans de la paix » qui regroupaient droite, gauche, insoumis… étaient caractérisés par la société basque espagnole comme des blanchisseurs de terreur. Mais ces opinions, les cris des associations  de victimes n’atteignaient pas les oreilles outre-Bidassoa.



Pour que de telles acceptations de la terreur soit possible, pour que des assassins puissent ^considérés comme des héros romantiques, la première condition est l’éloignement de leurs crimes. Les Merah, les frères Kouachi, n’attirent pas la même sympathie. Leurs crimes sont les mêmes mais s’ils demandaient un statut et des vêtements de prisonniers politiques, on peut prévoir des manifestations de moins grande ampleur que pour Bobby Sands. C’est qu’ils ont tué sur le sol français.



L’insensibilité de la société française à l’égard de la terreur infligée au-delà de ses frontières mérite d’être relevée. Les grandes manifestations pour la paix, Basta ya ! en Espagne, les manifestations  pour la paix des femmes d’Irlande du Nord, avaient moins d’écho que les soutiens aux acteurs de la terreur.



La distance est parfois courte. Ainsi, le pont qui sépare Hendaye et Irun fait trois cents mètres. Cela suffit pour que les 829 victimes de l’ETA soient deux fois enterrées. Une fois au Pays Basque espagnol et une autre fois à Bayonne, par des « artisans de la paix ».















Cesare Battisti





Désormais emprisonné en Italie, il avoue ses quatre meurtres : un gardien de prison, un fonctionnaire de police et deux commerçants. Il demande pardon à tous. En Italie, droite et gauche le considéraient comme l’incarnation des années de plomb et ne comprenaient pas les Français pour qui il était un innocent persécuté par la justice italienne. Pour Philippe Sollers, B.H. Levy,  Fred Vargas, l’Italie dans les années 70 a vécu une « guerre civile ». François Hollande est allé lui rendre visite en prison. Cesare Battisti jurait à Fred Vargas qu’il n’était pas impliqué dans les meurtres de la PAC (prolétaires armés pour le communisme. « Je me suis moqué de tous ceux qui m’ont aidé. Je n’ai même pas eu besoin de mentir à certains d’entre eux ». Fred Vargas n’a pas réagi à ces déclarations.



Un certain effet de répétition dans cette aventure. L’ETA et l’IRA avaient réussi à rassembler des soutiens importants parmi les intellectuels français. De grosses manifestations soutenaient les etarras et les républicains. De gauche à droite, du Figaro à l’Humanité, on fustigeait Margaret Thatcher qui refusait aux grévistes de la faim le droit de porter des vêtements civils qu’ils revendiquaient en tant que « prisonniers politiques ». Encore aujourd’hui, la mort de Bobby Sands s’inscrit très haut dans la liste des jugements négatifs sur la dame de fer.



Au Pays Basque français, une quasi-unanimité s’est faite autour des revendications des séparatistes basques et de grandes manifestations, à Bayonne et à Paris, ont demandé l’amnistie pour des personnes condamnées pour activités terroristes en bande armée. Les « artisans de la paix » qui regroupaient droite, gauche, insoumis… étaient caractérisés par la société basque espagnole comme des blanchisseurs de terreur. Mais ces opinions, les cris des associations  de victimes n’atteignaient pas les oreilles outre-Bidassoa.



Pour que de telles acceptations de la terreur soit possible, pour que des assassins puissent ^considérés comme des héros romantiques, la première condition est l’éloignement de leurs crimes. Les Merah, les frères Kouachi, n’attirent pas la même sympathie. Leurs crimes sont les mêmes mais s’ils demandaient un statut et des vêtements de prisonniers politiques, on peut prévoir des manifestations de moins grande ampleur que pour Bobby Sands. C’est qu’ils ont tué sur le sol français.



L’insensibilité de la société française à l’égard de la terreur infligée au-delà de ses frontières mérite d’être relevée. Les grandes manifestations pour la paix, Basta ya ! en Espagne, les manifestations  pour la paix des femmes d’Irlande du Nord, avaient moins d’écho que les soutiens aux acteurs de la terreur.



La distance est parfois courte. Ainsi, le pont qui sépare Hendaye et Irun fait trois cents mètres. Cela suffit pour que les 829 victimes de l’ETA soient deux fois enterrées. Une fois au Pays Basque espagnol et une autre fois à Bayonne, par des « artisans de la paix ».














vendredi 12 avril 2019

traverser la frontière


Les nationalistes tissent une toile européenne avec les Corses, Bretons, Irlandais, Catalans…Les insoumis nouent des contacts avec Podemos en Espagne, et d’autres adversaires de l’Europe. Les bruns organisent des meetings communs entre Salvini, Le Pen, et leurs homologues en Autriche et Allemagne. 

 

Tous se battent contre les traités européens et internationaux, contre l’idée même d’une Europe organisée et solidaire. Tous désignent dans leur campagne l’ennemi numéro 1 : Emmanuel Macron. Celui qui tente avec  le plus d’énergie d’organiser la soldarité européenne face aux dangers du monde.

 

Cette bataille se mène à tous les niveaux. Nous pouvons et nous devons prendre contact avec des courants politiques proches de nos objectifs, dans une première étape, pour parler, pour échanger. Il est évident que cette recherche sera difficile. Les élus et les partis politiques du Pays Basque français marchent bras dans les bras, main dans la main, avec les nationalistes locaux et répugnent à rencontrer des gens qui vont leur poser des questions sur ces alliances sans principe. Raison de plus pour commencer.

le monde et nous


L’Observatoire du Pays Basque et La République en Marche de Biarritz, invitèrent Barbara Loyer, du centre de géopolitique de Paris VIII, à nous parler de l’Espagne, de la Catalogne, du Pays Basque. Le jeudi 11 avril, Une quarantaine de personnes répondirent à l’appel. Trois élus, Guy Lafite, Alain Robert et Brigitte  Pradier. Cinq ou six membres du PS. Les animateurs des comités de Biarritz et de Saint-Jean de Luz, Philippe Buono et Laurent Blanquer. La responsable du collectif « Europe », Florence Leal. Ravis de l’affluence. Tous m’ont félicité pour le travail accompli et la réussite de cette rencontre.



Ce fut un bel événement politique. Je souhaiterais dire pourquoi.



Netanyahou reprend du service. Bolsonaro au Brésil, Salvini en Italie, Pologne, Hongrie. Trump aux Etats-Unis, Poutine en Russie, Xi en Chine, Modi et son parti nationaliste hindou en Inde. Les nationalistes sont majoritaires en Corse, à la porte de la majorité en Catalogne, majoritaires en Irlande du Nord.



Et dans ce petit bout de la République française, une communauté d’agglo de trois cent mille habitants qui passe des heures à discuter pour savoir si Tarnos est basque ou non, si la ville mérite un tram bus ou non. Et à l’intérieur de ce confetti, un Observatoire du Pays basque qui se bat contre les dérives identitaires. Contre la détermination des séparatistes, contre la résignation d’une bonne partie des élus et des courants politiques. Avec l’appui contrasté de La République en Marche partagée, divisée.



La bataille contre le séparatisme que nous menons au Pays Basque français ne peut se gagner que si elle s’inscrit dans une bataille d’envergure contre les populismes et les nationalismes.



C’est exactement ce qu’il s’est passé ce jeudi soir. D’habitude, nos élus et nos responsables politiques non séparatistes tissent des relations poussées avec les séparatistes locaux, blanchissent le terrorisme et dansent autour de la hache d’ETA. Si certains le leur reprochent, ils disent, pas du tout, nous appartenons à des partis nationaux qui sont républicains, progressistes. Je suis républicain, voyez mes ailes, mes localement je suis un bon patriote, voyez ma hache.



Ça peut marcher si les deux niveaux ne se rencontrent jamais. D’ordinaire, quand des responsables nationaux nous rendent visite, jamais on ne discute du local. Jamais Nathalie Loiseau, tête de liste de « 



Jeudi soir, cette rencontre a eu lieu. Nous avons discuté des alliances possibles, avec qui en Espagne ? Avec le PSOE ? Avec Ciudadanos ? Et du coup est apparue l’incongruité des relations avec les séparatistes basques. D’où certains grognements de mauvaise humeur.



C’est la bonne direction. La prochaine rencontre qui ouvrira une fenêtre sur le monde se passera le mardi 14 mai, avec deux Britanniques militants contre le Brexit, Pat Hudson et Tony Lane. Retenez votre soirée.


jeudi 11 avril 2019

un conseil exemplaire


Conseil municipal 10 avril 2019. Madame Pradier demande la parole. Il s’agit des subventions versées à l’association AEK dont l’objectif est l’enseignement de la langue basque. La mairie de Biarritz verse une subvention, prête des locaux, finance des professeurs et des activités culturelles. Madame Pradier déclare qu’elle va voter ces subventions, qu’elle est d’accord pour que l’enseignement de la langue basque soit financé par la ville. Jusqu’ici tout va bien. Pourquoi faire une déclaration de soutien, il suffit de voter. Mais elle ajoute une phrase qui va déclencher une discussion tendue. Elle dit, Madame Pradier, que le Pays Basque français fait partie de la République et qu’elle est gênée que les cartes accrochées au mur des classes d’AEK ne tracent aucune frontière entre le Pays Basque espagnol et le Pays Basque français. Les subventions sont accordées par la République française et elle dit, Madame Pradier, qu’il est gênant que les demandeurs de subvention corrigent les frontières de la République.



Aussitôt, les patriotes réagissent. Piqués au vif. Ils disent, les patriotes, qu’AEK fait un très bon travail. Qui doit être soutenu. Le maire de Biarritz déclare qu’il est très fier que sa ville soit parmi les meilleurs soutiens de la langue basque. Il ne dit pas qu’il parle basque, qu’il a appris ou qu’il va apprendre, il dit qu’il est fier de subventionner AEK. Roulements de tambour, déclarations altières. De la part de gens qui n’utilisent jamais la langue basque dans la vie courante, qui n’empruntent jamais un livre en basque à la médiathèque, qui pourtant est l’une des plus fournies en livres bascophones du territoire, mais la liste des ouvrages empruntés dans cette langue est l’une des plus courtes.



Personne ne parle de cette frontière. Madame Pradier n’a pas refusé les subventions. Elle a dit qu’elle était gênée par l’absence de frontière entre le nord et le sud du Pays Basque. Dans les écoles publiques, tout le monde sait, mais ne le dit pas, que de telles cartes sont interdites. Quand les inspecteurs voient une carte de la République amputée, ils interviennent tout de suite pour la faire remplacer par une carte entière de la République.



Personne ne répond sur cette frontière. Tous ceux qui vivent au Pays Basque savent qu’elle est une question politique, pas linguistique. Les patriotes disent Pays Basque sud et Pays Basque nord, les républicains disent Pays Basque français, Pays Basque espagnol. Les patriotes qui veulent réunifier les sept provinces commencent par effacer la frontière. Ceux qui veulent que le Pays Basque français reste dans la République tiennent à cette frontière. On ne sait pas de quoi l’avenir sera fait, mais en attendant, tant que la majorité des citoyens du Pays Basque français tiennent à rester dans la République, la frontière leur tient à cœur.



En réagissant ainsi, les conseillers rendent un mauvais service à la langue basque. Ils la transforment en outil politique. Pas une ouverture au monde. Ils pourraient par exemple créer un cercle de lecture des conseillers municipaux en langue basque. Monter une pièce de théâtre en langue basque jouée par les conseillers municipaux. Ils pourraient dire qu’ils parlent basque avec leurs enfants et leurs petits-enfants. Non, ils font des déclarations de principe. Avec de telles déclarations de principe, le gaélique perd régulièrement des locuteurs dans la République d’Irlande.



Ce soir-là, il y avait une seule amie de la langue basque. Pas plus. Celle qui par sa question voulait dépolitiser la langue et en faire un outil culturel, pas un instrument d’enfermement.

mardi 9 avril 2019

on and off


Je me bats contre le repli identitaire, sans rien lâcher. Avec quelques amis. Je rencontre des réactions négatives, je kidnappe la discussion, ce n’est pas le sujet, ce n’est pas le lieu, ce n’est pas le moment. Quand parfois je me décourage, imaginez-vous que ça arrive, je me pose une question simple : s’il n’y avait pas eu l’activité et l’intervention du groupe « observatoire du Pays Basque » dans les trois ou quatre dernières années, le paysage politique sur la question du séparatisme eût été un désert d’idées, une acceptation résignée des pires dérives. Quand je vais à un cours d’AEK, subventionné par la ville et que je me fais mettre dehors parce que je persiste à dire « Euskadi Frances »  Guy Lafite me dit : à quoi tu t’attendais ? Comme une fille violée, je m’étais habillé trop court, c’était de ma faute. Quand Xavier Larramendy me demande où je suis né, tout le monde rigole mais personne ne conçoit la monstruosité de la question. Quand Peio Claverie d’EH Baï refuse de me serrer la main « parce qu’il ne sert pas la main à un étranger, c’est une plaisanterie.



Alors je continue et je continuerai à demander à chacun d’entre vous de se situer. D’arrêter de me dire « pas le lieu, pas l’endroit, pas le moment ».



C’est vrai que j’ai une sale habitude. Celle de considérer qu’une opinion politique qui n’est pas exprimée ne compte pas. Il m’arrive donc assez régulièrement de rendre publiques (sur le réseau), des opinions que leur porteur n’a jamais exprimées. Par exemple, Max Brisson, Vincent Bru, Jean-Pierre Massias, Guy Lafite, m’ont souvent exposé, dans des conversations privées, des opinions négatives sur les séparatistes, sur les terroristes, sur les artisans de la paix. J’ai répété leurs opinions et ils m’en ont voulu. Ils m’ont dit, ce ne sont pas des méthodes. Franchement, ils ont raison. Ce ne sont pas des bonnes manières. Mais voyez-vous, à force d’entendre dans la sphère publique les silences résignés ou les acceptations sonores des positions séparatistes, je me dis qu’il ne me reste à moi qu’une seule arme : rendre publiques les opinions contraires. Donner  une voix au silence. Je parle ici bien entendu des opinions politiques et jamais je n’ai répété des confidences intimes.



Ces agissements sont désormais connus et ils ont des conséquences contradictoires. D’une part, les quelques  personnages publics que je connais hésitent à me parler franchement, parce qu’ils savent qu’avec moi, le « off » deviendra le « on ». Ils me rencontrent, me demandent des nouvelles de la famille, se plaignent du mauvais temps et ça s’arrête là. Mais d’autre part, s’ils souhaitent qu’une de leurs opinions, sur les abertzale, sur les blanchisseurs de terreur, devienne publique, ils m’en  parlent « je compte sur toi pour ne pas le répéter », et ils savent que je le répèterai  dans la journée. Ensuite, ils m’engueulent, me disent, je ne te dirai plus jamais rien,



C’est ainsi que le monde sait que Jean-Pierre Massias, cheville ouvrière des « artisans de la paix », estimait que l’opération était blanchiment de la terreur d’ETA. Tout le monde sait désormais que Vincent Bru a estimé que sa présence à l’inauguration de la sculpture était « une belle connerie » et que Guy Lafite n’a jamais voté l’appui du conseil d’agglo à la manifestation des blanchisseurs. Nous savons aussi, grâce aux responsables de l’Observatoire du Pays Basque qui ont été reçus par ces personnalités, que Gilbert Payet, ancien préfet et  Jean-Jacques Lasserre, président du département, ont une estime modérée sur le courage des élus du Pays Basque français.



Mais surtout ne le répétez pas. Tout ça c’était en « off ».

lundi 8 avril 2019

le bilan




Le bilan



Sud-Ouest,  8 avril 2019, sous la signature de Thomas Villepreux, fait le bilan d’une année écoulée depuis l’installation avortée de la sculpture des « artisans de la paix ». L’article rend compte des difficultés d’installation d’une hache, symbole d’ETA. Une partie importante du conseil municipal n’en voulait pas. Jean-Jacques Lasserre n’en voulait pas sous ses fenêtres. Des citoyens (regroupés aujourd’hui dans un Observatoire du Pays Basque), relayaient la colère des victimes par une manifestation et une pétition (deux mille signatures).



Cette sculpture devait marquer le point d’orgue de la comédie des « artisans de la paix ». Le fiasco de cette inauguration rejaillit rétrospectivement sur l’ensemble de l’opération caractérisée par les victimes du Pays Basque espagnol comme une opération de blanchiment de terreur d’ETA.



Le désarmement ? Les armes rouillaient depuis 2011. Les artisans de la paix n’ont jamais demandé à ETA de se dissoudre. N’ont jamais demandé aux terroristes de demander pardon. Désarmement, dissolution, demande de pardon, se sont réalisés sous la pression conjuguée de la société espagnole, des victimes d’ETA, de l’efficacité de la répression des polices française et espagnole. Le rapprochement des prisonniers se fait au cas par cas, selon les règles de la justice des deux pays.



Les élus du Pays Basque français, d’où sont absentes les organisations de victimes, ont cru se prêter à l’opération blanchiment sans dommage. Ils y ont abîmé leur réputation, leurs convictions. Plus encore que la statue, c’est leur courage qui rouille dans un hangar.



Le seul dindon de cette farce est le sculpteur Koldobika Jauregi. Imaginez Michel Ange à qui on aurait refusé la Chapelle Sixtine…






mercredi 3 avril 2019

on ne peut pas être partout


Avant sa visite en Corse, Le président Macron rappelle : « quand je suis venu rendre hommage au préfet Erignac, Simeoni était là, au premier rang ».



Quand Edouard Philippe et Pedro Sanchez ont rendu hommage aux victimes d’ETA, Jean-René Etchegaray, Vincent Bru, Max Brisson, étaient ailleurs, au premier rang, avec leurs assassins.


mardi 2 avril 2019

en marche vers l'Europe


 

La République en Marche mène campagne pour le progressisme contre le nationalisme. La liste « renaissance » prendra contact avec le PSOE pour former un groupe au parlement européen. La ligne est clairement fixée. Il faut en tirer toutes les conséquences.

 

Nous avons l’exigence de ne pas brouiller l’objectif.

 

Ainsi : sur la Catalogne. 41 sénateurs, dont André Gattolin de La République en Marche, plus communistes, insoumis, écolo, ont signé une pétition apportant leur soutien aux séparatistes catalans. En réponse à cette pétition, le gouvernement français a apporté son soutien au gouvernement espagnol.

 

Avec quelques universitaires, (Beatrice Gibelin, Barbara Loyer…) nous avons signé une pétition contre la pétition des sénateurs. Cette pétition a été reprise dans la presse espagnole. Les signataires ont été invités à petit déjeuner à l’ambassade d’Espagne.

 

Je souhaite que ma démarche soit reprise par La République en Marche du Pays Basque.

 

Sur les prisonniers basques. Les élus, dont les nôtres, soutiennent les positions séparatistes sur cette question. Ils manifestent et envoient des délégations au préfet, à la chancellerie. Je propose que La République en Marche envoie des délégations au préfet et à la chancellerie pour soutenir la position du gouvernement français et espagnol sur cette question.

 

Sur la question de la langue basque. Nos élus envoient des délégations au rectorat, au préfet pour soutenir les positions séparatistes. Je propose que La République en Marche rencontre le rectorat et le ministère sur cette question en fixant une ligne simple : répondre aux demandes mais ne pas créer d’offre dont la seule justification est politique.

 

Sur le G7 : un comité « non au G7 » organise des manifestations contre le sommet de Biarritz. Je propose que soit rendu public un texte « Oui au G7 » que j’ai rédigé à la demande du référent et qui dort dans un tiroir.

 

 Avant le 26 mai, deux universitaires anglais actifs dans la campagne contre le Brexit, ont accepté de venir discuter avec nous sur leur campagne. La date n’est pas encore fixée, je vous la ferai connaitre.

 

Un dernier point. Lors de notre dernière réunion La République en Marche avec Laetitia Avia, Xavier Larramendy a « répondu » à mon intervention en me demandant si j’étais basque. Il m’a demandé où j’étais né. Je ne lui ai pas répondu sur le moment. Je ne sais pas si sa question était progressiste ou nationaliste.

 

Etant apaisé, je lui réponds. Je suis né à Lille dans le Nord.

 

Xavier Larramendy va-t-il maintenant demander une prise de sang ?

plus d'Europe


Plus d’Europe

 

Les adversaires de l’Europe lui reprochent de nous empêcher de gouverner dans l’intérêt du peuple. Un regard rapide sur les nations qui composent l’union montre que pour l’essentiel, les politiques  sont décidées par les états. Nous sommes  très loin de l’uniformité.

 

Si les mesures générales peinent à se mettre en place, c’est que les traités actuels permettent le veto de chaque pays et de bloquer ainsi des mesures que pourtant les peuples réclament. Ainsi sur les travailleurs non nationaux, les minimas sociaux, la protection des droits d’auteur, il a fallu des temps de négociation exorbitants pour obtenir un résultat. En somme, nous souffrons non pas de trop d’Europe mais de pas assez.

 

L’exemple du Brexit est éloquent de ce point de vue. La réponse à Londres est toujours le résultat d’une laborieuse unanimité. Mais imaginons le pire, l’absence de cette unanimité face au Brexit aurait accentué dramatiquement le chaos déjà existant. Imaginons le Royaume-Uni négocier de nouvelles relations avec chaque pays séparément…

 

Pour surmonter cette difficulté, Emmanuel Macron a proposé des regroupements d’état sur des objectifs précis. Regroupement qui pourrait jouer un rôle moteur pour l’ensemble des membres de l’union. Ainsi sur les minimas sociaux, sur les taxations des bénéfices et des transactions financières…

 

Ceux que gêne la construction européenne (Trump, Poutine, Xi…) comptent sur cette diversité pour mieux négocier avec une Europe affaiblie. La réponse n’est pas une dénonciation sans fin de ces interventions, mais d’abord le renforcement de l’unité européenne.