mercredi 31 juillet 2019

la faute aux autres


C’est la faute de l’autre.





Pour la France Insoumise, menton fier et mots qui tuent, les violences des manifestants gilets jaunes contre les élus, c’est la faute de la politique du gouvernement. Ainsi, vous n’êtes pas d’accord avec la politique du gouvernement, vous prenez un bidon d’essence et vous incendiez la permanence d’un élu de la République. C’est logique. Un dirigeant de la FI expliquera et justifiera votre geste.



Demain, après-demain, vous entendrez les organisateurs du G7 EZ expliquer que c’est la faute des dirigeants du G7 que des vitrines seront caillassées, que les magasins seront pillés, que les policiers seront attaqués.



Qu’ils envoient des délégations en Algérie ou en Catalogne. Quand les organisateurs décident qu’il n’y aurait pas de violence, ils ne disent pas « c’est la faute aux autres », mais ils prennent des mesures concrètes pour qu’elles n’aient pas lieu.

lundi 29 juillet 2019

tapis rouge


Communiqué de l’Observatoire du Pays Basque Lundi 29/07/2019

Si le tapis rouge est interdit à Hernani, il sera déroulé à Bayonne. .



« Le gouvernement de la communauté autonome du Pays Basque déplore les hommages organisés par la gauche abertzale en honneur aux etarras libérés, à Hernani. Il considère que cet hommage est une insulte aux victimes d’ETA et légitime les crimes d’une organisation terroriste qui a été battue par un état de droit. Il demande à la gauche abertzale de cesser immédiatement ces cérémonies »



Que la gauche abertzale ne renonce pas. La Communauté d'agglomérations du Pays Basque, Jean-René Etchegaray, et ses élus les accueilleront bien volontiers à Bayonne ou à Biarritz. Les élus du Pays Basque français ont toujours refusé d’accepter l’idée qu’ETA a été vaincue par un état de droit, et n’ont jamais demandé l’arrêt des insultes aux victimes que sont les hommages aux terroristes libérés. Ils ont toujours accepté et suivi fidèlement la gauche abertzale avec qui ils ont négocié et organisé un blanchiment de la terreur d’ETA.  


(Pour l’Observatoire du Pays Basque, Maurice Goldring, membre de La République en Marche).

dimanche 28 juillet 2019

pas en mon nom


Pas en mon nom !



Je ne voterai pas aux élections municipales pour un candidat qui dit et pense qu’au Pays Basque « il y avait des victimes des deux côtés ». Pour Jean-René Etchegaray, pour Vincent Bru, pour Michel Veunac, il y avait deux victimes ce jour de marché où Yoyès fut abattue devant son enfant de trois ans. Yoyès et son assassin.



Je pensais naïvement que les choses avaient un peu bougé depuis que Thomas Habas, le directeur de campagne de Maider Arosteguy avait signé une tribune en ce sens, une tribune en soutien aux victimes de l’ETA. Puis la campagne avance. Et le même directeur de campagne me dit que ce n’est pas le sujet d’une élection municipale. Voici que reviennent ces formules scélérates : ce n’est pas le sujet, ce n’est pas le lieu, ce n’est pas le moment.



Je pensais naïvement que lorsque Jean-René Etchegaray déclare que sa position (victimes des ceux côtés) était soutenue par l’unanimité des conseillers d’agglo, ceux qui n’étaient pas d’accord auraient pu simplement dire « non, je n’étais pas d’accord, je n’ai pas voté ». Ils ne l’ont pas fait. Ce n’était pas le lieu, ce n’était pas le sujet, ce n’était pas le moment.



Je pensais naïvement que lorsque Michel Veunac, maire de la ville de Pays Basque, participe à une réunion et reprend l’expression « des victimes des deux côtés »,  au nom de la ville dont il est le maire, il y aurait davantage de voix de conseillers pour exprimer leur désaccord. A part la conseillère Brigitte Pradier, ce fut le silence. Ce n’était pas le lieu, pas le sujet, pas le moment. Ce n’était pas très compliqué : il suffisait de dire « pas en mon nom ».



Pour le moment, le maire de Biarritz, le président de la Communauté d'agglomérations du Pays Basque, et le député Modem, disent haut et fort qu’il y avait des victimes des deux côtés. Les autres élus acceptent la formule par leur approbation ou la légitiment par leur silence.



Ils n’auront pas ma voix.

mardi 23 juillet 2019

municipales biarritz


Pour les prochaines élections municipales.





Sur les étagères de l’offre politique, quel produit vous attire ? Quel produit vous donne envie de consacrer un peu de temps, un peu d’argent, un peu de passion ? Pendant une bonne partie de ma vie, je savais où diriger mes pas, j’allais droit vers le rayon familier avec mon caddy et je n’hésitais pas. Aujourd’hui, je cherche.



J’ai conservé de mon passé deux lanternes. La première, -n’y voyez pas d’ordre hiérarchique- est une aversion jamais calmée pour les politique ethniques, identitaires, nommez-les comme vous voulez. La seconde est la justice sociale. Le pire se produit quand se mêlent les colères sociales et les aspirations identitaires.



J’ai vécu dans l’opposition de deux systèmes : le communisme qui a abouti à la dictature, au goulag  et à l’anémie économique. Le capitalisme avec son cortège de libertés politiques, de croissance économique, d’injustices sociales et d’écarts des revenus.



Les riches deviennent plus riches, la richesse des un pour cent les plus riches s’accroît. On ne voit plus que ça. « Au risque que ce projecteur braqué sur les nantis plonge tout le reste dans l’obscurité » (P.Y. Geoffard, libération 11/12/2018).  On ne voit plus que le budget du gouvernement Macron augment le pouvoir d’achat des plus pauvres. Minimum vieillesse ou allocation d’adulte handicapé vont augmenter. La taxe d’habitation est supprimée. Plus rien à payer pour les lunettes, les prothèses dentaires et auditives. Un plan de lutte contre la pauvreté est salué par les associations qui sont au premier rang de cette lutte. Plus de moyens pour les élèves en difficulté. Mais rien n’y fait : « taxer cette minorité est la seule mesure qui pourra apaiser la colère. « soyez conscient que même si elle est utile, elle ne changera que bien peu la dureté de votre quotidien » nous dit P.Y. Geoffard.



Au Venezuela ou à Cuba, le paysage est familier. L’effondrement du système démocratique s’accompagne d’un effondrement de l’économie de marché. Sur la scène mondiale apparaît un autre système : une économie de marché avec un régime de parti unique. Des économies de marché où les dirigeants parlent comme des dictateurs. Un nouveau nom apparaît : « l’illibéralisme ».



Pour Maurice Levy : le libéralisme créé richesses et croissance, le tout accompagné d’une formidable redistribution au profit des plus fragiles. Malgré ce résultat, il est perçu comme un système qui ne profite qu’aux riches. (Le monde, 2/07/2019). Maurice Levy demande un « libéralisme plus humain ». Laurence Boone, chef économiste de l’OCDE, dénonce le caractère figé des statuts sociaux, la trop grande difficulté de sortir de son quartier ou de sa classe. En Europe, la France est le pays où le système libéral est le plus critiqué et où l’égalité des chances est le moins bien assuré. Le pays où le déterminisme social est le plus figé.



Ce que je crains, c’est le pouvoir absolu, sans contrepoids, du haut ou du bas. La finance sans frein. Les colères et les jacqueries. Des camionneurs qui bloquent. Des paysans et leurs tracteurs. Les ouvriers du livre qui détruisent la presse. Des gilets jaunes qui font peur à toute la classe politique. Les minorités agissantes ou destructrices ou meurtrières. Je sais, je les ai vus. Dans la cour de la Sorbonne, ceux qu’on appelait les « Katangais ». Les étudiants communistes n’avaient pas le droit d’avoir un stand dans cette braderie aux idées. Ils se faisaient tabasser par des gros bras.  Dans l’acceptation de tous. Et puis à l’université de Paris VIII, des commandos de maoïstes qui trainaient dans la boue des profs qui souhaitaient faire cours alors qu’une poignée d’étudiants bloquaient la fac. D’autres commandos qui détruisaient les urnes pour empêcher les élections universitaires. L’état de droit peut se dissoudre dans la finance et dans la violence dite du « peuple ». Les héritiers, les miens comme ceux des autres, sont gilets jaunes, avant-gardes terrorisantes, séparatistes régionaux.



Dans les débats nationaux, je retrouve ces thèmes. Dans les débats locaux, ils disparaissent. On s’énerve pour l’hôtel du Palais, pour des subventions à un festival… Jamais on ne s’énerve pour le soutien de la ville aux blanchisseurs d’etarras. Jamais on ne s’énerve pour le retard apporté à la construction de logements sociaux. Nationalement, on privatise les aéroports. Localement, on municipalise un palace.



Localement, la situation n’est pas bonne. Quand vous regardez la politique sur l’écran national, il y a des débats sur tous les sujets. Les discussions traversent les différentes familles politiques. Des républicains soutiennent tel projet Macron. Les insoumis se déchirent. La gauche se soigne. C’est la vie politique. On discute chez les marcheurs des prochaines élections municipales à Paris et à Bordeaux. Ouvertement. Les différentes idées sont soumises aux militants. Ici, rien.



Ici, les patriotes se regroupent dans une liste RPC (Retourne à Paris connard !). La gauche insoumise manifeste contre la rencontre G7 de fin août. Il y un candidat écolo qui ne dit rien sur les grands sujets. La droite a plusieurs candidats qui ne s’expriment guère sur leurs différences. Le maire sortant (Modem et marcheur) considère l’assassin de Yoyès comme une victime.



Dans mon écurie, règne ce que je crains le plus : les cabinets secrets, les comités politiques en chambre, les petits tyrans domestiques, les apparatchiks analphabètes, l’arrogance de ceux qui n’ont pour eux que l’arrogance, la soumission sans réflexion, le suivisme carriériste, les mains dans les poches et la souplesse des échines.



Aux prochaines municipales, il va falloir choisir. Viendra un moment où il faudra mettre un bulletin dans l’urne. Mais sur les questions que je considère comme fondamentales, rien ne vient. Les élections se tiendront en mars 20120. Il reste neuf mois.  









           


lundi 15 juillet 2019

Oui au G7


Sous le nom « G7 EZ » (Non au G7), un comité prépare une série de manifestations contre la tenue de ce sommet.

. L’objectif de ces manifestations est nébuleux. S’agit-il d’empêcher les représentants des grandes puissances de se réunir ? De demander à Trump de respecter les accords de Paris contre le réchauffement climatique ? De demander la démission de Trump et Macron ? De manifester contre les violences domestiques ?

Une seule certitude : le Non au G7 regroupe tous les opposants à la construction européenne, s’oppose à tous les efforts pour une Europe plus solidaire, mieux organisée, plus apte à résister aux replis économiques, culturels, identitaires.

Ce comité liquide participe par sa démarche aux replis égoïstes. Les dangers d’aujourd’hui sont le retrait des accords internationaux : retrait des accords climatiques, retrait des accords internationaux. Dans un monde qui se disloque, rien n’est plus urgent que de s’organiser pour lutter ensemble contre les replis nationalistes et les égoïsmes de grande puissance. Pour affronter les défis économiques, les défis écologiques, il faut renforcer les accords multilatéraux. Ceux qui s’opposent à ces accords sont connus : en haut les grandes puissances, en bas les nationalismes étriqués.

Une deuxième certitude : le G7 nous annonce quelques jours de violence légitime. Ses communiqués sont lumineux. La seule véritable violence est celle qui frappe les chômeurs, les salariés, les migrants. La seule violence véritable est celle qui consiste à mobiliser des milliers de policiers. La destruction des biens, les agressions contre les forces de police sont ainsi légitimées.

Pour toutes ces raisons, l’Observatoire du Pays Basque rappelle que la majorité des citoyens de la ville de Biarritz, la majorité des citoyens du Pays Basque français, n’est représentée en rien par le comité G7 EZ.



Maurice Goldring (membre de La République en Marche et de l’Observatoire du Pays Basque)



NB : Loïc Corrégé, référent 64, en réaction à ce communiqué, a déclaré »qu’il ne reflète en aucun cas les positions officielles de La République en Marche 64 ». Encore une fois, le 64 refuse son appui au Président Macron et à son gouvernement. Quand le président invite la veuve du Préfet Erignac, Loïc Corrégé, Vincent Bru et Michel Veunac manifestent auprès des prisonniers condamnés pour terrorisme. . Quand Edouard Philippe rencontre Pedro Sanchez, il invite les associations de victimes. Loïc Corrégé, Vincent Bru et Michel Veunac déclarent que le comportement des condamnés est « « exemplaire ». Et ajoutent qu’il il y a des victimes de deux côtés ». À nouveau, le référent se place du côté des nationalistes contre le camp du progressisme.

Il faudra que tout le monde admette que sur ces questions, les marcheurs sont divisés et que certains d’entre eux soutiennent la politique du gouvernement et du président.

samedi 13 juillet 2019

si on se réveillait?


Si on se réveillait ?



La droite radicale  (marquée par la xénophobie, l’islamophobie, la phobie de l’Europe) promeut un monde figée dans le communautarisme, les chrétiens contre les musulmans, les peuples contre les minorités, les invectives contre les délibérations. (Sylvain Kahn et Jacques Levy , le monde 2 et 3 juin 2019). Elle est au pouvoir directement en Italie, en Pologne, en Bulgarie, en Estonie, ou en coalition (Autriche, Finlande, Danemark, Belgique). En France, le RN est arrivé en tête aux élections européennes,  ainsi que le Brexit de Farage au Royaume-Uni. La droite classique, mais pas seulement, est infiltrée par le communautarisme, comme en témoigne le glissement abertzale des partis traditionnels en Pays Basque français.



Ces mouvements se développent sur un fond de catastrophisme ambiant. Le comité G7 EZ, qui regroupe les artisans de la paix, les séparatistes, et qui développe son idéologie et ses activités sans rencontrer de résistance, dénonce une violence qui domine le monde. Tous les salariés, tous les chômeurs tous les migrants, sont en train de souffrir de la violence économique et sociale. Et mobiliser 20 000 policiers pour le G7, n’est pas une violence ? (Sud-Ouest  11/07/2019).  



Ces mouvements rejoignent le survivalisme : à l’origine un mouvement xénophobe qui voulait protéger la civilisation chrétienne, blanche et mâle et qui aujourd’hui se réfère à l’effondrement de « notre civilisation », à la crise économique, la menace climatique, pour préparer la survie de l’espère par une espèce de zadisme ambiant : on se replie sur des communautés fermées, hors du monde. Il faut apprendre à se passer de l’électricité, à renoncer à la société de consommation. Notre Dame des Landes est une espèce de survivalisme.  Le repli sur la communauté d’agglo, manifeste avec l’eusko, l’énergie produite localement contre l’électricité « importée », témoigne de cette rencontre.



Les anti G7 sont des survivalistes. L’avenir ne peut être que sombre : crise économique, menace climatique, effondrement de notre civilisation. Cette nébuleuse ouatée permet tous les comportements. Car les G7 vont manifester contre quoi ? Pour quoi ? Une manifestation contre le réchauffement climatique, se comprend. Contre les violences domestiques, on comprend. Mais comment peut-on manifester « contre le G7 » ?  Les revendications précises disparaitront dans la fumée des lacrymogènes,  il restera une violence annoncée, nébuleuse, légitimée par des discours irresponsables.



Laissons la conclusion à Pierre Pachet :



« Depuis des mois se manifeste une violence qui se dit légitime et considérée comme telle…. Le risque n’est pas de les voir conquérir une majorité…mais que s’installe dans le pays une frange d’opposants déterminés au « système » à savoir l’économie de marché ou la démocratie représentative et les organismes qui régulent la vie sociale. Cette frange ne prétend pas incarner une opinion minoritaire, …mais la totalité de la société « opprimée »… Sur ce point se rejoignent Mélenchon, une partie du Front national, la CGT, et des groupes d’enragés. L’extrémisme est une tradition française, qui risque à tout moment de réussir à occuper l’ensemble de l’espace des idées ». Pierre Pachet, libération 12 juillet 2016.

            La ouate que représentent aujourd’hui les partis du Pays Basque français, LR, La République en Marche, PS, tous ralliés à l’ikurina, vous invite à vous endormir. Si on se réveillait ?

vendredi 12 juillet 2019

courrier


En date du 8 juillet, je reçois en lettre un courrier en réaction à mon interview par Pierre Penin dans Sud-Ouest. Cette lettre a été envoyée suite « à mes propos haineux et mensongers » lors des journées pour la paix à Biarritz. Quand une sculpture de la paix  a été inaugurée, quate hommes s’étaient « manifesté méchamment ». Vous récidivez avec des mots indignes et malhonnêtes. Respectez les gens qui travaillent à la vérité et à la paix. Dans sa lettre à Sud-Ouest, cette dame est « écœurée de la haine, du mensonge et de l’ignorance de l’histoire ». Elle a choisi le camp de la vérité historique qui mène à la paix ». J’oublie les crimes d’ETAT. Le GAL, les tortures, les polices françaises et espagnoles.



            Je réponds : Je ne vais pas vous convaincre. Vous ne m’avez pas convaincu. Mais peut-être pouvons-nous ensemble partager des questions, même si les réponses divergent.



            J’ai fait partie des manifestants contre la sculpture de la hache. Nous étions cinq, quatre hommes une femme. Pas vraiment cachés. On nous a pris en photo sous toutes les coutures. Nous sommes passés  à la télé, dans la presse. On nous a interviewés. Question : savez-vous pourquoi cette « sculpture de la paix » est en train de rouiller dans un hangar depuis plus d’un an ?



            Les historiens du Pays Basque espagnol ont essayé de faire l’histoire des années de plomb, une histoire commune, qui aurait pu être enseignée dans les écoles. Ils n’ont pas réussi à se mettre d’accord. Pour les uns, elle était trop favorable à ETA, pour les autres trop critique d’ETA. Question : croyez-vous que la haine, les mensonges, l’indignité, la malhonnêteté soit tous d’un seul côté ? Croyez-vous qu’un camp détient la vérité, et l’autre la malhonnêteté et le mensonge ?



            Le GAL, les tortures, ont malheureusement existé. Comme ont existé la barbarie d’ETA. Séquestration tortures. Tous sont d’accord sur un point : l’énorme majorité des tués a été par ETA, (environ 850 sur plus de mille). L’énorme majorité des tués par ETA l’a été après la mort de Franco. (800 sur 850). Question : c’est un mensonge de le rappeler ?



            Parmi tous ceux qui ont assassiné, torturé pendant cette génération, les GAL, les garde-civils, ont été jugés et condamnés. Y a-t-il un parti qui les soutient, qui fait la fête quand ils sortent de prison, qui déclare qu’ils ont eu raison d’assassiner ? Personne.



            Les seuls qui sont fêtés, qui sont approuvés, dont les assassinats sont célébrés comme une lutte juste, sont les assassins de l’ETA. Le combat que je mène est tout simple : que les assassins d’ETA, comme ceux du GAL, se repentent, demandent pardon et n’aillent pas parader sur les estrades pour se faire applaudir. C’est une insulte que les victimes et leur famille acceptent mal. Question : vous pouvez comprendre la souffrance des victimes d’ETA ?



            Comme vous l’écrivez, toutes les victimes sont égales. Mais rares sont celles dont les assassins sont ainsi fêtés, approuvés, défendus, par ceux que j’appelle les blanchisseurs.



            Merci de m’avoir lu.

mardi 9 juillet 2019

je ne crains rien


Rassurez-vous je ne crains rien.



Je veux le dire et le redire à des amis inquiets par mes prises de position. Je ne crains rien. Au contraire. Je suis l’un des hommes les mieux protégés contre tout geste malveillant. Les séparatistes ardents, leurs complices souriants, les blanchisseurs blanchissants veillent sur moi comme l’huile sur le feu. Surtout, qu’il ne m’arrive rien. Quand j’allais exhiber ma pancarte (829), sur le parvis de la Gare du Midi, des jeunes patriotes énervés voulaient me l’arracher, mais leurs chefs sont très vite intervenus, surtout, surtout, ne le bousculez pas. Il rêve d’être un martyr. Il ne cherche que ça. Quand notre groupe de citoyens opposés à la sculpture de la hache à Bayonne a ouvert ses parapluies avec le même chiffre 829, de jeunes patriotes énervés, se rappelant le bon vieux temps où l’on éliminait les adversaires à coups de mitraillette, s’approchèrent en bombant le torse, à défaut d’une arme à feu, tout de suite Txetx, le faiseur de miracles, celui qui transforme des assassins en philanthropes humanitaires, est intervenu pour les retenir, pour leur dire surtout ne les touchez pas, vous voyez bien qu’ils ne cherchent que ça. Quand j’ai traversé la salle du Casino Bellevue pour déposer la tribune de Libération « En soutien aux victimes de Josu Urrutikoetxea », les responsables de la cérémonie négationniste me parlaient avec respect, poliment, m’aidaient à descendre et  gravir les marches. Surtout que je ne me foule pas une cheville et que j’accuse ensuite les blanchisseurs d’attentat contre ma personne.



Je vous assure que je ne risque rien. Personne ne risque rien. Maïder Arosteguy, candidate aux élections municipales refuse de prendre position publiquement contre le blanchissage parce qu’elle craint, me dit-elle, pour ses enfants. Je veux la rassurer. Ses enfants ne risquent rien, pas plus que moi.



Parfois, ici et là, les blanchisseurs ont mal secoué leur linge et laissent passer des formules malheureuses. Si Josu Urrutikoetxea est extradé, si Txistor n’est pas libéré, le radicalisme violent pourrait se réactiver. Attention, disent-ils à ne pas réveiller les fantômes du passé. Folie ! Les demi-soldes d’une armée morte n’ont plus qu’un seul rêve : que les années de prison soient prises en compte pour le calcul de leur retraite. Jean-René Etchegaray et autres blanchisseurs n’ont jamais combattu la terreur. De ne pas l’avoir combattue les condamne à ne pas comprendre sa défaite.



Alors pourquoi ce silence ?  Lisez la tribune du Figaro, ceux qui défendent l’ETA et Jose Ternura doivent aussi assumer leurs massacres ». Parmi les signataires français, deux universitaires qui ne vivent pas au Pays Basque. Quatre signataires français qui vivent au Pays Basque. Une élue qui ne se représentera pas aux prochaines municipales. Un ancien maire. Le directeur de campagne de Maider Arosteguy, le seul à prendre un vrai risque et votre serviteur. Tous les autres sont des Espagnols ou des étrangers au Pays Basque français. Pourquoi cette absence des Basques français, élus ou citoyens ?



Il se murmure que le silence lourd de ceux qui ne sont pas d’accord s’expliquerait par la peur. Peur de quoi ? Vous plaisantez ? Ils ne risquent rien. La raison, la vraie, la seule, c’est que les patriotes ont déjà gagné la bataille des idées. Je l’avais déjà remarqué en lisant les professions de foi des candidats aux législatives. C’était à qui défendrait le mieux, le plus fort, l’identité basque, l’identité historique et éternelle, la langue, le territoire. Ce qui permettait à Enbata de confirmer : « nous avons perdu les élections, mais nous avons gagné la bataille des idées ».



Pour comprendre le Pays Basque français, il serait utile de regarder un classique du cinéma anglais, Passport to Pimlico. Un immeuble effondré révèle un vieux parchemin qui prouve que le monarque avait accordé totale indépendance à ce territoire devenu un quartier de Londres. Les habitants, les élus, les élites, les conseillers, les commerçants, deviennent fous. Ils défient le pouvoir central. Ils frappent monnaie, ils surveillent les frontières, ils brandissent un drapeau, nomment des ambassadeurs, un représentant à l’ONU, recrutent une armée. Folie collective. Vous vous rendez compte. Un maire d’arrondissement, sans pouvoir, des conseillers qui délibèrent sur un permis de construire, des associations qui gèrent un centre culturel pour retraités, prennent du jour au lendemain un statut international. Dans tous les pays, les journaux titrent sur Pimlico. Le conseil municipal devient un Parlement, la police de quartier devient une armée, le centre culturel devient l’UNESCO, le centre de soins devient Médecins du Monde, le maire devient chef d’Etat. Qui peut résister à une telle promotion ?



Cette folie a gagné le Pays Basque en France. La communauté d’agglo est devenue un royaume indépendant. On y frappe monnaie, l’eusko. Le courant électrique doit être nationalisé, ils ne veulent plus d’une énergie qui vient de l’étranger. On y officialise la langue basque. Sur toutes ces questions, on défie le pouvoir central, sur l’immigration, sur l’éducation des enfants, sur l’université, les conseillers d’agglo devenus maîtres chez eux veulent légiférer. Si un tribunal condamne un assassin, sa décision est contestée puisqu’il est étranger.



Les touristes sont ravis. Il suffit d’un ticket de bus pour des vacances exotiques. Les élus se prennent au jeu. Ils négocient avec le préfet devenu ambassadeur d’une puissance étrangère. On ouvre des ambassades en Corse, en Catalogne, en Ecosse. On signe un traité de paix avec l’état espagnol et l’état français. L’Irouléguy monte à la tête.



L’ambition des élus est sans limite. C’est sans danger me dit-on. Dans quel pays avez-vous vu Paillasse arriver au pouvoir ?

lundi 8 juillet 2019

dialogue avec Max Brisson, sénateur


Max Brisson, sénateur, a réagi à mon compte-rendu de la réunion des blanchisseurs du vendredi 7 juillet. « Je suis toujours étonné lorsqu’un homme de gauche, fut-il aujourd’hui adhérent de LREM, puisse penser dans la norme d’un état démocratique qu’un homme condamné à la perpétuité soit maintenu en prison plus de trente ans, et pourquoi pas jusqu’à sa mort. ».



Voici ma réponse :




Mon cher Max,



            Au-delà de nos désaccords persistants, permets-moi d’abord de te remercier de répondre et de dialoguer. C’est rare. Quand Vincent Bru me voit, il passe sous la table. Michel Veunac utilise en boucle l’horrible formule blanchissante : « il y a des victimes partout ». Tu es le seul élu du territoire qui ait répondu à mes prises de position. Tu as même approuvé mon opinion sur Josu Urrutokoetxea. Loïc Corrégé, référent de La République en Marche, me répond par une lettre circulaire : le 64 ne partage pas le point de vue du Gouvernement de la France, ni celui de Maurice Goldring et l’Observatoire du Pays Basque.



            J’ai un peu de mal à admettre que tu interviennes comme simple citoyen soucieux du respect du droit. Tu n’as jamais soutenu cette comédie sinistre qu’a été la négociation avec une organisation terroriste de la remise de ses armes ? Tu n’as jamais été manifester à la Gare Montparnasse sous la banderole « maintenant, retour à la maison » de tous les prisonniers basques condamnés pour activités terroristes en bande armée ? Tu n’as jamais manifesté pour l’érection d’une sculpture représentant la hache, symbole de l’ETA ? Tu n’as jamais salué la décision « unilatérale » de l’ETA de se dissoudre ? Juste comme simple citoyen, tu sors du bois et tu protestes contre le maintien en prison de Txistor Haranburu.



            Alors, moi aussi, comme simple citoyen, respectueux des lois, je rappelle qu’ETA a maintenu dans la terreur la société basque, notamment espagnole. Que cette organisation terroriste a été vaincue par les manifestations de la société civile, par la coopération policière efficace entre état espagnol et état français, que les élus et la société civile basque en France n’ont jamais participé aux manifestations pour la paix et contre la terreur, n’ont jamais manifesté leur solidarité à l’égard des élus qui étaient la cible de Txistor Haranburu, n’ont jamais approuvé la coopération entre le gouvernement français et espagnol contre la terrorisme.



            Comme simple citoyen respectueux des lois et des victimes, je sais que des dizaines de prisonniers basques ont été libérés et amnistiés parce qu’ils s’engageaient à demander  pardon, à se repentir, à ne plus recourir à la lutte armée, et à sortir de prison sans manifestation de joie et de liesse qui étaient autant d’insultes à leurs victimes. Même un simple citoyen peut comprendre. Les artisans de la paix, Bake Bidea, et toi, vous n’avez jamais rien demandé aux assassins, vous n’avez jamais demandé qu’ils demandent pardon, qu’ils se retirent en silence, qu’ils renoncent aux manifestations de joie sur les tombes de leurs victimes. Vous n’avez jamais dialogué avec les associations de victimes. Des assassins, vous dites et répétez qu’ils ont « un comportement exemplaire », jamais je ne vous ai entendu le moindre éloge à l’égard des victimes d’ETA qui étonnent le monde entier par leur courage et par leur engagement. Le monde entier, sauf les élus et la société civile du Pays Basque français.



            Mon cher Max, il faut que tu assumes. Tu suis le courant, il faut assumer. Assumer que le préfet, le président du conseil général, quelques rares élus, considèrent cet engagement avec Bake Bidea comme un manque de courage et de conviction. Assumer que de l’autre côté des Pyrénées, les compliments, les éloges, les louanges, viennent des héritiers du terrorisme, Bildu ou Sortu, qui vous considèrent comme « une classe politique engagée et responsable ». Que les autres partis, que les intellectuels qui se sont battus contre le terrorisme, ont perdu toute considération à votre égard, ne vous gêne pas.



            Pour continuer dans cette voie sans trébucher, il faut continuer à s’enfermer dans une bulle, ne pas regarder au-delà de la communauté d’agglo. Déformer grossièrement les paroles du Président et du Premier ministre pour qui « réconciliation ne vaut pas amnistie ». Ne pas voir les manifestations d’hostilité et les insultes quand les anciennes cibles d’ETA vont rendre hommage à Blanco et à d’autres victimes. Il faut fermer les  yeux comme vous avez fermé les yeux quand la terreur faisait rage.



            Continuez ainsi à jouer le rôle d’idiots utiles pour le séparatisme basque. N’écoutez pas Fernando Savater, n’écoutez pas Fernando Aramburu, Mario Vargas Llossa, Fermez les écoutilles. N’écoutez pas les associations de victimes, françaises et espagnoles. N’écoutez pas Edouard Philippe quand il rencontre Pedro Sanchez en invitant les victimes quand vous manifestez avec les assassins, n’écoutez pas Emmanuel Macron qui va en Corse avec la veuve Erignac quand vous manifestez avec Otegi.



            Vous contribuerez à isoler le Pays Basque français du reste du monde, comme vous l’avez isolé par votre silence sur la terreur séparatiste. Mais excuse-moi, sur cette  base, sur cette orientation, quand tu me donnes des leçons de républicanisme et de respect du droit, j’ai un peu de mal à les prendre au sérieux.



            Quant à moi, avec obstination, je continue à écrire sur une pancarte un principe intangible : « je demande pour les prisonniers basques les droits et garanties que l’ETA a refusé à ses victimes ». Une pancarte qui plonge tes amis blanchisseurs dans une colère noire.




dimanche 7 juillet 2019

Lavandièrs' du pays basque

Les élus Max Brisson, Vincent Bru, Jean-René Etchegaray, Michel Veunac, parlent au nom de la ville, de la région, en votre nom. Ils vous représentent. Que disent-ils?

Ils ont passé trois heures au siège de la communauté d'agglomération vendredi 5 juin, avec les blanchisseurs de Bake Bidea et des Artisans de la Paix. Trois longues heures. À attendre la décision du tribunal. Le tribunal délibère, décide de libérer Frederik Haranburu. Mais le parquet fait appel de la décision. Une nouvelle audience aura lieu en Septembre. Les élus de tous bords et les blanchisseurs sont unanimes à condamner  la décision incompréhensible" du procureur. Incompréhensible, le mot est répété. Les présents ne comprennent pas. Cette décision est en contradiction avec le processus en cours au Pays basque; quel processus? Le processus. Puis des mots plus forts: l'idée que l'ETA pourrait redémarrer est "une insulte à l'intelligence collective du territoire". Intelligence du territoire,  il faut oser. Le territoire dit JRE est en paix avec la justice. JRE dit que ces décisions risquent de radicaliser le territoire, qui est intelligent, mais parfois se radicalise;  Vincent Bru connaît le prisonnier Txistor Haranburu. Ce prisonnier à "un comportement exemplaire". Il a une offre de travail. Il a payé. Trente ans de prison. Max Brisson "sur un ton grave "je ne peux pas comprendre qu'on pousse rester au delà de trente ans en prison. Michel Veunac déplore l'aveuglement du parquet. La conseillère régionale à une pensée pour la famille du prisonnier.

Ils ont lancé une pétition pour demander la libération  du prisonnier.

Tous ces gens ont passé trois heures à déplorer, à condamner. Quand on les interroge, ils disent qu'ils pensent aux victimes, à toutes les victimes. Sauf à celles de Txistor Haranburu. Pourquoi a-t-il été condamné? Silence. On pense à sa famille, mais pas à celles qui dorment sous les tombes, à celles qui déplorent à perpétuité, sans de libération de la douleur, la perte des proches, des enfants, des fils. Pendant ces trois heures lourdes passés dans la communauté d'agglomération, qui nous représente tous, ils ont oublié ces victimes là.

Vincent Bru, qui blanchit le jour et pense aux victimes la nuit, dit que Txistor a eu un comportement exemplaire. Qu'est-ce que ça veut dire? Qu"il a demandé pardon pour ses crimes. Qu'il s'est engagé à ne pas faire la fête le jour de sa libération? Qu'il se repent de la terreur infligée. Non. Les blanchisseurs ne lui demandent rien. Ils n'évoquent pas ses victimes. Ils pensent aux victimes mais n'en parlent jamais. Jamais un mot de compassion ou de solidarité à l'égard des victimes de Txistor, qui a eu un comportement exemplaire, quand il assassiné, explosé, séquestré. Il n'a pas demandé pardon, pas repenti, va chanter et danser sur les tombes de ses victimes quand il sera libéré. Et tous les blanchisseurs boiront en son honneur une grande rasade d'eau de Javel.

Dans cette vague de soumission, je veux déplorer le silence de ceux qui ne sont pas d'accord mais se taisent. Je veux chanter ceux qui résistent, qui parlent, qui disent qu'ils ne sont pas d'accord avec le blanchiment de l'ETA. Jean Espilondo, ancien maire d'Anglet, Brigitte Pradier, conseillère municipale à BIarritz, Eric Bonnamy, conseiller à Biarritz, Alain Robert conseiller à Biarritz, Thomas Habas, directeur de campagne de Maite Arrosteguy.

vendredi 5 juillet 2019

planter un arbre ou faire grève des examens


Dans un collège d’un quartier pas trop favorisé, une dizaine de candidats doivent se rattraper à l’oral. Leurs enseignants consacrent leur fin de semaine à la préparation de cet oral.



Ils ne seront pas interviewés à la télé, ni à la radio. Seront interviewés quelques enseignants qui sacrifient l’avenir de leurs élèves à leurs vieilles lunes révolutionnaires.

jeudi 4 juillet 2019

quel objectif?


04/07/2019



Je reçois de mon ami Michel une vidéo qui représente des journalistes près du siège d’Amazon où se déroule une manifestation. Les gendarmes laissent passer tout le monde, sauf les journalistes. Mon ami Michel me demande ce que j’en pense. Hein, dis-moi ce que tu en penses.



Ainsi interpellé, je dois répondre. Je réponds que l’humanité se divise en deux grandes parties : ceux qui cherchent des problèmes et ceux qui trouvent des solutions. Dans ce cas précis, les deux journalistes pouvaient ne pas exhiber leur carte de presse, se retrouver dans la situation de badauds et passer ainsi tranquillement pour aller faire ensuite leur travail. C’était une solution. Mais si l’objectif est de montrer que les policiers empêchent les journalistes de faire leur travail, alors il faut sortir la carte de presse et filmer les bousculades, les interdictions. 


Si l’objectif des journalistes était de filmer les manifestants, l’échec est complet. Telle est ma réponse.

violence domestique


Féminicide





La violence conjugale qui fait chaque année des centaines de mortes est une manière d’exercer ou de maintenir un pouvoir masculin en perdition. Il est désormais révolu le temps où l’homme détenait les richesses, exerçait une activité salariée, occupait une place centrale dans les décisions du foyer, l’éducation des enfants, place confortée par les lois et les coutumes.



Désormais, le pouvoir masculin ne peut plus être imposé, ni par les usages, ni par la loi. Désormais, les femmes travaillent, ont acquis leur autonomie. Aux hommes démunis, dépourvus des instruments traditionnels de leur domination, il ne reste plus que le recours à la violence destructrice.



De ce point de vue, rien ne distingue le terrorisme politique de la violence domestique. Le terroriste ne dispose pas des instruments traditionnels du pouvoir politique, il est minoritaire aux élections, il est rejeté par la société. Il ne lui reste plus que la violence destructrice pour imposer un point de vue minoritaire.



La seule différence est la réaction des responsables politiques. Je connais peu d’élus qui parlent de « victimes des deux côtés » en cas de violence domestique. Alors que l’expression est courante chez les blanchisseurs de la terreur d’ETA.

mail aux correspondants du SUd Ouest


Ce message n’est ni un reproche, ni une plainte, ni une demande. Juste quelques lignes pour réfléchir.





Quand une dizaine de militants se réunissent devant la sous-préfecture de Bayonne pour réclamer la libération de prisonniers basques,  la manifestation est annoncée plusieurs jours avant, puis une photo en rend compte. C’est de l’information tout à fait légitime.



Quand une tribune paraît dans le Figaro  du 2 juillet, signée par un prix Nobel de littérature, Mario Vargas Llossa, un prix Sakharov, Fernando Savater, un romancier auteur du best-seller Patria, Fernando Aramburu, que cette tribune, qui condamne l’activité des « artisans de la paix », est co-signée par une conseillère municipale de Biarritz, Brigitte Pradier, par l’ancien maire d’Anglet, Jean Espilondo, par le directeur de campagne de Maider Arosteguy, Thomas Habas, ce n’est pas une information.



Ce message n’est pas un reproche, ni une plainte. Ce silence sur ce qui me semble une information digne d’être relevée ne dit rien sur votre travail. Il ne dit rien sur les journalistes de Sud-Ouest. Il dit quelque chose sur le Pays Basque du côté français et ce qu’il dit me préoccupe.



Maurice Goldring.

mercredi 3 juillet 2019

figaro.fr 3 juillet 2019

«Ceux qui défendent l’ETA et Josu Ternera doivent aussi assumer leurs massacres»

«Ceux qui défendent l’ETA et Josu Ternera doivent aussi assumer leurs massacres»
Affiche de Josu Ternera, Pays basque, mai 2019. ANDER GILLENEA/AFP


Tribune signée par Maurice Goldring (professeur émérite) ; Barbara Loyer (professeure) ; Mario Vargas Llosa (prix nobel de Littérature) ; Fernando Savater (Philosophe) ; Fernando Aramburu (romancier) ; Benoit Pellistrandi (historien) ; Joseph Pérez (historien) ; Maite Pagazaurtúndua (député européenne) ; Béatrice Giblin (professeure émérite) ; Brigitte Pradier (conseillère municipale Biarritz) ; Kattalin Gabriel-Oyhamburu (politologue) ; Jean Espilondo (ancien maire d’Anglet) ; Francisco Javier Irazoki (écrivain) ; Thomas Habas, libraire Biarritz.

Dans une tribune publiée par Le Monde le 24 juin 2019, intitulée «Pour la paix au Pays basque, il faut soutenir Josu Urrutikoetxea», Gerry Adams (ancien président du Sinn Féin, vitrine politique de l’IRA) et Ronnie Kasrils (ancien membre de l’ANC) reprennent les mots et les idées qui légitiment la terreur infligée par l’ETA aux Espagnols jusqu’en 2011 (environ 850 morts). Ils postulent qu’il y a eu un «conflit» au Pays basque et que l’ETA a «déclaré unilatéralement la fin de violences en 2011», faisant revenir «la paix». Ils disent lancer «un appel à la France pour qu’elle soutienne les efforts de paix au Pays basque» et «libère définitivement» l’ancien chef l’ETA Josu Urrutikoetxea, alias Josu Ternera.
Les plaies sont à vif, les associations de victimes sont actives.
Ceux qui défendent aujourd’hui la cause de Josu Ternera ou qui demandent que l’on confère le titre de «politiques» à l’ensemble des prisonniers de l’ETA, peinent à légitimer les massacres, les rackets ou séquestration (Antonio Ortega Lara: 523 jours dans un trou de 3 mètres sur 2,4 et 1,8 de hauteur entre 1996 et 1997). Les plaies sont à vif, les associations de victimes sont actives. Pour contourner cette difficulté ils font appel à des signataires de la défunte IRA ou de l’ANC afin de justifier l’injustifiable. Les situations irlandaises et basques sont assez différentes. Mais si l’on souhaite vraiment les mettre sur le même plan comme le font cette tribune et d’autres, il faut alors rappeler que l’ETA et l’IRA ont en commun d’avoir voulu imposer par la terreur un point de vue minoritaire dans la communauté qu’ils prétendaient défendre. La majeure partie des victimes de l’IRA sont des catholiques d’Irlande du Nord, l’ETA a tué beaucoup de basques.
On veut nous faire croire que Josu Ternera serait un chef généreux ayant décidé par altruisme d’arrêter ce combat. La réalité est bien différente. Une armée qui abandonne les armes sans avoir rien obtenu est vaincue. L’ETA a perdu le soutien minoritaire dont elle disposait. L’action d’un État démocratique, la police et justice, ont créé une situation où le nombre de combattants emprisonnés dépassait de loin les clandestins. La société basque espagnole l’a rejetée par des manifestations de masse. Cette organisation n’a rien décidé «unilatéralement» comme on peut le lire trop souvent. Elle a été isolée, battue militairement et politiquement.
Josu Urrutikoetxea est poursuivi pour avoir organisé un attentat particulièrement meurtrier à Saragosse, le 11 décembre 1987 dans une caserne de gardes civils. Depuis plus de trente ans, les familles des onze tués dont six enfants et des 88 blessés attendent qu’un procès fasse la lumière sur ces crimes qui ont détruit leurs vies. Libéré par la justice française, il est à nouveau arrêté à la demande de la justice espagnole.
La majeure partie des victimes de l’IRA sont des catholiques d’Irlande du Nord, l’ETA a tué beaucoup de basques.
Josu Ternera a ensuite participé à des négociations, a rendu publique la dissolution d’ETA. Toujours en refusant de se présenter devant la justice espagnole (il est en fuite depuis 2002), justice d’un État démocratique. Il affirme ne pas être lié à cet attentat. Se présenter à la justice n’est pas preuve de culpabilité, mais fuir la justice n’est pas preuve d’innocence. Le président Emmanuel Macron l’a réaffirmé: réconciliation n’est pas amnistie des crimes.
Demander que justice soit faite, ce n’est pas s’acharner sur un homme malade, comme l’écrivent ceux qui demandent sa libération avant qu’il ne soit jugé, c’est contribuer à dissiper les ombres d’un long cauchemar. C’est respecter les victimes de l’ETA et le combat de la société espagnole pour défendre la démocratie.

mardi 2 juillet 2019

candidature


Candidature pour le municipales.





C’est avec grand plaisir que je réponds à la demande de La République en Marche pour les prochaines élections municipales. Je suis candidat à la candidature pour la ville de Biarritz.



Je suis universitaire, spécialiste des conflits identitaires (Irlande et Pays Basque). 86 ans. J’habite Biarritz depuis une vingtaine d’années.



Je suis particulièrement préoccupé par la dérive identitaire des élus de notre territoire. Alors que le président Macron, le Premier ministre Philippe, ne cessent de dénoncer le terrorisme en Corse et au Pays Basque, à manifester leur solidarité à l’égard du gouvernement espagnol dans sa lutte pour le respect des  victimes d’ETA, la ville de Biarritz en la personne de son maire participe à des réunions de solidarité et de soutien aux prisonniers basques emprisonnés pour activités terroristes en bande armée. Je souhaite que la prochaine liste des candidats aux municipales s’engage à ne plus participer à ces manifestations et à proclamer en toute circonstance son respect pour les règles d’une justice démocratique et sa solidarité à l’égard des victimes du terrorisme.



Biarritz s’était distingué par son refus de la communauté d’agglo et peut à nouveau prendre la tête d’un mouvement républicain pour que le Pays Basque français s’inscrive dans les valeurs qui sont la marque de La République en Marche.

Maurice Goldring

urgences et gilets jaunes


Urgences et gilets jaunes



            La grève qui affecte les services d’urgence hospitalière rappelle la logique des gilets jaunes. Elle est menée hors cadre syndical, par un comité d’action. La ministre de la santé a réagi comme le gouvernement Macron hier : on sort le carnet de chèque, on donne une prime, on crée une centaine d’emplois supplémentaires. Mais la colère est encore plus forte, la grève continue. Avec les mêmes arguments que sur les ronds-points, je n’y arrive plus, j’ai faim, j’ai vu une malade mourir sur un brancard, ce n’est plus possible. Pas de vue d’ensemble, des colères particulières.



            Ce modèle détricote toutes les relations sociales, tous les intérêts généraux au profit d’émotions privées. Des groupes de personnes très en colère, très déterminées, occupant des positions stratégiques, comme les camionneurs, ou les paysans avec leur tracteur, ou les profs qui corrigent les copies du bac, gilets jaunes, stylos rouges, bonnets rouges, on occupe, on bloque, et le gouvernement sort un carnet de chèque, accorde une prime, la dette publique s’accroit. La réaction aux gilets jaunes a ouvert les vannes.



            La notion d’intérêt général se dissout. Ce que j’ai lu sur les urgences hospitalières, des articles écrits par des responsables de service, indiquait qu’il fallait des réformes importantes de la médecine de ville, l’installation de maisons de santé, la formation de plus de médecins et d’infirmiers. Des réformes qui prennent du temps.  Chacun doit contribuer, déterminer les hiérarchies, céder ou avancer. La réaction aux gilets jaunes a donné un exemple désastreux. Les syndicats réformistes, les associations, sont mises de côté.



            Dans notre société, j’ai l’impression qu’une partie non négligeable des nantis, entrepreneurs, financiers, n’est pas insensible à la notion d’intérêt général. Qu’une partie importante des salariés, dans l’industrie, l’éducation, la santé, est  ouverte à la notion d’intérêt général. Des deux côtés, l’irresponsabilité et la colère guettent. Une finance folle et des coups de force destructeurs. Privilégier dans tous les domaines ceux qui sont prêts à négocier leurs intérêts en vue d’un compromis favorable pour tous me semble la bonne voie. Je ne suis pas certain que cette orientation soit la boussole du gouvernement actuel.



           










lundi 1 juillet 2019

un mouchoir de poche


La vie politique dans un mouchoir de poche.



            Dans une ville de vingt-cinq mille habitants, si vous vous intéressez à la politique, si vous allez aux réunions des comités de quartier, si vous traînez à la terrasse des cafés, si vous assistez aux séances du conseil municipal, si votre famille par alliance et par recomposition se retrouve assise sur toutes les branches de toutes les généalogies, si cette famille comprend des médecins, des professeurs des écoles, des pharmaciens, alors vous pouvez être certain que vous, pourtant pièce rapportée, quasiment touriste, en vous promenant dans la ville, en allant chercher une baguette de pain, en lisant un journal local ou national, en sortant de la séance du cinéma d’art et d’essai dont la programmation s’est beaucoup améliorée ces derniers temps, en dégustant un vin chaud au jardin public, il est probable, fortement probable, que vous allez rencontrer un conseiller municipal ou une conseillère, ou un ou une candidate aux prochaines élections municipales, il est quasiment certain que vous allez croiser un sénateur, une sénatrice, le maire de cette ville côtière, une adjointe à la culture, un député modéré. C’est-à-dire, écoutez-moi bien, que même si vous ne vous intéressez pas à la politique, vous allez croiser en permanence les personnes qui incarnent cette politique.



            Je ne sais pas bien si vous vous rendez compte. Comme si, habitant d’une grande ville, par exemple Paris, vous sortez acheter une baguette de pain ou votre journal et vous vous posez la question « qui vais-je rencontrer aujourd’hui ? Anne Hidalgo ? Ian Brossat, Edouard Philippe, Emmanuel Macron ? ». Non seulement je vais les croiser, mais ils vont me reconnaitre, me dire bonjour. Vous discutez des migrants, du G 20, mais vous n’avez quasiment aucune chance de rencontrer un homme ou une femme politique qui est responsable directement de la décision dont vous êtes en train de discuter. Ici, c’est possible. Et même vraisemblable.



            Suivez-moi encore, voulez-vous. Si vous ne vous intéressez pas à la politique, si les grands problèmes de notre temps vous effleurent sans vous affecter, vous allez dire bonjour à ces représentants que vous avez peut-être élus, ou que vous n’avez pas élus, et la seule chose que trouverez à leur dire est comment allez-vous, monsieur le maire, ou quel beau temps, madame l’adjointe. Vous rentrerez ensuite chez vous et vous direz à la famille somnolente : « tu sais qui j’ai rencontré ? ». Ces rencontres sont parfois l’occasion de présenter des revendications particulières, les enfants qui font du bruit dans les cours de récréation, la chaussée défoncée, l’odeur des poubelles.



            Supposez maintenant que vous soyez un citoyen engagé contre les tendresses répétées à l’égard du terrorisme basque. Vous êtes vent debout contre la participation de votre maire à des cérémonies de blanchissage de la terreur. Vous allez chercher votre baguette de pain, lire votre journal, prendre un verre de vin à Bibi Etxola, sur la côte des Basques. Deux fois sur trois, vous rencontrez un élu ou une élue. Vous lui donnez votre sentiment. L’une est d’accord et vous le dit. Et le dit même publiquement. D’autres sont d’accord et vous le disent mais ne disent rien publiquement parce qu’ils ne veulent pas de conflit avec leur maire. Enfin, une petite minorité vous répète les éléments de langage de Bake Bidea :  « il y a des victimes partout », la formule de la lâcheté qui refuse de choisir entre les bourreaux et les victimes.



            Résultat : les élus vous évitent. Ils se détournent, font semblant de ne pas vous voir. Et pourtant vous n’arrêtez pas de les croiser. Question : qu’est-ce qui est le plus difficile : la politique dans une grande ville anonyme ou dans une petite ville où tout le monde se connaît ?



            S’ajoutent à cette trop longue introduction la toile et les réseaux sociaux. Des amis m’affirment que les élus lisent soigneusement tout ce qui les concerne sur les réseaux sociaux. Donc, non seulement je rencontre les élus dans l’espace public ou dans les concerts, les salles de spectacle ou les expositions, mais en plus je peux communiquer directement avec eux.



            Par exemple, en écrivant ce qui suit, je me demande si l’intéressé va me lire, et si la lecture par l’intéressé de ce qui suit influe sur le style et le contenu de de ce que j’écris sur la toile. Voici la scène. Le 7 juin dernier, je me trouvais par hasard au Casino Bellevue où se tenait une séance de Lessive de Bake Bidea et les Artisans de la Paix. Séance présidée par le maire de la ville de Biarritz dont je suis citoyen et que je croise souvent dans les rues de la ville. J’avais sous le bras une tribune du journal Libération intitulée « en soutien aux victimes de Josu Ternera ». Je tends cette tribune à Michel Veunac, qui descendait les marches vers la teinturerie, il me prend la tribune, me dit « il y a des victimes partout ». Il prend la feuille, la retourne sur son dossier pour que sa conscience ne rencontre qu’une feuille blanche. Il y a des victimes partout, mais ce jour-là, les victimes d’ETA étaient écrasées sous les dossiers du maire.



            Aujourd’hui lundi, 1 juillet 2019, le  Parisien publie les noms des 70 femmes qui ont été assassinées par leur conjoint.depuis le début de l ‘année.  Je me demande si le maire va réagir en disant « il y a des victimes partout », et retourner la liste de ces femmes assassinées à l’envers, comme pour les victimes d’ETA.