Noêl,
la naissance de Jésus, Hanoukka, victoire des Macchabées sur les Grecs, Aïd,
qui célèbre le sacrifice d’Abraham. Une fois par an, les rues se saisissent d’une
excitation joyeuse dont les signes sont les nombreux paquets, cabas, caddies, l’accélération
des pas, la lumière dans les yeux des enfants. Ce jour-là est lié à la famille,
à la religion. Un jour, un événement religieux, la naissance d’un prophète, la
libération d’un frère, la guérison d’une maladie, s’installe dans le calendrier et ce jour-là la famille se réunit, mange
plus abondamment que d’habitude, viande et desserts, alcool deux fois sur
trois, thé et miel. Pour préparer la journée, s’ajoutent aux boutiques
permanentes des étals de saison, qui présentent des cadeaux, des nourritures de
Noël, de Hanoukka, d’Aïd, qui encombrent les trottoirs, débordent sur la
chaussée, qu’on appelle marché de Noël ou rupture de Ramadan ou cadeaux de Hanoukka.
Dans
les jours qui précèdent, les voyages se préparent, sur les quais descendent
parents, enfants, accueillis par les grands-parents sourire au vent. Souvent,
dans les familles éloignées des traditions et qui dénouent les règles, les grands-parents
sur le quai sont des divorcés, séparés, remariés, dont les enfants sont divorcés
séparés et des enfants se découvrent des frères et des sœurs de péché, les
grands-parents saluent poliment les nouveaux, mais malgré tout, la fête
continue et les cadeaux se multiplient avec la famille décomposée recomposée et
chez qui aura lieu la fête cette année ?
En
vérité, je vous le dis, ces fêtes, avant d’être religieuses sont d’abord des
célébrations de familles traditionnelles et dans le grand désordre amoureux de
notre temps, elles ont du mal à s’imposer. Ou alors comme substitut de
normalité. Le temps d’un repas, on fait comme si.
Mais
le vrai Noël Hanoukka Aïd, c’est l’ancêtre en bout de table et en bout de vie,
son épouse qui a préparé le repas, les filles et les brus qui ont mis la table,
les fils, les gendres qui ont porté les cadeaux et conduit la voiture, les
enfants qui jouent et se disputent, tout le monde sait qui est qui, qui fait
quoi.
La
complicité entre les fêtes religieuses et l’ordre familial est si forte que la
famille sans la religion n’est plus qu’un livret et la religion sans la famille
n’allume plus que des ampoules électriques.
Imaginez
que Jésus soit le fils d’un second charpentier. Qu’un macchabée épouse une
Grecque. Qu’Abraham doivent sacrifier le fils d’un troisième mariage, que fêterait-on ?
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