En réponse à mon texte sur l'immigration, j'ai reçu cette réaction: Omar Ba me pose problème: son 1er bouquin a suscité de vives polémiques. il a paraît-il menti sur une partie de son immigration, sur les dates, les lieux, les gens se faisant passer pour un pauvre garçon venu en pirogue alors qu'il est venu étudier la sociologie en tant qu'étudiant étranger tout à fait tranquillement.
l'éditeur de son 1er livre a par ailleurs très vite arrêté de communiquer sur lui (c'était il y a 2 ans)Aline Weber Jokko conseil 40 rue Damrémont 75018 Paris 01 77 18 47 86 http://www.jokko-conseil.net/
ma réponse:
d'abord bravo pour ton compte-rendu qui montre à quel point nous avons besoin de lieux où nous discutons de sujets sensibles sans préoccupation de courants. Sur Omar Ba. je ne connaissais pas et tu m'apportes des informations. Je n'ai lu que son article dont les idées me semblaient intéressantes pour notre discussion. Mais les mensonges d'Omar Ba ont un sens, qui se relie à une partie des discussions de notre groupe: pour être "reconnu" comme immigré, il faut être pauvre, démuni et si possible être venu en pirogue. et sans papier, naturellement. Les autres, la majorité sont moins "intéressants". Même les termes que tu utilises méritent discussion. "il est venu étudier la sociologie en tant qu'étudiant étranger tout à fait tranquillement". à Paris VIII, j'avais de nombreux étudiants africains qui venaient étudier et ce n'était pour la majorité d'entre eux pas du tout tranquillement. ils avaient d'énormes problèmes de logement, de travail, de ressources... difficultés qui ne leur étaient d'ailleurs pas specifiques, mais qu'ils partageaient avec nombre d'étudiants non immigrants. Mais si on se fixe sur les arrivées en pirogue, on "oublie" que les autres ne sont pas tellement tranquilles...
Cette question pose pour moi un débat central. Pour le pays d'origine, pour le pays d'arrivée. Ma spécialité universitaire m'a amené à suivre de plus près l'émigration irlandaise. Pendant longtemps, les historiens et les politiques attribuaient l'émigration irlandaise à la misère, la famine, le sous-développement dans lesquels la domination anglaise avait maintenu le pays. Des recherches plus approfondies révèlèrent que ce n'étaient pas les plus pauvres qui émigraient, mais ceux qui avaient le capital nécessaire pour payer le voyage en GB ou aux EU. Ceux qui avaient des compétences professionnelles. Et ceux qui parvenaient à s'enrichir plaçaient eux aussi leurs capitaux à l'étranger. Jusque là, la réflexion sur les migrations étaient simple: un impérialisme, la misère, les gens fuient. Mais l'émigration a continué après l'indépendance et affectaient toujours les personnes les plus qualifiées. Du coup, une partie des politiques a commencé à se demander pourquoi la société irlandaise perdait ses meilleurs élements. Et dans les années 1960, le pays a célébré comme un grand tournant le fait que l'immigration a dépassé l'émigration.
Pour le pays d'accueil: Je suis persuadé qu'il y a une manière de se "pencher" sur les immigrants qui les maintient dans les difficultés. aller visiter des centres de rétention est tout à fait nécessaire. Mais c'est aussi une des manières d'empêcher les immigrés de visiter à leur tour les lieux de promotion et de pouvoir. Dans la misère, ils ne sont concurrents de personne. Mais quand ils se présentent aux concours, aux postes de médecin dans les hôpitaux ou d'avocats, ou d'enseignants, les mêmes qui sont prêts à se montrer solidaires et charitables défendent becs et ongles le numérus clausus et les privilèges corporatifs
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