Voiles et vapeurs
Encore
une fois la prairie s’enflamme. Une commission chargée d’étudier l’intégration
recommande d’abandonner l’interdiction du voile à l’école. C’est la République qu’on
assassine, tonne Jean François Copé. La Patrie pour laquelle tant de nous sont morts est
en danger. Un petit carré de tissu menace notre pays.
Si
la survie de notre pays dépendait d’un carré plié en deux et noué sous le
menton, il serait bien fragile, notre beau pays. Je trouve qu’il se porte bien.
Qu’il est fort. Son économie, sa culture, ses gens, une population plutôt en
forme, moralement, physiquement. Ses soldats sont robustes, applaudis. Cinéma,
littérature, inventions, musique, musées, théâtres, festivals, dessinent un
environnement porteur. Les restaurants sont pleins. Le pays attire des
étudiants et des mafias du monde entier, ce qui est signe de bonne santé
économique et morale. Et voici que le carré de tissu fait trembler nos villes
et nos campagnes.
Parce
que ce carré de tissu, nous dit-on, en parfaite contradiction avec
l’intégration des nouveaux arrivants. Il est drapeau des envahisseurs, banderole
d’une vague déferlante. Dès qu’il apparaît, il faut décréter mobilisation
générale et ouvrir la chasse. Cette peur incontrôlée fait partie de notre
identité nationale et je craindrais pour mon pays s’il cessait de craindre le
voile puisque ces tremblements font partie de notre charme et de notre climat.
Douce France, si vite effrayée. La voisine qui nous appelle parce qu’elle a vu
une souris dans sa cuisine, rose de panique, n’est-elle pas charmante de cette
frayeur ?
Les
craintes réellement fondées sont celles des arrivants. Ils s’accrochent au
voile parce que l’intégration marche, que les croyances traditionnelles
reculent, que les femmes battues portent
plainte, qu’elles choisissent leur mari et de n’en avoir qu’un, que les mariages
mixtes sapent les communautés les mieux soudées. Eux ont raison d’avoir peur et
de s’exciter parce que l’intégration lime leur ciment. Est-ce leur peur qui
nous contamine ?
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