Nous
trions. Les vêtements se prêtent au jeu sans résistance. Qui s’attache à ses vêtements ?
Les élimés aux poignets et au col indiqueraient l’indigence. La mode et les
vieux réflexes les rejettent. L’imperméable de Colombo, gris caca d’oie, a
perdu les boutons d’épaulettes, la ceinture desséchée est devenue ficelle, le
feuilleton s’efface des écrans, il prend le chemin des Relais. Il avait
pourtant une histoire. Une jeune fille brève, le temps d’un week-end, m’a
accompagné à la Madeleine chez Burberry et m’a aidé à choisir cet imper qu’à l’époque
tout le monde reconnaissait comme la peau de Peter Falk. Sur les conseils de
cette brève rencontre, je l’ai acheté, je l’ai payé et je suis sorti sans que
la caissière m’arrache l’anti-vol coincé sous le col. Le portique n’a pas
hurlé, je suis sorti fièrement, descendu les marches du métro, ignoré les
regards des voyageurs qui cherchaient un uniforme pour me dénoncer et jusque
cet appartement rue Polonceau, jusqu’au moment où j’ai ôté le vêtement de
Colombo et en l’accrochant au cintre, ma main a rencontré cette fève en
plastique résistante à toutes les tenailles. Il fallut retourner chez Burberry,
la jeune fille fugitive s’était allongée sur le lit, je suis fatiguée, tu y vas
tout seul, dit-elle, et quand je suis rentré, mon achat libéré par une caissière,
elle était partie, il n’est restée de sa visite que l’imperméable de Falk.
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