Comment
faire de la politique quand l’émotion vous noue la gorge ?
Beaucoup
de gens ont pleuré. Ils étaient la famille, les marqueurs d’une liberté sans
laquelle l’atmosphère devient irrespirable. Je ne lisais pas Charlie hebdo, mais toutes les semaines,
la première page était dans Libé ou Le Monde. Les « provocations »
sur le prophète étaient sujets de discussion. Ils étaient clivage et
affrontement. Ils aidaient à nous souvenir qu’en République, les limites ne
sont tracées que par le droit. Ils ont combattu tous les intégrismes, barbus,
voilés, soutanés, front nationalisé, identitaire.
La
politique est fondée sur l’idée que l’adversaire fait partie des solutions. Le
terrorisme est fondé sur l’idée que la solution est l’élimination de l’adversaire.
L’adversaire a été éliminé. La discussion s’arrête.
Toute
la société bascule quand les chevaliers de la terreur obtiennent un soutien
logistique et politique suffisant pour survivre et prospérer. Ce fut le cas pendant
de longues années en Irlande du Nord et au Pays basque où les cadavres avaient
remplacé les urnes. Ce sera le cas chez nous si l’emporte l’idée que pour
combattre la terreur il n’y a que la terreur. Pour combattre le terrorisme, il
faut deux conditions : une police et une justice efficaces. La seconde :
isoler les terroristes, assécher leur terrain d’action, qu’ils soient expulsés
du tissu national comme une greffe indésirable.
Si se renforce l’idée que telle ou
telle partie du corps social est par nature, par religion, par couleur, par
langue, incapable d’accepter la confrontation, le débat, en un mot, la démocratie
et la République, la terreur aura gagné. Que les
politiques qui poussent sur la peur et la haine comme larves sur le fumier
examinent les cadeaux qu’ils font au terrorisme.
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