Les élections sont
tristes parce que les enjeux sont tellement brouillés qu’il n’y a plus jamais
de vainqueurs ou de vaincus. Tout le monde perd. C’est quand même bizarre. Pour
les municipales de mars 2014, les vainqueurs ont fait la fête. Pour les
départementales de mars 2015, tout le monde faisait la gueule. Le Front
national et social n’avait conquis aucun département. La droite sarkozystes ninisante
n’avait pas été suivie par son électorat. La gauche radicale était basculée, la
gauche au pouvoir perdait des départements, des milliers de postes de chargés
de mission. Tout le monde avait perdu.
Ajoutons les difficultés traumatisantes de l’organisation européenne,
les menaces d’un terrorisme qui ne gagne pas plus que les autres, mais occupe
des places fortes dans les médias. Dans les milieux politiques, la question interdite désormais
est « comment vas-tu ? »
Donc la gauche est au pouvoir depuis presque trois ans et la
gauche fait la gueule. La droite fait la gueule parce qu’elle n’est pas au
pouvoir. Les révolutionnaires font la gueule parce que Podemos et Syriza n’ont
pas pris racine en France, les frontistes nationaux et sociaux font la gueule
parce que c’est leur fonds de commerce, rien ne va. Qui ne fait pas la gueule ?
Il n’y a plus de bloc de certitudes voguant fièrement vers l’horizon
radieux, mais des parcelles de solution, éparses, qu’il est peut-être impossible
de rassembler à nouveau. La gauche, le camp du progrès, les démocrates contre
les républicains, se rassemblent contre les menaces, dénoncent les égoïsmes
locaux, territoriaux, nationaux, internationaux, mais ne se rassemblent pas
pour construire de nouveaux espaces de solidarité.
Rien ne va, mais si l’on fait mine de toucher à ce qui ne va
pas, alors ça va encore moins bien.
Serait-il possible de transformer nos lieux d’engagement, d’associations,
de partis, de sections, en lieux de construction et non de destruction ?
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