Les migrants
Où sont les exemples
de migrations heureuses ? Les mouvements de population se bousculent dans
les souvenirs et aucun n’est souriant. L’exode irlandais provoqué par la Grande
Famine, s’est réalisé dans des navires qu’on nommait bateaux-cercueils et le
cimetière marin n’était pas la Méditerranée, mais l’Atlantique. L’accueil des
survivants par l’Amérique blanche et protestante ne fut guère chaleureux. Les
républicains espagnols après la victoire de Franco furent regroupés dans des
camps. Pas les bienvenus. Les antifascistes allemands furent considérés comme
plus Allemands qu’antifascistes et furent aussi regroupés dans des camps. Les
Juifs qui cherchaient asile pour fuir les pogroms, puis le nazisme, ont dû
forcer les portes et le bilan n’est nulle part glorieux.
Il y eut des accueils
moins haineux. Pendant la guerre froide, les migrations qui s’inscrivaient dans
les grands clivages politiques, exilés vietnamiens, cubains, hongrois, reçurent
un accueil moins honteux. Les pieds noirs, à la fin de la guerre d’Algérie,
furent dignement accueillis. Dans leur nombre se dissimulaient des terroristes
de l’OAS, mais l’amalgame avec les migrants d’Algérie fut heureusement évité.
Expliquer les
réactions aux migrations d’aujourd’hui par le nombre, les différences d’origine,
n’est pas pertinent. Les Irlandais arrivèrent par millions en Grande-Bretagne, aux
États-Unis et en Australie. Les migrants d’aujourd’hui ne sont plus intrusifs en
pourcentage que naguère. Il s’agit d’abord d’une question politique. Une partie
de l’opinion publique, avec l’aide efficace des croisés islamistes, assimile terreur
et immigration musulmane. D’autres conflits sont littéralement
incompréhensibles sans une attention soutenue et une sympathie est difficile
sans un minimum de compréhension.
Les craintes à l’égard
des migrants n’ont jamais cessé. Les Irlandais, les Juifs étaient considérés
comme inassimilables tout autant que les Roms ou les musulmans aujourd’hui. Combattre
les craintes et les préventions est un combat longue durée, nécessaire, mais
dont les retombées politiques sont lointaines. Les différences sont politiques.
Selon les circonstances, des forces politiques utilisent ces craintes dans des
visées électorales, et légitiment ainsi les émotions de rejet. Ainsi en Grande-Bretagne,
le parti conservateur a longtemps été un parti protestant visant à protéger le
pays contre les envahisseurs papistes.
Combattre les
craintes infondées, les préjugés, est indispensable. Plus urgent encore est la dénonciation
jour après jour des forces politiques ou intellectuelles qui veulent
transformer notre pays en profondeur, à coups de verre pilé et de barbelés aux
frontières.
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