S’il
n’y avait pas un mouvement nationaliste au Pays basque, qui aurait eu l’idée
incongrue de rassembler en un seul « territoire » 158 communes, un
conseil de 237 membres, une entité ingérable, source de conflits sans
fin ? Si les objectifs étaient économiques, culturels, le respect des
bassins de vie, la solidarité fiscale, jamais ils n’auraient abouti au
regroupement proposé. Ils ne prennent sens que dans une visée identitaire.
Visée
nationaliste tout à fait légitime. Le nationalisme est un mouvement politique
qui réclame une adéquation entre un territoire défini et un mode de
gouvernement. Ceux qui s’estiment liées par une histoire, une langue, un
territoire, ne se reposeront pas tant qu’ils n’auront pas un gouvernement
correspondant à leur définition du territoire. Les peuples d’’Ecosse, de
Catalogne, du Québec ont ainsi milité pour une autonomie de gouvernement. Ainsi
que le Pays basque espagnol. Cette aspiration s’est manifestée par des
élections où les nationalistes obtenaient un soutien important, parfois
majoritaire.
Or
la situation est radicalement différente au Pays basque français.
Régulièrement, à tous les scrutins, plus de 90% de la population soutient des
élus et des partis qui ne veulent pas d’autonomie, ni de regroupement avec le
Pays basque espagnol. Qui ne veulent pas de correspondance entre identité et
administration.
Le
projet qui nous est soumis admet comme axiome qu’une majorité de la population
concernée est nationaliste. C'est à dire qu’elle souhaite un mode de
gouvernement correspondant à une identité basque. Batera, après avoir demandé
un département basque, soutient l’EPCI comme un pas vers la reconnaissance
politique du Pays basque. Les quatre maires du littoral qui renâclent « veulent
tourner le dos au Pays basque ». EHbai : a toujours demandé un
département basque. L’EPCI est une première étape avant d’avoir une
collectivité élue au suffrage universel.
Même expression du PNB : « première étape vers une
collectivité du Pays basque». Colette Capdevielle soutient depuis longtemps un
département basque. « Il serait dramatique de morceler le
territoire ». L’EPCI correspond « aux attentes du territoire ».
Le
territoire attend, le territoire morcelé veut retrouver son unité. Le
territoire veut. Il gronde. Il rugit contre les maires qui lui tournent le dos.
Le territoire est mûr. « Notre territoire devra décider ». Le
territoire ne peut mentir. Il a raison contre les opinions, les scrutins, les
mouvements de population. Il est sacré. Les gens qui le peuplent ? On se
débrouillera par la suite pour les faire entrer dans le moule qui sera ainsi
créé. Il n’y a pas si longtemps, des groupements armés voulaient contourner
l’opinion majoritaire par la violence sanctifiée par le territoire. Ce temps-là
est heureusement révolu. Qu’on ne contourne pas à nouveau les souhaits
majoritaires par des ruses administratives.
Je
crains le pire. On dessine des frontières et ensuite sont citoyens à
l’intérieur de ces frontières ceux qui les acceptent. Ceux qui ne les acceptent
pas sont des non-citoyens. Je n’ai pas envie de vivre dans un pays divisé comme
au Pays basque espagnol entre patriotes et espagnolistes. Actuellement, il y a
coexistence heureuse entre les amis de la langue basque et les pratiquants
d’autres langues, des ikastolas qui sont
possibles mais pas obligatoires. Une culture basque qui se développe sans
entrave et coexiste avec d’autres cultures, ouvertes sur le monde. Si les
institutions ressemblent à une identité unique, et non pas plurielle comme
c’est le cas actuellement, il y aura forcément des dérives sectaires.
Patience.
Si une majorité s’exprime clairement pour des institutions identitaires, elles
verront le jour. En attendant, que coexistent gaiement les cultures qui n’ont
pas besoin de nouvelles frontières pour se développer.
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