Libération
donne la parole à des artistes, des metteurs en scène, qui annoncent une révolution, tant la
souffrance sociale est grande. (jeudi 22 octobre).
Les perspectives politiques
sont peu claires et la place est dégagée pour les cris de guerre, les
certitudes blindées. Quand les puissances occidentales pouvaient piller les
ressources naturelles des colonies, les transformer en tissus et produits
manufacturés et les revendre ensuite dans un marché captif, les choses étaient
meilleures pour nous. Non seulement ces échanges inégaux assuraient un niveau
de vie acceptable pour les salariés européens, mais les colonies étaient terres
d’émigration et de réussite professionnelle : administration, agriculture,
par millions, les Européens émigraient vers les terres nouvelles d’Amérique et
d’Afrique.
Tout
ça est terminé. Comme sont terminées des pratiques familières : importer
des mains-d’œuvre bon marché et les renvoyer quand elles devenaient inutiles,
utiliser les femmes comme salariées d’appoint, pendant les guerres et puis les
renvoyer au foyer au retour des soldats. Ces variables d’ajustement étaient
diablement efficaces. Elles ne peuvent plus désormais être utilisées.
Le
chemin de la révolution étant fermé par une saine sagesse populaire, il reste
des recours protectionnistes. Les plus riches veulent blinder leurs privilèges.
Les moins riches retrouvent les instincts corporatistes et identitaires pour ne
pas perdre les leurs. Entre ceux pour qui le territoire est devenu mondial et
ceux qui n’ont comme monde que leur territoire se joue une partie dangereuse
parce qu’un terrain commun peine à se dégager.
Certains
persistent à nous annoncer une révolution, une insurrection. Seule une scène de
théâtre peut transformer une chemise déchirée en révolte du Potemkine.
Ça
fait parfois de superbes spectacles. Pourvu qu’ils n’empêchent pas de
travailler les soutiers de la politique.
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