Encore un effort, camarades, nous n’avons pas touché le
fond.
Les syndicats
enseignants, les associations de parents d’élèves, les pédagogues et les
médecins, demandaient une semaine scolaire mieux adaptée aux besoins des
élèves. Ils n’ont pas fait grève quand cette aberration s’est mise en place,
mais une partie d’entre eux sont vent debout contre un gouvernement qui veut la
rectifier.
Les syndicats de la SNCF, les élus, les partis
politiques de gauche, réclamaient le retour d’une association plus étroite
entre le réseau ferré et les transports de voyageurs et de marchandise. Une
partie d’entre eux sont maintenant vent debout contre la réforme qu’ils
réclamaient avec force.
Les syndicats,
les gens du spectacle, les animateurs, les directeurs de salle, étaient tous
conscients qu’une réforme du régime des intermittents était nécessaire. Ils
sont maintenant vent debout contre l’accord signé entre le MEDEF et la CFDT,
accord que le gouvernement doit ratifier. Ils n’ont pas fait grève pendant les
discussions. Ils ne se sont pas fait entendre au moment de la signature entre
les organisations syndicales et patronales. Au moment où le gouvernement se
prépare à ratifier un accord entre syndicats, ils demandent aujourd’hui au
gouvernement de ne pas le ratifier.
Je ne sais pas quelles sont les bonnes
réformes. Je sais que les mauvaises réformes sont celles qui sont proposées par
le gouvernement socialiste.
Si les choses
se poursuivent ainsi, nous allons lentement mais surement vers le retour d’une
majorité de droite et toute la gauche sera enfin rassemblée dans la rue.
Qui va
reprocher aux intermittents de protester contre des réformes qui fragilisent
une partie d’entre eux ? Aux enseignants de protester contre quelques heures
de plus. Aux profs de prépas de protester parce qu’on ne va plus leur payer les
heures supplémentaires non faites ? Ils sont dans leur rôle. Mais ils sont
forts s’ils trouvent un écho dans la majorité gouvernementale parmi les parlementaires, parmi les militants
socialistes.
Les
manifestations contre le mariage pour tous étaient autrement importantes que
les mouvements d’aujourd’hui. Mais elles ont rencontré un front uni qui a
emporté l’adhésion d’une partie même de la droite et du centre. La réforme est passée.
Si les élus et les militants ouvrent leur parapluie à la moindre averse, alors
ils encouragent les bourrasques.
Les grèves
d’aujourd’hui expriment la persistance d’une radicalité impuissante. Elles sont
inquiétantes si elles rencontrent un appui gêné de la majorité gouvernementale.
Aujourd’hui, une partie de la gauche honteuse célèbre le bilan du gouvernement Jospin
en opposition au bilan de Hollande. Elle oublie qu’elle a contribué à la défaite
socialiste en étant parmi les plus critiques sur ce bilan pendant la campagne des
présidentielles de 2002. Oubliées les avancées, tout ceux qui avaient participé
au gouvernement reniaient leur participation et tapaient sur le bilan. Ils
avaient honte d’avoir gouverné. Aujourd’hui, toute cette gauche est à nouveau mal
à l’aise quand leur parti est au pouvoir. Elle est mal à l’aise d’avoir à
respecter des règles européennes qu’elle a votées à Bruxelles. Elle est mal à l’aise
de devoir affronter un monde où les peuples émergents refusent les inégalités.
Cette
gauche-là, en courbant l’échine, anticipe l’échec de 2017. Elle sera plus à l’aise
en manifestant le lendemain de la défaite et pourra se consoler en célébrant le
centenaire de la révolution d’octobre.
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