Un critique de film peut-il épouser les
thèses du réalisateur sans vérifier l’exactitude des faits ? Je lis dans l’article
sur le dernier film de Ken Loach, sous la signature de Thomas Sotinel que
l’État libre d’Irlande fut « établi après qu’une fraction de l’IRA eût
accepté la partition de l’île ». Et plus loin : « ce qui s’est joué
alors, le choix entre patrie républicaine construite sur de nouvelles bases et
un succédané du système impérial ». Qui parle ? Ken Loach Ou Thomas
Sotinel qui reprend à son compte la thèse de Ken Loach ? Comme si ces
phrases étaient l’histoire de l’Irlande communément admises…
Rappelons les faits. L’acceptation du traité
en 1919 ne fut pas le fait d’une « fraction de l’IRA », mais d’une
majorité d’un parlement élu. Une « fraction de l’IRA » n’accepta pas
cette majorité, et avec de Valera, décida que « le peuple n’a pas le droit
d’avoir tort ». Il en est résulté une guerre civile qui a duré près de
deux ans. Ce qui s’est joué alors, n’est pas le choix entre une république
socialiste et un « succédané du système impérial » mais le choix
entre une démocratie parlementaire moderne et un pays militarisé où la force l’emportait
sur le droit. Le refus des résultats électoraux est trop présent dans l’actualité
pour ignorer ses conséquences mortifères. C’est le droit de Ken Loach de tordre
la vérité historique. C’est le devoir du critique de la respecter.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire