La
guerre froide garantissait à la vie politique une grande tranquillité. On était
d’un camp ou de l’autre. Contre l’impérialisme ou pour la liberté des peuples. Contre
la guerre du Vietnam. Contre l’apartheid. Contre les armes biologiques de la
guerre de Corée. Quelques conflits mineurs ébranlèrent des convictions, comme l’intervention
soviétique en Hongrie, puis en Tchécoslovaquie, mais dans l’ensemble, il était
possible de manifester l’esprit clair et le pied léger.
Avec
l’empire soviétique s’écroulèrent le mur de Berlin et les cloisons de nos certitudes.
Depuis cette période, les amoureux de couleurs vives errent dans le monde à la
recherche de barricades dont Aragon disait avec gourmandise qu’elles n’ont que
deux côtés. Dans les années 1980, le conflit d’Irlande du Nord joua ce rôle. D’un
côté un peuple catholique colonisé et maintenu dans la servitude, des colons protestants
disposant du pouvoir politique et économique soutenus par l’armée et la police britanniques
pour réprimer les révoltes indigènes. Il y eut bien sûr quelques attentats qui
firent froncer les sourcils, mais dans l’ensemble, le tableau était faux, mais clair.
Les manifestations de solidarité pour les prisonniers républicains secouèrent
les rues de Paris avec ardeur et quelques ambassades britanniques durent être protégées.
Et
par-dessus tout, pour la durée et l’intensité, le conflit israélo-palestinien.
On ne se privait pas de réunir dans le panthéon des rebelles Gerry Adams et
Arafat.
Il
y a malgré tout de sacrés différences, du point de vue de notre politique
intérieure. Les manifestants solidaires des catholiques irlandais ne brûlaient
pas l’Union Jack, ne se sont jamais dirigés vers un temple protestant, n’ont
jamais caillassé les locaux du British Council, ne s’attaquaient pas aux touristes
qui portaient sur leur poitrine « Oxford University », ne demandaient
pas le boycott des Marks and Spencers et ne hurlaient pas que la
Saint-Barthélémy n’en avait pas assez massacrés.
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