samedi 26 juillet 2014

la Palestine n'est pas l'Irlande du Nord

La guerre froide garantissait à la vie politique une grande tranquillité. On était d’un camp ou de l’autre. Contre l’impérialisme ou pour la liberté des peuples. Contre la guerre du Vietnam. Contre l’apartheid. Contre les armes biologiques de la guerre de Corée. Quelques conflits mineurs ébranlèrent des convictions, comme l’intervention soviétique en Hongrie, puis en Tchécoslovaquie, mais dans l’ensemble, il était possible de manifester l’esprit clair et le pied léger.

Avec l’empire soviétique s’écroulèrent le mur de Berlin et les cloisons de nos certitudes. Depuis cette période, les amoureux de couleurs vives errent dans le monde à la recherche de barricades dont Aragon disait avec gourmandise qu’elles n’ont que deux côtés. Dans les années 1980, le conflit d’Irlande du Nord joua ce rôle. D’un côté un peuple catholique colonisé et maintenu dans la servitude, des colons protestants disposant du pouvoir politique et économique soutenus par l’armée et la police britanniques pour réprimer les révoltes indigènes. Il y eut bien sûr quelques attentats qui firent froncer les sourcils, mais dans l’ensemble, le tableau était faux, mais clair. Les manifestations de solidarité pour les prisonniers républicains secouèrent les rues de Paris avec ardeur et quelques ambassades britanniques durent être protégées.

Et par-dessus tout, pour la durée et l’intensité, le conflit israélo-palestinien. On ne se privait pas de réunir dans le panthéon des rebelles Gerry Adams et Arafat.

Il y a malgré tout de sacrés différences, du point de vue de notre politique intérieure. Les manifestants solidaires des catholiques irlandais ne brûlaient pas l’Union Jack, ne se sont jamais dirigés vers un temple protestant, n’ont jamais caillassé les locaux du British Council, ne s’attaquaient pas aux touristes qui portaient sur leur poitrine « Oxford University », ne demandaient pas le boycott des Marks and Spencers et ne hurlaient pas que la Saint-Barthélémy n’en avait pas assez massacrés.








                                  


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