A
la seconde où la signature et les sentiments commencent à converger, les
risques se figent, les premiers glaçons apparaissent. En tissant des liens, en
prenant du plaisir à placer les mots comme des pièces d’un puzzle, en partageant
ce plaisir avec d’autres sans passer par des réunions, des meetings, des
soirées licites, il acquiert un peu de ce pouvoir que les autocrates ne
conçoivent qu’en totalité. Les bons soldats, les plus fidèles, les plus
obéissants, ne doivent leur ascension qu’à leur chef et à aucun de leur mérite
particulier. S’il rompt, s’il discute, il perd tout d’un seul coup, l’emploi,
le logement, l’assurance, les voisins, les amis, il ne lui reste que la Sibérie
ou le Larzac. S’il est journaliste, il ne peut écrire que dans les journaux
orthodoxes, s’il est poète, il n’écrira que des cantiques, s’il est
charpentier, il ne construira que des chapelles.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire