La tête heurta la table basse en verre épais. Le tabouret léger avait
dérapé sur le parquet ciré et son poids l’avait entraîné sur le sol, sur le
dos, loin du lit. Il essaya de glisser vers le matelas, en s’appuyant sur les
coudes. Releva le buste, regarda autour de lui, se mit à rire nerveusement. Franchement
comment se trouvait-il dans cette position ? Depuis Biarritz, cent vingt
kilomètres sur autoroute, puis parking devant la haute muraille du château
d'Olite. Les bagages furent dégagés du coffre, mis sur épaule ou sur roulettes,
sac plein équilibrant la canne. Des pavés, des marches, conduisent
au parador, un château dans le château, l'énorme château d'Olite, que des
touristes espagnols surtout à cette période de l’année, visitent avec leurs
enfants, prennent des photos dans les meurtrières, les chambres voûtées. Une
armure guerrière, noire, métallique, devant le comptoir d'accueil, fait pleurer
une petite fille qui se réfugie dans les bras de sa maman pendant que le papa
ou faisant fonction remplit les formulaires. Vous ne pourriez pas placer cette
armure à un autre endroit, grommelle le père, chaque fois que je viens ici avec
ma famille dont je suis le père et pas faisant fonction, ma fille pleure, elle
a peur de ce guerrier noire, avec lance et épée. Puis c'est leur tour, ils se
plaignent du nombre d'enfants qui pleurent. Remplissent les formulaires,
montrent leur carte d'identité. Reçoivent une clé. vident la valise, branchent
les tablettes, les téléphones, vérifient le réseau, reçoivent le courrier,
répondent, argumentent contre des militants de gauche pendus aux basques des
Basques. Il affronte l'identité, le nationalisme, la frontière. Il
tape, tape, jusqu'au bout de la nuit, c'est sa façon d'aimer.
Sortent sur la place royale, tournent à droite jusqu'à la rue de la
Juiverie, une auberge ouverte, un menu correct, ont-ils de la place. Ils
discutent entre eux, beaucoup de tables sont réservées mais à partir de quinze
heures, ils auront le temps de manger. Du pain, des olives, un verre de rouge
Navarre, platos combinados. des
enfants passent en hurlant vers les toilettes, accompagnés par le grand frère
ou par la maman, rarement par le père. Ils paient, font la sieste, il se
réveille sous l'effet de la colère contre les territoriaux. les
territorialistes. Les territorialisants. Commence à écrire contre, sur ce siège
en bois, instable, devrait être interdit, il se tourne, le siège glisse, sa
tête heurte une table basse et il se retrouve collé au sol.
Il tente de redresser le torse, y parvient juste assez pour que son regard
repère le fauteuil instable répandu sans forme, une table basse toujours
menaçante. Il se rappelle l'église gothique avec retable doré qu'une dame, à
l'entrée, assise sur une chaise d'église, entourée de trois enfants, attentifs
à une boîte en fer qui sert de caisse, illuminait pour deux euros. De l'église,
ils ont franchi quelques escaliers pour pénétrer dans le grand château d'Olite avec
tours et colimaçon que malgré tout, il franchit en se tenant à la rambarde
métallique. Martini dans le bar du parador, rempli de veuves qui toutes
dégustent un jus d'ananas et rhum.
Elles sont toutes assises sur des
fauteuils stables alors que si elles tombaient, elles ne pourraient sûrement
pas se relever.
La télécommande fut entraînée dans sa
chute, il allume, change de chaîne, respire, expire, pousse. S’il atteint le
matelas, il pourra s’appuyer sur le lit et sans doute se relever. Des
manifestants brûlent des pneus et des clayettes, des débris d’avion dans un
désert immobiles, il a une chance inouïe, il n’est tombé que d’un petit mètre,
amorti par un plancher ciré, sur lequel il glisse peu à peu, atteint le lit, se
pousse sur les coudes, se met debout et dit : il pleut, il ne nous reste
plus qu’à prendre un apéritif avec des olives de la région. Pendent tout ce temps,
elle n’a pas cessé de rire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire