Qu’est-ce qu’un quelqu’un ?
Reconnaissons
les brûlures personnelles dans la question. Des parents dont le seul passeport
était un accent rouleur de questions. Un nom provoquant d’autres questions. Une
fuite devant des uniformes. Des difficultés cuisantes pour renouveler la carte
d’identité.
Une histoire
individuelle qui est l’histoire du monde. D’où es-tu, d’où viens-tu, qui t’habite,
qui habites-tu ? Où enterres-tu tes ancêtres ? Chaque fois, quand la
vague brune des identités l’emporte sur l’humanité, chaque fois que l’on marque
les hommes comme on marque le bétail, chaque fois l’humanité recule.
Quand même,
il faut bien être de quelque part ? Bien sûr. Joyce et Beckett sont nés en
Irlande et chaque mot qu’ils ont écrit était un désengagement de cette
assignation. Joyce disait de la nation qu’elle était une truie dévorant ses
enfants. Beckett, à la récurrente question « êtes-vous Irlandais », répondait
« au contraire ».
Quand même,
il faut bien être de quelque part ? Bien sûr. Les apatrides sont des
orphelins de l’État disait Hanna Arendt. Qui refuse la famille ? D’accord.
Mais alors que l’origine, l’identité, la nationalité, restent de transparentes questions
et surtout pas des frontières officielles.
Qu’est-ce qu’un
Basque ? C’est une personne qui pose la question et ne connait jamais la
réponse tant elle est multiple. Qui transforme cette question en réponse administrative
empêche les oiseaux de chanter.
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