samedi 16 juin 2018

ne les accablez pas


16 juin 18



Fernando Savater, Maïté Pagazaurtundua, Martin Alonso, Covite, militants de la paix au Pays Basque espagnol, représentants des victimes du terrorisme de l’ETA étaient à Bayonne ce samedi 16 juin au Café du Théâtre. Guy Lafite, maire-adjoint à Biarritz, Yves Ugalde, maire-adjoint à Bayonne, étaient là pour les accueillir.

 Max Brisson, Vincent Bru, Jean-René Etchegaray, qui évoquent les victimes avec ardeur n’étaient pas là. Mémoire et vigilance les avaient pourtant invités.

Je vous en supplie, ne les accablez pas. Je connais Max, Vincent et les autres, ils ne sont pas méchants. Ils ne feraient pas de mal à un garde civil. Il faut être  patient. Pendant des années et des années, ils n’ont jamais regardé les horreurs et la barbarie du Pays Basque espagnol. Ils visitaient les prisons et demandaient le rapprochement des prisonniers mais ne savaient rien des crimes pour lesquels ils avaient été condamnés. Ils connaissent les patriotes, ils ignorent leurs victimes. Après des années et des années d’ignorance, vous croyez que d’un seul coup ils vont se rendre compte ? Laissez leur le temps de lire Patria, laissez leur le temps de lire Vidas Rotas. Mais doucement, doucement. Les premiers soldats américains qui ont pénétré dans les camps nazis ont été traumatisés à vie.

Il faut patient et pédagogue. Si chaque fois qu’une association de victimes vient chez nous, on leur reproche d’être absents, c’est contre-productif.

Il faut leur expliquer, patiemment. Leur donner une liste des morts, des entreprises rackettés, des veuves et des orphelins. Pas tous en même temps, ils ne supporteraient pas. Mais cinq ou six noms chaque jour. Puis augmenter la dose. Quand ils seront prêts, aller visiter un cimetière, en les tenant par la main. Aller visiter les expositions, les musées de la terreur. Mais doucement, pas tout d’un coup. Je vous assure que c’est dur quand on n’a rien vu de cette barbarie.

Et surtout garder espoir. J’ai personnellement vu un blanchisseur d’ETA très engagé pleurer en lisant Patria.  

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