Agitprop
Prenez n’importe quelle
réunion publique, vernissage, inauguration, casetas, festival, assemblée
générale, anniversaire.
Les personnes qui vous
connaissent et que vous connaissez s’approchent et vous demandent comment
vas-tu ? Ou comment allez-vous ? Vous prenez un air sombre, une
voix lugubre et vous répondez, mal, très mal.
Il ou elle prend un air
éploré : Que se passe-t-il, raconte…
Tu as une minute ?
Bien sûr.
Voilà. Tu as sans doute lu
que des jeunes excités bretons ont maculé des résidences secondaires et ajouté « La
Bretagne n’est pas à vendre ». Les élus, les maires de Cancale, de
Morlaix, de Saint-Malo, ont vivement et publiquement dénoncé ces agressions. Ils
ont dit que ça ressemblait à la Saint-Barthélémy, quand les catholiques traçaient
une croix sur les maisons dont il fallait exterminer les habitants protestants.
Bon et alors ?
Et bien, ici au Pays
Basque français, de jeunes excités basques ont incendié il y a deux ans une
résidence secondaire à Hélette, et écrit « le Pays Basque n’est pas à
vendre » sur les murs. Eh bien, personne n’a rien dit. Silence de mort.
Seuls les patriotes ont dit qu’ils refusaient de condamner. Tu comprends ?
Ça veut dire qu’ici au Pays Basque français, on peut incendier une maison sans
provoquer de réaction de réprobation. Que si ces jeunes sont un jour arrêtés,
les patriotes iront manifester pour leur libération et que là, tous les élus
basques qui sont restés silencieux les suivront et iront manifester pour leur
acquittement. Ça veut dire qu’ici, au Pays
Basque, les identitaires ont déjà gagné, qu’ils sont déjà au pouvoir. Voilà
pourquoi je vais très mal.
Mes interlocuteurs sont
soulagés. Ils croyaient que j’avais une maladie grave.
Depuis, le nombre de
personnes qui me demandent comment je vais a diminué.
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