La
ministre Jacqueline Gourault a nommé les prisonniers corses « prisonniers
politiques ». Puis elle a rétrogradé, mais c’était trop tard. Les
nationalistes corses ont cueilli ses paroles et les ont mises dans leur filet. Vincent Bru, député Modem du Pays Basque,
utilise les mêmes mots pour les assassins basques, sauf quand il y a des membres de « Mémoire et
Vigilance » dans la salle où il s’exprime.
La
manière dont on nomme des hommes et des femmes qui ont utilisé la violence, l’assassinat,
le kidnapping, l’extorsion de fonds, le racket,
pour des objectifs de pouvoir, est centrale à la question du
terrorisme. Les nommer « prisonniers
politiques », c’est une manière de légitimer la barbarie de leurs
méthodes. Il y a des barbares pour lesquels jamais un politique ou un ministre ne
déviera de cette réflexion. Ainsi, personne ne nommera les assassins de Daech « prisonniers
politiques ». Jamais Jacqueline Gourault n’utilisera cette formule pour
Merah ou pour Koulibaly. Jamais la langue des responsables ne fourchera non
plus pour les assassins du GAL ou pour les Barbie et autre Touvier. En
revanche, certains nommaient les barbares de l’IRA, « prisonniers de
guerre » et souhaitaient leur accorder les garanties des prisonniers de
guerre, admettant ainsi qu’il y avait une guerre entre le peuple irlandais et l’impérialisme
britannique et non une campagne de terreur contre les Irlandais du Nord.
Il
ne s’agit pas ici d’erreur ou de lapsus. Il s’agit d’une conception de la
démocratie. Contre certains peuples considérés comme inférieurs, les méthodes
de la terreur peuvent être considérées comme légitimes. Considérer les
assassins basques ou corses comme des prisonniers politiques, témoigne d’un profond mépris pour les Basques
et pour les Corses, considérés comme indignes des méthodes démocratiques qui règlent
les sociétés civilisées.
Que
les nationalistes méprisent le peuple qu’ils se sont chargés de défendre est
une règle générale. Que des gouvernants
partagent ce mépris est plus préoccupant.
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