mardi 15 novembre 2016

apprentissage de la violence


La violence d’une société s’apprend d’abord dans la famille. Les violents apprennent leur violence en l’exerçant contre les enfants, contre les femmes. Ils l’exercent ensuite sur l’ensemble de la société.

Dans certains pays, les usagers de drogue sont traités comme des criminels. Considérés comme responsables de leur maladie, ils sont emprisonnés et rejetés par les hôpitaux. Le cas le plus extrême est aux Philippines, où la chasse aux dealers et aux consommateurs est ouverte toute l’année. Dans ces pays, on peut être  certains que les libertés de tous sont mal respectées.

La manière dont sont traités les plus faibles, les plus démunis est une indication majeure sur l’état de la société toute entière. L’appui qui leur est apporté n’est donc pas un geste humanitaire, il est une protection pour tous.

préférence nationale


Un collectif appelle à une manifestation de soutien aux « prisonniers basques malades ». à Bayonne, samedi prochain 19, novembre.

Ce qui s’appelle la préférence nationale. Les prisonniers malades non-basques peuvent crever.

Voici d’autres thèmes de manifestations possibles



Manifestation de soutien aux femmes battues basques.

Manifestation pour l’ouverture d’un centre de consommation pour les usagers de drogue basques.

Manifestation pour la mise aux normes des bâtiments publics pour les personnes basques en situation de handicap.
Manifestation pour la création de logements d’urgence pour les sans-abri basques.

infatigables


Ayant poussé son rocher jusqu’au sommet de la Rhune, constaté que ce rocher roulait vers la vallée et qu’il fallait recommencer, Sisyphe sortit sa carte d’identité d’un portefeuille patiné et remarqua que l’heure de la retraite avait sonné.

Que signifie la retraite pour un homme condamné à perpétuité à hisser un rocher au sommet de la Rhune, à l’observer roulant vers la vallée et à recommencer ? Cela signifie, pour qui ne croit pas à l’éternité d’un être humain, cela signifie déposer le rocher dans la vallée et ne plus le pousser vers le haut, ou bien, quand le rocher est en haut de la Rhune, le caler soigneusement pour qu’il ne puisse plus rebedouler.

C’est impossible, comme l’a si bien démontré Albert Camus, Sisyphe ne peut pas prendre sa retraite, il a été condamné aux travaux forcés à perpétuité, sans droit de grâce. Comme il est immortel, il est bon à rouler son rocher le long des rails du petit train de la Rhune jusqu’à la nuit des temps.

S’il est un être humain, il ne s’arrêtera qu’avec un AVC, un cancer terminal ou un accident mortel. En attendant, il lui faut pousser. S’il est un être humain, ses forces déclineront, ses muscles s’affaibliront, son souffle deviendra court, ses yeux distingueront mal l’horizon. Pour continuer à pousser son rocher, il lui faudra d’abord arrêter de fumer. Ensuite porter des lunettes. Ensuite diminuer régulièrement le poids du rocher. Pour réduire la charge, il peut tailler la pierre et en diminuer la masse. Ou bien remplacer le rocher par une imitation de même taille, mais en mousse de polystyrène qui ne pèse pas grand-chose. Pour sa réputation, la deuxième solution est la meilleure, car la première aboutit à une grimpée de la Rhune avec un petit caillou dans la poche.
          Infatigables, les militants de gauche doivent par les temps qui courent choisir entre un modèle réduit ou une contrefaçon.

dimanche 13 novembre 2016

lettre au monde

voici une lettre que je viens d'envoyer au Monde


Biarritz Le 13 novembre 2016

Monsieur,



                Je viens de lire dans votre édition de samedi et dimanche 13 novembre 2016 un article de Zizek qui convoque à l’aide de son argumentaire Staline et Mao, qui font partie des plus grands criminels du vingtième siècle.

                Je suis persuadé que vous refuseriez de publier un article dont Hitler ou Goebbels seraient ainsi les invités d’honneur. En quoi les victimes des massacres staliniens et des famines de mao méritent-elles moins de respect que les victimes du nazisme ?

                Avec mes salutations

blanchiment d'idées


Pour Thomas Piketty, la victoire de Trump s’explique « avant tout par l’explosion des inégalités économiques » aux États-Unis. C’est logique : les pauvres blancs sont en colère contre les inégalités, donc ils votent pour un milliardaire qui se vante de n’avoir pas payé d’impôts depuis vingt ans. Lisez bien, l’article : la victoire de Trump s’explique « avant tout ».

Dans le même numéro du Monde, un article de Slavoj Zizek, qui fait carrière en blanchissant les oripeaux du marxisme léninisme maoïsme. Oui, il y a des endroits où l’on blanchit les capitaux pour échapper au fisc. Il y a des endroits où l’on blanchit les idées qui ont massacré les peuples quand elles étaient au pouvoir. Sans aucun risque. Slaoj Zizek cite Staline avec enthousiasme : qu’est-ce qui est le pire, la droite ou la gauche ? Staline répondait en 1920 : « les deux sont pires ». Et Zizek, heureux d’avoir trouvé un paradis idéologique comme les riches trouvent des paradis fiscaux, des endroits où l’on peut investir sans payer d’impôts, des endroits où  l’on peut citer Staline et Mao sans aucun risque. Car son article se termine par une citation de Mao : « tout est un grand chaos, la situation est excellente ». La victoire de Trump est mieux que la victoire d’Hilary Clinton parce qu’elle nous promet des changements nécessaires. C’est ce que les communistes disaient d’Hitler. Il vaut mieux Hitler que les sociaux-démocrates. C’est Hitler qui va avancer la révolution. Il vaut mieux Trump que Clinton. Et Obama avec sa sécurité sociale n’a fait que faire reculer l’émergence d’un courant révolutionnaire aux États-Unis.

J’ai suivi comme d’autres la campagne de Trump et je me suis demandé comment un pataquès aussi ridicule pouvait entraîner les électeurs. Mais excusez-moi, revenons en France et en Europe. Comment les énormités de Zizek peuvent-elles être acceptées ? Elles ne sont ni moins monstrueuses, ni moins scandaleuses que celles de Trump. Un Donald Trump de gauche.

mercredi 9 novembre 2016

trump


Le peuple a voté, la démocratie c’est le pouvoir du peuple. Il faut respecter le peuple. Poutine a été élu par le peuple, ainsi qu’Orban. Le peuple britannique a voté l’abandon de l’union européenne. Le peuple colombien a voté contre l’accord de paix avec les FARC. Berlusconi a été élu par le peuple italien et Hitler, bien sûr.

Le pire, bien entendu c’est quand il n’y a pas d’élections. Voyez le Venezuela, la Corée du Nord, la Chine. Aux États-Unis, on peut espérer que cinq ans plus tard, le peuple ayant fait l’expérience de la catastrophe trumpienne, votera pour un candidat plus proche de nos valeurs et de nos espoirs. On peut espérer que dans cinq ans, les peuples tentés par le protectionnisme, le repli, la chasse aux migrants, tout ce que Donald Trump représente, seront mieux armés pour résister aux hystéries identitaires.

 La majorité n’a pas tous les droits. Dans un pays démocratique les libertés fondamentales doivent être respectées. Si une majorité restreint ces libertés fondamentales, elle se transforme en dictature. Les protestants étaient majoritaires en Grande-Bretagne, ils excluaient les non-protestants des droits démocratiques, c’était la dictature de la majorité protestante. Si une église, un parti, un gouvernement élu, imposent des valeurs communautaires à l’ensemble de la population, c’est la dictature de la majorité. Quand les femmes étaient exclues du suffrage par la majorité des hommes, c’était une dictature masculine.

Comment agir ? Les gens qui votent mal, peuvent être condamnés, parfois méprisés. On ne doit surtout pas flatter leurs ignorances et leurs préjugés. On peut espérer qu’une éducation citoyenne fera reculer les ombres. D’abord et surtout, nous pouvons agir contre l’utilisation politique de ces attitudes régressives. Les préjugés, les racismes, lorsqu’ils ne sont pas légitimés, mobilisés, utilisés, par des gens parfaitement informés, éduqués, qui font partie du système, restent politiquement paralysés. Leur utilisation par Trump, Sarkozy, Le Pen,  Boris Johnson, Farage, …complétez la liste,  les transforme en armes létales pour la démocratie. C’est cette utilisation qui doit être dénoncée, combattue. Les intellectuels, les mouvements sociaux, les partis qui recommandent les poisons, qui rusent avec les monstres, sont nos premiers adversaires.

Ne partageons pas l’accablement d’une gauche qui aurait « abandonné le peuple ». C’est l’utilisation des préjugés qui transforme le marais en torrent. Les gens qui ne partagent pas les idées mortelles n’ont aucune excuse à présenter pour ce qu’ils sont. Ils mènent le combat dans les écoles, dans les quartiers, dans les institutions, ils sont les combattants de la liberté contre les procréateurs de monstres.  

dimanche 6 novembre 2016

droit du sol


L’une des définitions de l’identité est celle du sol terminal. Non pas le droit du sol où l’on est né, l’adresse de la maternité, du taxi, où le nourrisson a vu le jour, mais le sol terminal, celui où l’on est enterré. Pour beaucoup, c’est le sol terminal et non pas le sol parturiente qui est déterminant. Quand on parle du droit du sol, il faut distinguer le sol de la naissance et le sol de la mort. Au lieu de poser en permanence la question d’où venez-vous, où êtes-vous né, quelle nationalité, posez la question : où souhaitez-vous être enterré ? Souhaiter. Il y a des gens qui ne souhaitent rien, qui disent, moi je prends la peine de mourir, aux autres de prendre la peine d’enterrer. Parce que si on s’occupe de mourir, plus de ce qui va se passer après la mort, on n’en finit jamais. Si on attend que tout soit préparé minutieusement, jamais on ne sera prêt à mourir. Mais dans le cas où la personne a choisi, où elle assure que le lieu de crémation ou d’enterrement est important pour elle, à ce moment, je crois qu’il serait utile de prendre ce souhait comme droit du sol. Qui veut être enterré en France est français. Qui veut être enterré au Maroc est marocain, qui veut être enterré en Israël est israélien. C’est tout simple, non ? Moi, je veux être enterré au pays Basque, je suis basque. C’est ce qu’on appelle le droit du sol.

arrestation d'un etarra


Cher Mikel Irastorza



            Vous venez d’être arrêté par les polices espagnoles et françaises qui vous considèrent comme le numéro 1 de ce qui reste de l’ETA, une organisation terroriste qui refuse de rendre les armes et de se dissoudre.

Ne soyez pas inquiet. Déjà une organisation nationaliste, EH Bai, appelle à un rassemblement à Ascain pour protester contre ce qu’elle appelle une atteinte au processus de paix. Dans les jours qui viennent, d’autres forces politiques protesteront contre votre arrestation, les élues socialistes du pays Basque vont rapidement demander à être reçues par le ministre de l’intérieur pour demander votre rapprochement de vos proches, peut-être une amnistie. Des élus républicains, ayant déposé leur écharpe tricolore qui pourrait vous gêner, manifesteront contre votre arrestation. Vous ne resterez jamais seul.

Si vous avez rendu les armes, si vous aviez appelé à la dissolution d’une bande armée, vous auriez été considéré comme un repenti, un traître par vos anciens camarades de combat et aucun élu de la République n’aurait salué votre geste. Vous auriez connu une vraie solitude.

Mais ayant persisté dans une fidélité à la terreur politique, vous ne serez jamais seul. Vous serez accueilli par une foule de sympathisants à votre sortie de prison, fêté dans les cafés basques, applaudi sur les estrades de meetings abertzale.


samedi 5 novembre 2016

député de la nation ou député ethnique?


Dans la semaine du pays Basque, 5 Nov 2016, un grand entretien avec Colette Capdevielle. Elle annonce qu’elle va se représenter aux élections législatives du printemps prochain. Ahurissant. Pas un mot pour défendre la politique qu’elle a approuvée pendant les quatre ans de pouvoir de la gauche. Elle se présente comme chef d’un lobby basque, avec les deux autres élues : Frédérique Espagnac, Sylviane Alaux. Délégation auprès du Premier ministre pour défendre Aurore Martin (pas un mot sur les conditions qui ont permis sa libération). Pour défendre l’EPCI. Ce n’est pas une élue nationale, mais une élue du pays Basque. Pas une élue de la majorité présidentielle, mais une élue d’un territoire ethnique. Revendiqué, réaffirmé. Elle n’est plus socialiste, elle n’est plus élue républicaine, elle est élue identitaire. Elle se présente comme chef de file d’un lobby basque, comme il y a un lobby breton, un  lobby corse. Regroupant les élus de droite et de gauche. Chers camarades, lisez relisez l’interview dans la Semaine du pays Basque  et dites-moi si j’exagère.

jeudi 3 novembre 2016

anciens prisonniers, arrêtez de gémir


Sud Ouest 3 novembre. D’anciens prisonniers basques se plaignent d’être sur les mêmes fichiers que les terroristes musulmans. Avec les mêmes obligations : pointer au commissariat, interdiction de sortie du territoire sans la permission de police, etc. Leurs gémissements nous fendent le cœur. Mais s’ils veulent se réinsérer complétement, voici un mode d’emploi qui a déjà été utilisé par nombre d’anciens adeptes de la terreur en politique.

Regretter, condamner les actions terroristes auxquelles ils ont participé ou qu’ils ont soutenues.

S’engager à ne plus utiliser des actions violentes à l’avenir.

Refuser de parader sur les estrades nationalistes où l’on célèbre leur engagement terroriste.

Demander à l’ETA de rendre les armes et de dissoudre en tant qu’armée illégitime dans une république démocratique.

Comme les anciens djihadistes repentis qui vont parler aux jeunes scolaires tentés par le diable, faire le tour des ikastolas pour parler de leur expérience, comment ils la regrettent, comment elle fut funeste.

Ils contribueront ainsi au rétablissement d’une société pacifiée et à leur intégration dans cette société.