Le peuple a voté, la démocratie c’est le pouvoir du
peuple. Il faut respecter le peuple. Poutine a été élu par le peuple, ainsi qu’Orban.
Le peuple britannique a voté l’abandon de l’union européenne. Le peuple
colombien a voté contre l’accord de paix avec les FARC. Berlusconi a été élu
par le peuple italien et Hitler, bien sûr.
Le pire, bien entendu c’est quand il n’y a pas d’élections.
Voyez le Venezuela, la Corée du Nord, la Chine. Aux États-Unis, on peut espérer
que cinq ans plus tard, le peuple ayant fait l’expérience de la catastrophe
trumpienne, votera pour un candidat plus proche de nos valeurs et de nos
espoirs. On peut espérer que dans cinq ans, les peuples tentés par le
protectionnisme, le repli, la chasse aux migrants, tout ce que Donald Trump représente,
seront mieux armés pour résister aux hystéries identitaires.
La majorité n’a
pas tous les droits. Dans un pays démocratique les libertés fondamentales
doivent être respectées. Si une majorité restreint ces libertés fondamentales, elle
se transforme en dictature. Les protestants étaient majoritaires en Grande-Bretagne,
ils excluaient les non-protestants des droits démocratiques, c’était la
dictature de la majorité protestante. Si une église, un parti, un gouvernement élu,
imposent des valeurs communautaires à l’ensemble de la population, c’est la
dictature de la majorité. Quand les femmes étaient exclues du suffrage par la
majorité des hommes, c’était une dictature masculine.
Comment agir ? Les gens qui votent mal, peuvent
être condamnés, parfois méprisés. On ne doit surtout pas flatter leurs
ignorances et leurs préjugés. On peut espérer qu’une éducation citoyenne fera
reculer les ombres. D’abord et surtout, nous pouvons agir contre l’utilisation
politique de ces attitudes régressives. Les préjugés, les racismes, lorsqu’ils
ne sont pas légitimés, mobilisés, utilisés, par des gens parfaitement informés,
éduqués, qui font partie du système, restent politiquement paralysés. Leur
utilisation par Trump, Sarkozy, Le Pen, Boris Johnson, Farage, …complétez la liste, les transforme en armes létales pour la
démocratie. C’est cette utilisation qui doit être dénoncée, combattue. Les
intellectuels, les mouvements sociaux, les partis qui recommandent les poisons,
qui rusent avec les monstres, sont nos premiers adversaires.
Ne partageons pas l’accablement d’une gauche qui
aurait « abandonné le peuple ». C’est l’utilisation des préjugés qui transforme
le marais en torrent. Les gens qui ne partagent pas les idées mortelles n’ont
aucune excuse à présenter pour ce qu’ils sont. Ils mènent le combat dans les
écoles, dans les quartiers, dans les institutions, ils sont les combattants de
la liberté contre les procréateurs de monstres.
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