Je
cherche des mots qui pourraient empêcher le glissement de la société française
hors du politique. Des mots que j’aimerais entendre des gouvernants que je
soutiens.
Nos
sociétés –je veux dire nos sociétés occidentales, celles où je vais me faire
opérer gratuitement d’un pincement de vertèbre très handicapant, celle où la
fille sourde d’un ami a un implant électronique, je n’ose pas vous en dire le
prix, pour retrouver le lien avec le monde, gratuitement, celle où les enfants
vont à l’école maternelle et primaire et secondaire gratuitement- ont une
histoire. Elles se sont développées dans le bruit et la fureur. Ni en ville, ni
à la campagne, les maîtres des terres et des forges n’acceptaient
l’organisation des personnes qui leur étaient soumises. Les maîtres employaient
la force brutale pour empêcher toute organisation, paysanne ou ouvrière. Ces
luttes ont duré longtemps, trop longtemps. Tant que les maîtres refusaient
l’organisation de leurs vassaux, les seules négociations étaient fondées sur
l’affrontement brutal. Jacqueries, incendies des récoltes, mutilation du
bétail, se multipliaient et faisaient partie de ce que l’historien Eric
Hobsbawm appelait la « négociation collective par l’émeute ». Les
bandits sociaux, Robin des Bois, Zorro, Mandrin, font partie de l’imagerie de
ces révoltes populaires. Du côté ouvrier, on brisait les machines, on tabassait
les contremaîtres sadiques, on incendiait les marchandises. Ces
« négociations » furent finalement remplacées par des rencontres
entre organisations représentatives. Des syndicats, des Ligues paysannes, des
fédérations patronales. Les rapports de pouvoir n’en furent pas
fondamentalement changés, mais il fallut donner des avantages pour assurer une
certaine paix sociale. Des systèmes de retraite et de sécurité sociale se
mirent en place. L’État providence redistribuait une partie des richesses du
pays. Cette histoire n’a nulle part été tranquille.
Dans
certains cas, le réformisme n’a pu s’implanter et a été relayé par un courant
révolutionnaire visait à la destruction d’une des parties du conflit. Ce
courant révolutionnaire a pris le pouvoir en Russie, en Chine. Dans les pays de
l’Empire soviétique. Il a réussi à Cuba. Au Zimbabwe, les terres ont été
redistribuées et la famine s’est installée. Au Venezuela, les révolutionnaires
sont en train d’organiser la ruine économique et la division du pays. Partout,
ce fut la catastrophe dont nous connaissons les résultats économiques et
humains. Certains en rêvent encore, dans les livres et dans les colloques.
Le
niveau de vie des populations occidentales fut assuré pour une partie non négligeables
par l’exploitation des richesses et des personnes contrôlées par un système colonial qui
voulait par ce biais retrouver un pouvoir sans partage sur la main d’œuvre et
les matières premières. Ce système s’est écroulé, les pays soumis sont devenus indépendants
et désormais, commencent à concurrencer les pays occidentaux. L’Inde et
l’Afrique se réveillent. Les anciens pays communistes, dont l’économie était
paralysée par une bureaucratie étouffante deviennent à leur tour des concurrents
redoutables. Nous ne reviendrons plus à un système de pillage et d’exploitation
dont ont profité pour une part les classes laborieuses des pays coloniaux.
C’est T E R M I N E.
Toutes
les difficultés doivent désormais s’affronter à un niveau international et
européen. Partout poussent les solutions et les réformes qui mutualisent les
compétences, qui atténuent les concurrences désastreuses : communauté de
communes, territoires régionaux, organisations européennes et timides
organisations mondiales. Pas d’autre issue que des regroupements, ces mises en
commun des richesses et des investissements qui permettront seuls d’éradiquer
les paradis fiscaux, de combattre les égoïsmes des riches et les populismes des
moins riches.
Pas
d’autres issue parce que les solutions individuelles, communales, régionales,
nationales, n’existent plus. Ni dans le domaine écologique, le climat est sans
frontière, ni dans le domaine des migrations, les frontières ne seront plus
jamais imperméables, ni dans le domaine économique et de la protection sociale.
Désormais, le niveau de vie les plus bas devront monter pour que montent les
niveaux de vie du monde, la pollution la plus forte devra être combattue pour
que diminue les dangers climatiques de tous.
C’est
dans ce contexte que se joue la politique, en France, en Europe, aux
États-Unis. Pour un candidat, affirmer que la solidarité internationale dans
tous les domaines est dans l’intérêt de tous est le plus sûr moyen d’être battu
aux élections, de chuter dans les sondages, de ne pas être réélu. Les meilleurs
peinent. Et pourtant, c’est la voie qui me semble juste. Il n’y en a pas
d’autre ? Bien sûr que si. La fermeture des frontières, comme en Corée du
Nord, pas d’immigration illégale, pas de main d’œuvre clandestine, pas de
délinquance dans les rues de Pyongyang. Là bas, Maring il Peng est au pouvoir. Sans
aller jusqu’à ces extrêmes, on peut imaginer aussi une droite obstinée et
autiste sur laquelle viendrait déferler des manifestations de colère sans
lendemain.
C'est pourquoi je fais partie des vingt pour cent qui soutiennent François Hollande.
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