Les
escaliers mécaniques, les tapis roulants, les ascenseurs, progressent et les
montées le long des rampes s’archéologisent. Les fauteuils roulants, les
valises à roulettes, les cannes appuyées, ont longtemps monté les escaliers de
pierre à la gare de Biarritz. Pendant des années, les douleurs de la hanche,
les essoufflements des asthmes et des emphysèmes ont réclamé des ascenseurs.
Depuis 2013, des ascenseurs soulagent et protègent. Les lourdes valises, les
poussettes, les paralysies, appuient sur -1 puis 0 et les colères rentrées ont
cessé. Les bruits des bagages sur les marches de béton ont disparu. Les
plaintes, les protestations, se sont calmées. Enfin Biarritz, la reine des
plages, est pourvue d’ascenseurs. Alors que même à la Gare Montparnasse, la reine
des gares, les escaliers mécaniques sont parfois en panne et des retraités
hors-cadre abîment les coins cuivrés de leur valise Vuitton sur les rayures des
marches en acier.
La gare de Biarritz est
désormais silencieuse. L’eau tiède et les ascenseurs ont tué la musique. Les
compromis, la paix négociée, le réformisme, la sécurité, épaississent les
ennuis. Il faut des massacres, des accidents d’avion, les punitions des
célébrités pour attirer l’attention. Des millions de piétons avancent, personne
ne tourne les yeux, un piéton tombe, tout le monde regarde. Et comme les
accidents, les massacres se raréfient, ceux qui restent sont des événements.
Les films policiers et les séries catastrophes se substituent aux émotions
vivantes. Désormais on ne se rappellera l’ascenseur que s’il tombe en panne.
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