J’ai
quitté le quartier
Quand
j’habitais la Goutte d'Or, je sortais du métro Château-Rouge d’un pas militant,
je notais les progrés, les stagnations, les reculs. Le chantier de la mosquée
rue Polonceau en léthargie, la brasserie Barbès en finition, l’accès au métro
dégagé. Et surtout, surtout.
De
la rue des Poissonniers, à gauche, rue Richomme, une rue tranquille où sévissent
les pisseurs. Une pisseuse, c’est une femme qui pleure pour un oui pour un nom.
Un pisseur, c’est un homme qui pisse rue Richomme. Une fois sur deux, quand je
passe, un homme pisse. J’ai mon discours prêt. Monsieur, partout, les
pissotières gratuites vous tendent leur céramique. Ici, vous pissez sur les
enfants des crèches, des maternelles, des écoles primaires. Très fort, très
haut, bien articulé. Je leur fais honte.
Hier,
je suis sorti du métro, je suis passé rue Richomme, un homme pissait contre un
mur, je n’ai rien dit. Je ne suis plus un habitant de la Goutte d'Or.
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