Le
jambon et l’huître
Il
y a deux visions de Biarritz comme il y a deux France. L’une souhaite une ville
ouverte au monde et à la modernité. Une ville qui accueille le festival des
productions audiovisuelles, les films du monde latin, héberge un cinéma d’art
et d’essai, un centre national de danse, des cafés philo, des universités, des associations
où se discutent les grandes questions, manifeste contre l’intégrisme de l’évêque
Aillet qui voudrait imposer la charia au vent du large, fait la fête en juin,
de la musique toute l’année. Cette première vision sait qu’il faut aérer le
jambon avant de le servir.
L’autre
vision est portée par une population double : ceux qui désespèrent de s’en
sortir et sont tentés par le repli protecteur. Et les autres, qui sont venus
chercher sur la côte un dortoir de luxe et la trouvent trop agitée. Les
festivals font du bruit, les fêtes empêchent de se garer, les logements sociaux
doivent se construire ailleurs, il vaut mieux payer une amende que d’accueillir
une population si différente qui génère de l’insécurité. Et Mgr Aillet a bien
raison de défendre la famille traditionnelle parce que c’est la décomposition
des structures traditionnelles qui envoient les jeunes surfeurs se droguer sur
la plage. Le Biarritz de l’huître.
Ces
deux visions, sans doute moins tranchées, se reflètent malgré tout dans les
comportements politiques. Longtemps gouvernée par une droite retraitée, Biarritz
s’est donnée une majorité municipale hors norme, alliance entre une droite ralliée
aux logements sociaux, aux centres d’accueil pour les plus démunis, et une
gauche moderne, soucieuse du développement économique de la ville.
Cette
majorité a été reconduite aux élections municipales de mars 2014 contre un
partisan de l’UMP sarkoziste, invisible dans les manifestations contre les
intégrismes, associant logements sociaux et insécurité.
Voici
que les projets de carrière viennent troubler les lignes. Le maire de Biarritz,
partisan du vent du large, soutient aux élections départementales le candidat
naphtaline. Il trahit sa majorité, il humilie ses alliés, et vend son âme pour
un plat de lentilles.
Quand
les différences sont claires et bien comprises, les citoyens s’engagent. Quand les
intérêts personnels l’emportent sur les convictions, les citoyens se
détournent.
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