Faire le point.
Toute
ma vie, j’ai fait de la politique. J’ai cherché un lien entre l’actualité et
les grands principes. Souvent pour le pire, parfois pour le meilleur, parfois
pour rien. Pour le plaisir de chercher.
Ces
jours-ci, faire de la politique, c’est essayer de mobiliser le travail accompli
sur les relations entre violence et politique pour tenter de comprendre les
nouvelles formes de remises en cause dramatiques des sociétés démocratiques et
de leurs principes. Je continuerai à dire ce que je pense dans ce domaine. Je
combats tous ceux qui pensent qu’on peut éradiquer le terrorisme politique par
des mesures sociales.
J’ai
beaucoup travaillé sur les migrations, les mouvements de population, internes
et externes. Les grands bouleversements, les guerres, les crises, poussent des
millions de personnes à partir tandis que d’autres territoires les attirent. (push and pull factors). Ces grands
mouvements (immigrations irlandaises aux États-Unis, en Grande-Bretagne, Europe
centrale en Europe et aux États-Unis, puis africaines vers l’Europe. Ces
migrations remettent en cause la définition des nations qui doivent accueillir
de nouvelles langues, de nouvelles religions. Et chaque fois, la crainte du
nouveau crée des réactions populistes, fondées sur la peur fondée ou non des
concurrents qui arrivent sur le marché du travail et de la délinquance.
S’appuyant sur les craintes des nantis accrochés à leurs privilèges et des plus
démunis, des moins outillés intellectuellement. Front têtu et mâchoires
serrées, Ian Paisley ou Marine Le Pen, ils investissent dans la bêtise, un
terme qu’on n’utilise plus depuis que le suffrage est universel.
Mon
plus grand échec a été dans le domaine du militantisme. J’ai raconté ailleurs
mes voyages à l’intérieur de la planète communiste. J’ai plus rarement parlé de
mes expériences à l’intérieur du PS. Elle peut se résumer ainsi : le PS
est composé d’élus ou d’aspirants à des postes politiques ou administratifs.
Les membres du PS qui ne font pas partie de ces deux catégories et qui
souhaitent participer à des lieux de débat sont considérés selon les périodes
comme d’aimables emmerdeurs ou d’entraves à la vie clanique. Dans le 18ème
arrondissement de Paris, où la gauche réformiste et ses alliés étaient au
pouvoir local et municipal, j’ai toujours été écouté poliment, mais ne faisant
partie d’aucune famille, je provoquais par cette absence d’allégeance des
méfiances jamais dissipées. « Pour qui roule-t-il ? » est une
question redoutable quand elle reste sans réponse.
A
Biarritz, à l’autre bout de la France, le PS s’était installé dans le doux
confort d’une opposition municipale d’autant plus stridente qu’impuissante.
Puis des militants socialistes s’allièrent à la droite centriste contre une
droite conservatrice. Ils partagèrent le pouvoir, mais furent exclus du PS. Ils
avaient ouvert la porte à une alliance inédite entre une gauche réformiste
soucieuse de gouverner une ville ambitieuse et solidaire avec une droite opposée
culturellement aux dérives sarkozystes. Aux élections suivantes, l’accord fut porté
par les partis socialistes et radicaux mais une partie des militants persistent
à penser que le PS a perdu son âme dans l’aventure.
Telle
est la situation aujourd’hui et la guerre larvée ou ouverte fait rage entre ces
deux tendances. Faut-il d’abord obéir à l’appareil socialiste ou aux
engagements électoraux ? Je fais
partie de la seconde tendance et soutiens avec obstination une entreprise
politique inédite qui me semble porteuse d’avenir. Le résultat est que je suis
considéré comme un adversaire par les secrétaires de section successifs. Le
premier voulait m’empêcher de parler au nom du PS dans un débat, le suivant m’a
menacé d’exclusion, le troisième tente d’étouffer toute discussion à
l’intérieur de la section.
Pourquoi
je reste ? Sans doute parce que la section socialiste de Biarritz, qu’elle
s’en félicite ou non, fonctionne dans l’un des rares endroits où l’horizon se
déchire.
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