Coups de
force, grèves minoritaires, actions d’avant-garde. Censurer les quotidiens,
manifester devant le logement des élus et des ministres, bloquer les trains,
les raffineries, transformer Paris en décharge…Pour certains, il s’agit de
manifestations sociales, des colères populaires héritières en droite ligne des
émeutes de la faim et de la prise de la Bastille.
Les
actions minoritaires ont deux issues. Soit elles sont victorieuses et portent
au pouvoir des personnes ayant pris l’habitude de mépriser la démocratie :
coups de force fascistes ou communistes, guérilla cubaine, la prise du Palais d’Hiver. Issue
non-souhaitable, mais sans doute pas à l’ordre du jour.
La
seconde issue est plus prévisible. L’opinion, les citoyens, la majorité, lassés
des attentes sur les quais, sur les autoroutes, des ordures qui s’entassent,
des pneus qui brûlent, aspirent à un pouvoir autoritaire qui mettra fin aux
désordres. Lorsque vient le temps des scrutins, les assemblées élues prennent
une teinte bleue horizon.
Risquons une
hypothèse : les organisateurs des différents coups de force sont animés
par une vieille lune des courants marxistes : l’adversaire principal, c’est
la social-démocratie, c’est le réformisme. Il vaut mieux Trump que Clinton, Sarkozy
que Hollande. Quand la droite dure est au pouvoir, au moins, les choses sont
claires, les révolutionnaires ne perdent plus leur temps à gouverner, ils
dénoncent, ils protestent, ils manifestent. Quand la gauche est au pouvoir,
elle perd son âme à équilibrer le budget de la sécurité sociale, à défendre la
laïcité, à lutter contre les discriminations, à réformer le code du travail, à
assurer une plus juste redistribution des richesses. Misérables mesurettes alors
qu’il s’agit d’escalader le ciel.
Dans la situation
actuelle, la gauche divisée ne peut retrouver le pouvoir. La gauche radicale n’obtiendra
qu’un seul résultat : l’élimination de la gauche au second tour des
présidentielles. Ces perspectives ne sont pas des dégâts collatéraux, elles
sont au centre des impatiences révolutionnaires, qui n’en peuvent plus de
combattre une gauche trahissant la révolution, une gauche gestionnaire.
Jean-Luc Mélenchon,
Pierre Laurent, Philippe Martinez, Benoît Hamont, ne réussissent à se mettre d’accord
sur rien. Qu’ils patientent. Demain, contre une droite qui détricotera les
réformes du gouvernement socialiste, ils
défendront les réformes aujourd’hui dénoncées, au coude à coude, dans des
manifestations monstres, « tous ensemble, tous ensemble », pour
défendre le code du travail, le tiers payant, le RSA, le mariage pour tous…L’air
sera frais et l’horizon lumineux.
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