Vont-ils
réussir ?
Les
tueries politiques construisent un piège d’une redoutable efficacité. Dans les
sociétés où rien ne les justifie, elles visent à transformer les réactions à
ces tueries en légitimations. L’emprisonnement d’un criminel devient la preuve
d’une société policière qui doit être combattue par tous les moyens. Les
bulletins et les communiqués de l’IRA et de l’ETA consacraient leurs colonnes
et leurs paroles à la dénonciation des états policiers et fascistes espagnols,
français, britanniques. Black Panthers, Action directe, Fraction armée rouge
fractionnaient le monde en police d’un côté et de l’autre des héros martyrs ou
prisonniers pourrissant dans les geôles. Même quand le conflit s’est épuisé, le
refus de l’amnistie pour les assassins condamnés est considéré comme la preuve rétrospective
de la justesse de leur combat.
Au Pérou,
en Colombie, en Argentine, au Mexique, les guérillas réussirent à transformer
la vie politique en affrontements violents où les terrorismes d’état et les
terrorismes des bandes armées puisaient chez les autres, chaque jour, de
nouvelles raisons de combattre. Il faut ensuite du temps et des générations
pour retrouver des formes de gouvernement apaisées et démocratiques.
Les
exemples sont multiples de ces violences politiques qui ont tiré les sociétés
vers les extrêmes. L’IRA a porté au pouvoir les ultra-protestants et les ultra-
républicains en Irlande du Nord. Les attentats en Israël amènent l’ensemble du
pays vers l’extrême-droite. Les conséquences des crimes djihadistes sur les
sociétés poussent partout dans le même sens.
Si l’on
excepte de sombres écarts, comme le GAL en Espagne ou les actions secrètes de l’armée
britannique, Guantanamo aux États-Unis, les réactions du monde occidental aux
attentats les plus monstrueux, sont restées
ancrées dans un socle démocratique. Interventions policières maîtrisées,
justice fonctionnant selon les règles d’un état de droit. Les meurtriers arrêtés
ont droit à des procès, des juges et à des avocats.
Contre
les terreurs rouges, brunes, vertes, l’état de droit est notre force.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire