lundi 3 octobre 2016

j'aurais voulu apprendre le basque


La langue basque est à tout le monde, sauf à moi.



« La langue basque n’est à personne en particulier, elle doit être à tout le monde et pour tout le monde » (message de la Korrika 2013, sur le site d’AEK).

Je me suis inscrit en cours débutant en langue basque. Notre professeur nous fait visiter les locaux. Puis, de retour en classe, nous présente l’association AEK. Créée il y a une quarantaine d’années, elle fonctionne en Hegoalde et Iparralde. Le mot « Iparralde » revient dix fois, vingt fois. Il est inscrit au tableau. AEK supprime les frontières, elle est à l’échelle du pays Basque composé des sept provinces. La carte dans la salle de cours le confirme. AEK organise tous les deux ans une course pour la langue basque ou Korrika qui traverse les frontières. Y a-t-il des questions ?

Je lève la main. « Je veux apprendre le basque, mais je ne suis pas nationaliste. Dans les Korrika, je constate qu’il y a des portraits de prisonniers basques. D’autre part, chaque fois que vous dites « Iparralde », je traduis pays Basque français. Je suis donc gêné par l’emploi du mot « Iparralde » qui chacun le sait, exprime une opinion politique ». Est-ce que je peux suivre des cours de langue basque en utilisant l’expression « pays Basque français ? ». La réponse est claire : l’expression « pays Basque français » n’existe pas en langue basque. Donc si vous tenez à l’utiliser, je crois qu’il vaut mieux renoncer à apprendre la langue basque. Pour apprendre la langue basque, il faut accepter l’idée que le pays Basque français n’existe pas. Et sur la question des portraits des prisonniers basques dans la Korrika ? La réponse est : « on ne fait pas de politique en cours ». Dire Ipparalde ce n’est pas faire de politique. Dire pays Basque français, c’est faire de la politique. Donc, j’insiste, si je continue à dire pays Basque français, ma place n’est pas ici, comme apprenant de la langue basque ? Non, effectivement, répond la professeure, votre place n’est pas ici. Je range mes affaires et je sors.

AEK est subventionné par la mairie, le département, l’Europe, mais AEK exclut de ses cours des candidats élèves qui pensent que trois provinces du pays basque sont en France. C’est curieux. Pourtant, la devise d’AEK est claire : « La langue basque n’est à personne en particulier, elle doit être à tout le monde et pour tout le monde » Devise inexacte. Elle n’appartient pas à ceux qui pensent que les trois provinces du pays Basque nord sont françaises.

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