Je cherche une initiation à la
langue basque qui ne soit pas une initiation à la lutte armée, pas une mobilisation
sectaire, pas un appui feutré à la terreur basque, aux assassins de conseillers municipaux, aux
kidnappeurs de patrons, aux extorqueurs de l’impôt révolutionnaire. Un truc
léger, qui m’installerait dans la culture basque, me permettrait de comprendre quelques
chansons, de crier quelques slogans, comme « ETA es ! » ou « gora
euskara frantzes ! ». Vous voyez. Suffisamment pour montrer, quand le
pays Basque sera indépendant, que je cherche sérieusement à m’intégrer, plus même
à m’assimiler. Je ne pourrai jamais dire « mes ancêtres les basques »,
parce que je n’ai pas le bon rhésus, mais je pourrais grâce à ces efforts
devenir un repenti, un traître au pays Basque. Je pourrai divorcer. Pour divorcer,
il faut d’abord se marier. Je veux me marier au pays Basque pour pouvoir en
divorcer. Je marcherai fièrement devant la Grande Plage, on me désignera du
doigt : regardez le traître, le repenti, l’infiltré, on me crachera
dessus. Pour me faire haïr, je dois faire partie de la famille. Ce n’est pas le
cas aujourd’hui. Quand j’interviens sur les affaires internes du pays Basque, l’EPCI
ou le processus de paix, tout le monde rigole : c’est un touriste, de quoi
il se mêle. Quand je serai devenu basque grâce à mes cours de langue et une
transfusion de sang, peut-être un mariage avec la sœur d’un prisonnier, alors
quand je porterai des jugements péremptoires sur le nationalisme basque, on
pourra m’insulter, me dénoncer comme traître, carriériste, exilé, vendu à l’impérialisme
espagnol et français, je me suis vendu à tellement d’impérialismes dans ma longue
carrière universitaire et politique, que je dispose grâce à ces ventes successives
d’une retraite confortable.
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