Lydie Salvaire, dans
Pleure pas, 2014, développe deux
personnages dans l’Espagne en guerre civile : Josep et Diego. Josep est
anarchiste, Diego le stalinien. Leurs idéaux s’écroulent en même temps que se
défait le camp républicain. Ils étaient vaincus, mais pire : aujourd’hui,
ils ont encore les « vaincus de l’histoire ». Cités dans son roman, Bernanos
qui s’élève contre les massacres franquistes bénis par l’église dans Les grands cimetières sous la lune, et
André Gide, qui dénonce le système bolchevique dans son Retour d’URSS, s’en sortent mieux.
Qui sont les vaincus
de l’histoire ? L’histoire connaît-elle des vaincus et des vainqueurs ?
Ceux qui ont été
entraînés dans les folies de leur siècle, y ont trouvé chaleur et complicité
ont du mal à s’en séparer car la rupture remet en cause l’engagement d’une vie.
Allez donc dire aux porte-drapeaux qui attendent toute l’année les deux grands évènements
que sont le 14 juillet et le 11 novembre, allez donc leur dire qu’ils ont mené
des guerres injustes. Les anciens nationalistes de l’ETA ou de l’IRA sont
célébrés par tous comme des compagnons de fidélité, et par leur camp comme des
héros. S’ils disent : « nous nous sommes battus pour rien », ils
seront pour leur camp des repentis et des traîtres, et pour les autres des
anciens terroristes. Ils se retrouvent dans le vent glacé des défaites infinies.
Il faut donc du
courage pour rompre avec les folies du siècle. Ceux qui ont rompu quand il
fallait audace et lucidité, ceux qui ont dénoncé les crimes quand ils se
commettaient, les procès quand ils étaient joués, ceux-là sont des héros. Ils
ne sont pas des « vaincus de l’histoire ». Ceux qui condamnent après
avoir été longtemps complices alors que la condamnation est unanime, ils
condamnent Pol Pot, le goulag, les exécutions, les déportations, que
faisaient-ils quand les millions tombaient sous des balles rouges ? Ils
approuvaient ou regardaient ailleurs. Et maintenant, ils veulent crier quand c’est
trop tard, à grands coups de véhémence anachronique.
Il y aurait de quoi
se décourager si telle était la réalité. Pourtant, à voir les réactions autour
de nous quand on mène la bataille contre le communisme et ses avatars, on se
dit qu’elle n’est pas entièrement dépourvue d’intérêt.
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