Je
suis porteur de quelques certitudes et je sais en même temps que si j’avais le
pouvoir de les mettre en œuvre, je deviendrais un dictateur bienveillant prêt à
massacrer tous ceux qui ne les partagent pas au nom de l’intérêt général.
Nous
vivons dans des systèmes politiques où les décisions sont prises par le plus
grand nombre. Décisions économiques, politiques, lois, gouvernements. Si vous
souhaitez prendre des décisions rapides et efficaces, il faut devenir
dictateurs dans des pays de dictature. Trujillo, Pinochet, Hitler, Staline,
étaient en position de décider. Certains hommes politiques vivent dans des
systèmes démocratiques dans la douleur de devoir soumettre toutes leurs
décisions à la loi des grands nombres et ils sont malheureux. Nicolas Sarkozy
en est un exemple. François Hollande est au contraire heureux de ne pas pouvoir
imposer ses décisions, il ne regrette rien. Il partage ce bonheur avec d’autres
hommes politiques, comme Alain Juppé. Mélenchon et autres révolutionnaires sont
attirés par des décisions rapides, ils se soumettent au grand nombre quand le
grand nombre est d’accord avec eux. Sinon, ils sont attirés par les coups de
force minoritaires qu’ils appellent révolutions. Ou insurrections. Je suis
personnellement plus attiré par les dirigeants politiques qui sont heureux en
démocratie que ceux qui sont malheureux comme les pierres d’avoir toujours
raison et de ne pas pouvoir imposer leurs décisions pourtant généreuses et
conformes à l’intérêt général.
Ça
ne m’empêche pas d’avoir des convictions et de me battre pour les faire
partager. Par exemple, je suis pour la légalisation des drogues.Comme le montre
l’exemple de l’alcool et du tabac, la légalisation permet de contrôler la
qualité des produits consommés et une politique de soins et de prévention. Il y
a peu d’endroits au monde où cette politique est appliquée et pour le moment,
elle est minoritaire en France. Tous ceux qui se sont occupés de la question,
professionnels de santé, policiers, financiers, usagers, partagent cette
conviction. Dans les bureaux de vote, ils sont minoritaires.
Les
pays où la répression à tout crin remplace une politique de réduction des
risques sont généralement des dictatures ou des théocraties où tout ce qui n’est
pas permis est interdit. Les prisons sont pleines et les hôpitaux sont vides.
Mais malheureusement, dans les démocraties où le grand nombre décide, le grand
nombre porte au pouvoir des hommes politiques qui n’osent même pas chuchoter
dans les alcôves qu’ils sont favorables à la légalisation des drogues. Donc une
politique de réduction des risques se met en place en catimini, avec des
produits de substitution, subutex et méthadone, et les infirmiers disputent le
trottoir aux forces de police. Les choses avancent. Doucement.
Deuxième
conviction. Un nombre important de décisions peuvent être prises par des
individus ou des groupes d’individus sans être soumises au vote. Nous vivons
dans un système où tout ce qui n’est pas interdit est permis. Je prends un
exemple. Pour un système solidaire d’assistance aux personnes en situation de
dépendance (en général, on pense toujours aux personnes âgées quand on prononce
le mot dépendance, alors que la majorité des dépendants n’est pas plus âgée que
vous et moi, souvent même ils sont très jeunes, dans la fleur de l’âge), il
faut des lois, des règlements. Mais rien n’empêche dans le bus à un jeune dans
la force de l’âge de se lever pour laisser son siège à une personne âgée qui
porte un cabas de légumes d’une main et un bébé sur le bras libre. Il est des
choses qu’on peut faire ainsi qui ne sont pas soumises au vote.
Parmi
ces décisions simples et pourtant efficaces, le cumul des mandats. Il suffit à
un élu de dire : je suis député, je ne veux pas être maire, ou je suis
maire, je ne veux pas être député, pour que le monde commence à trembler sur
ses bases.
J’en
suis à deux convictions : légalisation des drogues, de toutes les drogues,
y compris tabac et alcool, et renonciation au cumul des mandats.
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