mardi 9 septembre 2014

convictions


Je suis porteur de quelques certitudes et je sais en même temps que si j’avais le pouvoir de les mettre en œuvre, je deviendrais un dictateur bienveillant prêt à massacrer tous ceux qui ne les partagent pas au nom de l’intérêt général.

Nous vivons dans des systèmes politiques où les décisions sont prises par le plus grand nombre. Décisions économiques, politiques, lois, gouvernements. Si vous souhaitez prendre des décisions rapides et efficaces, il faut devenir dictateurs dans des pays de dictature. Trujillo, Pinochet, Hitler, Staline, étaient en position de décider. Certains hommes politiques vivent dans des systèmes démocratiques dans la douleur de devoir soumettre toutes leurs décisions à la loi des grands nombres et ils sont malheureux. Nicolas Sarkozy en est un exemple. François Hollande est au contraire heureux de ne pas pouvoir imposer ses décisions, il ne regrette rien. Il partage ce bonheur avec d’autres hommes politiques, comme Alain Juppé. Mélenchon et autres révolutionnaires sont attirés par des décisions rapides, ils se soumettent au grand nombre quand le grand nombre est d’accord avec eux. Sinon, ils sont attirés par les coups de force minoritaires qu’ils appellent révolutions. Ou insurrections. Je suis personnellement plus attiré par les dirigeants politiques qui sont heureux en démocratie que ceux qui sont malheureux comme les pierres d’avoir toujours raison et de ne pas pouvoir imposer leurs décisions pourtant généreuses et conformes à l’intérêt général.

Ça ne m’empêche pas d’avoir des convictions et de me battre pour les faire partager. Par exemple, je suis pour la légalisation des drogues.Comme le montre l’exemple de l’alcool et du tabac, la légalisation permet de contrôler la qualité des produits consommés et une politique de soins et de prévention. Il y a peu d’endroits au monde où cette politique est appliquée et pour le moment, elle est minoritaire en France. Tous ceux qui se sont occupés de la question, professionnels de santé, policiers, financiers, usagers, partagent cette conviction. Dans les bureaux de vote, ils sont minoritaires.

Les pays où la répression à tout crin remplace une politique de réduction des risques sont généralement des dictatures ou des théocraties où tout ce qui n’est pas permis est interdit. Les prisons sont pleines et les hôpitaux sont vides. Mais malheureusement, dans les démocraties où le grand nombre décide, le grand nombre porte au pouvoir des hommes politiques qui n’osent même pas chuchoter dans les alcôves qu’ils sont favorables à la légalisation des drogues. Donc une politique de réduction des risques se met en place en catimini, avec des produits de substitution, subutex et méthadone, et les infirmiers disputent le trottoir aux forces de police. Les choses avancent. Doucement.  

Deuxième conviction. Un nombre important de décisions peuvent être prises par des individus ou des groupes d’individus sans être soumises au vote. Nous vivons dans un système où tout ce qui n’est pas interdit est permis. Je prends un exemple. Pour un système solidaire d’assistance aux personnes en situation de dépendance (en général, on pense toujours aux personnes âgées quand on prononce le mot dépendance, alors que la majorité des dépendants n’est pas plus âgée que vous et moi, souvent même ils sont très jeunes, dans la fleur de l’âge), il faut des lois, des règlements. Mais rien n’empêche dans le bus à un jeune dans la force de l’âge de se lever pour laisser son siège à une personne âgée qui porte un cabas de légumes d’une main et un bébé sur le bras libre. Il est des choses qu’on peut faire ainsi qui ne sont pas soumises au vote.

Parmi ces décisions simples et pourtant efficaces, le cumul des mandats. Il suffit à un élu de dire : je suis député, je ne veux pas être maire, ou je suis maire, je ne veux pas être député, pour que le monde commence à trembler sur ses bases.

J’en suis à deux convictions : légalisation des drogues, de toutes les drogues, y compris tabac et alcool, et renonciation au cumul des mandats.


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