Colère du matin chagrin,
colère du soir espoir.
Samedi
8 juillet 16 heures, je lis dans sud-ouest
et mediabask qu’une délégation du
Pays Basque qui comprend des élus (le président de la communauté Jean-René
Etchegarray, le maire de Biarritz, Michel Veunac, Max Brisson, vice-président
du département, Vincent Bru, député Modem, Florence Lasserre-David, députée
Modem, Frédérique Espagnac, sénatrice socialiste, Gabi Mouesca, ancien
prisonnier, Jean Lassalle, plus des représentants de Sortu, d’EH Bai, en tout
23 personnes vont à Paris. Ils demandent la fin de la dispersion, la libération
des prisonniers malades, la fin d’un « régime carcéral politique ». Régler
la question des détenus basques, c’est la suite logique des choses, dit Max
Brisson. Parce que les choses traînent, « c’est trop long pour ceux qui
souffrent ». Ceux qui souffrent, pour Max Brisson, ne sont pas les
familles qui pleurent leurs disparus assassinés par l’ETA. Non ceux qui
souffrent sont les assassins.
Toutes
ces personnes déclarent agir pour la fin du conflit au Pays Basque, pour les
prisonniers basques qui subissent un « régime carcéral politique ».
On ne dit plus « prisonnier politique », parce que quand même, les
prisonniers basques ne sont pas enfermés pour avoir distribué des tracts ou
exprimé une opinion, mais « un régime carcéral politique ». L’entrepreneur
qui a été kidnappé par l’ETA et torturé pendant trois jours dans un souterrain pour
refus de payer « l’impôt révolutionnaire » aurait aimé un tel « régime
carcéral politique ». Mais pour lui, nos amis basques ne vont pas
manifester. Ils auraient pu le faire à l’époque, mais il est mort, c’est trop
tard. On peut juste manifester pour le rapprochement de sa dépouille.
Nos
blanchisseurs agissent pour la fin du conflit ? Je ne savais pas que le
conflit durait. Les rues semblent tranquilles. Pour les prisonniers ? Alors,
je le dis lentement, simplement, mais avec fermeté, ce sont des menteurs, des
hypocrites, des manipulateurs, et au mieux, des manipulés, des idiots utiles
pour EH bai qui peine à organiser ce genre de manifestation dans le Pays Basque
espagnol.
Qu’est-ce
qui me permet d’utiliser des termes aussi durs ? Tout simple : au
début juillet de cette année, les quelques trois cents prisonniers ont eu à se
prononcer sur un document politique. Par une majorité de 80%, ils ont accepté
ce qui était fermement condamné jusqu’ici : l’acceptation des démarches
individuelles pour obtenir la libération. Ce qu’a déjà fait Aurore Martin. Elle
a demandé pardon aux victimes de l’ETA et s’est engagée à ne plus recourir à la
lutte armée. Aurore Martin est libre mais aucun des blanchisseurs de terreur ne
lui a envoyé de félicitations parce que sa démarche était condamnée par
les patriotes basques. Maintenant, les
prisonniers la reprennent à leur compte. À 80%. Si les blanchisseurs veulent solder les
comptes, qu’ils encouragent les prisonniers qui demandent pardon, qui s’engagement
à ne plus recourir à la lutte armée, qu’ils félicitent ceux qui s’engagent dans
un tel processus de libération respectueux des victimes.
Aller
à Paris sans dire un mot de ce changement majeur parmi les prisonniers, qui a
fait les gros titres de toute la presse espagnole, c’est encourager le refus
pathétique des 20% qui ne veulent pas demander pardon et ne veulent pas refuser
le recours à la lutte armée.
Relisez
la liste de cette délégation « du Pays Basque ». Cherchez leur nom
parmi ceux du Pays Basque français qui sont allés manifester à Vittoria, à San Sebastian,
à Bilbao, contre les assassinats de conseillers municipaux, de policiers, de
journalistes, d’entrepreneurs.
J’ai
cherché et je n’ai pas trouvé.
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