mardi 11 juillet 2017

en même temps


Sur la révolution, je suis capable de radoter jusqu’au petit matin. L’homme est un loup pour l’homme. Sans loi, sans état, sans règles,  nous vivrions dans une situation de guerre civile permanente. D’une part. D’autre part, les états et les règles qui évitent le chaos servent l’intérêt des puissants. Les puissants sont ceux qui possèdent. La révolution dépossède les puissants, donne le pouvoir à ceux qui ne possèdent rien que leurs capacités individuelles et le nouvel état dépérira pour laisser à la place à une collectivité d’individus qui n’auront que le bonheur des autres en tête, comme condition du bonheur individuel. Racontée ainsi, comment voulez-vous que les têtes ne tournent pas quand la révolution vous prend dans ses bras ?

      Mettre le feu ou crever les pneus des 4x4 est nettement plus excitant que de demander aux pouvoir publics une dérivation qui va diminuer le nombre de tués dans la ville, car il faut monter des dossiers, discuter à la préfecture et à la mairie, faire signer des pétitions, vaincre les craintes des commerçants qui vont perdre leur clientèle automobile, ça prend du temps, c’est fastidieux, épuisant. Pendant tout ce temps passé en réunions, les copains et les copines organisent des soirées dansantes où ils se bourrent la gueule, puis s’envoient en l’air dans les meules de foin qui sentent l’herbe tendre.
                   Mais pourquoi ne pas tout concilier ? Incendier une maison, taguer la vitrine d’une banque, crever les pneus des 4x4 en sortant d’une soirée entre copains, après s’être bourré la gueule et envoyé en l’air dans les meules de foin fraîchement coupé. Dans la journée qui précède cette soirée avec les potes, négocier la déviation avec le représentant de la préfecture,  avec la mairie, avec un club automobile qui défend le droit sacré de tuer, aussi sacré qu’aux états-Unis le droit de disposer d’une arme à feu. Pourquoi le même bonhomme, costume trois pièces quand il soudoie, dockers et souliers vernis quand il festoie, shorts et tennis quand il baisoit, ne passerait pas ainsi de l’efficacité administrative paisible à la frénésie de l’éclatement alcoolisé et musical, culminant dans le souffle d’un pneu qui rend l’âme. Selon l’heure du jour, selon l’humeur, selon le goût, le même individu serait réformiste, festayre ou révolutionnaire.

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