Il
ne s’agit pas de principes abstraits, de lubies personnelles, il s’agit d’apprendre
à vivre ensemble. Nous ne sommes pas dans l’anecdote, nous sommes dans la
dérive des territoires comme il y a des dérives tectoniques.
Amusant,
n’est-ce pas, mon exclusion d’un cours de langue basque parce que je
considérais que le Pays Basque nord faisait partie de la nation française. Amusant,
puisque aucun élu sauf une, Ghis Haye (qui a justifié mon exclusion) n’a
répondu à ma lettre. Négligeable. Futile. Alors, écoutez d’autres exemples. La
Ligue gaélique, en Irlande, association pour le renouveau de la langue
irlandaise, a été fondée au dix-neuvième siècle par des protestants. Pour eux
la langue irlandaise appartenait à l’ensemble du peuple irlandais et non pas à une
section, religieuse ou politique. Vœu pieu. La Ligue gaélique fut conquise par
les nationalistes et leur premier objectif fut de saisir le pouvoir dans la
Ligue et d’en chasser les protestants qui n’étaient pas tous nationalistes. La
langue devint un enjeu politique. De même que le basque, financé par de l’argent
républicain, est un instrument d’exclusion identitaire. Les portraits des
prisonniers sont portés dans les korrikas et chassent de l’apprentissage de la
langue ceux qui n’aiment pas la terreur politique.
Quand
l’Irlande devint indépendante, une des premières mesures fut de supprimer un « privilège »
réservé aux protestants : le droit de divorcer. Les protestants vivant
dans le nouvel État libre perdirent ce droit. Par cette toute première loi, le
nouvel État faisait des protestants des étrangers dans leur pays. Tous les
nationalismes créent des étrangers, statut de résident, carte d’identité,
monnaie territoriale. Et amusant, n’est-ce pas, Peio Claverie, conseiller
abertzale qui refuse ma main tendue : « je ne serre pas la main d’un
étranger ». M’a-t-il dit. C’était une blague, évidemment. Et désopilant, n’est-ce
pas, les réflexions contre les adversaires de l’EPCI : « si vous êtes
contre, qu’est-ce que vous faites au Pays Basque ? ». Cocasse, n’est-ce
pas ? Et Xabi Larralde qui écrit dans enbata
que si l’EPCI ne se fait pas, les etarras regretteraient d’avoir déposé les
armes. Une vraie blague, celle-là.
Si
j’acceptais d’être touriste, on me ficherait une paix royale. Les touristes
vivent très bien parmi les Basques authentiques. Mais je prétends être basque
et citoyen français. Je considère qu’il est urgent de mener le combat pour un Pays
Basque pluraliste, qui considère que sont basques les abertzale et les
partisans d’une communauté basque et que ne sont pas moins basques ceux qui
combattent une conception identitaire de la politique sur ce territoire.
Par
amour du Pays Basque, je continue mon combat. Parce que le repli identitaire, c’est
une catastrophe pour tous.
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