Que signifie l’absence
de rien ? Dans d’autres parties du monde, la sortie de conflit eut lieu
après d’énormes manifestations pour la paix. Des hommes tuaient, des hommes tombaient,
des immeubles brûlaient et d’énormes manifestations réclamaient la fin de l’hécatombe.
À Belfast, à Bilbao, on manifestait contre la terreur.
À Bayonne, on a manifesté
contre rien. Plus de guerre depuis sept ans. Le stade était vide et les
supporters restaient sur les gradins pour applaudir une équipe qui ne joue
plus. Le sang ne coule plus et l’on comprime la plaie, les bombes sont
enterrées et l’on râcle la rouille. Dix mille personnes descendent dans la rue
pour demander la fin de rien. Pour réclamer la réconciliation entre Marie et
Joseph. La fin d’un non-conflit. Un enterrement sans cadavre, un désarmement
sans artillerie, un divorce sans mariage, une paix sans belligérance, un
armistice sans guerre, des pompiers sans incendie, des fêtes de Bayonne sans
alcool.
J’essaye de comprendre.
Je cours après des fantômes. Je rêve de veines exsangues qui se vident. Comme
le rien se dissout-il ?
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