Jean-René
Etchegaray lave plus blanc.
De cette journée du 2 mai où nous avons été reçus par le préfet
Gilbert Payet, que restera-t-il dans nos souvenirs ? Un fait politique
majeur : le préfet a publiquement reçu les délégués d’un groupe de
citoyens « mémoire et vigilance en Pays Basque », l’annonçant dans la
presse, exprimant son appui à notre action.
Le lendemain, jeudi 3 mai, photo d’Alain Robert et de moi-même et parution
de l’entretien avec la journaliste. Dans le
même numéro de Sud-Ouest, un
entretien avec le lehendakari, Inigo Urkullu qui dénonce avec force et
intelligence l’imposture des blanchisseurs d’ETA. Tandis que Jean-René Etchegaray
attribue à ces mêmes blanchisseurs et à sa propre action lessivante les mérites
de la dissolution d’ETA. Pas un mot de la colère au Pays Basque espagnol. Pas
un mot des victimes de l’ETA.
Le blanchisseur Jean-René Etchegaray raconte n’importe quoi. Il
dit que l’opération du désarmement s’est conduite avec l’appui de l’état. Que
le président de l’agglo relise l’interview du préfet Gilbert Payet « il n’y
a pas eu de conflit armé », dans mediabask.
Qu’il lise l’appui politique qu’il a accordé au
groupe « mémoire et vigilance » qui se bat contre la hache du
président. Jean-René Etchegaray a souhaité « rencontrer les associations de
victimes ». Il a souhaité mais ne les a pas rencontrées. Le préfet a
souhaité nous rencontrer. Il nous a rencontrés. Certains souhaitent, d’autres
rencontrent.
Il dit que les négociations se sont menées dans la plus grande
discrétion. Avec des lettres publiques entre ETA et les blanchisseurs. Lettre
où les blanchisseurs promettaient à ETA de mener les opérations de désarmement
en respectant l’action et les objectifs de l’organisation terroriste. En totale
discrétion dans un rassemblement à Bayonne, puis dans une manifestation à la
gare Montparnasse derrière une banderole « nous les voulons à la maison ».
Les assassins. Pas leurs victimes. Les victimes étaient au cimetière mais Jean-René
Etchegaray voulait les assassins à la maison. En toute discrétion. Puis avec la
même discrétion et la même pudeur à l’égard des souffrances infligées par l’ETA,
il a commandé une sculpture de la hache meurtrière et l’a installée au milieu
de Bayonne. En toute discrétion. Il a souhaité ne pas heurter la sensibilité
des victimes.
À côté de cet entretien, l’entretien avec Inigo Urkullu qui donne
son avis sur les limites de la dissolution d’ETA. Et répète à propose des
blanchisseurs que « les morts sont de notre côté ».
Donc bonne journée ? Une présentation pluraliste des
discussions sur le Pays Basque. Il faut conserver ce numéro de sud-ouest. Le 5 mai, un article de Barbara
Loyer qui dénonce à nouveau l’imposture.
Jeudi 3 mai, réunion d’Esprit Biarritz. Discussion passionnée sur
les stationnements, sur les transports, sur la situation juridique de l’hôtel
du Palais. Le temps passe. Il reste trois minutes. Pour discuter des
blanchisseurs, de l’imposture. La question du repli identitaire, de la
complicité avec les assassins de l’ETA, de la hache installée à Bayonne, ça ne
correspond pas au programme sur lesquels les élus d’esprit Biarritz ont
été élus.
Mais le blanchissage de la terreur d’ETA, la mobilisation des élus
qui manifestent aux côtés des assassins, pour les prisonniers basques condamnés
pour activités terroristes en bande armée, ce n’est pas dans le programme d’Esprit
Biarritz. Donc il ne faut pas en parler. D’ailleurs, il y a dans l’association des
blanchisseurs actifs qui ont le droit de veto.
Que la mairie invite des victimes de l’ETA ? Le maire ne
voudra pas. Le blanchisseur Jean Esterle crie le GAL ! le GAL ! C’est
automatique. Quand on dit victimes du terrorisme, on appuie sur un bouton, le
coucou sort et chante le GAL, le GAL. Mais qui négocie avec le GAL ? Qui
glorifie les actions du GAL ? Qui blanchit les assassinats du GAL ? Qui
veut construire un monument à la gloire du GAL ? Personne. Qui négocie
avec l’ETA ? Qui construit un monument à la gloire des assassins de l’ETA ?
Les blanchisseurs.
Guy Lafite avec éloquence a donné sa position de principe :
pas question de négocier avec une organisation terroriste. Il ira manifester
avec les associations de victimes du côté espagnol, mais certainement pas à
Cambo. Il sera à San Sebastian dans le musée sur la barbarie de l’ETA. Il
recommande la lecture de l’interview d’Inigo Urkullu. Les blanchisseurs font la
gueule.
Je propose que la mairie de Biarritz reçoive une délégation de
victimes. Le maire ne voudra pas. Les blanchisseurs ne veulent pas que la
mairie reçoive des associations de victimes. Ça ferait tache.
« Mémoire et vigilance » va envoyer une lettre en ce sens à Michel Veunac, par l’intermédiaire
de Guy Lafite. Il a déclaré qu’il donnera un avis favorable à notre demande.
La leçon de tout cela : il faut poursuivre. Par conviction,
bien sûr. Plus largement, Mais je suis
convaincu que nous nous battons aussi pour l’honneur du Pays Basque français,
pour l’honneur d’une société trop passive, inattentive et paresseuse. Un jour,
des historiens utiliseront notre action, nos textes, nos prises de position pour
montrer que dans une société basque activement blanchissante ou passive ou absente,
une partie de ses citoyens a résisté à
la vague identitaire et complice de manière ardente et efficace.
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